A Chaud!!!!!

Politique Friction du Samedi 1er Septembre 2012 : De la troisième voie de Draghi à la lâcheté française par Bruno Bertez

Politique Friction du Samedi 1er Septembre 2012 :  De la troisième voie de Draghi à la lâcheté française par Bruno Bertez

Le combat pour ou contre la monétisation des dettes souveraines et le financement monétaire des déficits bat son plein. Partout, sauf en France.

 

   Nous avons en son temps expliqué que la France était résolument inflationniste, accroc à la facilité et au mensonge de la fausse monnaie, nous n’y reviendrons pas.

La cause est entendue. Si nous voulons une monnaie saine, au service des hommes et non au service des politiciens, des fonctionnaires et des banques, ce n’est pas aux élites françaises que nous devons nous adresser, mais aux Allemands.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Les gouvernements français quels qu’ils soient n’ont qu’un souhait: que cela dure c’est à dire qu’ils puissent promettre tout et n’importe quoi et le faire financer d’abord par les dettes, puis quand le plein ou le trop des dettes est atteint, par la planche à billets. C’est la gestion par la lâcheté, par le mensonge que de vouloir donner aux uns sans oser prendre aux autres de peur des conséquences politiques, de peur de la révolte des contribuables.

 France trade balance since 1970 

C’est courte vue de la part des élites car cette lâcheté se retourne dans le long terme en dysfonctionnements de l’économie, affaiblissement des valeurs morales, desincitation à l’effort et à l’épargne. Le mensonge de l’inflation se donne déjà fortement a voir dans la hausse des prix des produits de base  de subsistance, dans la hausse du cout de l’énergie, dans la baisse de pouvoir d’achat qui va bien au delà de ce que disent les indices bidons .

La baisse de pouvoir d’achat se traduit dans le sentiment diffus d’appauvrissement des Français qui fait qu’ils se restreignent et rentrent dans leur coquille.

La baisse du pouvoir d’achat n’est qu’un début. La mystification de l’introduction de l’euro, pourtant en 1999 seulement, a permis de faire passer des prix en euros pour des prix en francs. Pire beaucoup de choses qui étaient gratuites avant sont devenues payantes, tandis que les prélèvements obligatoires eux,  ont galopé dans l’opacité.

Nous en sommes au stade ou, là ou on déboursait en francs, on paie maintenant la même somme en euros. Interrogez les ménagères, vous verrez leur réponse.

Il est sidérant de voir les syndicats et partis politiques muets sur ces vraies questions, sidérant de les voir donner la priorité à leurs querelles, à leurs egos et à leur narcissisme.

La déconnection de ces gens avec la réalité, avec les citoyens, avec les agents économiques est proprement effrayante. Ils croient connaitre quelque chose de l’économie quand ils ont été honorés et  flattés par  le Medef ou quand ils ont lu un sondage fabriqué par leurs medias complices.

Alors que le combat fait rage sur la question du droit de la BCE à faire fonctionner le planche a billets pour financer les profiteurs pestiférés, on n’entend pas un écho en France, le grand silence.

Ce  n’est surtout pas le gouverneur de la banque de France, pourtant gardien de l’orthodoxie monétaire, gardien de la santé de la monnaie, qui va se manifester. Il a été nommé, il a envie de rester à son poste. C’est le pouvoir politique qui a placé sa confiance en lui, pas les Français pense t- il surement. J’y suis, j’y reste.

Heureusement, ce n’est pas le cas en Allemagne. La véritable élite se bat, elle ne trahit pas pour conserver son poste, elle dit haut et fort que l’on va au suicide, à la ruine et que si il le faut elle utilisera l’arme suprême pour attirer l’attention, la démission. Weidman s’exprime, il monte au créneau, il explique tente d’ouvrir les yeux de ses concitoyens, de les éclairer. Exactement le contraire de ce qui se passe en France ou on esquive, feint de considérer les choix comme évidents.

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Jens Weidmann, le président de la Banque centrale allemande (Bundesbank), a déjà songé ouvertement à démissionner en raison de son opposition au programme de rachats d’obligations de la BCE, affirme le quotidien Bild-Zeitung vendredi citant des sources financières.  C’est le gouvernement fédéral qui l’a notamment persuadé de rester à son poste, toujours selon des informations de Bild. 

Jens Weidmann critique à cor et à cri le programme de rachats d’obligations de la Banque centrale européenne, qui devrait être prochainement relancé pour soutenir les taux d’emprunts des pays de la zone euro en difficulté. Il a récemment assimilé une telle politique à « un financement des Etats par la planche à billets », qui risque de faire l’effet d’une « drogue » pouvant rendre les Etats « accro ». 

Mais la portée de ses critiques est limitée, car il ne dispose que d’une seule voix au conseil de la BCE, comme les autres gouverneurs de Banque centrale de la zone euro. Son prédécesseur à la tête de la Bundesbank, le bouillant Axel Weber, avait démissionné au premier semestre 2011, précisément parce qu’il était également opposé à ce programme de rachats d’obligations de la BCE, lancé en 2010. Il avait été imité en septembre dernier par le chef économiste de la BCE, Jürgen Stark, un autre Allemand, pour les mêmes raisons.

