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Pétrole : Le scénario résolument pessimiste

Pétrole :  Le scénario résolument pessimiste

Le cours du pétrole suit décidément une courbe ascendante à long terme. Le prix du Brent atteignait plus de 117 dollars le baril en fin de semaine dernière, en hausse régulière depuis le plancher d’octobre dernier et se rapproche du pic de début 2011. Difficile pour les investisseurs de se positionner sur ce marché d’une importante considérable mais difficile à comprendre. Partie de cette observation, la société de gestion La Française AM a demandé à deux spécialistes, Luca Baccarini et Olivier Rech, co-fondateurs de Energy Funds Advisors, société financière de conseil en investissements, de les conseiller dans la gestion active de l’impact du pétrole sur une gamme d’actifs centrés autour de sa production et de sa distribution. C’est ainsi que le fonds UCITS IV LFP ENFA Vision Pétrole a été lancé en novembre dernier. Luca Baccarini nous explique les objectifs et la stratégie du fonds.

L’usage du pétrole n’est-il pas en baisse?

La demande de pétrole reste forte et en croissance, essentiellement tirée par le développement des transports. Pétrole et transports restent inséparables. Le transport de passagers absorbe 25% du pétrole dans le monde et la demande de mobilité individuelle explose sous l’effet conjugué de la démographie et de la hausse des revenus.

Le nombre de voitures pour 1000 habitants est d’environ 50 en Chine et 20 en Inde contre 500 à 800 dans les pays de l’OCDE.

Le transport routier de marchandises, pour sa part, couvre environ un quart du transport total et représente 15% de la demande pétrolière.

Le transport maritime en absorbe 6% et augmente en proportion du commerce international qui croît beaucoup plus rapidement que les revenus. Le volume des marchandises a été multiplié par 32 depuis 1959 alors que le PIB mondial n’a été multiplié que par 8.

Enfin, le transport aérien qui en consomme 6% lui aussi est en forte croissance et il n’existe strictement aucune alternative énergétique aux hydrocarbures liquides.  Les transports maritimes et aériens croissent de 3 à 5% par an. Hors transport, le pétrole conserve des parts importantes du marché de l’énergie en dépit des substituts existants. Sans compter les usages non combustibles comme bitume, lubrifiants, solvants, paraffines et cires.

PLUS/MOINS DE PETROLE EN SUIVANT :

Qu’en est-il en termes d’offre?

Le pic de production devrait être atteint au cours des 10 prochaines années.

 Plus de 50% de la production conventionnelle provient de gisements géants découverts et mis en exploitation dans les années 1950-1960. Or, on estime que leur capacité de production décroit de 4% par an. Quant aux nouveaux champs pétroliers, leur taille moyenne est en forte baisse (moins de 10% des gisements découverts au milieu du 20e siècle). Les estimations les plus optimistes prévoient un pic de la production conventionnelle en 2020 au plus tard. Notre scénario de base chez Energy Funds Advisors est plus pessimiste et nous anticipons un pic de la production totale d’hydrocarbures liquides entre 2015 et 2020 à moins de 95 millions de barils/jour, suivi d’un déclin.

Sans compter les risques géopolitiques.

Effectivement. Les réserves exploitables sont principalement localisées dans des pays fermés aux investissements internationaux (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Venezuela) ou conservant un contrôle étroit sur les ressources comme au Brésil. Inutile de rappeler que plusieurs pays producteurs présentent un profil de risque politique et social élevé (Iran, Irak, Nigeria, Venezuela, Algérie, Egypte) et que l’énergie est de plus en plus utilisée comme arme de diplomatie internationale. Les relations entre les pays de l’OCDE et de l’OPEP sont de plus en plus tendues.

Pouvez-vous résumer les conclusions de votre analyse fondamentale?

L’évolution des cours est inéluctable. L’Agence Internationale de l’Energie annonce que «l’ère du pétrole bon marché est révolue».

Notre scénario prévoit 3 phases, chacune ayant un impact spécifique sur les marchés.

La première phase, dite de «Statu quo»,  couvre 2011-2013. Elle se caractérise par une offre toujours abondante mais une volatilité importante des cours impactée par les anticipations des facteurs géopolitiques. Le prix du baril devrait se situer en moyenne entre 60 et 120 dollars.

La seconde phase qui s’étend sur la période 2012-2017, sera définie par une tendance haussière alimentée par les tensions sur l’offre physique et la prise de conscience grandissante de la réalité du pic à venir. Le cours devrait se situer entre 90 et 170 dollars le baril.

