Art de la guerre monétaire et économique

L’Edito du Samedi 20 Décembre 2014: La Grande Réconciliation commence, elle commence avec le pétrole Par Bruno Bertez

L’Edito du Samedi 20 Décembre 2014: La Grande Réconciliation commence, elle commence avec le pétrole Par Bruno Bertez

Le présent texte est un essai, il présente comme acquis ce qui n’est qu’ébauché, la Grande Réconciliation. Dans la réalité, ce processus sera hésitant, chaotique et de temps à autre interrompu. Cependant, notre pari est que la Lévitation qui domine le monde depuis … de nombreuses années,  a pris un coup fatal.

Nous voudrions reprendre l’une de nos distinctions majeures en matière d’analyse des marchés. Cette distinction majeure est la suivante. Ce que l’on constate sur les marchés constitue des signes, des symboles du monde physique. Ces signes, ces symboles, représentent ce que nous appelons très souvent l’ombre des choses. De la même manière que notre ombre, projetée sur le sol, plus grande ou plus courte, constitue la projection de notre corps. D’un côté, il y a notre corps qui est tel qu’il est en lui-même et, de l’autre, il y a son ombre projetée. Et cette ombre peut être plus grande ou plus courte, avoir des dimensions très différentes de notre corps physique en fonction de la position du soleil. Le monde des ombres, des signes financiers, ce sont les marchés, l’équivalent du soleil dans l’analogie c’est la Fed.

L’ombre est corrélée à notre corps, elle a à voire avec lui, mais, en même temps, elle le déforme.  Et ce que l’on cote sur les marchés, les cours, les indices, les dérivés, ce sont des ombres, des signes, des symboles. Le réel, en tant que tel, existe bien entendu, mais il nous échappe. Nous ne connaissons du réel d’abord que nos perceptions physiques, ensuite que les constructions théoriques de notre intelligence, plus ou moins scientifiques d’ailleurs, et enfin, la résultante de tout cela, la projection des signes sur les marchés. Leur ombre chinoise, pourrait-on dire si la Chine était encore à la mode.

Nous avons très souvent développé l’idée complémentaire suivante. Les marchés sont un jeu d’ombres et, en tant que tels, ils ont la possibilité d’avoir une vie autonome, cette vie étant hypercomplexe puisque fonction de l’enchevêtrement d’univers multiples, l’univers des ombres, l’univers de nos perceptions, l’univers du réel en tant que tel. Nous avons poussé plus loin et suggéré l’idée que le fond de la modernité, c’était la séparation, la possibilité de disjonction du corps et des ombres, du physique et des signes. La modernité c’est la tentative folle de libérer les signes du poids du réel. Cette modernité se donne clairement à voir dans cet univers précurseur qu’est celui de l’art.

Nous sommes persuadés que ce que l’on appelle la financialisation ou financiarisation, c’est ce processus de déconnexion entre les ombres d’un côté et le monde physique sous-jacent. La financialisation a consisté à rendre quelque chose qui est solide, inerte, épais, donc difficile à manipuler, manipulable. On peut difficilement manipuler le monde réel, mais en revanche, on peut très facilement manipuler le monde financier. Le monde réel est celui de la gravitation ; le monde des signes c’est celui de l’apesanteur. Le monde physique c’est celui du sang , l’univers synbolique c’est celui de l’ether, du vent.

On peut manipuler le monde des ombres par un tour de passe-passe. Le tour de passe-passe consiste à faire oublier aux intervenants sur les marchés que lorsqu’ils opèrent sur un « papier », lorsqu’ils opèrent sur un signe, lorsqu’ils opèrent sur une ombre, et bien, en réalité, ils font un échange. Le tour de passe-passe consiste à escamoter ce contre quoi les papiers sont échangés. Et dans tous les cas, les papiers sont échangés contre quelque chose qui se fait oublier dans le système, c’est-à-dire la monnaie. Lorsqu’on dit que l’or vaut 1220$ l’once, on escamote le côté droit de l’équivalence, cette équivalence qui se formule 1220=X$. En escamotant la partie droite de l’équation d’équivalence, on crée une illusion. Cette illusion est que le prix est indépendant de la quantité de liquidités en dollars qui se trouve dans le système.

Si vous nous avez suivis, si vous acceptez comme nous, l’hypothèse que la financialisation ou financiarisation produisent de la déconnexion, libèrent des ombres du poids du réel, alors vous comprenez le secret des Pouvoirs qui sont censés exercer la responsabilité de la conduite des affaires. Leur Pouvoir n’est jamais que celui de manipuler les ombres à la faveur de l’escamotage de l’équivalence monétaire, leur Pouvoir est de créer l’illusion que, quand les ombres s’agitent, le Réel fait de même et dans le même sens. Bref, ce que l’on appelle la régulation par les responsables de la conduite des affaires, Banques Centrales et gouvernements, n’est jamais que leur jeu sur le théâtre des ombres.

Très peu de gens ont conscience de cette réalité objective et scientifique, à savoir que les ombres ne sont pas le Réel. Ils en ont quelquefois l’intuition bien sûr, mais celle-ci est rarement poussée au terme de sa logique. Pourquoi ? Parce que les responsables de la conduite des affaires ont élaboré de nombreux écrans de fumée. Les écrans de fumée, ce sont des théories, ce sont des modèles, ce sont des corrélations comportementales, ce sont des bluffs, ce sont des prophéties qui se réalisent d’être crues. L’un des exemples que vous avez tous présent à l’esprit, c’est celui du wealth-effect. Le fait de jongler avec les signes monétaires, c’est-à-dire avec les ombres, afin de provoquer une hausse de toute la troupe du théâtre financier, n’a en soi aucune incidence sur la demande globale adressée aux économies et sur la croissance. Pas plus que de rajouter des zéros dans des livres de comptes. Mais si l’on développe une théorie qui permet de faire croire, sous un dehors scientifique, que la hausse des valeurs mobilières produit une demande fondée sur l’enrichissement fictif, alors on obtient un petit frémissement du monde réel qui fait croire que la théorie est vraie. Certes, les résultats ne sont pas probants, certes ils ne sont pas spectaculaires, mais il y a toujours des prophètes et des gourous du Système pour soutenir que si, mais si, cela marche, et que si cela ne marche pas, c’est parce que l’on n’en n’a pas fait assez. Comme bien entendu, on ne sait pas et que de l’ignorance ne jaillit aucune certitude, alors les gens ont tendance à gober, à croire que cela marche et que si cela ne marche pas, c’est parce que l’on n’en n’a pas fait assez.

