Changes et Devises

Commentaire du Wolf : La Suisse une belle qui sait se faire discrète

Commentaire du Wolf : La Suisse une belle qui sait se faire discrète  

  La Suisse apparaît aujourd’hui comme un véritable îlot de tranquillité au coeur d’un Vieux Continent balayé par les tempêtes. Comment en profiter ?

PLUS DE GNOME EN SUIVANT :

Récession contenue

La nature bancaire de la crise avait assurément de quoi faire craindre le pire pour la Suisse.

Néanmoins, si celle-ci est entrée en récession dès le troisième trimestre 2008, elle est aussi parvenueà limiter le recul de son économie à 1,5% en2009, contre – 4% pour la zone euro ! Mieux, la croissance s’est renforcée progressivement dèsl’automne 2009 grâce au boom des exportations, au dynamisme de la consommation et à la hausse des investissements. Aujourd’hui, avec un retour de la création d’emplois et un chômage en baisse, la reprise pourra davantage encore s’appuyer sur la demande domestique et contribuer ainsi à une croissance estimée à au moins 1% cette année.

Le seul facteur d’incertitude à ce jour réside à vrai dire dans la fragilité économique des autres pays européens, principaux partenaires commerciaux de la Suisse. C’est d’ailleurs l’impact des ventes à destination de la zone euro sur laconjoncture du pays qui explique la politique de la Banque nationale suisse lors de la crise.

Renaissance d’une valeur refuge

La Banque nationale suisse (BNS) a, comme la plupart de ses homologues, baissé ses taux directeurs dès le 8 octobre 2008 et ramené progressivement le loyer de l’argent de 2,75 à… 0,25%. Parallèlement à cela, elle a aussi injecté des liquidités sur les marchés financiers. Il en a alors résulté une explosion du bilan de la BNS  qui n’a toutefois pas eu l’effet escompté sur la distribution du crédit, les agents économiques préférant thésauriser les liquidités.Le quantitating easing  aura permi tout en contenant les pressions inflationistes qu’aurait pu  engendrer par une telle politique monétaire de nettoyer les bilans gonflés au subprime pourri des 2 grosses megabanques que sont  UBS et Crédit Suisse  .

 Quant au marché des changes, cet afflux de francs suisses n’a pas enraillé la hausse de la devise helvétique par rapport à la monnaie unique. Le franc suisse s’est au contraire apprécié de 15% face à l’euro depuis le début de la crise. Même l’avertissement régulier selon lequel « la BNS s’opposera résolument à une appréciation excessive » ne semble pas détourner les investisseurs du franc suisse, redevenu une véritable valeur refuge face aux déboires de la zone euro.

Banque centrale impuissante

La BNS est intervenue plusieurs fois pour freiner la hausse de sa devise, fixant même implicitement un seuil à ne pas franchir de 1,50 franc pour un euro. Mais si cela a stabilisé le taux de change en 2009, plus rien ne semble aujourd’hui en mesure de stopper la hausse du franc suisse, crise de la dette étatique dans la zone euro oblige.

D’autant que les autorités monétaires ont épuisé toutes leurs munitions. Proche de zéro, le taux directeur ne peut plus être baissé que de manière marginale. Même une baisse importante, si elle était possible, ne détournerait pas suffisamment les investisseurs qui cherchent, dans le franc suisse, la sécurité à tout prix. Par ailleurs, alors que la Banque centrale estime déjà que l’actuelle politique monétaire expansionniste, si elle est maintenue, pourrait provoquer un dérapage de l’inflation à moyen et long termes, gonfler davantage la masse monétaire pour affaiblir le franc suisse irait à l’encontre de l’objectif premier de stabilité des prix que s’est fixée en bonne gardienne de l’orthodoxie monétaire la Banque Centrale Suisse. 

Enfin, les autorités monétaires n’ont plus les moyens d’intervenir massivement sur le marché des changes. Depuis 2008 en effet, l’achat de devises étrangères pour limiter la hausse du franc a fait tripler les réserves de devises qui représentent désormais 68% du bilan de la Banque nationale suisse, un record historique ! A l’inverse, les titres en franc suisse ne forment plus que 2,8% de ses actifs. Autrement dit, la Banque nationale n’a pratiquement plus d’actifs à vendre pour financer l’achat de devises étrangères et influencer l’évolution du franc suisse.

