A PROPOS

Premiers de classe (Avec Commentaire de Bruno Bertez)

Premiers de classe (Avec Commentaire de Bruno Bertez)

A PROPOS PAR Bruno Bertez 

 Précisons que l’enquête que lance la Commission sur les surplus Allemands n’est pas exceptionnelle, même si elle n’est pas de routine. Cette procédure est prévue par les Traités.

 Une enquête est en théorie déclenchée dès que le seuil de 4 % de surplus est atteint: Pour en juger il est considéré une moyenne de trois années. En pratique le seuil a été repoussé de 4% à 6%. L’Allemagne rentre donc dans le cas de figure prévu pour déclencher cette enquête. 

L’excédent mensuel atteint de chiffres très important;  si nos souvenirs sont bons on est à plus de 18 milliards. 

La réponse de l’Allemagne est simple : 

  • 1 Nous n’y pouvons RIEN si nous  sommes compétitifs et si les autres ne le sont pas!
  • 2 Le monde global recherche nos fabrications car  elles n’ont pas d’équivalents.

 Notons que compte tenu des chiffres d’échanges intra-européens, une réduction des surplus  Allemands ne changerait pas grand-chose aux problèmes des périphériques, ils ne se battent pas sur le même terrain et la composition des échanges fait que l’incidence serait très faible . Le malheur des Allemands ne ferait pas le bonheur des pestiférés, au contraire,  les uns ne sont pas concurrents des autres. 

L’Allemagne bénéficie de choix de spécialisations économiques anciens, que nous faisons personnellement remonter aux années 30 et suivantes, choix qui ont été  validés par la politique de recherche d’autarcie par les nazis, puis par la guerre. La société Allemande n’a jamais remis en question ce choix. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne ne se suffit pas à elle-mème, elle ne peut pas nourrir sa population du fait de sa densité et de l’insuffisance de terres agricoles; par ailleurs elle ne dispose d’aucune matière  première. 

Sa vocation exportatrice est quasi imposée par sa situation fondamentale. Il s’y ajoute maintenant les contraintes de rechercher la croissance sur les marchés extérieurs en raison de l’effondrement démographique et de la pyramide des âges. 

Enfin le modèle de consommation des Allemands est radicalement différent de celui des pays du sud et de la France. Toujours en raison de l’histoire et des rationnements, le consommateur est peu attiré par la diversité et la multiplication des produits. Il n’est pas intéressé par les marques. Il va à l’essentiel et ne cherche pas la différenciation. 

Une accélération de la croissance Allemande souvent réclamée, mais il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car elle ferait monter les taux pour deux raisons: 

  • – La BCE ne pourrait plus se permettre le réglage actuel.
  • – Les taux de marché sur les Bunds grimperaient.

Les critiques européennes à l’encontre de l’Allemagne cachent mal la jalousie et la répulsion envers les premiers de classe. L’Union européenne, au bord de l’implosion, ferait bien de réfléchir à sa condition de mauvais élève avant de vouloir donner des leçons à un pays exemplaire

Décidément, la jalousie envers les «forts en thème» ne cessera jamais. Ce sentiment d’envie mêlée de répulsion permet tous les coups bas envers les premiers de classe, autorise les railleries sur leurs petits ou gros défauts, et s’accompagne du désir malsain de les voir ­chuter.

Aujourd’hui, à l’échelle des nations, c’est l’Allemagne qui tient ce rôle ingrat. Pensez! Le pays actuellement le plus valeureux de l’UE s’est permis, il y aura bientôt 25 ans, de mener avec succès une réunification («le tournant», dit-on là-bas) porteuse de grands dangers, tant l’économie est-allemande était délabrée. Elle en a payé le prix avec un long marasme jusqu’en 2005. Mais elle a redressé la barre, aussi bien au niveau de sa dette que de son déficit public, qui est aujourd’hui de – 0,2% contre +4,8% en France, par exemple. En outre, c’est un social-démocrate qui a pris les mesures nécessaires à cette embellie, et non pas une Dame de fer conservatrice comme en Grande-Bretagne. Difficile de trouver à y redire, donc.

Mais José Manuel Barroso, président d’une Commission européenne de plus en plus décriée, a annoncé mercredi, lors d’une conférence de presse, qu’il allait lancer une enquête approfondie sur l’Allemagne et ses excédents commerciaux. Il lui reproche d’avoir négligé de «dépenser» et de n’avoir pas encouragé la demande intérieure, ce qui aurait nui à ses partenaires commerciaux. Ainsi, l’Allemagne ne devrait pas son succès à la sagesse de ses lois ni au courage de sa population, mais elle aurait «profité» de la construction européenne, indûment est-il sous-entendu. Elle serait donc responsable, en partie du moins, de la crise qui frappe l’UE.

