Géopolitique Friction/ Moyen Orient: Ca continue de plus belle…
8 Décembre 2015 , Rédigé par Observatus geopoliticus
Nous avons évoqué hier trois incendies – Irak vs Turquie, Russie vs Turquie, Etats-Unis vs Damas – qui, s’ils se ne sont pas éteints, pourraient bien faire s’embraser le Moyen-Orient. Or, loin de se calmer, le feu repart de plus belle.
Jusqu’où ira donc la république bananière d’Erdogan ? Ankara refuse en effet de retirer ses troupes d’Irak comme le lui intime pourtant Bagdad. La situation est ubuesque et Davotuglu, le premier ministre turc, ne craint pas le ridicule quand il affirme que les autorités irakiennes ont autorisé le déploiement – ce dont elles n’ont apparemment pas le souvenir. Encore plus absurdes sont ses récriminations sur les… « provocations » irakiennes !
Résumons : la Turquie envoie des troupes dans un pays souverain sans sa permission, prétend contre toute vraisemblance que ce pays l’a autorisé à le faire et ose parler de « provocation » quand le pays envahi se plaint. Erdogan ou le foutage de g…. en 3D. Au XIXème siècle, la Turquie était souvent appelée « l’homme malade de l’Europe » du fait de sa faiblesse. Le sultan a réussi en ce début de XXIème à faire de son pays le malade mental de l’Eurasie. Que pense l’OTAN de la pomme pourrie dans son panier ?
En plus de la menace porter l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU qui devrait se concrétiser ces prochaines heures, Bagdad envisage maintenant des sanctions contre la Turquie. Quant aux milices chiites irakiennes parrainées par l’Iran, qui avaient déjà de sérieux griefs envers Ankara accusée avec raison de soutenir Daech, elles appellent maintenant à cibler tout intérêt turcen Irak (pour ce genre de milice, « cibler » veut dire « éliminer »).
Bien sûr, Ankara a d’excellentes raisons stratégiques : avoir une tête de pont près des champs pétroliers du nord de l’Irak et au coeur des voies de communication de ses ennemis de toujours (PKK et YPG), avoir son mot à dire lorsque l’EI perdra Mossoul et que le nord de l’Irak sera recomposé. Mais le sultan en herbe, tout à son rêve néo-ottoman, se rend-il compte de l’isolement de plus en plus sinistre de son pays, désormais en froid avec tous ses voisins ?
Et puisqu’on en parle, l’inénarrable Davotuglu remplit parfaitement son rôle de bouffon du pacha ets’en prend maintenant verbalement à la Russie qu’il menace de contre-sanctions, oubliant sans doute que c’est la Turquie qui a abattu un avion russe et non l’inverse – on ne voit d’ailleurs pas très bien quelles sanctions Ankara serait susceptible de mettre en oeuvre -, et, fait nouveau, à l’Iran.
Sur le front, cela n’empêche en tout cas pas l’armée irakienne de continuer son avancée : une partie de Ramadi a été reprise à Daech. Le fait a son importance car Ramadi est sur les arrière de Fallujah, ville symbole de l’Etat Islamique en passe d’être encerclée, comme Mossoul au nord.
Sur le théâtre d’opération syrien, les Sukhois continuent leurs mortelles (pour les terroristes modérés) escapades : 600 cibles en trois jours ainsi que les fameux missiles Klibr lancés à partir d’un sous-marin . L’armée syrienne progresse lentement mais sûrement sur à peu près tous les fronts. Mais un nouveau bombardement attribué aux Américains provoque une levée de boucliers. Un jour après avoir tué 3 soldats du régime à Deir Ez Zor et en avoir accusé de manière ridicule la Russie, l’oncle Sam frappe encore, tuant des dizaines de civils. Encore quelques bombardements comme ça et Poutine aura le prétexte tout trouvé pour déployer ses S400 sur tout le territoire syrien. D’ailleurs, deux nouvelles bases russes sont sur le point d’être achevées, se rapprochant dangereusement et de Daech et des avions américains.

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/12/ca-continue-de-plus-belle.html
Ben Erdogan semble condamné à réparer chaque bourde antérieure par une aventure encore plus folle. C’est sans doute dans ce contexte qu’il faut voir son escapade nord-irakienne. L’incident du Sukhoi lui a semble-t-il définitivement fermé les portes de la Syrie et créé les conditions propices à l’émergence de ce qu’il craignait le plus : un Kurdistan autonome sous direction PYD le long de la frontière turque. Passant de Charybde en Scylla et jouant sa dernière carte, il se rabat sur l’Irak, surfant sur la profonde division du Kurdistan et les liens très lâches entre cette province et Bagdad.