L’aide suisse à l’euro

Les investisseurs devraient se demander pourquoi le niveau de l’euro n’est pas encore plus bas qu’actuellement, compte tenu du sentiment universel de perte de confiance. «La réponse pourrait venir de la Suisse»,explique le Financial Times dans une analyse. La Banque nationale suisse a choqué le marché  en annonçant que, en raison de son intervention sur le marché des devises, ses réserves monétaires avaient bondi de plus de 50% en mai, à 261,9 milliards de dollars. Conséquence de cette stratégie: l’institut helvétique est le septième plus gros détenteur de réserves d’actifs au monde, devant Hongkong, le Brésil, l’Inde et… la Banque centrale européenne. Depuis l’explosion de la crise financière, certaines devises, comme le forain hongrois, ont perdu plus de 25% par rapport au franc suisse. Du coup, un expert dans les devises estime qu’actuellement «empêcher que le franc suisse continue de s’apprécier est devenu bien plus important pour la santé de la Suisse et le système bancaire européen que pour Rolex et Nestlé».

Une devise à ne pas négliger

• Faute de moyens pour mener une politique de change efficace, la valeur de la devise helvétique dépendra donc des forces du marché. Et à ce niveau, tout plaide pour une appréciation du franc suisse face à l’euro compte tenu de l’inquiétude concernant les dettes étatiques dans la zone euro et d’un horizon conjoncturel qui tarde à se dégager. En outre, le différentiel de taux, pourtant en défaveur des obligations en franc suisse, n’est pas suffisant pour détourner les investisseurs d’une devise offrant une sécurité comme peu d’autres.

Enfin, le franc suisse n’est que faiblement surévalué par rapport à l’euro et une inflation plus faible en Suisse plaide, à moyen et long termes,pour une appréciation graduelle de la devise helvétique.

En conclusion, vous pouvez ajouter une dose de franc suisse à la composante obligataire de votre portefeuille dans une optique défensive et à titre de diversification, par le biais de sicav notamment de KBC Renta Swissrenta (ISIN : LU0068457893).

Quant aux actions, plusieurs titres apparaissent également intéressants au vu de lavalorisation attractive de la Bourse de Zurich. Côté sicav, est recommandé AXA World Funds Framlington Switzerland(LU0087657150, en CHF) et SSgA Switzerland Index Equity Fund (FR0000018293, en CHF) ainsi que le tracker Amundi ETF MSCI Switzerland (ticker CSW, en EUR

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES  :La Suisse figure en bonne place dans l’élite des grandes capitalisations en Europe

Par Xavier Pintado*et Alain Privat  Banque Cantonale de Genève, responsable risques de marchés.
**Banque Cantonale de Genève, responsable du service actions
et fonds.

La Suisse affiche avec ses pharmas et les biens de consommation une exposition sectorielle à la fois défensive et de croissance

On a beaucoup écrit sur les aspects économiques et financiers de la crise que nous venons de traverser. Certains pays européens ont raisonnablement tenu le choc sur le plan économique alors que d’autres ont été sérieusement ébranlés. Mais que s’est-il passé sur le plan boursier? Et où se situe la Suisse?

Il est intéressant d’observer l’évolution des valeurs boursières par pays tout au long de la crise (du 1er janvier 2007 au 24 décembre 2009). Le cadre de référence est ici celui de la famille d’indices paneuropéens Dow Jones STOXX, évalués en euros.

Deux indices de cette famille présentent un intérêt particulier: le STOXX TMI ( ndlr: Total Market Index, un indice regroupant plus de 900 capitalisations grandes, moyennes et petites en Europe), et le STOXX 50 ( ndlr: blue chips européens). Le premier couvre plus de 95% de la valeur boursière européenne et permet de comparer la valeur boursière des pays. Le deuxième ne contient que les cinquante plus grandes capitalisations européennes; il représente le club très fermé des entreprises européennes à dimension mondiale et la «vitrine» des pays qui ont le privilège d’y accéder. Les entreprises qui y sont cotées sont aussi celles qui ont fait l’objet de soins parfois intensifs des gouvernements, tant leur importance stratégique est grande.

