Commentaire de Marché

Chronique du Chercheur de Matières premières

Chronique du Chercheur de Matières premières

Ashanti Gold Mine par O.Blaise 
 La semaine dernière a été fortement baissière pour l’ensemble des matières premières (or : -4 %, métaux de base : -8 %, et brent : -12 %).
 
PLUS DE MATIERES PREMIERES EN SUIVANT :

L’attention des marchés se focalise sur l’éventualité d’un resserrement plus fort qu’attendu en Chine et l’impact de mesures d’austérité généralisées en Europe sur la demande mondiale. Toutefois, les statistiques hebdomadaires pétrolières américaines ont fait ressortir une poursuite du rebond de la demande (+4,8 % par rapport à l’an dernier pour l’ensemble des produits pétroliers et même +12,3 % pour les distillats, synonyme d’un rebond de l’activité économique).

Le gouvernement australien et les groupes miniers poursuivent leur joute. La liste des projets mis en suspens en raison de la possible mise en place d’un nouvel impôt de 40 % dès 2012 s’allonge. Les deux parties ont commencé à négocier et un assouplissement de ce nouvel impôt est fortement envisageable. Notons que la République “Démocratique” du Congo, l’Inde et le Chili réfléchissent également à de nouveaux impôts visant les sociétés minières.

La production mondiale d’acier poursuit son rebond et ressort à 122 millions de tonnes au mois d’avril (+35,7 % par rapport à l’an dernier et +2,9 % par rapport au mois précédent).

Du côté de l’or, les souscriptions d’ETFs se poursuivent et il est de nouveau fait écho de difficultés à se procurer des pièces d’or. La baisse du cours de l’or en fin de semaine est donc explicable par des prises de profit sur les positions longues des traders. La correction devrait être limitée en raison de la demande physique forte et du poids décroissant des positions longues des traders (environ 33 millions d’onces) par rapport à celui des ETFs (environ 60 millions d’onces).

Gold : Une année en or/Bilan et Perspectives (cliquez sur le lien)

Focus sur les platinoides

 En quelques jours, les platinoïdes sont redescendus de leurs sommets. L’once de platine, qui avait atteint 1 754 dollars l’once, à la fin du mois d’avril, est retombée à 1 523 dollars à Londres, jeudi 20 mai. L’once de palladium a oublié son record de deux ans, 570 dollars, pour passer sous les 411 dollars en séance.

Tous les métaux précieux ont fléchi depuis la décision allemande d’interdire certaines opérations spéculatives, les ventes à découvert : les investisseurs ont vendu certains actifs dans les matières premières pour se couvrir.

Mais le groupe platine a beaucoup plus souffert que l’or ou l’argent : ce n’est pas seulement un placement, les platinoïdes sont aussi très liés à l’activité industrielle, en premier lieu l’automobile, puisqu’ils sont utilisés dans les pots d’échappement. Or les espoirs de reprise économique et donc industrielle sont un peu touchés dans la zone euro ; et l’on vient d’apprendre que les immatriculations de nouveaux véhicules avaient baissé en avril en Europe.

Or c’est la confiance dans le redémarrage de la construction automobile qui avait propulsé les cours des platinoïdes à leur plus haut, à la fin du mois dernier. L’ardeur des investisseurs avait été amplifiée par la création, en début d’année, de deux grands fonds indiciels sur le palladium et le platine, comme ceux qui existent depuis plusieurs années sur l’or. Ces « trackers » sont adossés à du métal physique, et c’est autant de matériau stocké qui est retiré du marché, donc de l’offre disponible, ce qui soutient les prix. Si un ou deux gros investisseurs de ces fonds venaient à se débarrasser de leurs avoirs en platine ou en palladium, les cours pourraient dégringoler encore bien plus bas.

Voilà qui mettrait peut-être fin à une pratique qui a fait sa réapparition, comme début 2008, lorsque les prix des platinoïdes s’étaient envolés : le vol de pots d’échappement pour la récupération des métaux précieux. Les entreprises de dépannage et les assureurs automobiles en Grande-Bretagne, signalent qu’ils se sont multipliés au cours des deux derniers mois…

source rfi et edram mai10

/////////////////////////////////////////////////////////////////////

“Investir dans les matières premières agricoles n’est pas spéculatif”

Café, sucre, viande de porc… pour diversifier leurs placements, les investisseurs peuvent être tentés de miser sur les produits agricoles. Soutenus par la croissance de la population mondiale et un bouleversement des habitudes alimentaires dans les pays émergents, la demande est bien orientée. Mais investir sur ces marchés ultra volatiles n’est pas à la portée de tous. Explications avec Jean-Philippe Olivier, gérant du fonds Parvest Agriculture.

Capital.fr : Malgré le boom des matières premières, votre fonds a perdu 15% en un an. Comment expliquez-vous cette contre-performance ?

