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Comprendre, c’est déjà lutter! Pour le capitalisme. A propos du capitalisme financier. Par Bruno Bertez

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Comprendre, c’est déjà lutter! Pour le capitalisme. A propos du capitalisme financier.  Par Bruno Bertez

La stratégie du capitalisme pervers que j’épingle sous le nom de capitalisme financier est de réaliser pour ses élites ploutocrates le profit maximum. Cette stratégie n’est pas celle du capitalisme productif dont je suis un défenseur inconditionnel. En effet, la stratégie du capitalisme financier  se moque pas mal de la production de richesses réelles et de sa légitimité, elle accumule, un point c’est tout. D’ailleurs, si elle peut rejeter la production là-bas, au loin, hors de sa vue, elle ne s’en prive pas, elle applaudit. Et elle le fait par tous moyens, à la faveur d’un rapport de forces qui lui est donné par la maîtrise de la gestion de la monnaie, pourtant bien public. La spéculation financière est un raccourci qui va de l’argent à l’argent sans passer par la production.

C’est à la faveur d’une extorsion que ce capitalisme financier prospère et finit par phagocyter le capitalisme de production. Extorsion du bien public qu’est la monnaie. La monnaie, rappelons-le,  comme le formule Menger, « n’a pas été engendrée par la loi, c’est une institution sociale, et non pas une institution de l’Etat ». La monnaie est une émergence qui vient du bas, elle s’établit peu à peu, au fil du temps comme équivalent dans les échanges, puis peu à peu également comme équivalent général des marchandises. Voilà ce qu’ils confisquent, à leur seul profit.

Le capitalisme de production est légitime:

C’est ce capitalisme qui nous a propulsé là où nous sommes en termes de confort, de progrès et de développement.

Le capitalisme financier est d’une toute autre nature, c’est une toute autre bestiole, c’est une bête abstraite encore plus sauvage que le capitalisme concurrentiel de production. Il n’a aucune mission ou fonction civilisatrice. Si le capitalisme est un monde de loups, le capitalisme financier est un monde de hyènes. Sa logique n’est pas celle de la production, mais celle de l’écart, l’écart entre les Valeurs. C’est une logique de prédation à armes inégales, grâce à l’alliance avec les Maîtres de la monnaie et les Maîtres du pouvoir politique. C’est cette logique qui est poussée à l’extrême dans le système anglo-saxon ou dans le capitalisme d’arbitrage, lequel s’oppose au capitalisme rhénan. Le capitalisme d’arbitrage ne prospère pas sur la création de richesses mais sur la création de « Valeur ». Ce qui est radicalement différent. Le capitalisme financier crée un droit de prélever sur les richesses réelles, les biens et les services, sans rien produire.

Le capitalisme d’arbitrage, dont le plus bel exemple est le « carry » ou on achète une monnaie qui baisse et coûte peu pour acheter un actif qui rapporte, ce capitalisme d’arbitrage est organiquement lié à la maîtrise de la « printing press ». C’est parce que l’on a le contrôle de la « printing press », du bilan des Banques Centrales, que l’on peut jouer, spéculer sur les Valeurs en toute sécurité et maintenant, en toute impunité. Supprimez la maitrise de la « printing press », le « put » et ce capitalisme s’effondre; vous comprenez l’importance qu’il y a à mettre la BCE au pas et l’Allemagne à genoux. C’est un système de fuite en avant, de Ponzi. Celui qui rompt la chaîne du bonheur devient l’ennemi. Vous comprenez aussi pourquoi le risque de disparition des QE Américains fait vaciller les marchés.

 

Ce système est conservateur, il veut, au profit d’une toute petite minorité préserver, reproduire l’ordre social existant, celui que nous appelons le désordre social. Sa tricherie basique, c’est le refus du progrès, ce progrès qui détruit les rentes, le capital périmé, celui qui est socialement dépassé et qui ne se maintient que par la « printing press ». Par exemple le secteur automobile. Ce système est rétrograde, car il refuse radicalement l’évolution et l’adaptation, il ne peut supporter ce que Schumpeter appelle la destruction créatrice. C’est un système ringard; nous pousserions à l’extrême et dirions que c’est un système de « vieux qui asphyxie le neuf ». Ce qui est bien le sens profond de ce qui se passe dans nos sociétés. Le vieux qui étouffe le neuf, par exemple, c’est la dette. Qu’est-ce que la dette, si ce n’est du vieux accumulé?

