Art de la guerre monétaire et économique

Les CDS ou swaps sur défaillance de crédit , fragilisés….par l’Etat de non droit généralisé et institutionnalisé

Les CDS ou swaps sur défaillance de crédit , fragilisés….par l’Etat de non droit généralisé et institutionnalisé

La section la plus instable de l’édifice des dérivés financiers reste celle des CDS ou swaps sur défaillance, ces contrats d’assurance qui sont maintenant fragilisés par les problèmes de dette souveraine en Europe. Alors qu’en 2008, le système financier était mis en danger par des dérivés liés au marché immobilier, il l’est maintenant par les dérivés liés aux prêts souverains, déclarait récemment au Ellis Martin Report Jim Sinclair, un courtier en produits de base très célèbre aux États-Unis.

ISDA (cds régulation) To Hold First Greek Default Determination Hearing On March 1 | A World of Debt | Scoop.it

Par exemple, les banques américaines sont peu exposées aux dettes des pays européens à risque, comme le note Mark Riesel, directeur de la gestion des portefeuilles d’obligations d’entreprises chez PIMCO, à Newport Beach. Toutefois, elles leur sont fortement exposées par la voie des swaps sur défaillance, puisqu’elles ont soit vendu, soit acheté des contrats d’assurance sur des prêts gouvernementaux.

source New York Times

Un article du magazine Fortune (4 janvier 2012) nous apprend, par exemple, que l’exposition de six banques américaines de premier plan à des swaps sur défaillance sur la dette italienne s’élève à plus de 200 G$ US. «Au total, indique l’article, les banques américaines détiennent probablement les deux tiers des swaps sur défaillance d’euro-dette en circulation.»

Au 24 février, 3,25 milliards de dollars de CDS étaient en cours sur la Grèce, en net, pour 4 292 contrats. Leur débouclage conduirait donc à l’indemnisation des acheteurs de CDS par les vendeurs pour 3,2 milliards de dollars, (contre 4,3 milliards de dollars dans le cas de Lehman Brothers fin 2008). Les banques européennes seront peu concernées.Le montant notionnel net, qui correspond à la somme échangée en cas de débouclage, s’élevait à 545 millions de dollars à fin septembre 2011 pour les 65 banques européennes suivies par l’Autorité bancaire européenne (EBA). UniCredit affiche le plus important montant notionnel net, à la vente, à 299 millions de dollars

Or, la suppression de 70 % négociée avec la Grèce sur la valeur de ses obligations n’a pas été déclarée «événement de crédit» par l’International Swaps and Derivatives Association (ISDA), car cette opération est jugée «volontaire». Cela signifie que les banques américaines qui seraient appelées à dédommager des contreparties à leurs contrats de swaps sur défaillance sont sauves, pour l’instant.

Par contre, les acteurs exposés à la dette grecque sont heurtés de plein fouet. C’était notamment le cas de MF Global, qui a été acculé à la faillite par la dévalorisation de la dette grecque, juge Jim Sinclair.

Cependant, ce n’est pas seulement l’exposition à la dette grecque, italienne ou espagnole qui est en jeu. Il y a aussi l’exposition des banques américaines aux banques européennes fragilisées par l’endettement de la zone euro – sans compter l’exposition d’autres banques européennes ! Car, comme le notait le dernier rapport semestriel de la Banque centrale européenne (BCE), la probabilité qu’une ou plusieurs grandes banques européennes fassent défaut est à un sommet de 25 %.

Solides, vraiment ?

L’ISDA affirme que les swaps sur défaillance américains sont plus solides que jamais. Par exemple, un défaut de paiement de la part de la Grèce ne déclencherait pas une obligation de paiement massive d’assurance de la part des vendeurs de ces assurances. Pourquoi ? Pour trois raisons, explique l’ISDA : l’exposition nette des acteurs qui ont vendu de l’assurance sur la dette grecque n’est que de 3,7 G$ US ; cette exposition est atténuée par la valeur de recouvrement des obligations sous-jacentes ; enfin, de 70 à 90 % de cette exposition est couverte par des biens offerts en garantie.

Bien sûr, la suppression de 70 % de la dette grecque ayant été jugée «volontaire» de la part de ses créditeurs, les vendeurs d’assurance n’ont pas à dédommager leurs assurés. Mais cela n’arrange guère ceux qui ont acheté cette assurance.

D’autant plus que la décision de l’ISDA crée un dangereux précédent. Décider que les vendeurs de swaps sur défaillance n’ont pas à payer «a essentiellement ruiné les swaps sur défaillance à titre d’outils d’assurance et nuit à la capacité qu’ont les investisseurs de se couvrir», disait à Fortune Bob Gelfond, chef de la direction du fonds de couverture MQS Asset Management.

Il y a plus : l’émission de swaps sur défaillance s’avère un geste qui ajoute encore à l’extraordinaire irresponsabilité qui prévaut au sein de ce secteur. «Nous avons atteint un seuil ultime d’irresponsabilité», remarquait Peter Tchir, chef de la direction du fonds de couverture TF Market Advisors dans le même article. «Si un pays fait défaut sur ses dettes, les banques européennes domiciliées dans le même pays vont aussi faire défaut sur leurs dettes et ne paieront pas ; alors, pourquoi ne pas vendre de la protection maintenant et faire bien de l’argent ?» Et l’article de Fortune de demander : advenant un défaut de pays comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie, «qu’arrive-t-il alors à tous ces papiers que les banques américaines ont acheté de leurs amis européens ?»

Un tel jour viendra-t-il ? Mo Chaudhury ne le pense pas : «Je crois que la BCE couvrira les dettes gouvernementales pour lesquelles des swaps sur défaillance ont été signés, établissant un plancher à n’importe quelle perte.» C’est une page de l’histoire financière qui reste à écrire…

source F&I mars12

1 réponse »

  1. Ne pas oublier que ISDA est composé à 2/3 de banques émettrices de CDS. Il y a donc un sacré conflit d’intérêt dans le jeu.
    Ensuite, la Grèce étant notée en défaut sélectif, cela limite fortement l’action de la BCE.
    Aussi, il y a une loi grecque, faite pour compenser quelques actions de hedefunds, qui fait qu’à partir d’un certain seuil de créanciers acceptant la décote des obligations en leur possession, cette décote s’appliquerait à tous. Donc, ce n’est pas si volontaire que ça comme défaut.

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