Allemagne

Hans-Werner Sinn souhaite une zone euro avec moins de pays

Werner Sinn souhaite une zone euro avec moins de pays

EN LIEN: Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 18 Janvier 2013: Sinn expose de façon lumineuse pourquoi l’avenir est sombre par Bruno Bertez

 Sortir de la zone euro donnerait de l’espoir aux Grecs, selon le président de l’institut allemand de prévisions Ifo

Au XVIIIe siècle, le président américain Alexander Hamilton avait coutume de gérer chaque sauvetage d’une région par la mutualisation de la dette. «Ainsi que l’explique Harold James dans son ouvrage, la socialisation de la dette n’a pas cimenté les Etats américains de l’époque, mais conduit à la guerre civile. De même pour la zone euro, la mutualisation de la dette ne rapprochera pas l’Europe, mais peut la faire exploser», a déclaré Hans-Werner Sinn, professeur à l’Université de Munich et directeur de l’institut Ifo, lors d’une conférence organisée par EFG FP, jeudi à Zurich. L’économiste a insisté sur le fait que, pour lui, le plus grand risque en Europe porte sur la transformation d’une dette privée en dette publique.

L’auteur de Die Target Falle (piège Target) a détaillé le risque représenté par le système de paiements européen (Target), qui conduit la BCE à financer les déficits courants des pays périphériques et le processus par lequel la zone euro s’est progressivement transformée en «système planifié de gestion des capitaux»: d’abord avec Jean-Claude Trichet et les achats d’obligations souveraines par la BCE, en violation des accords de Maastricht, puis les achats illimités avec Mario Draghi. Ensuite par une union bancaire visant à recapitaliser les banques du sud.

«La prochaine étape verra François Hollande demander les eurobonds à Angela Merkel.» La chancelière acceptera probablement, ajoute-t-il. Il en sera alors fini d’une économie de marché dans la zone euro. Le nord financera le sud en dehors d’un système de marché, a-t-il poursuivi.

Hans-Werner Sinn ne croit pas que les pays périphériques parviendront à rétablir leur compétitivité. «La Grèce est de 67% plus chère que la Turquie et le Portugal de 47%», a-t-il montré. Ces deux pays ont besoin d’une dévaluation interne de respectivement 37 et 32% par rapport aux autres pays de la zone euro. «Jamais dans l’histoire un pays n’y est parvenu», a-t-il dit. Avec un chômage des jeunes supérieur à 50%, la situation est explosive. Il faut éviter une crise encore plus grave en sortant de la zone euro. La Grèce doit pouvoir acheter ses propres produits», à son avis. Seule la sortie de la zone peut lui redonner espoir.

Greek unemployment rate by age 

L’économiste place la France dans les pays du sud. «Je suis entièrement d’accord avec le portrait dressé par The Economist , a-t-il expliqué. «Il ne suffit pas de proclamer des réformes pour que les prix et les salaires baissent sensiblement», a-t-il expliqué. Une stagnation de dix ans permettrait à l’Espagne et à la France de réduire leurs coûts de 20%. Exactement l’inverse de ce que promet le président français. La France souffre d’une crise de compétitivité, selon l’économiste: ses banques sont en effet très engagées dans le sud. Son industrie manufacturière est encore plus petite qu’au Royaume-Uni et son nombre de fonctionnaires est le double de celui de l’Allemagne.

Par Emmanuel Garessus Zurich/ Le Temps Janv13

 http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6194d350-60d8-11e2-874d-e9d7afa0f4ab/Le_président_de_lIfo_souhaite_une_zone_euro_avec_moins_de_pays

2 réponses »

  1. Vendredi 18 Janvier 2013: Sinn expose de façon lumineuse pourquoi l’avenir est sombre.
    Avec le temps, la pensée de Hans Werner Sinn se décante, le cristal se dégage de sa gangue, tout devient plus clair. Est-ce le murissement ou bien le fait qu’il a repris sa liberté, ou encore le fait qu’il n’espère plus rien de Merkel. Au lieu de critiquer, chercher à s’opposer, il se résigne et se contente de prévoir et tirer les conséquences.

    Le rappel historique est bienvenu, il a raison de rappeler les conséquences funestes de la mutualisation de la dette et des charges aux Etats Unis. Plus prés de nous, pour ceux qui ne sont pas convaincus de l’effet diviseur des péréquations, il y a le problème séparatiste belge. Les Flamands en ont assez de payer pour les Wallons ; c’est un isomorphisme de ce qui ce passe en Europe et bien sur de ce qui se passera. La mutualisation, solidarité imposée, conduit aux affrontements. Pourquoi croyez-vous que les Français se révoltent contre l’immigration? Parce qu’ils ont compris au fond d’eux même que l’on mutualise leurs ressources au profit de gens qui non seulement n’ont pas vocation historique à en bénéficier, mais qui en plus, souvent en abusent. Ce qui se produit en Belgique, se produit aux Pays Bas, en France, en Catalogne, au lieu de rapprocher les gens on les oppose.
    Nous soutenons que les gouvernements sont criminels lorsqu’ils mènent des politiques qui montent les citoyens les uns contre les autres; la solidarité imposée a des limites et ses limites se manifestent par le rejet puis la haine de l’autre.

    Tout est clair dans le discours de Sinn, nous mettons au défi quiconque de le contester, il n’y a pas d’idéologie, rien que du bon sens. Du bons sens contre lequel les politiques sont arqueboutés, préoccupés qu’ils sont de gagner des voix en suivant le chemin de la facilité. On change les règles fondamentales des économies, de la vie en société pour à la fois pallier un problème de compétitivité des systèmes productifs et en même temps sauver les banquiers imprudents et cyniques profiteurs.

    Nous sommes moins pessimistes que Sinn car nous n’avons jamais cru aux politiques. Chez eux le vers est dans le fruit et cela n’a rien à voir avec le découpage droite/gauche. La logique du politique, c’est d’être élu, donc de plaire, de descendre la plus grande pente de la démagogie et de la facilité de court terme. En revanche nous savons que deux et deux font quatre et que la multiplication des pains, cela n’existe pas. Le réel avec le gaspillage des ressources, les démotivations, les désincitations, va faire retour et s’imposer aux politiques.

    C’est en profondeur que le système se délite et qu’il se pervertit. Ce qui fait que la machine a tourné tant bien que mal ces dernières années est en train de disparaitre. L’un des écueils sur lequel le monde politique va buter c’est la croissance, puis l’épargne, ce qui va augmenter les déséquilibres au fil du temps. La démographie condamne les systèmes de retraite, et eux, les politiques hâtent la venue des problèmes et l’accélération de l’insolvabilité.

  2. La France avait une particularité, une singularité qui rendait son système égalitariste consensuel malgré tout. En effet, un cadre bénéficiait d’un chômage généreux en cas de besoin, que l’on soit riche ou pauvre on avait les mêmes droits à allocations familiales…ceci est en train d’être remis en cause et c’est ce qui va précipiter la chute du système français. Quand les classes aisées comprendront qu’elles ne tirent plus rien de ce système, même pas la paix sociale, alors il s’écroulera de lui même.

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