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Investissement : L’atout des pays scandinaves

Investissement :  L’atout des pays scandinaves

 Investir en obligations et devises nordiques peut être un pas important vers la sécurisation d’un portefeuille

Il y a ne serait-ce qu’une décennie, incorporer un investissement sûr à son portefeuille était relativement facile. Les investisseurs pouvaient placer leur capital dans une poignée d’obligations nationales et le laisser dormir. Ceci n’est plus le cas aujourd’hui. Les perspectives de plus-value ont d’une part énormément diminué du fait du niveau plancher record atteint aujourd’hui par les rendements obligataires américains, britanniques, allemands et suisses. D’autre part, depuis 2008, l’endettement de beaucoup d’états, l’ampleur des déficits budgétaires et la faiblesse de la croissance ont fortement progressé, et les données fondamentales pour les obligations d’Etat se sont donc profondément dégradées. La récente revue à la baisse par Standard & Poor’s de la note de crédit des USA, de la France et de l’Autriche, et le danger planant sur les notations d’autres pays, n’ont fait qu’exacerber les insécurités.

Cette toile de fond fait apparaître les obligations d’Etat des grands pays industrialisés comme chères, surévaluées et susceptibles de subir un fort recul. Malgré le soutien dont vont bénéficier les obligations dans les 18 mois à venir grâce aux mesures prises par les banques centrales, la confiance des investisseurs peut disparaître rapidement et sans prévenir, comme on l’a vu en Italie et en Espagne.

Il conviendrait donc que les investisseurs privés recherchent des refuges sûrs hors du marché obligataire national qui représenteraient une diversification efficiente et contribueraient à la protection du capital investi en cas de panique des marchés financiers. L’un de ces rares refuges sûrs est la Scandinavie. C’est ainsi que depuis la fin 2010, Rothschild, à côté des obligations suisses, canadiennes et australiennes, fait aussi appel à celles de Norvège, du Danemark et de Suède pour une part importante de la répartition des actifs à moyen terme.

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Les données fondamentales en Suède, en Norvège et au Danemark ne cessent de prouver leur robustesse et n’ont rien à redouter d’une comparaison avec l’Allemagne, la force économique la plus solide d’Europe. L’endettement net par rapport au PIB s’élevait en 2011 à 36% pour la Suède, 44% pour le Danemark et 55% pour la Norvège, à comparer aux 81% de la Grande Bretagne, 83% de l’Allemagne et 121% de l’Italie. Mis à part une dette publique réduite, les pays scandinaves jouissent en outre d’un budget des ménages équilibré, de taux d’inflations bas, de taux de croissance du PIB convenables et d’un taux d’épargne des ménages généralement élevé. Dans un avenir prévisible, les pays scandinaves sont en mesure de conserver leur classement AAA actuel.

Malgré la stabilité relativement grande de leur système économique et financier, les décideurs en matière de politique monétaire scandinaves ont adopté des mesures pour restreindre l’impact de la crise de la zone euro. Alors qu’a fin 2011 s’accentuait la crise due à l’endettement et s’assombrissait l’horizon de la croissance dans le monde, les banques centrales suédoise, norvégienne et danoise abaissaient leurs taux d’intérêt. La perspective en matière de politique monétaire est par conséquent à présent hétérogène et demande à être examinée dans tous ses détails par les investisseurs. Celle-ci mise à part, ils doivent également prendre en compte des différences appréciables dans d’autres domaines au sein des trois marchés scandinaves.

 

Ceux que la diversification des devises intéresse devraient conserver leurs couronnes norvégiennes et suédoises. Pour les investisseurs de la zone euro, la couronne suédoise est toute désignée comme alternative à la monnaie unique. Elle devrait évoluer relativement bien en cas d’un effondrement de l’euro ou d’une sortie de l’ancrage de la monnaie. Les obligations d’Etat à court terme et celles à court terme d’organisations supranationales et proches de l’Etat issues de ces trois pays sont indiquées comme obligations à taux fixe. Les obligations de société ayant valeur d’investissement établies en couronnes norvégienne et suédoise peuvent également présenter un intérêt.

La liquidité représente le souci majeur pour les placements et les devises scandinaves du fait de la taille relativement restreinte de ces marchés pour les devises et les obligations. Ce fait, combiné au haut degré d’investissements et participations étrangers, pourrait faire que la Scandinavie finisse par devenir un «crowded trade» et que ces positions soient éventuellement difficilement vendables pendant la crise.

Un autre facteur d’importance est la volatilité de la monnaie. Tandis que la stabilité des devises à long terme représente un argument central, il subsiste un risque de forte fluctuation quant à l’évolution à court terme des devises.

Les obligations et devises scandinaves peuvent cependant contribuer de manière non négligeable à la sécurisation et à la diversification du capital. Un stock de ces monnaies pourrait représenter avant tout une alternative capable de dégager pour les investisseurs des gains de change en cas de crise profonde dans la zone euro.

Même si les rendements obligataires sont en ce moment bas, Rothschild Wealth Management les apprécie car leur degré de solvabilité est soutenu par les données économiques fondamentales relativement solides des émetteurs. Ces investissements sont considérés avant tout comme des instruments en devises et une alternative venant compléter les obligations d’Etat américaines, britanniques, allemandes et suisses..

LUCA DAL DOSSO Rothschild Wealth Management & Trust, Zurich/Agefi Mars12

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