Les conservateurs qui opèrent sur le marché de l’or ont plus ou moins une conscience de ce qui se passe. Ils n’ont pas poussé les réflexions très loin. Au fond d’eux-mêmes, ils savent que la manipulation des signes est une incantation, une illusion, et que, tôt ou tard, le pot aux roses sera découvert.

Il y une autre catégorie de gens qui partagent cette analyse. Ce sont ce que nous appelons les « fondamentalistes ». Un fondamentaliste, c’est quelqu’un qui croit que, sur le long terme, peu à peu,  c’est la réalité qui finit par se manifester. Ils croient à ce que nous appelons la Grande Réconciliation. Ils croient à l’inéluctable convergence entre, d’un côté, ce fameux monde des signes, et des illusions et, de l’autre, le monde tel qu’il existe, le monde épais, solide, fait d’efforts, de sang et de larmes.

Cette analyse, qui se penche sur  la racine même du Système dans lequel nous vivons, a été appliquée à l’or comme nous l’avons dit, mais aussi à la valorisation fondamentale des actions, des obligations, des bonds, et même des dérivés.  En revanche, nous ne l’avons pas vu esquissée s’agissant de la valeur centrale de notre système que constitue le pétrole.

S’il y a bien quelque chose qui est central dans notre système, ce n’est pas l’or, ce n’est pas le dollar, ce ne sont pas toutes les illusions que les grands prêtres entretiennent à la faveur de leurs écrans de fumée, non, c’est l’énergie. Sans énergie, pas d’activité économique, sans énergie disponible, il n’y a pas de croissance démographique, économique et de production de richesses.

La financiarisation du pétrole, puisque c’est là où nous voulons en venir, a été relativement tardive. Si nous observons les graphiques historiques, nous la datons de 1997/1998. C’est au cours de ces deux années que le marché du pétrole papier s’est étoffé. Il y a eu une bouffée de financiarisation de 1997 à 2000. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’au cours de ces années, le volume des transactions réalisées sur le marché des Futures du pétrole a commencé de s’étoffer et à devenir prépondérant par rapport au marché du pétrole physique. En d’autres termes, et nous y insistons, c’est après 1997 que l’on a constaté une tendance au gonflement des volumes de transactions sur le WTI. Et c’est au même moment que l’on a constaté une envolée des prix du pétrole corrélée aux volumes des transactions sur le WTI, mais relativement autonome par rapport au marché physique du pétrole. Ceci signifie que c’est à  cette époque que s’est produit la déconnexion initiale.

De 2000 jusqu’à 2005, la déconnexion s’est consolidée, l’ombre des transactions sur le marché du pétrole papier s’est de plus en plus séparée du corps physique que constitue  le pétrole réel. La pente des courbes a eu tendance à s’accélérer jusqu’en 2005, disons-nous.

A partir de 2005/2006, une nouvelle phase s’est construite. Le volume des transactions sur le Future WTI a explosé et le prix du pétrole-papier a explosé dans les mêmes proportions. Alors que l’on était dans la zone des 40$ le baril, on est passé de 2005 à 2010/2011 à des niveaux de 100/120$ le baril. L’explosion des volumes de transactions sur le pétrole-papier est quasi parfaitement corrélée avec l’explosion des prix du pétrole de 40 à 120$. Notons bien que, pendant tout ce temps, la production pétrolière mondiale est restée sur ses tendances antérieures, c’est-à-dire très légèrement ascendante.  Ceci signifie qu’à partir de 2005, c’est le monde financier qui a pris le contrôle de la variable centrale de l’économie mondiale, à savoir le prix du pétrole. Le prix a cessé d’être déterminé par le rapport entre l’offre et la demande physique, mais il a été déterminé par le rapport entre l’offre et la demande de pétrole-papier.  En 2005, le volume des transactions sur le pétrole-papier a représenté 4 fois le volume sur le pétrole physique. En 2011, le volume des transactions sur le pétrole-papier est monté jusqu’à 6 fois le volume des transactions sur le pétrole physique.

Pour ceux qui voudraient imaginer le graphique correspondant, il suffit de se figurer un escargot en marche arrière, les cornes tournées vers l’année où tout a commencé (1997) et la queue tournée vers le futur, c’est-à-dire l’année 2014. Une autre représentation possible est celle d’une hernie, les années 2005 à 2011 faisant ressortir le maximum de la hernie, puis ensuite, sa pente déclinante. Pente déclinante que l’on peut commencer de prolonger maintenant en reprenant notre image de l’escargot, c’est-à-dire celle de sa queue.

Un mot d’explication. Le pétrole-papier a cessé d’exprimer en 1997 les anticipations sur l’évolution de l’offre et de la demande de pétrole physique. Le pétrole-papier  a changé de statut. Il est devenu le reflet des préoccupations monétaires. C’est à cette époque en effet, à la faveur de la crise des pays asiatiques, que l’on a commencé la politique de dépréciation, dévalorisation, dévaluation, debasement, du dollar. Pour lutter contre la disparation de la liquidité en dollars provoquée par la crise, on a ouvert les robinets et inflaté par conséquent la monnaie mondiale.

Les investisseurs, considérés dans leur ensemble, sont au moins aussi intelligents que la Fed. Ils ont compris que ce debasement du dollar se traduirait par une perte de sa valeur, par sa dévaluation contre les marchandises réelles. C’est à ce moment que les grands hedge funds, les fonds de pension, les fonds souverains, ont commencé à acheter du pétrole-papier, non pour le consommer, mais pour se protéger contre la dépréciation de la monnaie. Certains grands intervenants financiers ont même acheté des cargaisons. Le pétrole a donc radicalement changé de statut. Il a été considéré non comme une source d’énergie, indexée sur la croissance économique, mais comme une réserve de valeur.  La suite, vous la connaissez, les créations monétaires de toutes sortes, la répression financière, la Quantitative Easing, tout cela a renforcé ce statut de réserve de valeur.  La hernie a gonflé chaque fois que l’on réinjectait des liquidités, à chaque fois que la menace sur la valeur de la monnaie mondiale se reprécisait.

Nous sommes arrivés en 2013 avec la perspective d’un arrêt des politiques monétaires non-conventionnelles américaines. Le pétrole s’est alors établi plus bas et il a trouvé un plateau autour ou en-dessous des 100$. La Réserve fédérale américaine confrontée à la dislocation des marchés dits de risk-on au printemps 2013 a pris peur. Elle a décidé de prolonger son Quantitative Easing et de gérer de façon extrêmement prudente son éventuelle sortie des politiques de printing. Ceci explique le plateau, certes en-dessous des maximums, mais plateau élevé des prix du pétrole. La dislocation des marchés n’a été que retardée car, à l’automne 2014 cette fois, il a fallu passer aux actes. L’arrêt du Quantative Easing est devenu une réalité. Le debasement du dollar allait cesser. Le dollar est devenu plus désirable. Tout à fait logiquement, le marché du pétrole-papier a commencé à vaciller. Les cours ont commencé de se replier d’abord doucement, puis ensuite de façon accélérée.