L’indice STOXX TMI montre qu’avant la crise le Royaume-Uni représentait environ un tiers de la valeur boursière européenne, suivi par la France et l’Allemagne. La Suisse figurait au quatrième rang, devant l’Italie et l’Espagne. Ces six pays représentaient au 1er janvier 2007 environ 80% de la valeur boursière totale. En décembre 2009, ce pourcentage avait grimpé à 82,6%: la crise a eu pour effet d’augmenter la concentration de valeur sur les grandes économies européennes.

Mais la variation des parts de marché a été inégale. La Suisse affiche la plus forte croissance, suivie par l’Allemagne et par la France. Le Royaume-Uni est le grand perdant en termes absolus, mais la baisse s’inscrit dans une tendance historique.

On voit en revanche que l’Espagne, malgré le sévère choc économique infligé par la crise, augmente substantiellement sa part et passe devant l’Italie. Cette performance est due aux grandes banques espagnoles et à Telefonica, qui bénéficient d’une forte présence dans les pays émergents.

Les Pays-Bas apparaissent comme l’un des grands perdants de la crise. L’effondrement d’ING a pesé très lourd sur un pays qui manque de diversification: en 2007, le secteur financier représentait presque 50% de la capitalisation du pays.

Une analyse du défilement temporel de la crise nous en dévoile les aspects dynamiques. Une analyse de l’évolution des parts de valeur de la Suisse, de l’Allemagne et de la France dans l’indice STOXX TMI donne des résultats saisissants.

On voit d’abord l’industrie allemande lancée à plein régime pour rattraper la France et cela malgré des signes déjà bien présents de la tempête à venir. Pendant ce temps, les parts de la Suisse et de la France changent peu. En janvier 2008, la nature de la dépression à venir se précise. La fuite vers les valeurs défensives et de substance commence et, avec elle, la fulgurante montée de la Suisse.

La capitalisation boursière helvétique dépasse celle de l’Allemagne peu après la faillite de Lehman Brothers. Elle reste au-dessus pendant les six mois constituant le noyau de la crise et passe légèrement en dessous lorsque le marché boursier reprend des couleurs. Il faut cependant noter que, à fin janvier 2010, la Suisse a de nouveau dépassé l’Allemagne de 0,5%, soit l’équivalent de 12,5 milliards d’euros.

Passons maintenant en revue ce qui s’est passé avec les valeurs vedettes. En termes de valeur boursière, la Suisse figure au deuxième rang dans le STOXX 50, l’élite des blue chips européens – devant l’Allemagne et la France. Au terme de la crise, les pays ayant perdu la plus grande part de valeur sont le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Les gagnants sont l’Espagne, l’Allemagne et la Suisse.

La force des entreprises suisses est mise en avant de manière encore plus flagrante si l’on analyse l’évolution des parts des pays dans le STOXX 50 pendant la crise. Au mois de janvier 2008, la Suisse se positionne en dessous de la France et de l’Allemagne. A mesure que l’Europe s’enfonce dans la crise, la part de la Suisse explose littéralement, alors que celle de nos voisins stagne. On observe la montée de l’Espagne, qui vise le seuil des 10% dans le STOXX 50.

Cette analyse montre que, du point de vue boursier, la crise a davantage ébranlé les petites économies européennes que les grandes. Le Royaume-Uni, grand perdant de la crise, fait exception à cette règle mais reste malgré tout le géant boursier européen.

La France a pris des parts aux autres pays mais sa grande force reste sa diversification à travers les secteurs économiques; c’est le pays possédant la plus forte diversification sectorielle en Europe. La valeur boursière de l’Allemagne a souffert plus que celle de la France: la crise a cassé son élan.

C’est la Suisse qui s’est distinguée le plus. Malgré son manque de diversification sectorielle, elle a augmenté sa part de valeur de manière significative tout en montrant une résilience hors pair. Les déboires d’UBS ont certes pesé sur la capitalisation boursière du pays, mais l’impact du secteur financier a finalement été bien moindre qu’ailleurs en Europe.

