Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Revenir aux sources de la finance pour faire cesser les catastrophes par Hernando de Soto

Revenir aux sources de la finance pour faire cesser les catastrophes par Hernando de Soto  

de_soto_hernando  Hernando de Soto sera l’un des économistes invités au premier Sommet de Zermatt consacré à la mondialisation, du 3 au 5 juin. Il défend le principe de proportion cher à John Galbraith

PLUS DHERNANDO DE SOTO EN SUIVANT :

La finance soutient la création de richesse mais, en soi, ne crée pas de valeur. Elle ne devrait jamais être autorisée à prendre la direction des opérations: le rôle de la finance est de permettre la continuité des échanges économiques en mettant la monnaie épargnée par certains à la disposition de ceux qui inventent et produisent des biens.

La finance est une infrastructure, au même titre que les routes ou les égouts. Comme l’écrivait Adam Smith, l’argent est «la grande roue de la circulation… qui apporte au marché toute l’herbe et tout le grain du pays (mais) qui ne produit ni l’un ni l’autre». Même Marx reconnaissait que la valeur n’avait rien à voir avec la monnaie.

C’est pourquoi nous devons cesser de rechercher des solutions à la crise actuelle du côté des mesures qui sacrifient la propriété et la richesse des producteurs de biens et qui subventionnent les institutions financières qui ont été mises dans un état désastreux par les financiers d’aujourd’hui.

Une des raisons pour lesquelles tout est aujourd’hui sens dessus dessous est le volume des financements qui est sans rapport aucun avec la valeur des actifs. L’expansion du crédit utilisant des instruments dérivés a créé plus de monnaie que nécessaire. Un effondrement du crédit et des devises est inévitable si la finance n’est pas alignée avec les actifs et fonction de leur revalorisation. L’importance d’aligner la finance et les droits de propriété sur les actifs pour créer du crédit a été repérée très tôt par John Kenneth Galbraith; étudiant la crise de 1929, il concluait que les crises financières apparaissent quand le montant des dettes sécurisées ou créées à partir du nantissement d’actifs devient dangereusement «hors de proportion» avec les biens nécessaires pour rembourser la dette.

Comment peut-on mesurer la «proportion» dont parle Galbraith?

En examinant si le financement mobilisé pour le développement d’un certain type d’actifs pourra effectivement générer de la valeur supplémentaire. La raison pour ce faire est aussi ancienne qu’Aristote qui expliquait déjà que le potentiel d’un actif est plus grand que cet actif lui-même. Ceci justifie l’effet de levier puisque découvrir et développer le potentiel d’un actif requiert du crédit supplémentaire «en proportion» avec une bonne estimation de la valeur supplémentaire pouvant être produite par cet actif. Le message est simplement que la croissance vient d’une revalorisation des actifs – processus dans lequel la finance ne joue qu’un rôle d’appoint.

Ce principe de «revalorisation» a été respecté dès les premiers temps de la République américaine: un titre de propriété était attribué aux pionniers, aux chemins de fers, aux universités qui pouvaient revaloriser les terres qu’ils réclamaient ou qui leur étaient confiées. Les lois déjà anciennes relatives au droit de propriété reposaient sur des principes selon lesquels le financier devait constamment garder un œil sur les actifs concernés pour continuer de se souvenir de ce que le but du financement est de créer de la richesse supplémentaire et non d’aller au-delà des possibilités de revalorisation de ces actifs: les actifs peuvent être nantis, transformés, combinés, recombinés, découpés, tranchés et repackagés, à condition toutefois que le processus augmente la valeur de l’actif original. Or, dans l’univers actuel des produits et de l’engineering financiers, il n’y a pas de mécanismes ou d’incitations qui assurent que la division permanente des titres de propriété et leur recombinaison en tranches ne soient liées, d’une façon ou d’une autre, aux actifs et à leur potentiel.

De plus, parce que nous n’avons aucune trace ou moyen de contrôler les instruments dérivés qui justifient le crédit, nous n’avons pas non plus les moyens de garder la trace de la taille, du prix réel, des implications et du parcours de ces dérivés.

Il en résulte que nous avons créé une crise se traduisant par une énorme création de crédit qui dépasse largement les besoins réels de la production et des personnes. Nous ne retrouverons la maîtrise de notre sort que lorsque nous aurons retrouvé le contrôle de toute la liquidité et de ces produits dérivés qui ont un fort contenu monétaire.

Je parlerai de cela à Zermatt.

Les liens

EN COMPLEMENT : Comment favoriser la création d’Entreprise et de Richesse (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :  Pour venir à bout de cette crise de confiance, de nombreux experts suggèrent de renforcer la transparence et la responsabilité des dirigeants politiques et économiques.

