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Taxes en folie : La hausse des impôts promet-elle une croissance 0 en 2011?

La hausse des impôts promet-elle une croissance 0 en 2011?  Par Emmanuel Garessus

Un relèvement de 30 à 33% de l’impôt sur les bénéfices en Europe peut annihiler la hausse des bénéfices des entreprises attendue l’année prochaine

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Où sont les réelles réformes pour dynamiser la croissance?

 Les gouvernements adorent cultiver l’insouciance et s’étonnent que les marchés financiers leur fassent aussi peu confiance. Qu’ils se renseignent auprès des citoyens!

 Les autorités préfèrent accumuler les impôts qui ne disent pas leur nom plutôt que vraiment s’attaquer aux excès de dépenses publiques. Nicolas Sarkozy a créé 20 nouvelles taxes depuis 2007, selon «contribuables associés».

Parfois, le citoyen se doute des plans des autorités et, s’il en a les moyens démocratiques. En effet, ce week-end le très rouge-vert canton de Bâle-Ville a dit non par référendum à un plan qui aurait supprimé 10 000 places de parking gratuites et créé une «carte pendulaire» à 2000 francs suisses par an. Les autorités reportent leurs problèmes sur la classe moyenne.

La tendance est inquiétante dans maints pays, y compris dans les pays les plus en crise comme la Grèce. Son premier programme de privatisations témoigne de son refus d’attirer les investisseurs. Le premier bijou de famille offert à la vente est OSE, une entreprise de chemins de fer déficitaire, minée par les déficits et la corruption, selon la NZZ.

En France, en Allemagne et en Espagne, on préfère des mini- mesures plutôt qu’une politique sérieuse et à long terme. En France, sur le plan d’austérité de 100 milliards d’euros, «50 milliards proviennent de recettes fiscales boostées par la croissance», selon Les Echos. Est-ce un plan d’économies ou un appel à la croissance?

La carte d’Europe de la dette publique au m2 présentée ci-joint désigne les pays à problèmes.

La carte d’Europe selon la dette publique (cliquez sur le lien)

 Et encore ne traduit-elle que les statistiques explicites, c’est-à-dire sans les engagements liés aux assurances sociales. Or la dette publique implicite de l’Allemagne est 4 fois supérieure à la dette explicite, selon la NZZ.

Les budgets présentés en Europe et ailleurs utilisent d’ailleurs des hypothèses de croissance hautement aventureuses. L’Italie établit son budget sur la base d’une croissance de 1% cette année et 1,5% en 2011. Cela paraît généreux pour un pays qui stagnait déjà avant la crise.

Mais l’Europe refuse les réformes structurelles susceptibles d’enfin accroître sa productivité. L’Espagne par exemple n’est parvenue à aucun accord sur la réforme du marché du travail.

L’OCDE semble pourtant convaincue des efforts accomplis en Europe et vient de revoir ses prévisions à la hausse à 1,2% en 2010 et 1,8% en 2011. Un tel optimisme sous-entend l’absence d’attaques contre l’euro et les obligations des pays du Sud. L’OCDE promet le beau temps pour l’été, l’automne et l’hiver.

Pourtant, le ralentissement en cours en Asie et les augmentations d’impôts en maints endroits vont décevoir bien des économistes en 2011.

 Arthur Laffer vient d’avertir que la hausse d’impôts qui frappera les Etats-Unis le premier janvier prochain provoquera une accélération des achats et investissements en 2010 au détriment de 2011. Le taux d’imposition maximum passera en effet de 35 à 39,6% en janvier, l’impôt sur les gains en capitaux de 15 à 20% et l’impôt de succession de 0 à 55%. Dans les années 1980, la baisse d’impôts de Ronald Reagan avait conduit à un même effet d’anticipation fiscale. Les investisseurs avaient retardé leurs dépenses pour profiter de la baisse d’impôts de 1983. Le PIB avait stagné en 1981 et 82 et augmenté de 7,5% en 1983 et de 5,5% en 1984.

La bourse a commencé à s’inquiéter du risque de stagnation en 2011. Après 20 ans de baisse de l’impôt sur les entreprises, un changement de tendance est à craindre. En Europe, les projets de hausse d’impôts se multiplient. La TVA est revue à la hausse en maints endroits. En Grèce, l’impôt sur les bénéfices des entreprises sera relevé de 25 à 35%. La France s’attaque aux niches fiscales. L’Allemagne va taxer plus durement le nucléaire et le transport aérien. En général, les secteurs les plus touchés dans le monde seront l’énergie, les télécoms, les aéroports et compagnies aériennes, les technologies médicales, le secteur minier, la finance.

Un relèvement de 30 à 33% de l’impôt sur les bénéfices couplé à un scénario un soupçon moins optimiste sur les ventes (non pas 6% mais 4% de croissance) provoqueront une croissance zéro des bénéfices des entreprises attendue l’année prochaine, selon Citigroup. La banque maintient toutefois pour l’instant une version optimiste, avec, une hausse des profits de 15% en dehors de la finance.

Le dynamisme du secteur privé sera-t-il suffisant pour compenser les errements des gouvernements?

source le temps juin10

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