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Henri Schwamm : Grèce/ problème de solvabilité

Henri Schwamm : Grèce/ problème de solvabilité

  Les prêts bilatéraux et les crédits du FMI ne régleront que les problèmes de liquidité à court terme.

Le plan de sauvetage financier en faveur de la Grèce (dont la dette publique est de 300 milliards d’euros), mis en place par les Etats membres de la zone euro et le Fonds monétaire international, a inspiré au directeur général du fonds américain Pimco, géant de l’investissement obligataire, le commentaire concis que voici en substance: les 110 milliards d’euros versés à Athènes sous forme de prêts bilatéraux et de crédits du FMI régleront son problème de «liquidité» à court terme, mais ne garantissent en rien sa «solvabilité » à long terme. Que signifient au juste ces deux termes – liquidité et solvabilité – dont il est beaucoup question actuellement?

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On appelle liquidité la propriété que peut avoir un objet (en l’occurrence la monnaie) d’être accepté en tant que tel, universellement, immédiatement et sans coût, dans les échanges à titre d’intermédiaire.

La caractéristique de la monnaie est d’être le plus liquide des moyens d’échange. Elle est plus liquide que, par exemple, les placements en titres. Liquidité est synonyme de flexibilité. Elle permet des choix ouverts.

La monnaie, identifiée à la liquidité, n’est pourtant pas un objet comme un autre, puisqu’elle n’intervient ni dans la consommation, ni dans l’action de production. Elle a un rôle «indirect» sur elles en facilitant les échanges. Son principal intérêt, en servant de relation entre les agents économiques, c’est d’être une reconnaissance de dette qui circule comme moyen de paiement.

Ce qui suppose la confiance entre eux, mais aussi envers l’institution (la banque centrale) qui l’émet.

 Il existe du reste un rapport entre degré de liquidité et niveau de confiance, la monnaie émise par la banque centrale étant la plus liquide car elle a la caution de l’Etat. Caution, il est vrai, qui ne vaut qu’aussi longtemps que sa signature est respectée.

La liquidité est donc associée à la détention de monnaie et de titres négociables sans délai et sans perte.

Mais il existe une autre source de liquidité, à savoir la capacité d’emprunt.

Cette capacité doit être assurée, garantie et automatique. C’est-à-dire qu’elle ne doit pas être remise en cause, que ce soit en montant ou en prix. Dans le cas de la Grèce, on a vu que le prix était devenu prohibitif parce que le pays avait perdu la confiance de ses créanciers internationaux.

La solvabilité d’un Etat en tant que débiteur souverain équivaut à sa capacité de remboursement de ladette (intérieure et extérieure).

Cette capacité est fonction de l’aptitude de son gouvernement à dégager par la suite dans son budget des excédents primaires et donc de sa capacité à mobiliser des ressources fiscales et à maîtriser ses dépenses publiques.

Trappe à Dettes : La dette publique des Etats-Unis est pire que celle de la Grèce (cliquez sur le lien)

L’accroissement des déficits budgétaires et corrélativement des dettes publiques, d’une ampleur inégalée en temps de paix, suscite des inquiétudes grandissantes quant à l’ampleur des prélèvements qu’il faudra mettre en oeuvre pour enrayer la dégradation des soldes budgétaires et assurer en fin de compte la solvabilité des Etats.

La dynamique d’évolution de la dette publique préoccupe de nombreux pays, notamment européens.

Ils s’interrogent sur les conditions de stabilité de cette dette qui de fait présente un risque d’»effet de boule de neige». La relation entre taux d’intérêt de la dette et taux de croissance du produit global est cruciale pour déterminer son caractère stabilisateur ou explosif. Il n’y a pas de problème aussi longtemps que le taux de croissance est supérieur ou égal au taux d’intérêt. Le risque d’instabilité voire d’explosivité ne menace qu’à partir du moment où le taux d’intérêt est supérieur au taux de croissance. Ce qui est le cas de la Grèce et de nombreux autres pays européens.

Pour pallier ce risque, le Traité de Maastricht a retenu, parmi les critères d’éligibilité à la monnaie unique, un ratio d’encours de dette publique par rapport au PIB ne dépassant pas 60% (sauf diminution suffisante et retour tendanciel à la valeur de référence à un rythme jugé satisfaisant). En effet, une arithmétique comptable simple montre que la stabilité de la dette publique suppose l’existence d’un excédent primaire. Dès que la stabilité de la dette est assurée, elle va de pair avec la solvabilité de l’Etat et, plus généralement, le caractère soutenable de la situation de ses finances publiques.

HENRI SCHWAMM Université de Genève mai10

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