L’idée finale est-elle de favoriser, après la chute du califat, la création d’un « sunnistan » sous égide turque ? Le sultan pense-t-il sérieusement que l’Iran et la Russie laisseront faire ? Il y a quelque chose de profondément suicidaire chez lui, qui se coupe tour à tour de ses seuls fournisseurs possibles en énergie (Russie, Irak, Iran).
En tout cas, sa folle équipée offre l’Irak sur un plateau à Poutine, à la grande rage des Américains, obligés de soutenir publiquement quoique à demi-mot leur encombrant allié otanien tout en désapprouvant en privé cette nouvelle frasque (est-ce un hasard si, pour la première fois, Washington a reconnu que le pétrole daéchique prenait la direction de la Turquie ?). Le Parlement irakien prévoit maintenant de revoir et peut-être d’annuler l’accord de sécurité entre l’Irak et les Etats-Unis. On devine aisément par qui les Américains seraient alors remplacés en Irak :


En attendant, c’est le statu quo. La Turquie semble quand même avoir pris conscience de cette nouvelle impasse et commence à mettre les petits plats dans les grands. Faut dire que de l’autre côté, ça rigole pas, Ankara recommandant même à ses ressortissants de quitter l’Irak !
En Syrie même, où la coopération franco-russe atteint d’ailleurs de nouveaux niveaux, Poutine a lancé un cinglant avertissement : « Toute menace envers les forces russes doit être immédiatement détruite ». Le sultan sera obligé de raisonner ses F16 récalcitrants. Déjà qu’il est occupé àemprisonner des enfants qui arrachent ses affiches de campagne… (oui, oui, bonnes gens, c’est ce même Erdogan que l’UE courtise et à qui elle offre 3 milliards)
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/12/de-l-ukraine-du-syrak-et-de-quelques-autres-choses.html
Poutine prêt à un conflit nucléaire?
Par Eric Verhaeghe Jusqu’ici tout va bien 10/12/2015
Poutine a-t-il demandé, comme l’annoncent les Iraniens, au sous-marin lanceur d’engin Rostov-sur-le-Don de préparer des charges nucléaires? L’affligeante campagne des régionales occulte, on le voit, quelques nouvelles bien plus importantes et bien plus graves venues de Russie et de Turquie, ce membre de l’OTAN qui joue double jeu et se transforme à la vitesse grand « V » en foyer de conflit futur.
La Turquie et son casse-tête énergétique
Premier problème: la Turquie ne dispose d’aucune énergie fossile digne de ce nom, en dehors du charbon, et importe donc l’essentiel des ressources énergétiques dont elle a besoin. On ne rappellera jamais assez que la Turquie est la plus grande acheteuse mondiale de gaz russe…
Dans le cadre de la COP 21, le Centre Politique Turc vient de rendre un rapport qui souligne la cherté grandissante de l’utilisation du charbon en Turquie. Le même problème avait été souligné auparavant par Standard’s and Poor. Dans le même temps, Erdogan a annoncé qu’il allait limiter sa dépendance à la Russie en cherchant d’autres fournisseurs de gaz.
Alors que la Turquie abat des avions de guerre russes tout en étant dépendante des fournitures en gaz de Poutine, on imagine l’état des relations entre ces deux pays quand leurs liens énergétiques seront rompus.
La Turquie et l’Europe: ça coince
Les Turcs, dans ce contexte, ont beaucoup apprécié les propos du président tchèque à propos des négociations d’admission de la Turquie dans l’Europe:
“The Roman Empire, before it collapsed, also paid tribute money to barbarians for them not to pilfer its territory” (L’empire romain, avant de s’effondrer, a aussi payé les barbares pour qu’ils ne pillent pas son territoire »).Ambiance, ambiance!Bientôt une guerre entre la Turquie et l’Irak?
La Turquie a déployé 300 soldats à Mossoul, en Irak.
L’initiative a moyennement plu aux autorités irakiennes qui ont demandé aux Turcs de plier bagage immédiatement. En réponse, le gouvernement turc demande à ses ressortissants de quitter l’Irak, sauf la partie kurde, bien entendu. Voilà une démarche qui ne promet rien de bon quant aux relations entre les deux pays.