Au-delà de ses banques, la Suisse affiche avec ses pharmas et sa forte présence dans les biens de consommation une exposition sectorielle qui est à la fois défensive et de croissance. Ses grandes entreprises la placent en deuxième position européenne dans l’élite des grandes capitalisations, un rang très convoité par nos deux grands voisins.

*Banque Cantonale de Genève, responsable risques de marchés.
**Banque Cantonale de Genève, responsable du service actions
et fonds.

Le poids de la Suisse augmente (cliquez sur le lien)

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A contre-courant de l’Europe, les taux suisses plongent par Mathilde Farine le temps juin10

Ce qui est favorable aux propriétaires l’est moins pour les épargnants

Les taux suisses frôlent le plancher. Que ce soit dans le domaine des obligations ou du Libor. Un paradoxe dans le contexte européen troublé, qui a des conséquences pour l’investisseur ou le consommateur suisse. La chute du Libor – le taux auquel se prêtent les banques et que la Banque nationale suisse (BNS) utilise pour mener sa politique monétaire ­ – a un impact direct sur les emprunts dans le domaine immobilier.

Evoluant autour de 0,25% depuis le début de l’année, le Libor est tombé à 0,085% ces derniers jours (contre 0,65% pour le même taux en euro). Les propriétaires dont l’hypothèque est indexée à ce taux peuvent ainsi voir leurs intérêts mensuels fondre. Ces emprunts immobiliers peuvent en effet être renégociés tous les trois mois. «Cette situation est très favorable aux propriétaires existants», abonde Jan Poser, chef économiste à la banque Sarasin. Pour autant qu’ils n’aient pas conclu leur crédit à taux fixe.

Surplus de liquidité

La situation actuelle constitue également un encouragement à investir dans le marché de la pierre, poursuit l’expert. «Même s’il faut garder à l’esprit que ces taux extrêmement bas sont temporaires. A terme, la BNS devra augmenter ses taux d’intérêt.» Plus généralement, cette situation aura des retombées positives pour l’économie réelle, ajoute Andreas Höfert, chef économiste chez UBS.

Autre anomalie apparente du marché suisse, les rendements des obligations de la Confédération sont également au tapis. Détenir ces emprunts ne rapporte aujourd’hui pratiquement rien pour les investisseurs. En juin , les rendements atteignaient 1,47%. Un chiffre historiquement bas et unique sur le continent. «Les craintes de faillite de certains Etats poussent les investisseurs à se réfugier vers la dette souveraine notée AAA, ce qui provoque une chute des rendements», reprend Jan Poser. A l’inverse, ceux des pays dont les finances apparaissent ingérables voient leurs rendements bondir. Une bonne nouvelle pour les finances publiques suisses, car le gouvernement peut se refinancer à moindres frais.

Le cas suisse tranche avec l’Europe, où les inquiétudes sur les finances publiques de certains pays de la zone euro enrayent à nouveau les prêts entre les banques. Au lieu de se prêter entre elles, les institutions préfèrent placer des fonds auprès de la Banque centrale européenne, qui accumule des montants record.

Les explications sont pourtant simples. «La BNS achète des euros et inonde le marché de francs que les banques lui rendent sous forme de placement monétaire», explique Jan Poser. Cette boucle pèse sur les taux.

Pour Jérôme Schupp, responsable de la recherche chez Syz & Co, les tensions s’expliquent par la situation des banques du sud de la zone euro. Des suspicions reviennent d’une banque à l’autre. «Pas entre les grands établissements, mais entre une banque grecque, potentiellement en difficulté, et une autre institution», poursuit l’analyste. Les tensions ne sont donc pas liées à l’ensemble de la zone, mais à une partition nord-sud. «En Suisse, où il n’y a pas d’inquiétude sur les banques, ce phénomène n’apparaît pas.»

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1 réponse »

  1. La situation économique de la Suisse est très intéressante ! Au regard d’autres pays, l’économie suisse est parvenue à s’affirmer dans une période tumultueuse. Certes, le PIB a chuté de 1,5% l’an passé, mais ce repli, compte tenu de l’ampleur de la récession mondiale, s’est montré inférieur aux attentes.

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