La France ne peut être sauvée que si elle change de culture
Le mal est profond. Il dépasse de loin le nom ou le parti du futur président. La charge de la dette (42,5 milliards d’euros en 2010) permettrait de verser pendant une année le salaire minimum avec charges sociales à plus de deux millions de personnes, selon une étude de l’Institut de recherches économiques et fiscales
Le coût va encore s’alourdir si l’Etat perd son triple A, si les taux d’intérêt remontent ou si les déficits se poursuivent. Mais plutôt que d’accuser les marchés ou les «riches», mieux vaudrait présenter une solution crédible. Car la confiance ne se décrète pas.
Le premier pas consiste à présenter un diagnostic correct. Le ménage public français est plus mal géré que la moyenne européenne, selon l’IREF. La dette publique (1646 milliards d’euros) correspond à six fois les recettes de l’Etat. Les ménages privés sont plus prudents. Leur dette moyenne correspond à seulement 76% du revenu disponible. La tendance est effrayante. La France paiera en 2013 davantage en charge d’intérêts (15% du budget) que pour l’enseignement.
PLUS DE DETTES EN SUIVANT :
La réponse des politiciens renforce la méfiance du marché et contribuera à la perte du triple A autant que les statistiques elles-mêmes. Le plan d’économie de 1 milliard montre que le gouvernement «considère les difficultés comme conjoncturelles» et non pas comme structurelles, écrit l’IREF. Qu’est-ce qu’un milliard dans un déficit de 121 milliards?
La Cour des comptes, l’autorité chargé de contrôler la régularité des comptes, multiplie les avertissements, mais elle n’est pas entendue. Elle dénonçait en janvier 2010 le non-respect des objectifs financiers. En juin 2010 elle demandait un effort «structurel» de 20 milliards par an (1% du PIB). Las, dans la loi de finance 2011, elle n’a identifié que 5 milliards d’économies. Certains politiciens voudraient introduire une limitation aux dépenses publiques, ce qu’on appelle la règle d’or. Les incitations existent déjà, des lois pluriannuelles de programmation des finances publiques aux critères de Maastricht. Mais, faute d’un système de sanctions efficace, le gouvernement ne respecte pas ces contraintes. Qui s’étonnera que les vagues contours d’un système de contrôle fiscal présentés lors du sommet européen sur l’»union fiscale» ne convainquent qu’une poignée de journalistes?
Le problème est profond. Il reflète «un choix de société porté par une classe politique», selon Pierre Garello. La logique du comportement politique pousse à profiter du système plutôt que d’en analyser la pérennité. On préfère financer les dépenses par la dette que par l’impôt. Les générations futures ne votent pas. La France est surtout frappée d’une «vieille maladie», la croyance que l’Etat doit jouer un rôle actif dans le développement économique et social. Pourtant il n’a pas les connaissances et il dépense mal. Il ne s’endette pas pour investir, contrairement aux ménages. Les dépenses d’investissement ne représentent que 4,5% du budget français, contre 23% pour les prestations sociales et 18% les dépenses de fonctionnement.
Les politiciens sont-ils vraiment irresponsables? Si tel n’était pas le cas, comment expliquer que depuis 30 ans les députés n’aient pas voté une seul fois un budget équilibré.
La source du mal, c’est de croire dans la dépense à crédit pour stimuler la demande et l’emploi. Même le keynésien Robert Barro en est conscient. Mieux vaut tard que jamais. Il démontre aujourd’hui2 que le multiplicateur fiscal est négatif à long terme. Les programmes de relance pénalisent l’économie. Pour Pierre Garello, «les théories économiques erronées doivent une partie de leur succès au fait qu’elles suggèrent un rôle actif pour la classe politique, doublé d’une redistribution qui n’aurait, à en croire ces théories, que des avantages».
La crise de la France est surtout celle de l’Etat providence. Les élus adorent «allonger la liste des «droits» garantis par l’Etat (droit à l’éducation, à un logement, à des études supérieures, à des congés payés, à des congés parentaux, à des soins médicaux de qualité, à une retraite, à des activités culturelles et sportives, à des voitures de qualité, à un environnement de qualité, à un revenu garanti, à des prêts à taux zéro, à une assurance des dépôts). La liste se fonde sur une illusion. Rien n’est jamais acquis. Pour reprendre Garello, «chaque année, il faudra trouver le budget nécessaire pour maintenir ces programmes. C’est une illusion de croire que le progrès social est garanti indépendamment de nos efforts. Le progrès social ne se décrète pas, il se crée».
La France, qui a été en défaut de paiement à neuf reprises entre le XVIème et le XIXème siècle, court de nouveau à la catastrophe. Le meilleur conseil à lui donner, c’est de l’exhorter à nager plutôt que de s’accrocher à la bouée (percée) de l’Europe.
Plus fondamentalement, la France doit partir à la recherche d’un nouveau consensus social. Les acquis sociaux ont été accordés sans s’interroger sur leur financement. Il ne faut pas seulement dire la vérité sur la situation réelle, mais s’attaquer à des mythes bien ancrés, tel que celui de croire qu’un désengagement de l’Etat du système de santé priverait de soin des milliers de patients. Se détourner de l’Etat providence ne veut pas dire abandonner les pauvres et les malades. Après avoir fait confiance en l’Etat pour régler tous ses problèmes, il faut changer complètement d’approche, se tourner vers la société civile et lui rendre les moyens d’agir, selon l’IREF. L’étendue de l’effort est considérable. La France doit revenir à une société où la création de richesse est valorisante. On en est très loin. Le regard de la société française sur celui qui s’enrichit est de plus en plus accusateur. Pourtant, admettre que l’on a fait fausse route, «c’est une marque d’intelligence et de foi en l’avenir», conclut Pierre Garello.