Et ce qui est frappant, c’est qu’au fur et à mesure de la dégringolade des cours, est réapparu l’argument du marché physique du pétrole. Au cours de cette dégringolade, on a repris conscience du fait que le pétrole, finalement, c’était de l’énergie, que la demande ralentissait  et qu’à l’inverse l’offre était excédentaire.  Bref, tout s’est passé, tout se passe donc comme si on redescendait sur terre, et même sous terre s’agissant du pétrole, et que le poids du réel physique reprenait le dessus sur les illusions du monde des signes. Ce que le pétrole donne à voir maintenant, c’est le spectacle d’une tentative de réconciliation entre le monde des ombres et le monde des réalités physiques.

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Ce n’est pas un hasard si, mercredi 17 Décembre, le communiqué « dovish » de la Fed a provoqué une hausse brutale de 9% des cours du pétrole. C’était tout à fait voulu car la Fed a peur du chaos et elle a réagi. Cela a eu l’effet attendu. En suggérant qu’elle serait « patiente » pour mettre fin aux politiques non-conventionnelles, Yellen a redonné un semblant de vie artificielle au monde des ombres. Le zombie du pétrole-papier a redonné l’apparence d’une étincelle de vie.

Le reste a suivi. Tout le complexe du risque a trouvé un soutien grâce au rebond du pétrole-papier, les marchés d’actions se sont envolés, le reste, c’est de la petite histoire puisque, comme d’habitude,  les vendeurs à découvert imprudents se sont fait  « tarter » et qu’ils ont dû se racheter en panique.

Beaucoup d’observateurs considèrent que l’échec de la réunion de l’OPEP à réduire la production de pétrole s’explique par la volonté de l’Arabie saoudite de reprendre le contrôle du marché. Le responsable saoudien a en effet déclaré en substance qu’il n’y avait aucune raison de réduire la production (de pétrole physique) et qu’il fallait laisser le marché en découvrir le vrai prix. Les gens ne semblent pas avoir prêté attention à la formulation utilisée par ce responsable saoudien : le marché. De quel marché parle-t’il? Celui du pétrole papier ou celui du pétrole physique gouverné par l’offre et la demande réelles ? Nous faisons le pari qu’il s’agissait du marché physique.

Ce qui importe en termes géopolitiques, en termes d’avenir de l’Arabie saoudite, en termes de stabilité de son régime, c’est le vrai marché du pétrole, celui qui est sa seule richesse et  qu’elle vend. Ce n’est pas le marché du pétrole papier dominé par les spéculateurs et des considérations extérieures à l’équation de l’énergie.  Compte tenu de sa taille, compte tenu de sa situation géopolitique, l’Arabie saoudite est intéressée au vrai marché du pétrole. Et ce que le Saoudien voulait dire, c’est qu’il souhaite que la hernie soit crevée, que la coquille de l’escargot soit brisée et que la réconciliation entre le marché du pétrole-papier et le marché du pétrole physique se produise. Bref, il souhaite comme tout vrai producteur que le marché redescende sur terre, car c’est là que se situe son pouvoir.

La survie du royaume saoudien est doublement liée au vrai marché du pétrole. Pour deux raisons. D’une part, il est producteur physique, il entend le rester et conserver un rôle majeur ; d’autre part il sait que s’il est marginalisé comme producteur de pétrole,  alors il ne sera plus qu’un pion négligeable sur l’échiquier géopolitique et militaire. L’Arabie saoudite a son destin lié à la fois à sa position  en tant que producteur pétrolier majeur, mais en même temps à la position clé qu’elle représente sur ce marché, position clé qui oblige les Occidentaux à assurer sa protection militaire. L’opération en cours peut s’analyser comme une opération de régularisation au cours de laquelle on va dégorger le cancer de la spéculation sur le pétrole papier pour redonner la priorité au marché du pétrole physique. Car c’est sur ce marché que l’Arabie saoudite est un intervenant majeur. Un intervenant qu’il convient de ménager.

Dans cette optique, on peut aussi avancer l’interprétation suivante.  La Russie, finalement, est objectivement solidaire de l’Arabie saoudite. Elle a intérêt à ce que l’évolution des prix du pétrole soit gouvernée par le marché physique et non par la spéculation dominée par les Américains. Tout pays qui a une vision à long terme ne peut que raisonner ainsi. Certes, la régularisation en cours est douloureuse puisque la prime spéculative du pétrole disparait, mais d’un autre côté, les données fondamentales vont progressivement reprendre le dessus et elles sont au bénéfice de ceux qui sont les vrais producteurs de long terme, des producteurs à des prix économiques, attrayants et extrapolables.

Le dégorgement actuel du marché du pétrole-papier va balayer, d’une part la frange spéculative du marché, c’est une évidence. Ces spéculateurs aux petits pieds vont prendre une leçon terrible et il y a fort à parier qu’on ne les y reprendra plus. Ensuite, d’autre part, tout le mouvement d’extraction  de pétrole coûteux, marginal, non économiquement rentable va être interrompu. Il va se trouver stoppé dans un premier temps et va rétrograder dans un second. Il est évident en effet que les productions alternatives de pétrole (Shale etc) vont augmenter pendant un an ou deux car les producteurs marginaux sont pris à la gorge et il faut qu’ils extraient au maximum afin d’éviter la faillite, mais qu’au-delà de ce délai,  la production va quasi stopper. Par ailleurs, la grande  substitution  du gaz au pétrole qui dure depuis le milieu des années 80 et qui a été restimulée à partir de 2005, cette concurrence va se trouver freinée. Les prix du pétrole avaient évolué en fonction de considérations financières, le pétrole est, de ce fait, devenu vulnérable à la concurrence du gaz. En cassant le marché du pétrole-papier, c’est la concurrence du gaz que l’on casse du même coup.

Nous avons dit que le pétrole était la variable centrale réelle du Système. Cette affirmation nous conduit à considérer que les effest de la Grande réconcialition en cours, vont se propager. Comment ? Nous n’en savons rien, car ce sera une question de hasard, d’opportunités, de catalyseurs. La transmission la plus probable sera certaienement financière, par le moyen de destruction de valeurs-fausses valeurs- en chaîne. Peu à peu les conditions se mettent en place pour que les invariants que l’on a mis en place depuis 1997, 2000, puis 2009 et suivants, s’effondrent un à un.

