Subprime :Chassez le natuel…..Les banksters reprennent goût aux créances douteuses
Des établissements britanniques tentent à nouveau de placer sur les marchés des titres liés à des hypothèques. Aux Etats-Unis, les crédits automobiles remplacent la dette immobilière
Business as usual : Le retour en « crasse » du subprime
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La dette «subprime» réapparaît dans le système financier international. Selon le Financial Times, la banque sud-africaine Investec, fortement implantée en Grande Bretagne, s’apprêterait à offrir 250 millions de livres de dette hypothécaire «non standard» à des investisseurs dans les semaines à venir. Si elle trouve preneur, l’offre serait la première opération de revente de dette hypothécaire en Europe depuis le déclenchement de la crise financière il y a trois ans. Investec pourrait être devancée par une autre banque britannique, la Royal Bank of Scotland (RBS), à 80% aux mains de l’Etat depuis son renflouement en novembre 2008. Depuis mi-septembre, RBS cherche à placer sur les marchés pour 4,7 milliards de livres de créances immobilières.
La transformation en produits financiers – appelée titrisation – de crédits hypothécaires accordés à des acheteurs insolvables aux Etats-Unis avait provoqué la quasi-faillite des plus grandes banques américaines et européennes, en 2008, alors que les débiteurs faisaient défaut en masse sur leurs dettes.
Crédits «non standards»
Le portefeuille proposé par Investec se compose de crédits «standards» – soit d’hypothèques avancées à des acheteurs pouvant justifier de revenus suffisants – ainsi que de créances «non standards». Sous ce terme se cachent des hypothèques dites «autocertifiées», conçues à l’origine pour les travailleurs indépendants, dont la déclaration de revenus ne peut être garantie par un certificat de salaire. Des placements similaires par des grandes banques européennes seraient en préparation en Espagne et au Portugal, selon l’agence Bloomberg.
Outre-Atlantique, le marché de la dette titrisée a également repris de l’ampleur. Si les niveaux restent encore faibles sur les créances immobilières, les banques ont pris le relais avec un autre type de dette: celui des leasings automobiles.
Business as usual : Le retour en « crasse » du subprime
Selon une étude de J. P. Morgan, 39 milliards de dollars de crédits avancés à des Américains pour l’achat de voitures ont été titrisés et revendus sur les marchés sur les neufs premiers mois de 2010. Sur cette somme, 5,9 milliards ont été accordés à des clients avec des profils de risque les plus élevés. Un expert du secteur récemment embauché par UBS aux Etats-Unis explique au Temps sous couvert d’anonymat que les crédits automobiles «subprime» seraient particulièrement recherchés par les investisseurs en temps de crise. Offrant des rendements élevés, ils seraient considérés comme plutôt sûrs. En effet, la vigueur du marché de l’occasion permettrait aux organismes de crédit de limiter leurs pertes en cas de défaut en revendant à bon compte les voitures saisies, «ce qui est plus difficile avec une maison», note le banquier.
A eux seuls, les constructeurs automobiles Nissan, BMW et General Motors ont revendu pour 3,6 milliards de créances sur les marchés cette année, avec l’aide de banques d’investissements telles que Merrill Lynch, RBS, Credit Suisse et UBS.
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EN RAPPEL : Comment le marché a été manipulé
Avant la crise des «subprime», les banques ont fait croire à l’existence d’une demande
Un travail de fourmi. Dans sa dernière enquête, l’ONG new-yorkaise Pro Publica, spécialisée dans le journalisme d’investigation, a analysé les transactions passées par les grandes banques de Wall Street sur le marché de la dette hypothécaire titrisée dans les deux années précédant l’éclatement de la crise. Les résultats, présentés sous la forme d’une série d’articles et d’infographies interactives, montre que les grandes banques d’investissement ont manipulé ce marché pour faire croire à l’existence d’une offre et d’une demande alors que les investisseurs, en premier lieu des fonds de pension, se détournaient de leurs produits.
Les données récoltées par Pro Publica montrent qu’en 2007, Merrill Lynch, Citigroup, Goldman Sachs et UBS, parmi les plus actives, achetaient elles-mêmes la majorité des parts dans les fonds adossés à des crédits immobiliers, alors qu’elles étaient supposées vendre à leurs clients. En 2006 et 2007, près de la moitié des transactions passées par les fonds de Merrill Lynch consistait à acheter des parts d’autres fonds de la même banque. UBS, avec son fonds TABS 2007, gagne la palme de la consanguinité financière avec le plus de parts issues d’autres fonds de la même banque.
Ces manipulations avaient pour but de donner «l’apparence d’une demande sur un marché dont les investisseurs commençaient à se méfier», explique Pro Publica, et permettaient aussi aux gérants de «maintenir les volumes d’affaires dont dépendaient leurs bonus».
EN COULISSE : UBS rembourse 18 milliards
La banque suisse a dédommagé ses clients lésés par la faillite des ARS, produits financiers devenus toxiques en 2008
Le gendarme boursier américain, la SEC, a annoncé mardi qu’UBS avait respecté ses obligations envers l’autorité dans l’affaire des Auction rate securities (ARS), des produits financiers décrits comme sûrs et qui avaient perdu toute valeur au plus fort de la crise, en février 2008. Selon l’accord passé avec la SEC, UBS s’était engagée à rembourser pour 18 milliards de dollars à ses clients lésés par ces produits. C’est désormais chose faite, puisque «presque 100% des investisseurs» sont aujourd’hui indemnisés, note la SEC qui renonce à imposer une pénalité à UBS
Par François Pilet /le temps sep10
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