Energie : Le gaz de schiste, une alternative à étudier ?
Cette ressource potentiellement abondante est largement exploitée aux Etats-Unis. En Suisse, les Verts demandent à ce qu’on examine les risques environnementaux
A l’heure où le Conseil fédéral suisse planche sur différents scénarios énergétiques visant à sortir du nucléaire , l’une des possibilités évoquées implique une augmentation de la part du gaz naturel dans le mix énergétique suisse et la construction de centrales. Celles-ci pourraient à l’avenir brûler une ressource fossile jusqu’à présent inexploitée et présente dans le sous-sol: le gaz de schiste. Il reste toutefois à s’assurer que cette exploitation peut se faire sans risques, pour la population et l’environnement. La partie est loin d’être gagnée.
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Le gaz de schiste tire son nom des roches sédimentaires où il est produit. Bien qu’il soit constitué de méthane, comme le gaz naturel classique, il est dit «non conventionnel». En effet, à la différence du gaz naturel conventionnel, que l’on trouve piégé dans une roche poreuse d’où il est extrait facilement, le gaz de schiste est produit dans des roches sédimentaires dont les pores trop petits l’empêchent de sortir. Pionniers dans le domaine, les Etats-Unis ont commencé à l’exploiter il y a dix ans et sont devenus en 2010, grâce à lui, le premier producteur mondial de gaz naturel devant la Russie.
Le gaz de schiste séduit par son abondance: les réserves mondiales de cette ressource seraient énormes. D’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie, elles s’élèveraient à 382 500 milliards de mètres cubes, ce qui permettrait d’utiliser le gaz naturel pendant encore 150 ans, au lieu des 65 ans calculés hors gaz non conventionnel.
Andrea Moscariello, de l’Université de Genève, estime toutefois que l’on ne peut pas prendre cette estimation sérieusement. Cet expert en hydrocarbures aide aujourd’hui les services géologiques néerlandais dans le cadre d’un programme d’évaluation des capacités du sous-sol européen en gaz de schiste. «L’objectif de ce travail est de collecter et d’homogénéiser toutes les données connues sur le sujet en provenance d’organismes de recherche ou d’exploitants, explique-t-il. Or celles-ci font souvent défaut ou sont «confidentielles» ou obsolètes.» Difficile dans ce contexte de faire des projections à l’échelle mondiale.
Quoi qu’il en soit, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Pologne et en Ukraine, les demandes de forage pour explorer le sous-sol affluent. En Suisse, une concession a été accordée dans le canton de Fribourg, une autre aux environs du lac de Constance mais du côté allemand. En France, les travaux d’exploration ont été suspendus jusqu’en juin, suite à la protestation populaire soulevée par les risques environnementaux associés au gaz de schiste et aux procédés employés pour l’extraire.
Le forage est tout d’abord vertical, jusqu’à une profondeur de 1500 à 3000 mètres, pour atteindre la couche sédimentaire renfermant le précieux méthane. La foreuse est ensuite déviée pour creuser horizontalement et explorer le schiste, chaque tête de puits pouvant initier le départ de huit puits horizontaux.
Extraire le combustible fossile nécessite ensuite une technologie dite de «fracturation hydraulique massive». C’est elle qui fait l’objet de toutes les contestations. Cette technique consiste à injecter de très grandes quantités d’eau à haute pression dans le puits afin d’ouvrir les fissures naturelles existantes. L’eau est mélangée à du sable pour empêcher les fractures de se refermer. Elle contient aussi de nombreux produits chimiques (bactéricides, décapants) censés nettoyer et lisser les parois des fissures. Le gaz sort alors aisément, il est drainé jusqu’en surface. L’eau, souillée, doit être dépolluée après utilisation afin de pouvoir retourner au milieu naturel.
«L’exemple américain montre que les risques liés à ce type d’exploitation sont réels, souligne Christian van Singer, conseiller national vert vaudois. Pollutions diverses, des nappes phréatiques notamment, risque sismique…» L’écologiste, qui a déposé une interpellation sur le sujet auprès du Conseil fédéral le 28 février, se définit comme un lanceur d’alerte: «Les 500 000 puits présents aux Etats-Unis ne sont heureusement pas tous problématiques. L’exploitation du gaz de schiste n’est pas forcément à abolir, mais elle doit être sérieusement encadrée.»
Les images chocs du film Gasland, sorti en 2010, et montrant l’eau du robinet d’une habitation située à proximité d’un puits s’enflammer à l’approche d’un briquet, ont fait plusieurs fois le tour de la planète. Fin février dernier, une gigantesque enquête du New York Times dénonçait la contamination radioactive anormale et la pollution en produits cancérigènes (comme le benzène) de cours d’eau situés en aval des installations de gaz de schiste et en amont d’usines de potabilisation. C’est avant tout la précipitation et le laxisme de certains exploitants, ainsi que leur incapacité à totalement éliminer la pollution des eaux usées que le quotidien pointe du doigt. Le manque de contrôle des autorités est aussi mis en évidence.
Saurions-nous faire mieux? Pour Andrea Moscariello, il faut sérier les difficultés. «La radioactivité dont il est question ici est d’origine naturelle et constitue un faux problème, commente-t-il. Idem pour certains produits chimiques qui sont utilisés pour extraire le pétrole et que nous savons traiter. Par contre, d’autres composés comme des minéraux lourds chargés en arsenic, en chrome ou en plomb [pouvant être drainés dans les eaux usées, ndlr] sont problématiques. Ils sont toxiques et nécessitent un traitement très attentif. Tout dépend du sous-sol auquel nous avons affaire.»
Si rien n’est sûr pour l’instant, prévenir vaut peut-être mieux que guérir. C’est le sens de l’interpellation de Christian van Singer. «Nous voulons que les cantons soient informés des risques auxquels ils peuvent exposer les populations lors de leur prise de décision, confie-t-il. Nous désirons encore que des amendes suffisamment dissuasives soient décidées en cas de pollution due à l’exploitation de gaz de schiste.»
Reste encore à confirmer qu’on en trouve bien sous nos pieds. «En Suisse, une couche sédimentaire – les schistes à posidonies – pourrait renfermer le gaz recherché, observe Andrea Moscariello. Cependant, d’après nos connaissances actuelles, sa faible épaisseur et le faible taux de gaz qu’elle contient rend cette éventualité peu probable.»
Par Caroline Depecker le temps mars11
chez nous c’est plus simple Borloo est contre par principe,christian jacob vient de déposer une proposition de loi interdisant la recherche et l’exploitation du gaz et du pétrole non conventionnel :l’exemple de Merkel ne leur sert pas de leçon
Gasland présenté comme un reportage est un mensonge de plus de la religion verte
je constate qu’un écologiste suisse est plus raisonnable qu’un écologiste français:Personne n’ a dit qu’il ne fallait prendre de précautions ,d’autant qu’il existe aussi une technologie sans eau développée par Gasfrac.Bref on semble s’acheminer vers la société sans risques ,en France .Une société qui n’accepte plus de risques MEURT