Voilà une musique que la Suisse connaît bien, elle qu’on accuse toujours de ne pas mériter sa prospérité et de l’avoir usurpée par toutes sortes de moyens discutables. Nous nous étonnons de partager désormais ce genre de critiques avec une Allemagne qui, contrairement à nous, fait partie de l’Union. Pourtant, les causes du succès sont les mêmes: des lois-cadres très similaires, une paix du travail équivalente grâce au principe du partenariat social, une formation professionnelle qui ne laisse (presque) personne au bord du chemin, une organisation politique décentralisée… En plus, chez nos voisins, une retraite à 67 ans et des salaires autrement plus bas que les nôtres. Au lieu d’en être, sinon félicitée, du moins approuvée, l’Allemagne essuie une détestation savamment entretenue, afin d’éviter aux mauvais élèves une autocritique salutaire et porteuse d’actions concrètes.

En outre, l’UE reproche à l’Allemagne d’empêcher la BCE d’agir en faveur de la croissance et de l’emploi, ce qui irait au-delà de ses prérogatives actuelles. Il faut dire que le dernier rapport du Trésor américain prône de répondre à la crise de la demande par la voie monétaire… autrement dit par la planche à billets. Voilà qui n’aura pas manqué d’inspirer tous les pays européens qui cherchent à sortir du marasme en s’épargnant les réformes structurelles que cela exige. Mais, entre dettes abyssales ici, révoltes sociales là, et bisbilles internes maintenant, l’Union européenne semble au bord de l’implosion.

Par Marie-Hélène Miauton/ Le Temps 15/11/2013

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1bf88d0a-4d5e-11e3-97c1-2575f7613280/Premiers_de_classe

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le Trésor américain a vivement critiqué le modèle économique allemand, à qui il reproche d’avoir entretenu un large excédent commercial et de ne pas avoir assez soutenu sa demande intérieure.

En clair, les Allemands exportent trop, ils ont inondé des pays contraints à suivre des politiques d’austérité avec leurs produits, et ils ne consomment pas assez, et cela contribue à expliquer la faiblesse de la croissance dans la zone euro.

L’actuelle présidente du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie en France, avait déjà émis de telles critiques. Et la semaine dernière, le vice-président du FMI, David Lipton, a proposé que l’Allemagne s’engage à réduire son excédent commercial, et à fixer des objectifs d’excédents à ne pas dépasser, lorsqu’il a rencontré des officiels du ministère des Finances la semaine dernière.

Hier, c’était au tour de la Commission Européenne qui a menacé l’Allemagne de sanctions disciplinaires pour maintenir un compte courant excédentaire qui enfreint les règles de l’UE en matière d’équilibres macro-économiques. L’année dernière, le surplus à l’export de l’Allemagne s’est monté à 7% du PIB, et il ne devrait baisser que légèrement l’année prochaine, ce qui forcera la Commission à intervenir, parce que la valeur moyenne ne peut pas dépasser 6% sur 3 ans.

Les représentants du gouvernement allemand répliquent que les problèmes ne viennent pas de l’Allemagne, mais des pays de la périphérie qui ont vécu au dessus de leurs moyens pendant plusieurs années au détriment de leur compétitivité. Ils indiquent que le surplus de compte courant à l’égard des partenaires commerciaux de la zone euro a été divisé par 2 entre 2007 et 2012, passant de 4,4% à 2,2%, alors que dans le même temps, il s’est développé à l’égard d’autres pays, comme les Etats-Unis, par exemple.

Ils rejettent les recommandations qui leur sont faites, estimant qu’elles sont dignes d’une économie planifiée, et observant que personne n’est forcé d’acheter les produits allemands. En outre, même s’il est vrai que les Allemands consommeraient plus de biens importés s’ils gagnaient plus d’argent, l’Etat n’a aucune emprise sur ce phénomène, puisque les négociations salariales en Allemagne sont conduites entre le patronat et les syndicats, et que le gouvernement n’y est pas associé.

L’excédent commercial allemand pourrait même être une aubaine pour les pays de la périphérie, estime Der Spiegel. En effet, les industriels allemands intègrent des pièces détachées importées d’autres pays, souvent des pays de l’Europe Centrale ou de l’Est, eux-mêmes en déficit commercial, dans les voitures et les machines-outils qu’ils exportent. Selon une étude du think-tank Ifo basé à Munich, la part de ces composants a grimpé de 13,5% en 1995 à 20% en 2008. Leur proportion dans l’industrie allemande est 3 fois plus importante que celle qu’elles peuvent avoir en Espagne, en Italie ou en France. Par exemple, la moitié des pièces détachées que BMW utilise pour construire ses véhicules en Allemagne provient de l’étranger.

En outre, les firmes allemandes ouvrent des usines à l’étranger, où elles contribuent à créer des emplois. L’usine Volkswagen au Portugal est le plus gros investissement étranger du pays, par exemple.