1. La crise de la dette française, Pierre Garello et Vesselina Spassova, IREF, 2011.
2. Crises of governements,
Robert Barro, Institute of Economic Affairs, 2011
Par Emmanuel Garessus/le temps dec11
EN COMPLEMENT : La France prévoit d’emprunter sur les marchés 178 milliards d’euros en 2012
Le ministre des Finances François Baroin a arrêté à 178 milliards d’euros le montant des emprunts à moyen et long terme qui seront effectués sur les marchés par la France en 2012, soit un peu moins que l’an passé, a annoncé mardi l’Agence France Trésor (AFT).
En septembre, lors de la présentation du budget, la France avait annoncé vouloir emprunter, 179 milliards d’euros, ce qui est inférieur aux 184 milliards prévus pour 2011.
Ce programme d’émissions est publié alors que la France bénéficie pour l’heure encore de conditions avantageuses pour lever des fonds sur le marché, mais son triple A reste sous la menace des agences de notations sur fond de crise de la dette en zone euro.
Dans le détail pour 2012, l’Etat devra financer un déficit budgétaire de 78,7 milliards d’euros, rembourser pour 97,9 milliards d’euros de dette à moyen et long terme et 1,3 milliard repris par l’Etat.
Ce besoin de financement, de 177,9 milliards d’euros, sera couvert par des emprunts pour 178 milliards.
Comme au cours des années précédentes, l?Agence France Trésor a indiqué qu’elle ajusterait ses émissions pour répondre à la demande et assurer la liquidité des titres.
Les émissions nettes seront réalisées à 10% avec des obligations indexées sur l’inflation, le reste avec des bons du Trésor à taux fixe et intérêts annuels (BTAN) à moyen terme et des obligations assimilables du Trésor (OAT) à long terme.
L’AFT procédéra en outre à l’émission d’une nouvelle souche de référence à 2 ans, de deux nouvelles à 5 ans et de deux autres à 10 ans.
Elle se réserve le droit d’émettre des obligations à échéance de 15 et 30 ans, “si la demande sur ces segments de courbe en 2012 venait à justifier le lancement de nouvelles souches”, selon l’AFT.
En 2010, elle avait créée une nouvelle obligation à 50 ans, qui avait suscité un fort intérêt de la part des investisseurs notamment étrangers.
Concernant les titres indexés sur l’inflation, l’AFT pourrait éventuellement émettre des nouvelles obligations dont une nouvelle ligne à 5 ans indexée sur l?inflation européenne (OAT?i) et une autre à 10 ans indexée sur l?inflation française (OATi).
Autre annonce, l’AFT étudie la possibilité de lancer une OAT TEC 10, c’est-à-dire indexée sur l’indice des rendements à 10 ans des emprunts d’Etat, en fonction de la demande et du marché.
Enfin, l’AFT a introduit une nouveauté concernant ses emprunts de court terme, les bons du Trésor à taux fixe et intérêts précomptés (BTF).
Désormais, l’annonce aux marchés des émissions de BTF se fera le vendredi à 11H00 et non plus le jeudi et l’AFT communiquera pour chaque ligne les montants prévus avec une fourchette resserrée et non plus un montant fixe.
Comme ces dernières années, l’AFT indique que “la mise en oeuvre de la politique de réduction de la durée de vie moyenne de la dette engagée en 2001 demeure temporairement suspendue”, en raison des conditions de marchés.
Au total pour 2011, le montant des emprunts bruts à moyen et long terme a atteint 207,8 milliards d’euros répartis entre 97,6 milliards d’euros d?OAT à taux fixe, 20,0 milliards d’euros d?obligations indexées sur l?inflation (OATi, OAT?i et BTANi) et 90,2 milliards d’euros de BTAN.
source afp dec2011
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WOOOOUUUUIIIIIIIIIIIIIII
mais changer les croyances d’une population entière quand de plus les prescripteurs de croyances s’enferrent dans leurs analyses pro Etatique relève du miracle (enfin c’est la période parait il)
Il faut aussi ajouter une seconde cause, très politiquement incorrecte à relever: le feu vert donné, il y a une quarantaine d’années, à une immigration très différente des immigrations besogneuses et reconnaissantes que la France avait connue jusque là : italienne, espagnole, polonaise…voire chinoise, qui cherchaient qu’à s’intégrer au modèle social et républicain, et participaient, autant que faire se peut à la croissance et à la prospérité nationale. Une immigration de peuplement et de substitution, où d’une population incapable de s’intégrer (et qui, d’ailleurs ne le souhaite pas, puisqu’elle est l’instrument de la colonisation militaro-religieuse d’une secte totalitaire qu’est l’islam) est attirée uniquement par les largesses d’un État-Providence au financement duquel elle n’a jamais participé, mais qu’elle dépouille et colonise à son seul et exclusif profit !
Mais cela, les «libéraux idéologiques» aussi droitdelhommistes crétins que les socialistes, qui croient à la fable d’une économie déconnextée de la politique, se refusent énergiquement à le voir