Jean-Philippe Olivier : Le net rebond des cours des matières premières n’a pas profité aux produits agricoles. Les prix sont restés sous pression car, entre les récoltes pléthoriques des dernières années et la récession, l’offre s’est subitement retrouvée supérieure à la demande. Or, un tel déséquilibre ne se résorbe pas rapidement car il est impossible de réduire les quotas de production du jour au lendemain. Par ailleurs, le marché des matières premières souffre de la hausse du billet vert. La plupart de ces actifs étant cotés en dollars, ils deviennent mécaniquement plus chers pour les pays européens ou asiatiques lorsque la monnaie américaine s’apprécie, ce qui réduit la demande et pèse sur les prix. Malgré ce trou d’air, nous pouvons être optimistes. D’un côté, la demande est soutenue par l’industrialisation des économies émergentes et l’évolution des habitudes alimentaires dans ces pays. De l’autre, l’offre est limitée, le nombre de terrains arables diminuant chaque année à mesure que l’urbanisation gagne du terrain.

Capital.fr : Votre optimisme ne risque-t-il pas d’être douché par le ralentissement de la croissance chinoise ?

Jean-Philippe Olivier : Les produits agricoles devraient être relativement épargnés car ils sont faiblement corrélés à la conjoncture. Quel que soit l’état de l’économie, on a toujours besoin de se nourrir ! Si le gouvernement chinois prend de nouvelles mesures pour éviter la surchauffe de son économie, cela se répercutera surtout sur les métaux industriels (acier, aluminium…) et l’énergie (pétrole, gaz…). Ce mouvement pourrait inciter les investisseurs à s’intéresser à nouveau aux matières premières agricoles, qui sont victimes d’un effet de mode en faveur de l’or actuellement. Nous considérons donc que les prix devraient au moins rester stables d’ici à la fin de l’année. Et c’est sans compter des difficultés météorologiques ou même d’éventuelles catastrophes naturelles qui pourraient décimer la production. Au final, les évolutions seront très disparates suivant les secteurs, ce qui dégage de nombreuses opportunités d’investissement pour notre fonds.

Capital.fr : Quels sont vos principaux paris ?

Jean-Philippe Olivier : Nous panachons nos investissements entre des céréales comme le blé, le maïs ou le soja qui composent environ 64% du portefeuille, d’autres denrées agricoles telles que le sucre, le café ou le coton, (22%), et enfin du bétail (14%). Nous privilégions notamment le maïs, qui devrait profiter d’un effet de rotation des cultures. Ces dernières années, de nombreuses surfaces arables ont en effet été accaparées par les producteurs de blé, réduisant d’autant la production de maïs. Une remontée des prix est donc possible. Nous jouons aussi un rebond des cours du café. Les stocks sont au plus bas, et la faiblesse de la production en Colombie en raison de forte pluies augure d’une possible pénurie dans les mois à venir. Par contre, nous réduisons nos investissements dans les viandes dont les prix bondissent de manière irrationnelle depuis un an (+54% pour le porc).

Capital.fr : Investir dans des contrats à terme n’est-il pas plus risqué que de se placer sur les actions ?

Jean-Philippe Olivier : C’est une idée reçue. Bien que nous utilisions des produits dérivés, investir dans les matières premières agricoles n’est pas si spéculatif. Pour preuve, la volatilité du fonds est inférieure à celle du CAC 40 : 19.61% contre 23.85% sur les douze derniers mois. Certes, les variations de prix de certaines matières premières peuvent être violentes. Le sucre par exemple, qui avait bondi de 128% en 2009, a dégringolé de 51% depuis fin janvier. Mais nous réduisons ce risque en diversifiant au maximum nos investissements. Actuellement, nous sommes ainsi exposés à une douzaine de produits agricoles. Nous conseillons donc à nos clients de consacrer au moins 5% de leur portefeuille aux matières premières.

Propos recueillis par Thomas Le Bars capital

///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Commentaire du Wolf :  BP ou la fin des forages offshore 

 La compagnie pétrolière est plus que jamais dans la tourmente… Elle n’a toujours pas réussi à contrôler le flux de pétrole qui s’échappe du puits accidenté. Les autorités américaines accentuent leur pression, et menacent d’écarter BP des efforts de colmatage. Et ceci mème si BP semble reprendre progressivement le contrôle sur la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique puisque le groupe pétrolier parvient dorénavant à siphonner 5000 barils / jour directement à la tête de puits. Mais ce pompage du pétrole,  se révèle plus aléatoire que prévu : selon un porte-parole de BP, le système a permis de récupérer seulement 216.000 litres de pétrole ce dimanche, contre 350.000 vendredi. La quantité de brut récupérée grâce à un bateau-pompe posté à la surface varie en fait de jour en jour.