En Allemagne, l’industrie représente 22% de l’économie, et les entreprises familiales ont acquis un savoir-faire qui leur a permis de s’implanter au plan international. Il ne sera donc pas si facile de leur faire changer d’orientation. Des Eurocrates sont d’ailleurs bien conscients que les excédents commerciaux allemands ne sont pas un problème en soi, et que tout le monde se satisfait du dynamisme de l’économie allemande. Il est en effet nécessaire que l’Allemagne reste le moteur de l’Europe. Source EXPRESS.BE/DER SPIEGEL

5 réponses »

  1. les responsables de nos échecs sont ceux qui ont réussis… le raccourcis est trop facile.
    Nous sommes tous responsable de nos échecs et pas ceux qui réussissent.
    Ce sont des discours de LOOSER de dire que c’est la faute aux autres.

  2. Précisons que l’enquête que lance la Commission sur les surplus Allemands n’est pas exceptionnelle, même si elle n’est pas de routine. Cette procédure est prévue par les Traités.

    Une enquête est en théorie déclenchée dès que le seuil de 4 % de surplus est atteint: Pour en juger il est considéré une moyenne de trois années. En pratique le seuil a été repoussé de 4% à 6%. L’Allemagne rentre donc dans le cas de figure prévu pour déclencher cette enquête.

    L’excédent mensuel atteint de chiffres très important; si nos souvenirs sont bons on est à plus de 18 milliards.

    La réponse de l’Allemagne est simple :

    1 Nous n’y pouvons RIEN si nous sommes compétitifs et si les autres ne le sont pas!
    2 Le monde global recherche nos fabrications car elles n’ont pas d’équivalents.

    Notons que compte tenu des chiffres d’échanges intra-européens, une réduction des surplus Allemands ne changerait pas grand-chose aux problèmes des périphériques, ils ne se battent pas sur le même terrain et la composition des échanges fait que l’incidence serait très faible . Le malheur des Allemands ne ferait pas le bonheur des pestiférés, au contraire, les uns ne sont pas concurrents des autres.

    L’Allemagne bénéficie de choix de spécialisations économiques anciens, que nous faisons personnellement remonter aux années 30 et suivantes, choix qui ont été validés par la politique de recherche d’autarcie par les nazis, puis par la guerre. La société Allemande n’a jamais remis en question ce choix. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne ne se suffit pas à elle-mème, elle ne peut pas nourrir sa population du fait de sa densité et de l’insuffisance de terres agricoles; par ailleurs elle ne dispose d’aucune matière première.

    Sa vocation exportatrice est quasi imposée par sa situation fondamentale. Il s’y ajoute maintenant les contraintes de rechercher la croissance sur les marchés extérieurs en raison de l’effondrement démographique et de la pyramide des âges.

    Enfin le modèle de consommation des Allemands est radicalement différent de celui des pays du sud et de la France. Toujours en raison de l’histoire et des rationnements, le consommateur est peu attiré par la diversité et la multiplication des produits. Il n’est pas intéressé par les marques. Il va à l’essentiel et ne cherche pas la différenciation.

    Une accélération de la croissance Allemande souvent réclamée, mais il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car elle ferait monter les taux pour deux raisons:

    – La BCE ne pourrait plus se permettre le réglage actuel.
    – Les taux de marché sur les Bunds grimperaient.

  3. C’est incroyable.
    Selon l’UE, le FMI et les pestiférés, si Monsieur Dupont s’est endetté (en empruntant en partie à Monsieur Tartempion) pour acheter une voiture à ce même monsieur Tartempion et se retrouve insolvable, c’est la faute à Monsieur Tartempion ???
    Mais qui est John Galt ?

  4. l`allemagne a entame une guerre economique interne avec shroeder il y a 10 ans , avec les lois hartz et restructuration de production, en delocalisant massivement la production dans les pays satellites de l`est , et pendant la crise l`euro fort de trichet et merckel leur permattait de payer moins cher les matieres premieres et ces delocalisations, donc excedents monstrueux , l`erreur de l`UE etait de laisser ce dumping economique se faire….et ce systeme tourne a plein regime actuellement , plus l`euro est fort, plus l`allemagne gagne en excedents , les autres partenaires plongent…smics des satellites de l`allemagne SMIC européen mensuel brut en 2012 :Hongrie : 295€; Pologne : 336€; Roumanie : 161€; Lituanie : 231€; Lettonie : 286€; Estonie : 290€Bulgarie : 138€

    • Bonjour,

      je ne pense pas que les milliers de frontaliers qui passent chaque jour le Rhin sont payés en dessous du SMIC français.
      Ce genre de raisonnement conduit à ne pas se poser les questions dont les réponses permettraient d’améliorer la situation française sans copier servilement l’Allemagne ce dont de toutr façon nous sommes incapable

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