Ce capitalisme financier produit une société qui est à son image et qui lui permet de prospérer et de durer. Il phagocyte la société civile, la restructure, l’acculture, selon sa logique à un point tel que la société civile, auparavant lieu et espace de la liberté est en train de devenir lieu et espace de servitude. Le conditionnement du capitalisme financier gagne la société civile, ce qui lui permet de s’enraciner. Il envahit l’économique, le politique et maintenant les mœurs. Plus il étend son emprise et plus il prône la libération des moeurs! Cela est possible grâce à la fameuse sociale démocratie laquelle est son masque politique. Ah les Macrons et DSK.

L’escroquerie de base, c’est l’identification entre le libéralisme financier et la liberté. Le libéralisme financier n’a rien à voir avec le libéralisme économique, et encore moins à voir avec la liberté et même les libertés puisqu’il en est la négation en tant que loi du plus fort truquée. Le libéralisme financier, c’est les renards avec les poules, c’est à dire celui qui a accès au capital bancaire au milieu de ceux qui n’y ont pas accès! Le libéralisme financier ne vit que grâce à la dissymétrie et grâce à la connivence avec le monde politique de la sociale démocratie. Quand ils rognent vos libertés, vous taxent, vous contrôlent et font de vous des tricheurs, c’est au nom de leur liberté! C’est une opération machiavélique que celle qui a consisté amalgamer les contraires, les antagoniques, la liberté et le libéralisme financier.

 

Le capitalisme financier a une stratégie pour sortir de la crise, à son profit, c’est cette stratégie que jour après jour, nous essayons de décortiquer, d’exposer au grand jour. Pourquoi? Parce que c’est le seul moyen de s’y opposer: elle ne peut marcher que si elle reste dans l’ombre, cachée, non comprise. La stratégie du capital financier doit être non formulée, nous irions plus loin, elle doit être inconsciente. Ses gestionnaires ne doivent pas l’appréhender, ils doivent agir malgré eux, au nom d’une logique à laquelle ils n’ont pas accès.

Au plan économique, la stratégie du capital financier c’est: l’austérité, le chômage, la productivité, l’inflation subreptice et bien sûr, la création monétaire en veux-tu en voilà.

Au plan politique, c’est l’alternance qui permet la répartition des tâches entre la fausse droite et la fausse gauche pour gérer les différents moments de la crise. Quand un coté est usé, on prend l’autre. C’est bien sur le dépouillement des libertés réelles et leur remplacement par les libertés formelles, le droit de vote, les droits de l’homme et autres balivernes.

Au plan moral, c’est la permissivité, la destruction des valeurs et des principes, il faut libérer les désirs n’est-ce pas! Tout doit devenir un marché, y compris les déviances.

La stratégie du capital financier, ce n’est pas un Projet, ce n’est pas écrit, ce n’est pas une concertation, encore moins un complot, non c’est une pratique. Une pratique éclatée, sans logique apparente, sans but autre que le soi disant court terme et la solution des problèmes au fur et à mesure qu’ils se posent. L’atout de la stratégie du capitalisme financier c’est l’escamotage des fins, l’escamotage du sens et la dictature du court terme. C’est pour cela que nous utilisons souvent les concepts de la psychanalyse, de l’inconscient et de ce qui est refoulé. Le capitalisme financier c’est une structure, une logique inconsciente. Inconsciente, hors de portée de la conscience de celui qui en est le gestionnaire. Celui-là n’en sait rien et surtout, il n’en veut rien savoir, cela nuirait à son efficacité. Nous abandonnerons, pour une fois,  la psychanalyse pour conclure avec Bergson: le capitalisme financier, « c’est  une finalité sans représentation de fin ».

 

 BRUNO BERTEZ Le Dimanche 19 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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