La Pieuvre dans le réseau : Goldman Sachs contre Facebook
L’an dernier, la réforme financière de Wall Street menée par Barack Obama envahissait les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, LinkedIn étaient inondés de messages expliquant pourquoi il fallait mettre les grandes banques d’affaires au pas.
PLUS DE PACTE FAUSTIEN EN SUIVANT :
Sur sa page Facebook, Goldman Sachs ne prenait même pas la peine de répondre aux affirmations des Démocrates et l’absence virtuelle du banquier signalait son inaptitude à s’adapter aux nouvelles réalités du web. L’apprentissage a été rapide : un an plus tard, voilà que Goldman Sachs met la main sur une part du capital de Facebook.
La société russe Digital Sky Technologies, dotée d’un fonds de 2 G$ dédié exclusivement aux médias sociaux, est l’investisseur derrière le lancement par Goldman Sachs d’un conduit spécial (special purpose vehicle) de 500 M$ permettant d’acheter, par la bande, des parts de Facebook. De sinistre mémoire dailleurs que ces SPV ou l’art pour un Bankster de faire du hors bilan
La stratégie consiste surtout à éviter que les autorités réglementaires –et les investisseurs— n’y regardent de trop près :les sociétés comptant moins de 500 investisseurs n’ont pas à divulguer leurs résultats financiers. Ou à se soumettre à toutes les subtilités de la loi Sarbanes-Oxley. Facebook peut ainsi demeurer privée, tout en se donnant la possiblité de lever du capital.
À la glorieuse époque des «start-ups» techno, l’entrée en bourse était signe d’accomplissement dans la vie éphémère des technos. Les investisseurs suivaient, poussant les cours vers des sommets vertigineux. L’effondrement spectaculaire qui s’ensuivit a laissé bien des investisseurs sur le carreau. Voilà maintenant que la finance semble vouloir rééditer le stratagème, sans toutefois passer par le processus d’examen des livres des sociétés.
Facebook vaudrait ainsi 50 G$ selon l’évaluation de Goldman Sachs, sans pourtant qu’on sache exactement sur quoi est basée l’évaluation.Facebook est ainsi devenue une compagnie publique qui n’est soumise à aucune réglementation, souligne d’ailleurs le Wall Street Journal.
Goldman, la banque qui a créativement aidé la Grèce à financer son trésor public, dispose maintenant d’une solide tête de pont dans les médias sociaux… Dont elle pourrait tirer avantage lors de la prochaine réforme financière. et répliquer aux critiques de son modèle d’affaires, contrôlant à la fois le message… et le messager.
Facebook s’acoquine avec Goldman pour contourner la SEC, qui sera le dindon de la farce?

Image: CNBC
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Sommes-nous surpris? Le modèle d’affaires de nombreuses sociétés Internet demeure obscur. Quelles sont leurs sources de profit? Plus encore : font-elles des profits?
La combinaison est explosive. D’un côté, le buzz autour des sociétés Internet ne cesse de croître – mettant en appétit le troupeau aveugle des investisseurs toujours à la recherche du prochain Eldorado. De l’autre : dans ce secteur, tout n’est encore que prospective et futurologie.
Il suffit d’interviewer quelques entrepreneurs Internet ainsi que des analystes suivant ce secteur pour comprendre que l’on ne comprends pas comment ces sociétés arriveront à encaisser des profits à la hauteur des multiples qu’elles affichent. Bref, l’épisode Facebook était prévisible et ce n’est que la pointe de l’iceberg.
Et qui faut-il blâmer ou plutôt qui est le plus coupable:
Les Goldman de ce monde qui imaginent pareils stratagèmes?
Les entrepreneurs Internet qui veulent le beurre et l’argent du beurre?
Les investisseurs qui achètent, encore une fois, les yeux fermés
Car Facebook a décidément beaucoup d’amis. Goldman Sachs ne sait plus comment tempérer l’enthousiasme de ses clients pour le réseau social, malgré le peu d‘informations financières disponibles sur la société, explique le Wall Street Journal .
Goldman Sachs a dailleurs été contrainte de cesser de prendre des ordres pour des parts dans le réseau social au demi-milliard d’abonnés et de réduire le montant des commandes de certains investisseurs.