Les conditions , ces conditions d’une fin de la lévitation,  sont évidentes :

  • -Fin du Taper.
  • -Changement de politique et ralentissement Chinois.
  • -Contestation du régime monétaire mondial.
  • -Peur de l’Arabie Saoudite pour son avenir.
  • -Dislocation du Moyen-orient.
  • -Fragmentation du monde global.
  • -Montée de la pénurie de liquidités en dollars.
  • -Déflation chez les émergents, en Europe, au Japon.

 BRUNO BERTEZ Le Samedi 20 Décembre 2014 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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22 réponses »

  1. Excellente démonstration bravo !
    Permettez-moi d’avancer une idée de novice en économie : il semblerait qu’il ressorte de tout cela que le « gold standard » refuge reste pour l’heure encore le dollar, malgré les QE successifs qui ont pourtant gonflé le bilan de la FED.
    OK, il y aura réconciliation avec le réel, mais le réel ne sera-t-il toujours pas fait de Dollars hélas (tant que les USA auront le contrôle du système financier) ? Ceux des Dollars avec un grand D ou un grand $ : lorsque la bourse chutera « réellement », et tout le reste avec, qui aura les moyens d’empêcher les USA de faire avec leur monnaie un pseudo contrôle des changes : dollars US réservés aux Américains ? Quant aux dollars détenus par les étrangers ben cela, « c’est votre problème »…
    Et nous serons Grosjean comme devant.
    Mais si j’énonce ici une ânerie, dites-le moi…

    • Sur les supposés « QE successifs qui ont pourtant gonflé le bilan de la FED », ami lecteur, je vous invite à consulter le blog de Chevallier (.biz) et prendre connaissance de ce que le monétarisme révèle (mesure des masses monétaires), à savoir que le bilan de la FED est plus sain que ce qui est dit ; le bilan de la BCE est nombre de fois plus alarmant.

    • Vous avez des intuitions qui peut-être visent juste, mais elles constituent des raccourcis qui peuvent être trompeurs. Avoir une vision juste, mais qui ne se révèlera correcte que dans très longtemps est aussi dangereux qu’avoir des intuitions fausses.

      La Grande Réconciliation qui peut etre se profile à l’horizon, ce n’est pas équivalent à la chute du dollar, au contraire.Le nouveau visage de la crise, c’est la hausse du dollar. Je vais essayer d’être schematique, donc réducteur.

      Depuis que l’on a découvert les délices de la dérégulation, on a réussi à libérer la création de dettes de la possibilité de les rembourser. Il n’y a plus de limites à la production de dollars et à l’accumulation de dettes ou de promesses.

      La dérégulation est soeur de la globalisation/mondialisation en ce sens que si on a pu créer des dettes, des dollars c’est parce que certains les acceptaient, certains acceptent de les détenir sans les remettre sur les marchés, ou les renvoyer à leur émetteur. C’est ce que Greenspan appelait à juste titre le « savings glut ». Il y avaient des agents économiques dans le monde qui gardaient, envers et contre tout, ce que les producteurs de dettes et de dollars fabriquaient. Ces gens accumulaient ce que l’on appelle des balances-dollars. Comme il y avait une demande pour les actifs financiers américains, ces derniers en ont profité, ce qui est logique. On retrouve l’argument des conseillers de Reagan, qui disaient que si les USA étaient en déficit c’est parce en symétrie, il y avait une demande d’actifs financiers US. Cette demande équivaut en effet à une baisse des taux d’intérêt et à une baisse du taux de rentabilité des actifs financiers. Le monde est un tout et si certains achètent des actifs financiers, alors cela veut dire qu’ils encouragent les déficits et les dettes des autres . C’est incontournable.

      La crise de révulsion du crédit en 2007/ 2008 constitue un avertissement qui peut s’interprêter comme suit: le système produit trop de dettes, trop de crédit et une partie de ce crédit ne sera jamais remboursé ou honoré. Le déclencheur a été le secteur des subprimes du logement, mais cela aurait pu être un autre secteur comme le secteur du Private Equity. Le subprime a été le maillon faible, mais ce n’était qu’un symptôme, du mal plus profond qui était l’excès de crédit dans le système.

      On n’a pas voulu ou pas pu laisser se produire ce qui se produit lors des excès de dettes et lors des crises de surendettement, et au lieu de laisser faire les faillites, les moratoires et restructurations de dettes, on a chois la fuite en avant. La fuite en avant c’est la création monétaire pour sauver les créanciers, c’est à dire les banques, le shadow banking et les marchés et les trésors publics. Car les quatre sont solidaires je vous le rappelle depuis la dérégulation. On empaquette les crédits pour les vendre sur les marchés aux institutions, caisses de retraites, assurances etc et les trésors publics sont serfs du système bancaire pour la couverture de leurs besoins financiers.

      Donc on a choisi de « printer », « printer » c’est le nom moderne de la planche à billets, c’est à dire le nom pudique que l’on donne au gonflement du bilan de la Banque Centrale. La banque centrale achète, monétise des actifs financiers et pour payer ces achats, elle crée, à partir de rien de la monnaie.

      La justification de ce printing est simple, très simple: il permet de créer de la monnaie pour acheter des actifs financiers, soit des mortgages, soit des emprunts d’état. Ce faisant le printing fait chuter les taux de rendement des mortgages et ceux des fonds d’Etat. Donc plus on printe et plus on achète, et moins ces actifs financiers dits « surs » rapportent. Ceci déclenche chez les investisseurs une pénurie de rendement, ils se font concurrence entre eux pour obtenir le moindre rendement. C’est le « search for yield » généralisé. le search for yield est devenu équivalent au search for risk; partant de l’idée imbécile que plus un actif est risqué et plus il rapporte, c’est la théorie financière dominante. Donc les rendements chutent partout et de plus en plus, au fur et a mesure que le bilan des banques centrales grossit. Les obligations montent, les actions ‘envolent, on cherche le risque, la spéculation. Les commodities sont recherchées. Elles sont recherchées pour une idée, elle aussi fausse, qui est qu’elles constituent une protection contre une éventuelle dépréciation du dollar!

      Les commodities sont recherchées, mais, c’est là ou le bat blesse, elles ne peuvent, à la différences des actions et obligations monter jusqu’au ciel car elles sont physiques, elles sont utiles. Voila le drame; il y a une limite à la lévitation des commodites et c’est pour cela que lors du QE 3 elles ont très peu monté. Tout au plus, elles ont plafonné à des niveaux qui n’avaient pas de rapport avec la vraie demande physique. Par ailleurs, peu à peu, il est apparu que les mesures non conventionnelles étaient un échec, elles ne provoquaient pas la reprise économique et la croissance espérées.