 Enfin, la troisième que nous situons au-delà de 2017 reflètera de fortes tensions physiques, la destruction de la demande et une volatilité extrême. C’est la phase de confirmation du pic de production et le prix du baril se situera, selon nos estimations, dans une fourchette de 140 à 300 dollars.

interview: Nicolette de Joncaire /Agefi fev12

4 réponses »

  1. Spa trop tôt …
    Ca fait longtemps que j’avertis au sujet du pic pétrolier dans mon blog :
    http://yoananda.wordpress.com/2011/02/04/cest-la-fin-de-lenergie-pas-chere/
    http://yoananda.wordpress.com/2011/07/01/le-mur/
    http://yoananda.wordpress.com/2012/01/01/le-fil-rouge-guerre-et-eroie/

    le pic du conventionnel n’est pas devant, mais derrière, il date de 2005. Pour l’instant c’est le non conventionnel qui prends le relais, mais à quel coût !!!!

    Les militaires se préparent au “choc”. Les politiciens et les populations planent.
    Le pétrole est un des facteurs les plus importants pour expliquer la crise, en tout cas, le décalage de perception entre la réalité et l’imaginaire l’est.
    On anticipe une croissance qui ne peut pas venir.
    Même si les progrès sur l’intensité énergétique sont indéniables, on se rapproche du point de rupture.
    J’anticipe aussi qu’il se produira aux alentours de 2017, a +/- 3 ans.

    La crise de la dette n’en est que le reflet. On fait la fête avec l’argent facile de la croissance boosté à la finance, alors qu’on devrait au contraire se préparer depuis 30 ans….

  2. Les prix de l’essence en stations-service poursuivent leur envolée et atteignent de nouveaux sommets historiques qui risquent de relancer le débat sur la maîtrise des étiquettes à la pompe à l’approche de la présidentielle. Selon des données publiées mardi par le ministère du Développement durable, le prix du litre de super sans plomb 95 a grimpé à 1,5787 euro en fin de semaine dernière. Celui du super sans plomb 98 (dont les ventes sont très inférieures au SP95) s’est élevé à 1,6184 euro. Tous deux dépassent ainsi leurs records antérieurs établis seulement une semaine plus tôt (1,5640 EUR/l et 1,6022 EUR/l). Le gazole a quant à lui progressé à 1,4180 euro le litre, vendredi, contre 1,3960 la semaine précédente. Mais il reste en dessous de son plus haut de l’année (1,4240 euro le 13 janvier), et de son record historique du printemps 2008 (1,4541 euro). Ces prix de vente sont des moyennes nationales calculées par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) à partir de données fournies par les stations-services. Depuis la fin 2011, les prix de l’essence caracolent de record en record en France, sous le double effet des tensions géopolitiques (Iran, Nigeria…), qui maintiennent les cours du pétrole brut à des niveaux très élevés, et de l’affaiblissement de l’euro par rapport au dollar, qui amplifie le coût de l’or noir une fois sa valeur convertie dans la monnaie unique. Cette flambée a déjà fait des vagues en pleine campagne présidentielle. Le candidat socialiste, François Hollande, a proposé le mois dernier un “blocage temporaire du prix de l’essence”, accompagné d’une restauration de la TIPP flottante. La majorité a balayé l’idée de telles mesures, qualifiées de “solution du passé”. Interrogé sur RTL au sujet de cette envolée des prix à la pompe peu avant l’annonce des derniers records, le PDG de Total, Christophe de Margerie, a estimé mardi que la meilleure manière de faire baisser le prix de l’essence était d’investir pour trouver de nouveaux gisements. “Plus il y aura de pétrole, plus les prix seront maintenus bas”, a-t-il affirmé, critiquant au passage l’idée d’un blocage des prix. “Pour n’importe quel produit, ce n’est pas une bonne chose de bloquer les prix” et ¨”c’est automatiquement le budget de l’Etat qui en souffrira”, a-t-il souligné. Le patron de Total a fait remarquer que son groupe contrôlait un peu moins de 20% des stations-françaises, et que plus de la moitié de celles-ci fixaient elles-même leurs tarifs. Il a par ailleurs estimé que les prix pourraient refluer grâce au redoux en cours. “A court terme ça peut baisser, quand il fait moins froid, les prix baissent, aujourd’hui une des raisons parmi d’autres de la hausse des prix à la pompe, c’est le climat, les temps extrêmes qu’on a connus ces derniers temps”, a fait valoir M. de Margerie. “Si l’euro aussi se raffermit, ça va baisser, mais globalement comme dans tous les métiers, (la solution, ndlr) c’est d’aller chercher plus de matières premières”, a-t-il expliqué. Les ventes de gazole représentent environ 80% de la consommation française de carburants automobiles, le super sans plomb 95 un peu moins de 15% et le super sans plomb 98 autour de 5%.