Christopher Wasserman, President et fondateur de la Zermatt Summit Fondation, dont l’objet est de promouvoir le Zermatt Summit, déclare que la France n’est pas à l’abri de cette crise et doit jouer un rôle actif pour restaurer la confiance : 

“La confiance des investisseurs dans nos économies est au plus bas en raison de la stratégie à haut risque appliquée à la dette publique, stratégie qui a provoqué l’effondrement de la confiance accordée à nos dirigeants politiques et économiques. Pour que la stabilité puisse être retrouvée de façon durable, nos entreprises ont un besoin urgent d’être dirigées par des hommes dont le mandat comprenne des volets éthiques, de transparence et de responsabilité et dont les comportements en tant que dirigeants soient changés de façon significative. Faute de quoi nous nous orienterons immanquablement vers une catastrophe encore plus grande. Sortant à peine de la crise des subprimes, nous sommes déjà entrés dans une nouvelle bulle spéculative. » 

Le Zermatt Summit, dont la première édition a lieu entre les 3 et 5 Juin à Zermatt (Valais suisse), a été créé pour permettre à des dirigeants d’entreprises créatifs, à des responsables politiques et à des animateurs d’ONG de se rencontrer et de pouvoir évoquer le fait que l’éthique et non la seule poursuite du profit peut être, dans les années qui viennent, le moteur de nouvelles pratiques managériales. 

Le principal objectif du Zermatt Summit est de formuler une feuille de route dans trois domaines :

1. Revisiter la raison d’être de l’entreprise ;

2. Intégrer une composante éthique aux pratiques de direction ;

3. Faire de la responsabilité politique des entreprises une réalité. 

Le Zermatt Summit est une plateforme unique pour permettre à des participants de s’interroger sur la façon dont les décideurs clés pourraient être influencés pour provoquer des changements clairs dans les comportements et la culture des entreprises et des institutions politiques. Devraient en résulter des recommandations pratiques qui seront largement publiées pour en assurer la mise en place effective par les dirigeants aux mondes économiques et politiques ainsi qu’à la société civile. 

Parmi les intervenants au Zermatt Summit figurent :

Des économistes renommés tels que Nouriel Roubini et Hernando de Soto qui sont à l’avant-garde du changement du paradigme économique.

Des dirigeants d’entreprises innovants qui appliquent de nouveaux schémas managériaux

Et un groupe de business schools et d’entreprises promouvant de nouveaux modèles économiques tel que le Global Responsibility and Leadership Initiative représentant près de 300,000 étudiants et 1,000,000 d’employés. 

Colin Melvin, CEO of Hermes Equity Ownership Services, prendra la parole au Zermatt Summit de cette année. Il est à la tête de l’un des plus grands fonds d’investissement et l’un des plus influents. Propriété du fonds de retraite de British Telecom, Hermes Equity Ownership Services, gère plus de $100 milliards d’actifs et s’est fait le promoteur d’un dialogue positif entre les conseils d’administration et les investisseurs. 

“Il est vital que les investisseurs changent la façon don’t ils se comportent et interagissent avec les entreprises qu’ils possèdent “ déclare Melvin. “Au moment où le monde navigue au milieu de la crise, nous n’avons pas besoin de davantage de réglementation mais, de la part des dirigeants, de davantage de responsabilité à l’égard de leurs principaux actionnaires.” 

L’objectif des entreprises opérant dans le nouveau paradigme devrait être “la création de richesse, dans le cadre de politiques progressistes, qui placeraient la responsabilité sociale et le développement durable au cœur de leurs opérations. ” Les entreprises qui opéreront au XXIème siècle seront centrées sur leurs équipes et non plus sur la poursuite exclusive et à tout prix du profit.” 

En première mondiale, un documentaire de 56 minutes, “Doing Virtuous Business”, sera présenté aux participants du Zermatt Summit. 

Source Zermatt Summit Foundation

3 réponses »

  1. La Bourse de New York a terminé en nette baisse lundi, au terme d’une séance morose face aux nouveaux épisodes de la crise de la zone euro en Espagne : le Dow Jones a perdu 1,24 % et le Nasdaq 0,69 %.

    Les inquiétudes des investisseurs se sont concentrées sur l’Espagne, où la banque centrale a dû procéder au sauvetage samedi de Cajasur, une caisse d’épargne du sud du pays que contrôlait jusqu’à présent l’Eglise catholique.

    “La crainte d’un effet domino ressurgit”, a estimé John Wilson, de Morgan Keegan. “Malheureusement, il semble qu’il soit trop tôt pour fêter la fin de la crise”.

    http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=3064bf1296f03e21395da586ff5cd195

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