      A la faveur de la search for yield, les banques ont offert ce qui était demandé, des produits de plus en plus risqués, voire des produits pourris, des Corporate High Yield, des leverages bonds et autres cochonneries souveraines. N’importe qui, Corporate ou pays souverains est venu solliciter le marché international des capitaux et a bien sur emprunté en dollars surabondant, à des taux défiants toute concurrence. Ces émetteurs à risque se sont endettés en dollars, donc ils ont des dettes en dollars, ils doivent des dollars.

      En juin 2013 Bernanke évoque la fin du Taper. Cela signifie la fin de la production illimité de dollars par le système, car les dollars de la Fed sont leveragés, multipliés par les bilans des banques commerciales et banques d’investissement du monde entier. Toute banque qui gonfle son bilan en dollars pour financer soit des crédits, soit des spéculations se comporte comme un multiplicateur de dollars. la liquidité mondiale en dollars repose sur ce multiplicateur, pas simplement sur le printing de la Fed.

      Donc avec le Taper, on s’achemine vers une réduction de la liquidité globale en dollars, vers des liquidations de portefeuilles qui détiennent des actifs à risque, c’est à dire des emprunts Corporate High Yield, des Junks, des emprunts souverains de deuxième qualité et bien sur des matières premières et du pétrole-papier.

      Le dollar commence une tendance haussière et le dollar index casse ses plus hauts, il grimpe de 10%. Les emprunteurs en dollars voient leur dette augmenter en valeur, ils cherchent à se couvrir et ils renchérissent sur la hausse du dollar; ce qui a un effet déflationniste sur les commodities puisque leurs prix sont exprimés en dollars.

      La mécanique qui est mise en branle au niveau mondial est terrible, elle est inéluctable et n’épargne rien car de proche en proche on remonte l’échelle du risque, des commos aux emprunts pourris, puis aux emprunts Corporate et aux souverains de mauvaise qualité. Et le bilan des banques commence à se détériorer, elles ont des inventaires surévalués, des stocks invendables etc; donc elles liquident, fuient le risque et réduisent leurs prêts. Cela se voit clairement aux USA en ce moment et pas seulement dans le secteur du Shale.

      C’est la contagion.

      La contagion est d’autant plus redoutable que la Chine est en difficulté et donc ralentit, ce qui pèse sur les commos et l’énergie, tandis que la guerre contre la Russie, l’Iran, le Vénézuela force ces pays à vendre à n’importe quel prix leurs ressources. Si vous ajoutez la volonté des Saoudiens de reprendre le contrôle du marché du pétrole , vous avez une caricature de la situation actuelle.

      Et plus cette situation va se développer, plus la fuite devant le risque va prendre de l’ampleur et plus le système va avoir besoin de dollars pour déleverager; car déleverager c’est réduire son risque, c’est rembourser les dollars que l’on a empruntés.

      Donc ce qu’il faut à tout prix comprendre, c’est que la crise actuelle se traduit par l’inverse de ce qui s’est passé les années précédentes, à savoir un besoin un appétit pour le dollar. Le dollar se renforce voila le fond de la situation.

      Pour l’instant les USA tergiversent. ils ont fait le taper, mais ils n’arrêtent pas de repeter que la hausse des taux n’est pas pour demain. Yellen vient de dire qu’elle serait patiente avant de monter les taux.

      De fait si elle montait les taux maintenant, elle accélèrerait le deleveraging, amplifierait la fuite devant le risque, ferait galoper le dollar, effondrer les commos et ceci risquerait de destabiliser le système bancaire. Par ailleurs, cela ferait chuter les périphériques européens, ce dont les USA ne veulent pas.

  2. remarques

    « l’équivalent du soleil dans l’analogie c’est la Fed » (ou l’or via le prisme de la fed ;-))

    la gestion de la crise par la Russie sur le rouble et l’arabie saoudite sur oil est identique:
    « on laisse flotter
    « ça va être long (sinon un puit aux us c’est 2/3trimestres de prod une fois qu’il a été construit)
    =>la these du complot us + arabie saoudite est un peu stupide
    Ne serait-ce que parce que les saoudiens sont très bien placés pour savoir ce que peut produire un complot avec les US à l’instar du complot /blancseeing qu’avait obtenu saddam pour le koweit

    dans le meilleure des cas,on peut penser que l’arabie saoudite fait une crise d’adolescence vis à vis de son papa
    dans le pire des cas, on peut penser que le systeme est en train de perdre les pedales
    une autre hypothèse est qu’il s’agirait pour la fed de réprimer de l’inflation suite à par exemple trop de QE notamment celui des jap
    j’ajoute que la première guerre du golfe était aussi une opération visant à détruire du dollar jugé comme excédentaire (le faire monter)

    Dans le pire des cas, le ratio empirique raymond Barre 1kg d’or = 10barrils OIL va redevenir à la mode. ceci est peut etre une bonne nouvelle pour la fed.

    Puis si toute la gamme des commo part alors durablement en lambeau alors par exemple : tout ce qui aura été construit ou investi en Capex par exemple en Chine depuis 2009, devra être déplacé comptablement de l’actif et placé en charge ou comme une dette (de même pour le schiste US mais ça on le savait lol)

    Fondamentalement (hors action des banques centrales) c’est la chine qui a choisi de prendre le relais en 2009,
    alors sauf si la fed achete directement de l’oil ou si on découvre 2milliards d’esclaves d’ici un an je ne vois pas pourquoi nous n’irions pas revisiter les prix de 2000 sur OIL

    Pour finir, à propos du passage sur le papier oil et la quantité de contrats qui a permis de satelliser haut les prix de l’oil (ce qui ne peut se produire qu’après l’assentiment des politiques CFTC…): c’est la raison pour laquelle le flash trading ne risque pas d’être interdit…le flash trading est un supplétif de la fed

  3. Bravo pour cette analyse brillante. J’y ajouterais néanmoins une composante non négligeable ; celle de la prise du pouvoir par les algorithmes à haute fréquence. Cet avénement accentue considérablement le pouvoir de manipulation des marchés par ceux qui en ont les capacités techniques et financières.

    Le marché n’évolue que dans 2 dimensions : l’espace et le temps or la relation entre ces 2 dimensions a été complètement bouleversée par le trading à haute fréquence. C’est de plus en plus le prix qui fait la psychologie (ou ce qu’il en reste…) or le THF donne le pouvoir de retourner la psychologie (ou simplement d’entrainer la masse des robots suiveurs) très vite par des mouvements de blitz.

