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L’Edito du 9 Septembre 2012 : Le crime de Draghi – La mort de la Bundesbank par Bruno Bertez

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L’Edito du 9 Septembre 2012 : Le crime de Draghi – La mort de la Bundesbank par Bruno Bertez

Draghi 1, Buba 0. Arturo Draghi a gagné le premier round contre la Bundesbank. Le combat n’est pas fini car Weidmann a derrière lui tout le peuple allemand.

 Dans un monde à la dérive, sans ancrage, sans valeurs, sans moralité politique, plongé dans le relativisme financier, nous avons constamment glorifié la Bundesbank. C’était le dernier bastion de l’opposition au relativisme Anglo -saxon fondé sur le deficit spending, la spoliation des détenteurs de monnaie et l’enrichissement de ceux qui avaient accès aux largesses des Banques centrales.

La Bundesbank jouait un rôle central dans le système global, sorte de statue du commandeur qui, à la fois marquait les limites de ce que la BCE  pouvait faire, mais aussi les limites de ce que les Anglo- saxons pouvaient se permettre. La folle volonté des Anglo -saxons est de   supprimer, d’annihiler tout référent à la valeur des monnaies. Libres, libérées, les monnaies devraient selon eux pouvoir être créés en quantité infinie autant que de besoin et être avilies, autant que nécessaire.

Nixon avait réussi un premier coup en  libérant, ou croyant libérer le dollar de la dictature de l’or, mais il n’avait réussi que partiellement. En effet des alternatives monétaires au dollar subsistaient, alternatives qui pointaient du doigt, soulignaient la gestion impériale et calamiteuse de la monnaie mondialo -américaine.

Depuis ce temps, le Deutsche Mark , la Bundesbank avec ses conceptions orthodoxes étaient les ennemis. Les ennemis à abattre avec son bastion avancée , la Suisse.

L’euro, successeur du Deutsche Mark devait continuer à jouer ce rôle et il l’a fait tant bien que mal avec Jean Claude Duisenberg et Wim Trichet. Trichet a tant bien que mal préservé l’héritage de la Buba et nous devons lui en savoir gré.

Hélas les Allemands comme les Suisses n’ont pas vu que l’intégration de leurs banques dans l’internationale de la banque voulue par les Etats-Unis allait modifier toutes les structures financières et les intégrer dans un tissu de risques hors de toute nature et de toute proportion avec ce qu’ils connaissaient au plan national.

Les banques européennes n’ont pas pu résister au chant des sirènes des superprofits du recyclage des déficits américains, elles se sont insérées, constituant autant de chevaux de Troie dans le système européen. Elles ont introduit le vers Anglo -saxon dans le fruit européen.

Une fois le ver dans le fruit, à la faveur de la courte vue, de l’absence de clairvoyance des autorités européennes, le système bancaire européen s’est en quelque sorte anglo- saxonnisé. L’illusion d’une  spécificité européenne a subsisté tant que tout a tourné normalement, tant que le risque ne s’est pas manifesté. Lorsque la crise de surendettement est apparue, lorsque le facteur risque s’est manifesté, la réalité s’est découverte, crue, sinistre: les banques européennes étaient encore en plus mauvaise position que les anglo -saxonnes.

Voila la réalité que l’on vous a cachée depuis le début.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT  :

L’appât du gain facile a conduit le systeme bancaire européen a pratiquer la banque à l’anglo saxonne, la banque du capitalisme d’arbitrage, la banque de spéculation., la banque du profit facile au lieu de la banque traditionnelle européenne et il s’y est brulé les doigts, les ailes et surtout les vôtres.

Des lors, les choses étaient jouées, enclenchées. Avec la crise, la BCE a découvert un système bancaire qu’elle ne connaissait pas, un système bancaire qui n’était plus le sien et la question s’est posée, que faire?

Retourner en arrière, sortir du marché global, réduire le risque bancaire européen était théoriquement possible mais c’était sans compter le lien organique avec les souverains d’Europe.

Sortir était impossible car le poids des dettes souveraines européennes était trop lourd, le système était trop imbriqué au niveau des refinancements de gros,  des assurances et des dérivés.

Alors l’histoire était écrite, votre histoire.

Si le système bancaire européen et suisse ne pouvait se ré-européaniser alors il fallait que la BCE cesse d’être la BCE, renonce à ses pratiques et principes hérités de la BUBA, il fallait que la BCE devienne anglo saxonne , évolue pour adopter les pratiques , la philosophie, l’absence de principes, l’absence de règles de la FED et de la BOE. Il fallait abandonner toute référence aux pratiques orthodoxes, au traditional banking et donc accepter la fin des référents, entrer de plein pied dans le relativisme.

Tout système disait Mao se développe en fonction de ses contradictions internes. Il y avait contradiction entre la globalisation des banques européennes et suisses et les pratiques saines, restrictives de leur banque centrale, la contradiction est résolue, la banque centrale s’est ralliée. Les banques centrales se sont ralliées. Le rouleau compresseur est passé. Il va aussi passer, n’en doutez pas sur les spécificités nationales, regardez la Suisse.

Pour sauver ses banques, ses souverains, ses classes kleptos et ses super riches, la BCE a accepté de rallier le camp anglo saxon, elle a accepté de devenir une  succursale de la FED, laquelle est peut être, il faudrait pénétrer le système de l’intérieur pour le prouver, en fait, une succursale de la Banque d’Angleterre. Nous disons cela parce notre petit doigt nous dit que le vrai rôle central,  pivot dans le monde bancaire, ce n’est peut être pas ce que l’on voit, la FED mais ce qui manipule les principes et les théories, la BOE. Le cerveau  de la finance anglo saxonne ce n’est en tous cas pas les Etats Unis avec leur économétrie simplette, leurs médiocres corrélations et autres  petites recettes au jour le jour pour tondre les marchés. La pensée est ailleurs.

