Mieux vaut taire les salaires des banquiers britanniques
Il en coûte de le reconnaître, mais oui, les financiers britanniques viennent de marquer un point. Ce n’est pas en forçant les banques à révéler le nombre de salariés qui gagnent 1 million de livres sterling (1,2 million d’euros) ou plus que l’on réussira à limiter l’envolée des rémunérations. Bien au contraire, cela peut déclencher une nouvelle vague de surenchère sur les gratifications.
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Les banques du Royaume-Uni devraient bientôt se voir contraintes de révéler combien de leurs collaborateurs sont très bien payés, en fonction de tranches de valeur qui vont faire écarquiller les yeux du commun des mortels : de 1 à 2,5 millions de livres, de 2,5 à 5 millions, et enfin plus de 5 millions. A la suite d’une critique du Sunday Times qui estimait qu’il avait perdu son sang-froid, le chancelier de l’Echiquier, George Osborne, a dû revoir les modalités de la mesure, mais peu importe à quel point il l’adoucit : il ferait mieux d’en remettre en question le principe même.
L’idée fondatrice était de braquer les projecteurs sur la rémunération des financiers et de donner aux actionnaires et au grand public le moyen de faire pression sur les banques pour qu’elles manifestent plus de retenue.
Commentaire du Wolf : CEO, Principal-agent kesako ?
Mais les établissements soulignent, à juste titre, que cette publication sèmera le trouble au sein du personnel. Si certains financiers ont le sentiment d’être moins bien traités que leurs collègues, il est évident qu’ils auront tendance à réclamer davantage.
Il a été suggéré que le phénomène pousserait les banques à aller s’installer ailleurs. En fait, ce qui va se passer, c’est qu’elles vont céder à ces revendications de peur que la concurrence n’aligne un plus gros chèque. Il n’y a qu’à en juger par l’exemple des grands groupes, où la rétribution des dirigeants a augmenté au fur et à mesure que la transparence progressait.
Sir David Walker, qui a fait une longue carrière chez Morgan Stanley, a proposé la même chose dans le rapport remis en 2009 sur la gouvernance des banques. Il a raison de dire que la transparence des rémunérations est, en soi, une bonne chose. Les primes représentent une charge importante dans le secteur et pourtant, les actionnaires ont très peu d’informations.
Mais il existe d’autres moyens de promouvoir la transparence, comme de révéler le montant total des primes distribué par chaque pôle d’activité. Se mettre à compter combien il y a de financiers à plus de 1 million de livres, ce n’est pas en faire une espèce rare, c’est s’exposer à en dénombrer toujours plus.
(Traduction de Christine Lahuec.)
source Reuters/le monde sep10
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Secteur Bancaire/rémunérations : Le débat égaré dans les slogans
Hello
En complément de ce billet instructif et avec une pointe d’humour anglais,comment négocier son salaire un vendredi http://0z.fr/KGwqa
A bientôt