De fait, Goldman Sachs qui a récemment injecté 450 millions de dollars dans Facebook – auxquels s’ajoute 50 millions de la firme d’investissement russe Digital Sky Technologies – a ensuite revendu des parts dans Facebook à des clients choisis, sous forme de titres non cotés, indique le quotidien américain. la banque d’affaires américaine, a reçu de facto des demandes de plusieurs milliards de dollars pour les titres du réseau communautaire et a cessé jeudi de solliciter de nouveaux clients, limitant son offre à 1,5 milliard de dollars.
Mais l’offre a eu tellement de succès que la banque d’affaires va arrêter de solliciter de nouveaux investisseurs (riches clients privés, entreprises, fonds spéculatifs et sociétés d’investissement), après avoir reçu des demandes d’achats représentant plusieurs milliards de dollars.
La transaction avec Goldman Sachs valorise Facebook près de 50 milliards de dollars, plus que des entreprises phares américaines comme Boeing, Time Warner et Yahoo!.
Toujours selon les informations du Wall Street Journal, en 2009, Facebook aurait dégagé un bénéfice net de 200 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 700 millions. Les chiffres pour 2010 n’ont pas été fournis par les sources du journal américain, mais selon des analystes, le chiffre d’affaires de la société pourrait atteindre 2 milliards de dollars sur l’année qui vient de s’écouler. En conservant le même rapport bénéfice net/chiffre d’affaires, le profit de Facebook pourrait être de 570 millions de dollars en 2010.
Ceci est à rapprocher d’un mémo distribué aux acheteurs potentiels de parts dans Facebook vendues par Goldman Sachs et qui laisse entendre que le géant émergent de l’internet a dégagé cette année environ un demi-milliard de dollars de bénéfices pour un chiffre d’affaires de près de deux milliards.
«Le document parle de 355 millions de dollars de bénéfice opérationnel pour 1,2 milliard de dollars sur neuf mois», explique l’analyste Lou Kerner, de la maison de courtage Webbush Securities, qui détient des titres Facebook. «Nous savons qu’ils ont augmenté significativement leur chiffre d’affaires et estimons donc qu’il devait approcher 2 milliards de dollars à la fin 2010», ajoute-t-il. «Nous avons été surpris par leur niveau de rentabilité à ce stade de leur croissance», remarque-t-il. D’après lui, alors que Facebook va grandir et réaliser des économies d’échelles, sa rentabilité, qui «tourne pour l’instant autour de 30%, devrait selon une prévision prudente atteindre les 40%». «Leur rentabilité pourrait ainsi dépasser celle de géants de l’internet comme Google», insiste-t-il.
Le site de socialisation gagne de l’argent en vendant des encarts publicitaires sur ses pages et grâce aux «Facebook credits», une monnaie virtuelle grâce à laquelle, contre paiement par carte de crédit, les internautes peuvent acheter divers jeux et applications. D’après M. Kerner, le site prend de confortables commissions de 30% sur cette monnaie virtuelle.
Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York, se montre circonspect. Le niveau des marges ne l’étonne pas car «c’est un secteur où les frais ne sont pas énormes, ce n’est pas de l’industrie lourde». Mais «une valorisation de 50 milliards de dollars pour 500 millions de dollars de bénéfices, c’est payer ces bénéfices fois cent, alors que pour une entreprise déjà cotée comme Google on ne paie que 21 fois les revenus», remarque-t-il. «Il faut qu’ils transforment rapidement les 500 millions de bénéfices en trois ou quatre milliards», ajoute-t-il.
Facebook réticent à entrer en Bourse
La transaction avec Goldman Sachs a révélé en même temps la capacité des entreprises à trouver des liquidités hors de la sphère du marché boursier
Facebook se montre en effet réticent à s’introduire sur le marché boursier, où il serait soumis à des règles comptables bien plus strictes que les entreprises non cotées. «Le principal attrait d’être coté en Bourse est d’avoir plus facilement un marché de cotation pour vos actions, mais s’il y a un marché parallèle qui fournit autant de liquidités, alors les entreprises n’ont plus intérêt à être cotées», remarque Adam Pritchard, professeur à l’Université de Droit du Michigan. Selon M. Kerner, les actions s’échangent «depuis longtemps en privé, et leur cours approchait dernièrement une valorisation de 60 milliards de dollars. Goldman Sachs a donc eu droit à une décote», fait-il valoir. Le New York Times affirmait quant à lui jeudi que si des parts de Facebook avaient été proposées en interne au fonds d’investissement maison de Goldman Sachs, Goldman Sachs Capital Partners, avait refusé d’investir dans le site.«Cela montre non pas le scepticisme, car Facebook c’est extraordinaire, mais plutôt que tout a un prix», ajoute M. Volokhine
A moins que cela ne prouve que comme au bon vieux temps des subprimes Goldman propose à ses clients un investissement qu’il se refuse à titre propre….A quand un short MASSIF versus SPV de Goldman sur Facebook…
Mais, suite à l’investissement de Goldman Sachs dans Facebook, la SEC le régulateur américain a tout de mème déclenché une enquéte. Adam Pritchard avertit que l’enquête de la SEC pourrait se traduire par des «mesures pour forcer Facebook à s’enregistrer comme entreprise cotée». Reste à savoir combien de temps Facebook pourra encore résister.