    © 2012 AFP

  3. Un conflit social se prépare à l’ile de La Réunion :

    “Alors que les barrages filtrants demeurent d’actualité, la table ronde prévue cet après-midi vient de démarrer. Les différents acteurs invités à négocier sont arrivés au compte-goutte dans les locaux de la Deal, (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) à la Providence, à Saint-Denis.

    L’un des leaders de l’IPR (Intersyndicale des Professionnels de la Route), Jean-Bernard Caroupaye, est arrivé parmis les premiers, bien déterminé à maintenir la pression pour une baisse de 25 centimes sur le prix du carburant.

    Sont également présents les présidents des Chambres de Commerce, d’Agriculture et des Métiers, respectivement Ibrahim Patel, Jean-Yves Minatchy et Bernard Picardo, le président de l’association des maires, Roland Robert, le Préfet, Michel Lalande, la présidente du Conseil général, Nassimah Dindar, les représentants des pétroliers Tamoil, Total et Enghen et les représentants des gérants des stations-services. Enfin, Jean-Hugues Ratenon, le président de l’ARCP (Association Réunionnaise Contre la Pauvreté) devrait finir par rentrer mais seul… même si ce dernier tente de se faire accompagné par une délégation d’usagers.

    Le président de la Région Réunion, Didier Robert, aussi bien présent, a d’ores et déjà affirmé à l’occasion d’un point presse ce matin que les efforts fournis par sa collectivité ont été faits, désormais “la balle est dans le camp des transporteurs”.

    http://www.zinfos974.com/La-table-ronde-sur-le-carburant-a-debute_a37663.html

  4. Le calme est revenu au lever du jour à la Réunion, à Saint Denis dans le quartier populaire du Chaudron et au Port (ouest), où une quinzaine de commerces ont été pillés ou saccagés, lors d’une nuit d’affrontements entre groupes de jeunes et police, a-t-on appris de source préfectorale. Des troubles ont éclaté en marge d’une manifestation des routiers contre le prix du carburant et la vie chère, a-t-on appris auprès de la préfecture.

    Au Port, trois commerces ont été pillés dans le centre-ville et un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de grains situé à proximité du dépôt de carburant de la Société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP) qui avait été bloqué dans la journée par une manifestation de professionnels de la route, rejoints par des centaines de personnes, a déclaré le directeur de cabinet du préfet de la Réunion, Benoît Huber.

    “La Réunion va s’enflammer”

    Deux voitures et un poids lourd ont également incendiés par des “petits groupes de jeunes se déplaçant dans les rues de la ville pour commettre les exactions”, a-t-il ajouté. Trois personnes ont été interpellées. A Saint-Denis, dans le quartier du Chaudron, située à la périphérie de la ville, un magasin de vêtement a été pillé et trois véhicules incendiés par “une petite centaine de jeunes cagoulés qui jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre présentes sur place”, a indiqué M. Huber. La grande surface Score a été l’objet d’une “volonté manifeste de casse et pillage mais a pu être préservée par les forces de l’ordre” a-t-il dit.

    Ces troubles ont éclaté vers 22h30 locales (19h30 à Paris). A minuit “la tension était plutôt à la baisse”, a constaté M. Huber, selon qui le reste de l’île était calme à l’exception de quelques petits incidents sporadiques à Saint-André ou à Saint-Pierre.
    Pendant toute la journée, des appels avaient été lancés, notamment sur Radio Free Dom, par les transporteurs qui bloquaient depuis lundi avec leurs camions le dépôt de la SRPP, invitant la population à venir les rejoindre. Le vice-président du conseil général, Thierry Robert (MoDem), également maire de Saint-Leu, s’est rendu sur place et a vivement pris à partie le préfet. “La Réunion va s’enflammer”, a-t-il lancé au milieu des manifestants.

    Dans la soirée, à l’issue d’une réunion avec le préfet Michel Lalande et la signature d’un protocole d’accord, le réprésentant des camionneurs, Jean-Bernard Caroupaye, président de la FNTR (Fédération nationale du transport routier), a été hué et pris à partie par la foule quand il a appelé à la levée du blocus. Vers 23H00 les accès au site ont finalement été libérés avec le départ des camions.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/02/22/97001-20120222FILWWW00277-troubles-a-la-reunion-incendies-pillages.php

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