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Revenons sur notre Draghi.

Une analyse serrée de son intervention dans le journal Die Zeit pour faire passer sa propagande révèle… un grand vide.

Draghi pose les points suivants:

  • -Le retour au passé est impossible, exclu.
  • -Les Etats Unis d’Europe c’est impossible.

Conclusion, il faut une troisième voie, une voie médiane qui permette de conserver l’euro tout en échappant à l’intégration politique dont les gens ne veulent pas.

Cette troisième voie c’est :

  • -Un peu de coordination économique et fiscale
  • -Un peu de coordination bancaire et financière
  • -Un peu de surveillance de l’ensemble

Cette troisième voie c’est quelque chose de soft, de progressif, sans heurts, sans douleur ni frustration.

On n’aborde aucun des sujets qui fâchent : 

  • -Pas question des problèmes de compétitivité.
  • -Pas question de discipline fiscale imposée.
  • Pas question des contrôles, des sanctions.
  • -Pas question de calendrier du processus.
  • -Pas question des incidences législatives, démocratiques.
  • -Pas question du cout, de la masse de la transition  vers ce paradis européen.

L’analyse du texte de Draghi révèle qu’il est creux sans contenu réel et que c’est de la Communication, de la Propagande  purement et simplement politique.

Draghi fait de la politique, lui le Goldman boy, il se permet de sortir de son rôle pour influencer, tromper les peuples et on le laisse faire.

On attend quelque chose, une réaction en France. Il n’y a pas que les faits de société, la politique, la vraie cela existe.

Le pire dans la situation française est que si on fait le décompte électoral, les partis qui sont contre l’euro sont à jeu égal avec ceux qui sont pour. Il faut ajouter tous ceux qui ne se manifestent pas parce qu’ils ne comprennent rien. Il faut ajouter ceux qui vont à la soupe européenne parce qu’on leur dit que c’est là que la soupe est gratuite. Il faut ajouter tous ceux qui sont pour parce que on leur cache le cout du sauvetage de l’euro et qu’ on leur ment sur la possibilité technique de défaire ce monstre .

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les élites politiques conniventes de droite comme de gauche évitent toute consultation populaire sur ces questions. Ce n’est pas pour rien que l’on préfère faire les mauvais coups dans l’ombre des restaurants, des alcôves entre soi et avec les journalistes, plutôt que sous les projecteurs des consultations électorales, débats parlementaires, referendums etc.

BRUNO BERTEZ Le Samedi 1er Septembre 2012

5 réponses »

  1. Dimanche 2 Septembre Espagne entre cynisme et culot

    Les Espagnols ne sont pas fous, loin de là. Ils savent défendre leurs intérêts et leur patrimoine, le mettre en sécurité. Ainsi comme vous l’avez vu les déposants dans les banques espagnoles ont retiré 74 mds d’euros de leurs comptes pour les mettre en sécurité. Ils connaissent la situation de leur pays, ils savent que tous les chiffres sont faux, bidonnés, Ils voient les maisons vides, les chantiers abandonnés, et les employés de banque savent que tout cela est inventorié sur des bases irréalistes. Et les banques ne sont pas les dernières à informer leurs clients ultra riches qu’il est prudent d’aller voir ailleurs, elles facilitent même les transferts chez les correspondants!
    Pendant que les Espagnols mettent leur argent à l’abri, c’est le votre qui bouche les trous. Le votre par le biais des balances du système européen et par vos aides directes et indirectes. La dette de la Banque Centrale espagnole vis a vis de l’eurosystème atteint des proportions galactiques, pour parler comme au foot dont ils sont les rois, à coups de centaines de millions d’euros de votre poche, et cette dette ne sera jamais remboursée, vous y serez pour le prorata de la France dans ce sinistre euro système. Les ordres de grandeur sont par centaines de milliards. Et l’on vous parle en France de trous de quelques milliards pour justifier votre spoliation! Vous y serez de votre poche, à la fin quand le rêve s’écroulera Tout comme les Allemands y seront pour le leur, lequel est encore plus important.
    Les Espagnols donc mettent leur argent, leur fortune en sécurité, bien à l’abri dans des comptes et des coffres qui n’ont plus la nationalité espagnole et leur prudence, se traduit par un accroissement considérable de vos risques, comme si vous n’en n’aviez pas déjà assez avec l’incurie de vos propres gouvernants.
    Plus l’argent des dépôts fuit l’Espagne et plus les maitres chanteurs sont en position de force, voilà encore une chose que l’on vous cache. Car personne ne sait, mis à part persévérer dans la ruine et l’erreur, comment résoudre ce problème.
    La tarte à la crème en cours de cuisson actuellement de l’unification bancaire européenne est de la poudre aux yeux pour la bonne raison que cette unification, perte de souveraineté bancaire ne peut sérieusement être envisagée sans son pendant l’unification fiscale ….
    Les pays du core, core dur à l’Allemande et core mou à la Française sont dans la seringue. Cette histoire de balances au sein de l’eurosystème est l’une des plus grosses erreurs de gestion des pères de l’eurozone.

