Art de la guerre monétaire et économique

Mai 68 dans les banques centrales Par Michel Juvet

Mai 68 dans les banques centrales Par Michel Juvet

Sous les pavés des banques centrales, y aura-t-il la plage ou les mauvaises intentions?

La croissance ne sera pas suffisante pour gonfler fortement les recettes fiscales et les pressions politiques empêcheront les coupes dans les dépenses publiques, même si l’histoire économique montre que la voie courageuse de la baisse des dépenses de fonctionnement des Etats conduit généralement au rétablissement durable des équilibres et de la croissance.

Les banques centrales seront donc encore encouragées à inventer de nouvelles solutions pour pallier ce vacuum politico-budgétaire: nouveau recyclage ou création de liquidités, manipulation des taux pour que les Etats empruntent à bon marché, contrôle des changes pour rester compétitif, etc. L’imagination au pouvoir dans les banques centrales… Fin de la pensée rase-prix.

Ainsi, la Banque d’Angleterre, confrontée à une stagnation économique, l’échec budgétaire du gouvernement actuel, et à la probable perte du AAA sur la dette britannique, avance ses pions.

D’une part, son prochain gouverneur sera l’actuel gouverneur de la Banque du Canada. Certes un homme compétent, favorable aux réglementations, pragmatique et imaginatif, mais un Canadien. Shocking? Pas en Angleterre. Imaginez que la Banque nationale suisse soit gouvernée par Jean-Claude Trichet, ou la Banque centrale européenne par Alan Greenspan… Un étranger aux commandes de la banque centrale… de quoi alimenter quelques furies politiques.

Mais, d’autre part, et nettement plus inquiétant, la Banque d’Angleterre a décidé de rendre au gouvernement anglais les coupons qu’elle a perçus sur la dette du Trésor anglais qu’elle a en compte! Autrement dit, l’Etat anglais, un peu comme la Grèce, a emprunté auprès de sa banque centrale pour rembourser sa dette… Et quand les crédits sont gratuits, il faudrait être fou pour ne pas en profiter… Jean-Luc Mélenchon, chef du front de gauche français, qui réclame que la BCE prête à taux zéro aux Etats européens doit jubiler. Les Anglais conduisent à gauche?

Aux Etats-Unis, la Fed se rapproche aussi de la planche à billets. Son programme «Twist», qui consistait à vendre les bons du Trésor à échéances courtes qu’elle avait en portefeuille, pour acheter des échéances longues, afin de garder le plus bas possible les taux à long terme arrive à terme. Et pour cause… la Fed n’a plus de bons du Trésor de court terme à vendre… Elle va donc créer de la masse monétaire pour poursuivre ses achats de bons aux échéances longues! Du «Twist» au hard rock monétaire, n’y a-t-il donc qu’un petit pas?

Enfin, au Japon, la banque centrale va certainement tenter un «180», et obéir aux vœux du nouveau gouvernement élu qui veut des objectifs d’inflation explicites. Bien vu pour lutter contre la déflation, mais de quoi alimenter un conflit entre les rentiers nombreux et les jeunes qui espèrent la croissance.

Sous les pavés des banques centrales, y aura-t-il la plage ou les mauvaises intentions? Les marchés boursiers apprécieront d’abord sans aucun doute les perspectives balnéaires…

Source  Bordier & Cie/ Le Temps 17 Déc 2012

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f761d810-47ba-11e2-95ba-e0b841a2518f/Mai_68_dans_les_banques_centrales

1 réponse »

  1. J’aime BEAUCOUP le schéma de Banzai7 institute, évocateur en diable d’un avenir sereinnnnnnnnnnnn !

    Dans ce contexte « porteur », me reviennent en mémoire ces deux classiques indémodables de Jules Renard :

    – C’EST DÉJÀ ASSEZ TRISTE D’ÊTRE PAUVRE, SI EN PLUS IL FAUT S’PRIVER ?

    – AH ! ÊTRE SOCIALISTE, ÊTRE SOCIALISTE … ET AVOIR BEAUCOUP D’ARGENT.

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