La Turquie et la Russie: ça frite toujours
Parallèlement, les relations entre la Russie et la Turquie ne s’améliorent pas. Lundi, les Turcs ont crisé en accusant les Russes de faire passer un navire de guerre dans le Bosphore avec un missile sol-air sur le pont, prêt à partir. On se demande évidemment pourquoi les Russes pourraient craindre une attaque aérienne de la part de la Turquie: ce n’est pas le genre d’Erdogan.
La Turquie arme sa frontière avec la Syrie
Parallèlement, les Turcs ont demandé à la société européenne Eurosam de préparer une livraison de missiles sol-air anti-missiles pour sa frontière avec la Syrie. Ces missiles dits SAMP-T devraient se substituer à l’équipement chinois dont la Turquie a finalement décidé de se passer.
L’Iran prête à acheter des chars russes
Dans ce contexte réjouissant, l’Iran vient d’annoncer qu’elle achèterait volontiers quelques chars russes T-90. Ces chars sont des modèles lourds, comparables à nos chars Leclerc, ou aux Abrams américains. Petit problème, l’accord sur le nucléaire iranien interdit à l’Iran, pendant 5 ans, de développer son potentiel offensif.
L’idée d’équiper l’armée iranienne avec des chars russes risque de donner grande satisfaction aux Israéliens…
Poutine prêt à une guerre nucléaire?
Selon le site iranien d’information AWD, Poutine aurait par ailleurs demandé l’armement de l’arsenal nucléaire russe, considérant que les conditions d’un conflit sont désormais réunies. Très précisément, c’est le sous-marin lanceur d’engin Rostov-sur-le-Don qui aurait reçu pour instruction de se préparer à un conflit de type nucléaire du côté de la Syrie. On notera que c’est ce sous-marin qui a frappé Daesh avec des missiles classiques mardi dernier.
Et pendant ce temps, la France est paralysée par la question cruciale des désistements ou non au second tour d’élections régionales qui n’ont aucun impact sur la réalité ni des Français, ni du monde!
http://www.eric-verhaeghe.fr/poutine-pret-a-un-conflit-nucleaire/
Le Chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, a écarté, aujourd’hui 09/12/2015, un éventuel recours à des armes nucléaires [tactiques] en Syrie, soulignant que les armes conventionnelles suffisent amplement à lutter contre le terrorisme.
Pour les non-initiés, cette allusion en relation avec l’usage de missiles de croisière lancés à partir de bâtiments de surface en Mer Caspienne, à partir de bombardiers stratégiques et dernièrement à partir de submersibles en Méditerranée orientale, est bien un message codé à l’encontre de l’Otan.
Ce message vise moins un effet d’annonce que l’établissement d’une ligne rouge et par dessus tout la conséquence d’un éventuel dépassement de cette dernière par les autres parties ou protagonistes impliqués dans le conflit.
En d’autres termes, Moscou laisse implicitement entendre qu’il est prêt à aller très loin en Syrie et que ce pays est pratiquement sous le parapluie nucléaire russe.
Certains experts russes et autres croient que des armes nucléaires tactiques dotées d’ogives d’une puissance variant entre 0.3 et 2.5 kilotonnes ont été utilisées à maintes reprises par les américains en Irak et en Afghanistan entre 1991 et 2005.
Quoi qu’il en soit, c’est la première allusion à l’option nucléaire en Syrie.
La Chine soutient les opérations russes en Syrie
Publié le 5 décembre 2015
La République Populaire de Chine vient d’affirmer que les opérations militaires de la Fédération de Russie en Syrie sont entièrement conformes au Droit International (DI) en rappelant qu’elles sont menées suite à une demande explicite du gouvernement syrien.
Autrement dit, la Chine soutient l’intervention russe visant à protéger l’Etat légitime syrien au regard du droit et des Conventions internationales de toute menace étrangère.
Pékin a suivi avec beaucoup d’attention l’évolution du conflit régional au Moyen-Orient et les chinois ne cachent pas trop leur soutien à l’idée russe visant la création d’une force internationale antiterroriste sous mandat de l’Organisation des Nations Unies.
Les militaires chinois semblent suivre avec une extrême minutie les performances du Sukhoï Su-34 au dessus de la Syrie, ainsi que le développement des capacités russes en matière de lutte antisatellites. Moscou a effectué un test de missile anti-satellite Nudol expérimental il y a trois jours. Un message destiné à l’Otan.
La Chine développe activement des missiles anti-satellite (Dong Neng 3) en parallèle à de nouveaux systèmes de défense spatiale. Ces efforts rejoignent et complètent ceux fournis pour la conception de systèmes visant à éliminer sinon incapaciter des portes-avions.
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