    On a vu récemment 2 attaques baissières sur les marchés d’actions qui ont été retournées avec une vitesse inédite alors que rien ne semblait le justifier fondamentalement. On a le sentiment que quelqu’un à appuyé sur le bouton « stop demi-tour »… Biensur et comme vous le dite, la punition est toujours pour les mêmes ; les vendeurs.

    Pour conclure je dirais que les marchés ne sont plus dans une simple déconnexion mais carrément dans la virtualité.

    Il s’agit d’un nouveau pardigme qui nous perturbe tous et explique selon moi que le retour à la réalité soit si lent.

    • Seb dit : … »les marchés n’évoluent que dans 2 dimensions…l’espace et le temps » ( mais espace 3 dimensions + temps = 4).
      J’avoue ne rien y comprendre ?! L’espace et le temps sont ici réduits à 2 dimensions. Comment cela marche ou le peut-il ?
      Ou bien les marchés évolueraient dans les 2 dimensions d’un espace à 4 Dimensions ( espace-temps autrement notre monde) ? Ou bien avez-vous voulu dire que les marchés sont tellement virtuels qu’il n’évoluaient plus que dans la dimension temps ? Et qu’ils sont décorélés de l’espace à 3 dimensions qui caractérise notre réalité ? Sommes-nous dans une économie quantique ? Sans le savoir ? Sommes-nous maltraités par des intrications qui nous dépassent ? Sommes-nous dans des champs de potentialité dont nous savons rien ? Que savons-nous des ombres que nous croyons discerner et analyser pour être le signe manifeste d’une réalité ? Qu’est-ce la réalité dans ce cas ? Un raisonnement est-il encore la manifestation d’une intelligence ? D’une intention ? De quoi parlons -nous en fait ?
      Bien…l’axe central est bien l’énergie ça ne fait pas « l’ombre » d’un doute ! Et le pétrole est le véritable pouvoir et la réalité son champs d’application ! l’Arabie vient de se réveiller , il était temps ! Il est grand temps de reprendre les rennes ( c’est bientôt Noël) et je ne sais d’ailleurs pas si la Russie est aussi mature ? Mais elle devrait finir par comprendre que son pétrole vaut infiniment mieux que le $ et infiniment plus que le schiste américain ! Que l’illusion financière arrive j’espère à son terme et qu’un rêve n’est qu’un songe et qu’il vaut que pour ceux qui y croient: comme les promesses ! L’Amérique est dans une énième dimension …et à haute fréquence peut-être ? Mais qu’elle y reste. Ce pays manipule des concepts dont il n’a même pas idée. Relire Platon lui ferait du bien, ainsi qu’un abécédaire algébrique et un petit mémento sur la politesse à usage des populations exogènes dont nous faisons partie 🙂
      Sur ce, un très bon article, une bonne analyse qui est novatrice et pleine de prospectives qui alimenteront d’autres pensées je pense. Merci !

    • @SEB

      La technologie est un moyen puissant pour imposer la tyrannie des signes; et ce d’autant plus que les gens ne voient pas l’entourloupe qui consiste à mettre la crédibilité des mathématiques et du calculus au service d’un univers abstrait qui ne reflète pas la réalité.

      La crédibilité scientifique, savante s’applique au monde des signes, car les maths constituent une symbolique, tout comme les modèles, mais cela ne prouve pas que cette symbolique exprime correctement le réel.

      En revanche, les comportements inclus dans les algorithmes fabriquent une prophétie qui se réalise d’être crue, les algos fabriquent et valident des corrélations.

      Si les modèles exprimaient le réel, si ils n’exprimaient pas une idéologie , alors on pourrait faire comme on a cru pouvoir le faire, en 2004,2005 et 2006, on pourrait transformer le plomb en or; les égouts en eau de source, l’insolvable en solvable; or l’enseignement non écouté de 20O8 et 2009, c’est que ces soi-disant modèles scientifiques, ces calculus reposaient sur un invariant, la croyance en la hausse perpétuelle des prix du housing.

      L’idéologie dominante en dernier ressort repose sur l’hypothèse que tout est dérivable, c’est à dire qu’en chaque point d’une courbe il existe une tangente, or cela a été démontré comme étant faux.

      L’invasion, la réintroduction du réel, c’est l’intrusion du non dérivable.

      Ici l’hypothèse fausse, l’invariant qui s’effondrera, c’est celui la liquidité infinie et éternelle.

      Pourquoi? Parce que la liquidité n’est pas une donnée, c’est une résultante de la confiance qui permet de créer autant de signes monétaires que l’on veut ou a besoin. La liquidité est fonction de la demande de monnaie or les Maîtres ne maitrisent pas la demande de monnaie dans certaines circonstances, elle leur échappe; et elle devient imprévisible.

      • J’ai tendance à considérer que la demande de monnaie, cash et dépots (et par extension de Treasuries et Bunds), l’attrait de la détention de monnaie est centrale. Elle est centrale dans le dispositif actuel mis en place depuis la crise de 2008/2009.

        Les actions des banques centrales s’analysent comme des actions qui ont visé à rendre la détention de monnaie bancaire, dépôts et cash non désirables, bref à en faire des actifs inférieurs dont on a envie de se débarrasser.

        Faire monter les prix des actifs à risque, actions, obligations, mortgage, emprunts High Yield c’est faire en sorte que leur détention soit plus attrayante que celle du cash ou des dépôts à vue en banque.

        Autrement dit, on essaie de déprécier la monnaie, cash et dépôts en regard des autres assets.
        Il faut donner aux gens l’impression qu’en gardant le cash, ils perdent quelque chose. Le paramètre central de ce processus, c’est la manipulation du risque perçu; il faut en effet que le risque de conserver son cash soit perçu comme supérieur à celui que l’on court en l’employant.

        Attention les deux risques ne sont pas de même nature. Le risque de celui qui conserve son cash n’est pas du même ordre que le risque de celui qui achète des actifs risqués, mais psychologiquement, les deux sont perçus comme des risques, car le risque de ne pas participer à la hausse est difficilement supportable par les gens. Ils n’aiment pas le manque à gagner, ils supportent mal l’envie et l’impression frustrante de tout rater.

        Si la perception du risque se modifie, comme c’est le cas en ce moment, ce qui est attesté par la volatilité qui enfle, si la perception du risque se fait plus aigüe, alors on vend l’échelle du risque de proche en proche. En commençant par les emprunts distressed, le High Yield, les actions des émergents, les commodities, les producteurs de commodities, les devises commodities et celles des émergents et on est en quelque sort acheteur de cash.

