Art de la guerre monétaire et économique

Suppression de l’argent liquide : Une petite et méchante idée qui creuse son sillon Par Andreas Höfert

Suppression de l’argent liquide : Une petite et méchante idée qui creuse son sillon Par Andreas Höfert

24 heures 29/5/15

Andreas Höfert, chef économiste à l’UBS, disserte sur la suppression de l’argent liquide.

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Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a rarement la langue dans sa poche. Dernier exemple: le goguenard «Salut, dictateur!» lancé au premier ministre hongrois, Viktor Orban, il y a deux semaines à Riga.

On doit aussi à Juncker le politiquement cynique: «Quand ça devient sérieux, il faut savoir mentir», et le révélateur: «Nous ne décidons rien. Nous avançons quelque chose et nous attendons ce qui arrive. Si personne ne proteste ou qu’il n’y a pas une insurrection – parce que la plupart des gens ne comprennent quand même pas ce qui a été décidé – nous progressons alors pas à pas jusqu’au point de non-retour.»

Cette inquiétante description du processus de décision au sein de l’Union européenne s’applique parfaitement à une idée, pour l’instant seulement exprimée par quelques économistes — forcément brillants — dans de nombreux éditoriaux: l’abolition pure et simple de l’argent liquide. Une idée qui séduit de plus en plus et les gouvernements en mal de revenus et les Banques centrales qui ne peuvent pas vraiment baisser les taux d’intérêt en dessous de zéro.

L’abolition pure et simple de l’argent liquide. Une idée qui séduit de plus en plus et les gouvernements et les Banques centrales

Les arguments en faveur de cette idée partent toujours de bons sentiments. Quoi de plus anachronique, voire de plus ridicule, dans notre monde digital et hyperconnecté, que ces billets de banque et pièces de monnaie qui servent bien évidemment en premier lieu «à financer l’économie souterraine, le trafic de drogues et le terrorisme»?

On nous ressert donc le vieux débat sur la transparence. Ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont pas vraiment besoin d’argent liquide et ne devraient donc pas s’inquiéter que l’Etat puisse suivre, à tout instant, leurs transactions financières et leurs achats. Certes, certes, mais l’Etat sera-t-il bien le seul à pouvoir le faire?

Répression financière : tous les paiements en carte bleue !

Vous apprendrez par cet article de France TV que Michel Sapin annonce la fin prochaine du seuil minimum pour payer par carte bancaire.« Jusqu’à présent, les commerçants peuvent exiger un montant minimum d’achat (généralement 15 euros) pour accepter le paiement par carte bancaire. Le ministre des Finances veut mettre fin à cette pratique. »Il est évident que l’idée c’est de faire la chasse au maximum au travail au noir en supprimant progressivement les espèces. Sauf que lorsque les espèces n’existeront plus, vous n’aurez plus aucun moyen d’échapper aux tontes gouvernementales car il n’existera plus aucun contre-pouvoir.Le cash est un contre-pouvoir. Si demain il n’existe plus, alors les impôts peuvent monter à 80 %… Vous n’aurez aucune choix. Partir ? On peut aussi vous l’interdire comme ce fut le cas avec l’ex-URSS qui n’avait pas hésité à construire un mur.
Charles SANNAT
http://www.lecontrarien.com/repression-financiere-tous-les-paiements-en-carte-bleue-22-05-2015-france

Pourquoi les entreprises de distribution sont-elles également friandes de connaître vos habitudes de consommation et accumulent de multiples données par le biais de cartes de fidélisation? Parce que cela leur offre la possibilité, théorique pour l’instant, de différencier les prix en fonction des goûts individuels. Vous préférez telle marque de dentifrice, de céréales, de bière? Eh bien si le vendeur le sait, ces marques pourraient vous coûter plus cher qu’à l’acheteur qui y est indifférent.

Exploiter la «rente du consommateur», c’est-à-dire la différence entre le prix que vous seriez prêt à payer pour un bien ou un service et celui que vous payez effectivement, a de tout temps été un des objectifs utopiques des producteurs par rapport aux consommateurs. L’idée de plus en plus discutée d’abolir l’argent liquide rapprochera un peu plus cette utopie du réel.

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http://www.24heures.ch/signatures/reflexions/Une-petite-et-mechante-idee-qui-creuse-son-sillon/story/27375773

5 réponses »

  1. Je pense que l’on ne peut que lire et relire « La route de la servitude » de Hayek, tout y est dit.

    Il y a plus de 30ans que le système évolue, pas à pas, toujours dans la même direction, celle de la socialisation. La monnaie est au centre de cette évolution. La monnaie perd peu à peu ses caractéristiques essentielles; être un instrument de réserve de valeur, être un instrument de liberté individuelle, être une mesure fiable, objective des valeurs. Tout ceci converge vers une monnaie serve, au service d’abord de la politique économique des Gouvernements, puis au service d’une minorité qui a capté les Etats et les Démocraties.

