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Les banques se doivent de publier leur exposition directe et indirecte au risque grec Par Bruno Bertez

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Les banques se doivent de publier leur exposition directe et indirecte au risque grec Par Bruno Bertez

Vous savez  que, dorénavant, vous êtes en quelque sorte actionnaire de votre banque, quelle qu’elle soit. Et pas seulement de ses fausses coopératives que sont le Crédit Agricole ou le Crédit Mutuel. Si vous avez plus de 100.000 euros en banque, votre dépôt ne bénéficie plus d’une garantie absolue. Il est intégré, en cas de difficultés de votre banque, aux fonds propres de l’établissement, c’est-à-dire qu’il peut être utilisé pour renflouer l’établissement. Tout ce qui est au-dessus de 100.000 euros est menacé et vulnérable à une déconfiture bancaire. Les lois correspondantes ont été prises, ou sont en train d’être prises en cachette, partout au niveau européen. En fait, c’est une directive mondiale qui vise à changer la nature de vos relations avec les banques. Votre argent chez elle n’est plus un dépôt, c’est une créance sur la banque et donc, à ce titre, vous pouvez être spoliés comme tous les créanciers en cas de déconfiture. Nous pensons même que ceci peut être utilisé de façon extensive, même si la banque sur le papier est solvable, une simple crise de liquidités peut, à notre avis, déclencher la procédure.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que, puisque vous êtes créanciers, vous êtes en droit de connaître et d’exiger de connaître la situation de votre banque et l’incidence de tout événement majeur susceptible de modifiera cette situation. Vous comprenez en effet qu’être créanciers fait de vous une sorte de responsable de vos choix ; vous les assumez ; vous payez, mais en échange, la contrepartie évidente est que vous devez être informés.

Nous avons déjà dit, et nous le redisons, que dorénavant l’information bancaire doit être disponible, claire et facile d’accès pour les clients. Ne pas le faire est, en quelque sorte, léonin puisque cela conduit  à vous forcer à faire confiance sans disposer des éléments qui justifient cette confiance. Nous espérons que les protestations et les demandes seront suffisamment nombreuses, peut-être seront-elles relayées par les associations de consommateurs, bien qu’elles ne comprennent rien à la chose financière. Une chose est sûre. Un droit vous est ouvert et, s’il n’est pas rempli spontanément,  il se trouvera bien un tribunal pour en juger et vous l’accorder.

Il y a plus. Vous savez que les banques, même celles qui prétendent n’investir l’argent de leurs clients que « près de chez vous », vous savez que les banques spéculent comme des laquais. Elles jouent non seulement leurs fonds, mais les vôtres. Ce qui est extraordinaire, c’est que l’on n’en entend jamais parler. La consigne du silence est bien respectée car vos journaux et télévisions sont en quelque sorte tenus par les pouvoirs publics et leurs complices, les banquiers. Il n’y a pas que la publicité. Il y a les pressions, les copinages, les réseaux occultes, etc. Donc les banques spéculent, multiplient les opérations risquées, voire même critiquables, pour augmenter les bénéfices apparents et donc pour produire des bonus supplémentaires pour leurs dirigeants. Ces bonus sont un pur scandale, car ils n’ont pas pour contrepartie une participation aux pertes. Tout ceci pour dire qu’encore dans l’affaire de la cessation de paiement grec, l’agence Bloomberg chiffre l’exposition des banques européennes à 45 milliards d’Euros et l’exposition directe et indirecte des banques françaises  à 8 ou 9 milliards. En avez-vous entendu parler ? Nous, absolument pas, et pourtant il y a peu de choses qui nous échappent.

Selon le dernier pointage réalisé, effectué lors des tests de résistance bancaire pilotés par la Banque centrale européenne (BCE) et publiés en octobre 2014, à partir de données de décembre 2013, les banques françaises ne possèdent plus que 60 millions d’euros (62,7 millions de francs suisses) de dettes publiques grecques, un montant insignifiant à leur échelle; les établissements bancaires allemands en détiennent 120 millions… contre 21 milliards d’euros pour les banques grecques, un montant qui a grossi depuis, à 30 milliards d’euros. (Source Le Temps)

Selon les données de la Banque des règlements internationaux, datées de fin 2014, et pointées par la Fédération bancaire française, lundi 29 juin, la Grèce est l’un des pays dans lequel les banques françaises sont le moins engagées, avec une exposition totale, tous crédits confondus (dettes publiques, banques grecques et secteur privé) de 1,647 milliard de dollars (1,55 milliard de francs suisses)… Très loin donc des sommes (93,5 milliards de francs suisses) engagées dans les «grandes» économies (Allemagne, Espagne, Japon, Etats-Unis, etc.). (Source Le Temps)

Il y a plus que l’affaire grecque, il y a la situation des marchés financiers en général. Les banques sont bourrées de papier, en particulier d’obligations souveraines, mais elles ont aussi des instruments de crédit et des actions. Le resserrement de la liquidité, la tendance à la hausse des taux et la dislocation de certains émergents créent un risque très important pour les marchés. On peut même dire que, au niveau actuel de valorisation excessive, les risques de « trou »  sont loin d’être exclus. Des organismes américains et des organismes suisses ont évalué la vulnérabilité des banques européennes en cas de reflux des marchés. Pour certaines, les chiffres font se dresser les cheveux sur la tête. Pourquoi vous, créanciers de vos banques, n’auriez-vous pas connaissance de ces chiffres et de ces simulations ? Ce n’est pas nuire au crédit des banques que d’évoquer la question, c’est au contraire renforcer ce crédit par une exigence d’information claire, exhaustive.

Dans le cadre des nouvelles dispositions qui font de vous le responsable et la victime des pertes bancaires, vous êtes en droit d’exiger de votre banque qu’elle rende publiques non seulement ses pertes, mais son exposition, lorsqu’un événement financier grave se produit. N’ayez aucun scrupule, n’ayez aucune peur, vous êtes dans votre droit…

BRUNO BERTEZ Le 03/7/15

illustrations et mise en page by THE WOLF

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