    Personne n’avait prévu que la dialectique ferait son œuvre et que les faibles seraient les plus forts, tenants leurs créanciers par la barbichette pour parler poliment.

    Mais il .y a pire encore. Nous sommes désolés, mais oui il y a pire encore.

    Jusqu’au mois dernier les banques espagnoles avaient pratiqué le triste Sarkozy trade, entendez par là qu’elles avaient acheté des bonds de leurs souverains avec des fonds courts, quasi gratuits de la BCE et bien, tenez vous bien elles commencent à les vendre. Elles les vendent pour compenser la chute de leurs dépôts, elles les vendent parce qu’elles ont des gogos en face. Le fait que Draghi ait fait son coup d’état et se propose de se porter contrepartie donne aux banques espagnoles la possibilité de se décharger toujours sur le dos de la collectivité européenne. Nous disons cela car nous voyons mal des investisseurs extérieurs venir prendre le risque de se mettre en face des banques espagnoles.

    Ah, la solidarité! C’est fou ce qu’ils aiment nos Espagnols…

    Pendant ce temps la France qui a notre connaissance n’a pas de problème de solvabilité, comme en témoignent les taux courts négatifs et le niveau raisonnable des taux longs, la France taxe et surtaxe ses ressortissants pour … pallier à l’insolvabilité des pestiférés.

    Pendant ce temps, le moral des Français chute dans les plus bas étiages historiques, prélude à une chute dramatique de l’activité et donc a une forte montée du chômage.

    Nous l’avons dit des le premier jour, l’erreur fondamentale du Pouvoir en place est de s’être solidarisé des pestiférés alors que la France n’était pas dans ce camp.
    En se solidarisant aux pestiférés, la France les a enhardit et leur a permis de renverser le rapport des forces européennes, elle leur a permis, en état de faiblesse, de devenir les maitres du jeu.

    Cette erreur française est une faute de jugement des nouveaux élus, ils ont cru, compte tenu de leur passé laxiste et de leurs promesses électorales, qu’ils allaient eux aussi se trouver dans le camp des pestiférés, ils n’ont pas compris que dans un monde financièrement pourri, la France faisait encore parti de ceux qui l’étaient moins. La France fait partie du core mou, certes, mais elle fait partie du core. Et il suffirait d’un virage politique et d’un virage de politique économique et fiscale pour qu’elle puisse prétendre rejoindre le core dur. N’oubliez, pas dans un monde financier en décomposition, les concours de beauté ne sont que relatifs.
    Il est encore temps de réagir et de penser à l’intérêt des Français au lieu de penser à l’agenda de l’Internationale socialiste.

  2. Bonjour
    Merci pour vos actes de Résistance, on comprends mieux la période de Vichy et la trahison des « élites »

  3. Super analyse. Bravo.

    Un bémol toutefois : Weidman est… bien seul quand même en Allemagne.

    En outre : qu’est ce qui différencie le populo français du populo allemand ? Au fond, rien.

    Les deux veulent la « paix », leur petite retraite, les vacances à la mer, ne pas trop réfléchir à des choses qui -pensent ils- les dépassent.

    En clair : le pessimisme est de mise.

    Je ne crois plus personnellement à un « sursaut » qui nous viendrait d’Allemagne.

    L’espoir -je l’ai déjà dit ici- réside maintenant dans… l’effondrement des économies européennes « réelles ».

    Il n’y a que cela qui puisse faire cesser l’intolérable mythe de l’euro, et son cortège de malheurs, que cela qui puisse faire mordre la poussières aux politiciens corrompus.

    C’est triste que d’espérer…. le pire.

  4. Bonne analyse, pour réfléchir sur le sujet, lisons ou relisons, L’étrange défaire de Marc Bloch écrit en 1940…

  5. Petite réflexion que je me suis faite avant lecture : « Ne savoir qu’acheter la paix sociale… même familialement. Quand on a des carrières cliquets, carrières qui ne connaissent pas la crise, on n’apprend pas à gérer la réduction des moyens, notamment monétaire.
    Et nos « élus » ou « représentants » majoritairement de n’avoir connu que des carrière cliquets et donc de n’avoir pas expérimenter même dans l’intimité familiale cette réduction et ses conséquences humaines… difficiles dans un premier temps, mais salvatrice dans un second temps si l’on se réfère par exemple à l’analyse de Jean-Pierre Chevalier qui dit « pour simplifier, la masse monétaire et le PIB varient en sens contraire ». http://chevallier.biz/2012/08/monetarisme-en-zone-e-pour-les-nuls/
    Effectivement, si tu réduis, tu incite à devenir plus inventif, ce qui relance avec plus de bénéfice à la clé. C’est un principe agricole, principe par exemple de la taille…
    Mais cela, nos fonctionnaires et le capitalisme de connivence ne veulent connaitre…
    Attention : JP. Chevallier a été obligé de corriger ce qu’il présentait comme exemple par cet autre post http://chevallier.biz/2012/09/grece-gag-ou-hold-up-historique/« 

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