En effet si le groupe dépasse comme attendu les 500 actionnaires cette année, la réglementation boursière américaine les contraindra à entrer en Bourse, ce qui représenterait une énorme opération, ou au moins à publier certaines données financières. Car la réglementation boursière aux États-Unis stipule que les entreprises non cotées comptant plus de 500 investisseurs à la fin d’une année calendaire doivent présenter des informations financières à l’autorité boursière (SEC) à partir de 120 jours suivant la fin de cet exercice, même si leurs actions ne sont pas cotées.
«Les entreprises font tout ce qu’elle peuvent pour éviter d’entrer en Bourse. Facebook en est le principal exemple», a indiqué James Angel, un professeur à l’Université de Georgetown, à Washington.«Aux États-Unis, nous avons rendu beaucoup plus difficile le fait de devenir une entreprise cotée. Nous avons rendu cela plus cher, les risques légaux et l’environnement de courtage ont également changé», a-t-il ajouté.
L’investissement de Goldman Sachs soulève des questions fondamentales sur l’équité et la sécurité de telles transactions pour les investisseurs.
Certains peuvent se demander pourquoi «seuls les amis de Goldman ont la possibilité d’investir dans Facebook», remarque M. Angel. Les parts d’entreprises dans Facebook pourraient aussi créer un marché parallèle échappant à la surveillance des régulateurs et exposant les investisseurs à des risques potentiels accrus en raison du manque de transparence.
Dans l’immédiat, cela apporte à Facebook, le site fondé en 2004 dans une chambre d’étudiants de Harvard, «le capital supplémentaire qu’il lui faut non seulement pour financer sa croissance sans précédent, mais aussi pour acquérir les technologies et les talents nécessaires pour garder son rythme de croissance», note l’analyste Lou Kerner. Cela confirme aussi, s’il en était encore besoin, le respect qu’inspire désormais Facebook, désormais au troisième rang de l’internet mondial (derrière Google et Microsoft) selon ComScore, et qui selon Experian Hitwise est plus consulté que la page moteur de recherche de Google aux États-Unis. Et Lou Kerner de poursuivre «Je crois qu’en ce moment Facebook ne pense pas du tout à une entrée en Bourse «La direction s’intéresse à atteindre l’ubiquité mondiale, à faire en sorte que tous les internautes de la planète deviennent membres de Facebook et que tous les sites internet du monde s’intègrent à la technologie Facebook», afin de faire du site la plaque tournante d’internet, où les gens achètent, s’informent et se distraient. En tout état de cause, cette levée de capital montre que Facebook n’a guère besoin de faire appel aux petits porteurs pour se financer. «Il faudra cependant encore plusieurs années» pour qu’il pèse aussi lourd que Google (190 milliards)
source : Diane Bérard les affaires.com/Jean-François Parent F&I+agences Jan11
EN BANDE SON :
Mardi 11 janvier 2011 :
Allemagne : taux d’intérêt pour les obligations à 6 mois : 0,480 %.
France : taux d’intérêt pour les obligations à 6 mois : 0,555 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GFRN6M:IND
Et la Grèce ?
Quel taux d’intérêt doit payer la Grèce pour un emprunt à 6 mois ?
Réponse :
La Grèce a levé mardi 1,95 milliard d’euros en obligations à six mois, à un taux d’intérêt de 4,9 %, a indiqué mardi l’organisme de gestion de la dette publique (PDMA) grecque.
Athènes a ainsi atteint son objectif d’un taux inférieur à 5 %, même si le taux est supérieur à la dernière émission.
L’émission a été sursouscrite plus de 3 fois avec une offre totale de 5,1 milliards d’euros pour 1,5 milliard proposé au départ, a indiqué le PDMA dans un communiqué.
Le taux est ressorti à 4,90 %, contre 4,82 % lors de la dernière émission à six mois le 9 novembre 2010, qui portait sur un montant très inférieur de 390 millions d’euros.