        Redonner la priorité au cash c’est revenir sur le cash le moins risqué du système, les Treasuries US. et les Bunds Surtout depuis les menaces de bail-in et de NIRP. A mon avis c’est ce qui se passe en ce moment et les achats sur les fonds d’état US et les Bunds sont le signe d’une révulsion en cours sur les actifs à risque, c’est à dire d’un regain de préférence pour le cash.

        Les choses ne sont pas nettes car on fait tout pour qu’elles ne le soient pas. Ainsi quand le FOMC a annoncé qu’il se montrerait « patient », il a voulu ralentir le mouvement d’attrait pour le cash en suggérant qu’il saurait se montrer généreux et patient dans ses arrosages de cash encore longtemps. Grosso modo c’est comme si il avait dit: « je vais entretenir le surplus, n’ayez pas peur d’en manquer ». Mais ceci, a contrario indique que l’on est bien dans un marché baissier sur les actifs à risque, marché baissier subreptice auquel on tente de s’opposer.

        Cette tentative d’analyse me confirme dans l’hypothèse que l’on est bien dans une ébauche de Grande Réconciliation, et que les responsables de la conduite des affaires essaient de s’y opposer. Le comportement erratique des marchés, l’irrégularité interne de la cote, montre me semble t-il que l’appétit pour le risque faiblit, il devient insuffisant pour tout soutenir, il se concentre. Un jour il est là, un jour il fait défaut, il n’y a plus de tendance de fond, comme si les carnets d’ordres étaient creux , sans profondeur.

    • ça ressort maintenant car c’est un moyen de pression russe pour le pb du rouble ou autre

      obama :
      n’a pas vu que usnavy a shooté un boeing
      mais il a été capable de dire que les russes ont en shooté un ce qui a motivé son invasion de l’ukraine

      =>il est pris au piège ainsi que tout l’establishment européen et grillé
      le levier de cette histoire pour poutine est considérable eu europe: qui va continuer à voter pour une telle bande d’amateurs?

      en ce qui concerne l’us navy je rappelle que hunter biden postulant réserviste (pressenti pour le board d’une cie ukrainienne!) a été contrôlé à la cocaine

      ca ne s’invente pas! c’est vraiment pas de bol lol

  4. « Le présent texte est un essai, il présente comme acquis ce qui n’est qu’ébauché, la Grande Réconciliation. Dans la réalité, ce processus sera hésitant, chaotique et de temps à autre interrompu. »

    Monsieur Bertez, votre brillante incantation n’en demeure pas moins lucide sur la marche du monde financier que vous connaissez si bien depuis si longtemps : les myriades de familles de produits financiers vont-elles s’assécher au rythme du ralentissement de la demande ? On peut l’espérer ; tout en restant conscient que le retour des vrais prix des matières premières risquerait d’entraîner un déflation plus importante sur les revenus, salaires ‘du monde réel) compris…

  5. « La Grande Réconciliation commence, »

    Le réel ne négocie pas, il s’impose, c’est sa seule raison d’être, voilà pourquoi, tout d’un coup, comme par le plus grand des hasards…! nombreux pays essayent de rapatrier leur OR. Ce n’est pas pour son prix… ce n’est pas pour son poids…ce n’est pas pour sa couleur…

    Comme pour l’Or noir, les fraudes du papier ont tout faussé. Nous ne sommes plus dans la rumeur , la précipitation des événements 2014, ce réajustement, Est-Ouest Nord-Sud, est bien visible pour tous, avec cette guerre sur les devises et l’attaque du dieu dollar.

    Il n’est donc pas impossible de voir le marché de l’Or métal s’écrouler de la même manière, tant de papiers sont à leur disposition pour ce tour de passe-passe.

    Chine & US, l’enjeu des enjeux ? La course aux armements n’est qu’une diversion tant la puissance de tire dépasse l’entendement. Non, c’est dans l’ombre, une fois de plus que cela se joue. Le point d’interrogation, n’est simplement là pour prévenir qu’un accord reste plus que probable et même souhaitable. Quant aux terrains de jeux, ils sont multiples et parfois imprévisibles.

    Aujourd’hui un pétrole à bas prix profite directement à la Chine qui augmente ses réserves. L’Arabie reste-t-elle sous l’emprise US-Occident ? Probablement oui, et donc ?

    Oui, l’énergie est une des clés du développement, mais c’est le contrôle monétaire mondial qui se joue d’abord et avant tout aujourd’hui.

    Trop tôt pour dire qui sort son épingle du jeu, mais déjà un grand perdant l’Euro, qui ne représente plus grand-chose dans la construction européenne, mais qui participe grandement à son instabilité. Donc Inflation négative et croissance zéro, admirons ces termes, pour 2015, c’est notre premier cadeau.

    Quand aux US, ils donnent de plus en plus l’impression de patauger , et c’est ce qui inquiète beaucoup de monde.

    Ceci n’est bien sûr qu’une façon de voir la chose.

  6. Une chose est sûre, vos analyses permettent à nous de gagner en lucidité, même dans toutes ces interconnexions si complexes. Une meilleure lucidité génère une meilleure compréhension, et comprendre (même partiellement vu l’étendu de la chose…) est déjà facteur d’un certain apaisement dans ce chaos. Votre travail est donc essentiel pour ceux qui cherchent justement à savoir. Ne connaissant moi-même pas grand chose du milieu boursier, j’ai déjà appris personnellement pas mal rien qu’à vous lire. Or savoir permet de mieux s’adapter, ou en tout cas donne plus de chances… Merci donc de partager vos analyses.

  7. Pourquoi les cirques ne présentent-ils plus d’illusionnistes ,de prestidigitateurs et autres « magiciens »?
    Il y a longtemps qu’ils sont les employés préférés du monde de la finance et du monde politique.
    En fait pour beaucoup,c’est la découverte du monde de l’Ombre et de la Lumière
    qu’on retrouve dans le sens originel
    du Mal et du Bien
    Mais Bruno et son équipe explique l’Homme à travers l’Esprit
    Et comme on réduit une fraction,L’Esprit se concentre en un seul mot:
    à vous de le trouver ! 🙂
    Cet article prouve qu’au plus on cherche,au plus il reste à chercher
    car le sens de notre vie:c’est notre parcours.

