Les Clés pour Comprendre du Samedi 23 Mars 2013: A ne pas manquer! le modèle américain pour sortir de la crise Par Bruno Bertez
Alors que l´illusion d’une sortie de crise tente de s’implanter à la faveur de la propagande officielle, il parait intéressant de remettre le chemin parcouru depuis 2008 en perspective. L’exposé cynique de Summers devant un parterre d’économistes nous en donne l’occasion.
L’idée est simple, on fait rouler le boule de neige du crédit, on soutient les banques et l’intermédiation, et pour le reste … on prie¨!
Voici un document exceptionnel. Il résume une intervention de Lawrence Summers devant l’Interamerican Development Bank in Washington DC. Son intervention était destinée à des économistes professionnels. Elle n’était pas destinée au grand public, bien évidemment.
L’intervention de Lawrence Summers est articulée autour de 5 points. Ces 5 ponts constituent, non seulement le squelette, le canevas, de sa propre réflexion, mais aussi, on s’en aperçoit très vite, la ligne directrice de l’action de l’Administration américaine.
1) Toutes les crises finissent par se terminer. Les économies sont « self equilibrating ». Sur le long terme, elles retrouvent leurs équilibres par elles-mêmes, même si, pour cela, il faut mettre en place des interventions gouvernementales ponctuelles. Des crises comme celle que nous connaissons apparaissent 3 ou 4 fois par siècle. Il est normal que les gouvernements contractent des dettes colossales pendant ces périodes ; implicitement, suggère-t-il, nous finissons toujours par sortir de ces dettes grâce à la croissance.
2) Nous sortirons de la crise en encourageant exactement le type de comportement qu’auparavant nous voulions décourager. C’est cette intuition, cette vue, qui justifie l’utilisation du surendettement et du leverage, lesquels sont au cœur de la politique économique américaine.
3) Il faut, et cela est critique, un soutien sans faille à l’intermédiation financière. Il faut s’assurer qu’elle est correctement capitalisée en regard des risques inhérents à la situation présente. Cyniquement et sans rougir, Summers avoue que les stress-tests sont destinés à prouver cette capitalisation adéquate.
4) La croissance des années 90 et la croissance récente ont été trop basées sur la finance. L’accroissement de la part des profits financiers dans la masse totale des profits des entreprises aurait dû servir d’avertissement. La prochaine phase d’expansion devrait être basées beaucoup moins sur la constitution de bulles d’assets et beaucoup plus sur l’investissement et le développement des services publics.
5) Le système de régulation financière, sous les différents aspects fondamentaux, a été un colossal et remarquable échec. Il y a eu beaucoup trop de crises sérieuses au cours des 20 dernières années.
Les propos de Lawrence Summers ne s’écartent guère, quand on y regarde de plus près, de notre analyse :
-
Les crises sont des crises financières, ce sont des crises de surendettement, elles débouchent sur des bulles d’assets et des déséquilibres des économies.
En revanche, là où Lawrence Summers diverge totalement, c’est :
- 1) Sur les remèdes 2) Sur le caractère spontanément rééquilibrant des économies 3) Sur la réapparition spontanée de la croissance.
Soigner le mal par le mal, comme le préconise Summers, est pour nous une idiotie qui néglige l’effet de stocks des dettes.
Les économies ne sont jamais équilibrées et, si elles avancent, c’est précisément parce qu’elles vont de déséquilibres en déséquilibres ; c’est la loi fondamentale du mouvement.
Enfin, le retour à une croissance spontanée est une illusion. Il n’y aura pas de retour à la croissance spontanée tant que l’on n’aura pas, soit détruit les dettes, soit restructuré la masse de créances douteuses du système.
Il apparaît clairement et avec cynisme que la politique qui consiste à favoriser le secteur financier est un élément essentiel, c’est le maillon déterminant dans le raisonnement de Lawrence Summers. On voit clairement que c’est aussi l’élément fondamental qui sous-tend l’action de Bernanke.
On se demande par quel miracle, dans la pensée de Summers et de Bernanke, le poids des dettes va se réduire. On se demande comment on va pouvoir retrouver le chemin de la croissance spontanée. On se demande comment des économies gorgées de dettes vont pouvoir supporter un jour ou l’autre des hausses de taux d’intérêt. On se demande comment les gouvernements vont sortir du surendettement. Summers et Bernanke ou Obama ne se le demandent pas. Pour eux, tout cela tombera du ciel.
BRUNO BERTEZ Le Samedi 23 Mars 2013
llustrations et mise en page by THE WOLF
EN BANDE SON:
Samedi 23 : Chypre, Italie, France …. Le pot aux roses se découvre peu à peu
L’interprétation commune est que l’affaire chypriote du prélèvement sur les dépôts bancaires est grave en raison de l’effet de contagion qu’elle peut déclencher. En quelque sorte les commentateurs veulent dire que les responsables ont commis une erreur car maintenant, partout on va craindre pareil prélèvement.
Nous proposons une autre interprétation: la confiscation chypriote est logique, c’est une étape et elle révèle ce sur quoi les gouvernements travaillent.
Ils travaillent sur des prélèvements à large assiette , plus large que les prélèvements fiscaux déjà connus et pratiqués. Plus larges que les taux d’intérêt négatifs qui amputent les épargnes.
L’affaire chypriote est une émergence de l’iceberg, un test pour roder les futures procédures qui seront appliquées d’ici 2018 dans le cadre de la mise au point secrète du plan de résolution des crises qui est étudié en ce moment.
On étudie simultanément le renforcement des contrôles aux frontières et la collaboration entre pays voisins (France- Belgique par exemple, France- Italie également), le rétablissement de contrôles aux mouvements de capitaux, le recensement des mouvements des non-résidents etc…
Tout cela est envisagé on le sait, il y a de temps à autres des fuites. Une grande Banque Américaine vient de publier une note sur cette question, elle considère que ces confiscations sont inévitables.
Un économiste allemand vient de publier dans le Handelsblatt un article qui va dans la même direction, il suggère un prélèvement de 15%, une fois pour toutes sur les avoirs des italiens. Les kleptos sont sans scrupule, la Commerzbank , employeur de cet économiste est l’un des établissement les plus pourris sous l’angle klepto/plouto.