    Pas à pas, la monnaie a changé de nature, au lieu de venir du bas, « bottom up », de la pratique des sujets économiques qui a consisté produire un équivalent général des marchandises, la monnaie est devenue « top down », un instrument des pouvoir.

    Le chartalism est l’aboutissement théorique de cette extorsion. C’est un renversement. Ce fut d’abord une mutation subreptice, les petits pas, et nous en sommes à la ratification de la mutation, on va oser pouvoir proclamer l’inversion.

    En fait quand on y réflêchit; c’est un coup fatal à cet auxiliaire de la liberté individuelle, le droit de propriété. Les auteurs les plus perspicaces comme Clouscard démontrent que le capitalisme ne survit, au profit d’une minorité de plus en plus restreinte, que par une marche discrète, cachée au socialisme.

    Cette évolution tire sa racine, son origine du refus des ultra-riches, d’accepter la loi du Capital qui est la destruction de ce qui est dépassé, inefficace socialement. En refusant la destruction de l’ancien et de l’inefficace, les ploutocrates favorisent la marche lente au socialisme, d’abord Fabien puis socialisme tout court qui va les détruire en tant que classe sociale.Lénine avait raison! Ils fournissent la corde pour les pendre. La monnaie est l’instrument de leur perte dialectique. Les grands bourgeois perdent peu à peu leurs alliés, ils s’isolent et ne sont plus protégés par les classes moyennes.

    Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous sommes dans un processus de confiscation des uns et l’appropriation des autres; c’est un putsch, une violence « soft »; mais qui va laisser les ploutocrates, un jour, sans défense, sans rempart.

    Il y a très longtemps, nous avons diagnostiqué une évolution similaire de celle de la monnaie, pour les autres assets financiers. Nous avons écrit un texte qui expliquait que les actions et les obligations changeaient de nature et que leur cours cessait de refléter les choix et préférences des marchés, mais les politiques volontaristes de la classe kleptocratique.

    Nous avons écrit que les actions cessaient d’avoir apport avec l’action et le pouvoir des individus, mais qu’elles avaient rapport avec le pouvoir de quelques uns et qu’elles devenaient, aliénation suprême, des passions, des instruments de la servitude par la passion du jeu. Nous avons écrit, et intitulé ce texte : « des actions aux passions »

  2. « que ces billets de banque et pièces de monnaie qui servent bien évidemment en premier lieu «à financer l’économie souterraine, le trafic de drogues et le terrorisme»? »

    et surtout qui ne peuvent être le passif de personne (sauf de ce qui reste de la banque centrale):
    une dette n’a jamais été un actif à part entière du prêteur

  3. Je me demande bien comment l’abolition du cash ne mènera pas à l’abolition de la propriété privée… Personne ne sera plus propriétaire de sa monnaie, pas plus qu’on est propriétaire de pièces d’or dans un jeu en ligne MMORPG.
    La tentation de l’État d’abuser de ce système à son profit sera trop forte. Avec un tel controle de la monnaie on arrivera à ce que disait Trotsky du communisme : « celui qui n’obéit pas ne mange pas »
    En abolissant le cash, il serait facile à l’État de devenir une sorte d’employeur unique, faisant de tout le monde des fonctionnaires à son service, servant l’État contre… contre quoi ? Du vent ! Quelle est la différence entre la servitude et se faire payer avec du vent ?

  4. Ouais, ouais, ouais ? N’empêche, avec toussa toussa ?
    Ou plutôt SANS toussa toussa ?

    ON POURRA PLUS FILER LA PIÈCE AUX CLODOS ?

    PIS COMMENT QU’ON PAIERA « LES PASSES » ? HEIN ?

    Et les « cadeaux » à nos préférées qui seraient pas nos régulières ?
    Avec du plastique ? POUR QUE TOUT LE MONDE LE SACHE ?

    PIS AUX QUÊTES ? QU’EST CE QU’ON FILERA ?
    NOS BOUTONS DE BRAGUETTES ?
    COMME QUAND QU’ON ÉTAIT P’TITS ?

    Vous y pensez pas à ces trucs praticos pratiques ?

    INGRATS VA !

  5. Contre le travail au noir ??? Je te paierai avec 2 ou 3 pleins d’essence… ou caddies de supermarché… Foutage de gueule encore une fois… Pour les gros contrats, il existe d’autres moyens…

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