    (Il est une illustration qui mérite une palme sur cet article
    c’est celle de l’Indien et la Fumée)

    Qui aurait imaginé début 20014 que le Blog à Lupus pousserait si loin la recherche sur les causes?
    On devrait accrocher ce texte dans les sapins de Noël de tous ceux qui « touchent » à la finance 🙂

    Cette nuit:Solstice
    pour une recherche d’équilibre
    et Bonne soirée à tous

  8. L’illusion de l’assurance

    December 19 – Financial Times (Tracy Alloway): “Big investors have been buying hundreds of billions of dollars worth of exotic credit derivatives to protect themselves against the possibility that growing numbers of corporate bond issuers will default.

    Options that give investors the right to buy insurance against bond defaults have exploded in popularity this year as asset managers and hedge funds seek to affordably offset the risk of a big blow-up in credit.

    Trading volumes of the instruments — known as credit index options or swaptions — have jumped 148% in the past 12 months, with about $1.4tn of the instruments exchanging hands in 2014 compared with $573bn in 2013.

    ‘You can buy a very leveraged bet that the market will collapse using credit index options,’ said Andrew Jackson, chief investment officer at Cairn Capital. He added: ‘That is definitely the hedge of choice for real money investors who don’t really care that much about the level of volatility, but care about the amount of dollars they’re paying to hedge against Armageddon risk.

    ’ Credit indices, such as Markit’s iTraxx or CDX series, are credit default swaps (CDS) written on baskets of corporate credits that investors and traders may use to hedge, or offset, their exposure to corporate debt or to make bets on the way the underlying companies will perform.

    Credit index options act in a similar way to options on other assets, such as stocks, by giving the holder the right to enter into a CDS contract at a certain time in the future. According to Citigroup research, asset managers account for a quarter of the total credit index options volume, compared with 15% just a year ago.”

    Lisez le texte ci dessus; il pointe l’une des failles du système qui se révèlera quasi surement.

    C’est l’une de nos thèses que les pseudo assurances que souscrivent les investisseurs contre les risques financiers n’en sont pas. Il n’y a pas d’assureur dans le système, voila ce que l’on cache.

    Toute institution qui prétend vous assurer contre un risque de baisse et vous vend une option de vente, va aller vendre sur le marché pour se couvrir en cas de forte baisse; Elle devoir couvrir son option en alimentant elle même la spirale de baisse. c’est le dynamic hedging.

    La mécanique décrite par le FT est beaucoup plus diabolique que celle des CDS, elle inclut un leverage considérable. c’est une boite noire.

    Nous sommes dans un système ou on donne une fausse impression de sécurité à ceux qui sont exposés au risque du crédit, conclusion, ils appécient insuffisamment l’ampleur et le cout des risques. Quand un investisseur achète une protection contre un risque de crédit, il a en face de lui non pas un assureur, mais …. une machine! Une machine qui, si le risque se concrétise ou est sur le point de se concrétiser va vendre sur le marché, précipitant elle même la chute.

    il s’agit d’un bluff colossal qui permet aux TBTF de générer des revenus, elles vendent sans cesse et à tour de bras de telles protections en faisant le pari

    1 qu’elles ne joueront pas
    2 que si elles doivent jouer, elles seront bailées par la Banque Centrale, c’est à dire … vous

    Les TBTF vendent des assurances inondations en période de sécheresse prolongée, en faisant le pari que cela continuera et que si ce n’est pas le cas, alors elle s’en fichent car personne ne peut payer, et donc elles ne paieront pas. C’est ce qui s’est passé avec les assureurs de crédit lors de la crise des subprime. Il faut noter que ces assurances très exotiques representent des centaines de milliards et qu ‘elles ne sont pas compensées sur un clearing. Donc sécurité nulle.

    On se permet tous les excès, toutes les inconsciences quand on croit être assuré, hélas il n’y a pas d’assurance, il n’y en aura pas, quand le risque se présentera. L’assurance ne vaut que si on n’en pas besoin.

    Compte tenu du fait qu’à la hausse, à la montée , tout a été corrélé par le biais du sous jacent que constitue la liquidité monétaire à taux nul, tout sera corrélé à la décrue, à la descente du niveau de la mer financière.

  9. Si faire baisser le pétrole permet au dollar de monter ou l’inverse la hausse du dollar ferait baisser le prix du pétrole. La calcul est plutot simple a comprendre. A partir du momment ou les reserves de dollar sont largement supérieur a la production de pétrole. 10 millions de baril jour a 100 cela fait 365 millard par ans. Si on divise par 2 cela ne fait plus que 182 millard. Si il y a 1000 millard de dollar de réserve qui gaganent 18.2% cela équilibre les pertes. Et on reviens aux équilibres avant crise, presque.
    Est ce que se que nous avaons vécu depuis 2007 n’est pas autre chose qu’une tentative pour remmettre les compteurs ou il étaient avant crise ? Les différents QE ayant alimenté la spéculation pour améliorer grandement leurs marges bénéficiaires. Maintenant il faut rembourser les QE et il faut bien revendre ou détruire la monnaie produite.
    Certes cela n’explique pas pourquoi seul le marché action continu a maintenir des prix élevés. Surement que les banques centrales ne veulent pas pour le momment trop perdrent. Les banques et entreprises vont donc devoir racheter leurs positions au fur et a mesure que les BC vont liquider leurs positions et pour cela il faut qu’il y ait un transfert de liquidité d’un support vezrs un autre, du pétrole vers les marchés actions. C’est peut être la période du rééquilibrages des signes qui implique une amélioration des corrélations avec le réél.
    C’est peut être le momment de repasser Cash ……..

  10. Mardi 23 décembre 2014 :

    Pétrole : l’Arabie saoudite déclare la guerre ouverte aux Américains.

    Le tout-puissant ministre saoudien de l’Énergie s’est dit prêt à laisser chuter le baril jusqu’à 20 dollars. Il exprime pour la première fois sa crainte de voir les États-Unis et le Canada lui prendre des parts de marché.

    Jamais l’homme considéré comme le plus influent au sein de l’Opep, le ministre saoudien de l’Énergie, Ali al Naïmi, ne s’était exprimé aussi franchement. «Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de l’Opep de réduire leur production, quel que soit le prix», a-t-il déclaré dans une interview à l’Agence de presse officielle saoudienne, «qu’il soit de 20 dollars, 40 dollars, 50 dollars ou 60 dollars, cela n’a pas de sens». Jamais non plus le puissant ministre n’avait aussi clairement désigné les adversaires des pays de l’Opep dans ce qui s’apparente à une véritable guerre des prix du baril: les États-Unis.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/12/23/20002-20141223ARTFIG00165-petrole-l-arabie-saoudite-declare-la-guerre-ouverte-aux-americains.php

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