 Une nouvelle étape visant à colmater définitivement le puits est prévue . Rien pour le moment n’a en effet fonctionné. Ni la tentative de placer un couvercle de confinement sur la fuite, ni les efforts pour injecter de la boue sur le puits pour colmater la fuiteL’énorme potentiel d’augmentation de la production dans le Golfe du Mexique et, plus généralement au large des côtes américaines (Alaska, front Est des côtes américaines), est très clairement compromis et viendra peser sur les cours du pétrole à moyen terme

“Je suis mécontent et je suis frustré que BP ait été incapable de faire cesser cette fuite de pétrole et d’empêcher la pollution de s’étendre”. Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Ken Salazar, ne cache pas sa colère. “Voilà 33 jours que ça dure, et toutes les occasions ont été ratées.”

BP : LA FIN DES FORAGES OFFSHORE ?

Une stratégie agressive de BP

Les causes précises de l’accident restent incertaines, mais la responsabilité du groupe, connu pour l’agressivité de sa stratégie, est engagée. En 2006, il fut en effet le premier à forer en dessous des 2.500 mètres sous le niveau des mers. Le succès poussa BP à poursuivre dans cettevoie, alors que la fiabilité des techniques de contrôle et de sécurité restait encore à démontrer.

De lourdes conséquences écologiques et économiques

• Le pétrole continuant de se répandre en mer, il est trop tôt pour chiffrer précisément l’ampleur des dégâts. Indépendamment de la catastrophe écologique et de ses dommages irréparables pour la faune et la flore,  nous pouvons toutefois  cerner les grandes lignes de l’ampleur des dégats  au travers d’ une première estimation de l’impact maximum sur les comptes de BP : pompage mis en place pour tenter de limiter la pollution maritime, nettoyage des côtes et de la mer, perte d’exploitation (le manque à gagner pendant l’interruption de la production jusqu’à la construction d’une nouvelle plateforme), indemnisation des familles des victimes, des villages côtiers, pêcheurs… et un procès pour pollution. Selon nous, les coûts liés à la marée noire vont s’élever à maximum 9 milliards de dollars (7 milliards après impôts).

Coûts des opérations (10 millions de dollars 900 millions (e) par jour pendant 3 mois)

Nettoyage des côtes 4 milliards (e)

Perte d’exploitation 1 milliard (e)

Responsabilité de BP (amende) 3 milliards (e)

.Cet accident va également peser sur la production du groupe. Outre la destruction de laplateforme Deepwater, c’est l’ensemble de la production dans l’offshore américain (c’est-à-dire en eaux profondes ; 11% de la production totale de BP aux Etats-Unis) qui sera ralentie les deux années à venir. Les opérations d’audit et contrôle risquent de fortement ralentir le développement.

L’objectif annoncé d’accroître la production de 2% cette année (et les cinq prochaines années) semble compromis. Certes, les investissements consentis au large du Brésil viendront combler ce retard, mais les résultats ne sont pas attendus avant deux ans. Entre-temps, le groupe risque de voir son chiffre d’affaires baisser.

Implications pour le secteur pétrolier

• L’ensemble du secteur reste suspendu aux résultats de l’enquête de l’administration américaine. La première conséquence de l’accident est la mise en accusation des producteurs/extracteurs et leur manquement aux règles de sécurité. L’extraction en eaux profondes est considérée comme très risquée.

Les producteurs devront faire plus d’efforts de contrôle et de sécurité s’ils veulent continuer à explorer les fonds. Le renforcement attendu de l’arsenal législatif pèsera sur les marges. Outre BP (pour qui l’offshore représente près de 30% de la production totale), tous les grands du secteur pourraient être concernés, mais surtout Chevron etRepsol, très présents dans cette zone.

• Le fonds américain « Oil Spill Liability Trust Fund », qui permet d’agir rapidement contre une pollution, est alimenté par l’industrie du pétrole aux Etats-Unis à hauteur d’1 milliard de dollars. Le secteur pétrolier sera mis à contribution pour réalimenter ce fonds. Le plafond pourrait être revu à la hausse, face à l’ampleur des dégâts.

• L’extraction offshore ne sera pas pour autant remise en cause . A ce jour, elle représente 30% de la production mondiale (seulement 2% pour les forages ultra profonds, supérieurs à 2.500 mètres), mais aussi près d’un quart des réserves (quasi toutes les zones onshore ont déjà été exploitées, car moins coûteuses).

Economiquement parlant, l’extraction du pétrole sous 1.000 mètres de fond est rentable si le prix du baril dépasse les 65 USD, soit nettement moins  que le niveau actuel (70 USD). Malgré les menaces qui pèsent, l’augmentation de la demande en hydrocarbures et la volonté des Etats-Unis d’obtenir l’indépendance énergétique devraient limiter la prise de mesures trop contraignantes.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Jim Rogers anticipe une hausse du prix du pétrole et la fin de l’euro (cliquez sur le lien)

2 réponses »

Laisser un commentaire