La presse allemande de ce jour, ce jour ou nous écrivons, au lendemain du crime d’Arturo Draghi , la presse allemande est unanime a dénoncer le coup d’état .

Die Welt est le plus clair, comme nous,  il titre :

« Jeudi, la BCE  a prononcé la mort de la BUNDESBANK».

Le Sud Deutsche Zeitung . « Vouloir sauver l’euro à tout prix peut, au bout du compte conduire a franchir la ligne rouge que l’on ne doit pas dépasser…. dans une société fondée sur des règles, la fin ne justifie pas les moyens. La rupture des contrats affaibli les bases déjà fragiles de l’Union Européenne…. Jeudi la BCE a franchit deux lignes rouges »

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La BCE indépendante est morte

“Une digue a sauté”, s’insurge Die Welt en Une. En annonçant qu’elle était prête à racheter de la dette des Etats de la zone euro en difficulté, la Banque centrale européenne a démontré que désormais « elle se cantonne à un rôle de sauveteur », regrette le quotidien  :

Dès que les politiques crient « Au feu ! », la banque d’émission sort la lance à incendie. Tantôt en rachetant des dettes publiques, tantôt en allant jusqu’à jouer le rôle de bailleur de fonds provisoire pour une Grèce en faillite, les gouvernements européens et le Fonds monétaire international ne sachant pas s’ils veulent continuer à prêter de l’argent ou non à Athènes.

“Dans ces conditions, comment la BCE peut-elle encore gérer la planche à billets indépendamment de l’opinion des gouvernements ?”, s’interroge Die Welt, faisant écho à l’exigence traditionnelle allemande d’indépendence des banques centrales, dans les Etats comme au niveau européen :

Mario Draghi foule aux pieds les statuts de la BCE et tente de se justifier en évoquant un possible éclatement de la zone euro. Ce faisant, il fait le sale boulot des gouvernements qui, avec l’appui de la banque centrale, peuvent ralentir encore un peu plus le rythme des réformes. Dans le même temps, la BCE va accumuler les dettes publiques de pays en crise. (…) Les dangers de cette politique sont gigantesques. Pour l’heure, l’inflation n’est pas le problème numéro un, qui serait plutôt la totale opacité et l’absence de légitimité politique d’une redistribution des richesses du Nord vers le Sud. Et des pays économes vers les profiteurs de cette politique monétaire irresponsable. Ce qui est à la fois antidémocratique et antisocial.

Habituellement plus compréhensive envers les demandes de souplesse des pays les plus touchés, la Süddeutsche Zeitung considère que la BCE « récompense la mauvaise gestion économique ». Pour le quotidien, racheter de manière illimitée des  obligations d’Etat ne signifie rien d’autre que « financer des Etats qui ne sont pas solides ». Pis, en déclarant qu’il veut « sauver l’euro à tout prix » et que la monnaie unique est  « irréversible », Mario Draghi dépasse clairement le cadre de son mandat :

Seuls les représentants des gouvernements peuvent faire de telle déclarations. Il est intolérable qu’une institution démocratiquement illégitime décide des conditions de vie en Europe. […] [La BCE] s’érige en sulfureuse dominatrice de l’Europe. […] Elle a encore la possibilité de faire marche arrière. C’est précisément à cela que sert la persévérante protestation du président de la banque fédérale allemande, Jens Weidmann. Au bout du compte, Mario Draghi le sait très bien, l’euro ne peut pas être sauvé en allant à l’encontre de l’Allemagne qui est la principale économie nationale d’Europe. Il est dans l’intérêt de l’Europe que la BCE et les autres sauveurs inconditionnels de la monnaie unique ne fassent pas monter les Allemands sur les barricades. Ils y sont presque.

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Tout le reste de la presse est à l’unisson .

Fait tres rare , la Bundesbank a publié un communiqué adressé au grand public . Son porte parole a declaré:

 « Weidmann considere que l’achat de bonds souverains est equivalent a un financement des gouvernements par l’ impression  de banknotes. Cette pratique porte en elle le risque que finalement, on redistribue des risques considerables sur les contribuables des differents pays. » 

Notez la force des propos et ils viennent d’un des plus grands experts du monde en matière de vrai  central banking, on dit les choses crument pour ce qu’elles sont , on parle de financement par l’impression de billets de banque pour que tout le monde comprenne bien. On parle de risques considerables . On dit bien que, in fine, ce seront les contribuables qui paieront , on ne fait pas semblant de croire que l’argent tombe du ciel et que tout cela ne coute rien. On ne fait pas semblant de croire que l’on peut donner sans prendre.

Le Draghi s’est, au cours de sa conference de presse, gaussé  de Weidmann , il a parlé d’une personne au Board qui s’était opposée a son crime , il en parle comme d’une personne de rien , négligeable , de peu d’importance. C’est allier l’insolence à l’imbecilité car Weidman , il suffit de lire la presse allemande,  Weidmann a tout le peuple allemand derrière lui , la presse est unanime , ce qui est exceptionnel. 

Draghi oublie une chose,  on  n’annéantit pas toute une culture par un coup d’état monté avec des économiquement faibles, des banquiers irresponsables et des médias aux ordres. 

« Chassez le naturel , il revient au galop » disait Aristote, nous ajoutons: chassez le culturel il revient au galop,  encore plus vite.  Draghi 1 , Buba 0 , mais nous voulons croire que le combat n’est pas terminé.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 9 Septembre 2012

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