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Le Grand Transfert / Repression Financière : L’argent de votre humiliation Par Bruno Bertez

Le Grand Transfert : L’argent de votre humiliation Par Bruno Bertez

Nous vivons dans un monde d’inversion, de mystification.

Et si je voulais résumer ce que j’essaie de faire en écrivant, c’est cela : stopper l’inversion, remettre le monde sur ses pieds.

A la faveur de la modernité qui permet de séparer les signes du réel dont ils sont censés être le reflet, on a disjoint, on a séparé les signes de ce réel et on a détruit les référents et à partir de là, certains, ceux que j’appelle les Maîtres se sont octroyé le droit de dire n’importe quoi, ou plutôt de dire ce qui les arrange.

Ils ont pris le contrôle du symbolique, du monde des signes, du monde du discours. Ils ont confisqué la parole et bien sûr maintenant, ils s’attaquent aux écrits.

Vous travaillez, vous trimez, vous vous inquiétez le week-end pour la semaine à venir, pour la fin de mois, vous êtes angoissés pour vos enfants, stressés au fond de vous, mais ils vous disent que vous êtes un voleur, que cet argent que vous avez gagné ne vous appartient pas, il leur appartient à eux et si vous essayer d’échapper à leurs prédations, vous devez culpabiliser, baisser la tête, vous considérer comme un sous-citoyen et vivre en tremblant que cela ne soit découvert.

Les taux d’intérêt sont nuls ou négatifs, l’argent coule à flots pour les riches, pour les ploutos et kleptos, il y a des centaines de milliards de réserves au parking, mais la BCE il y a 10 jours a dit que les conditions monétaires étaient trop serrées, qu’elle se resserrent, qu’il faut en créer plus, en donner plus gratuitement aux élites et leurs banquiers et aux politiciens pour financer gratuitement leurs déficits. La Fed a dit la même chose la semaine dernière, “les conditions financières se resserrent. ”… Alors qu’il y a plus de 2 trillions de réserves excédentaires oisives et que les banques touchent de l’argent pour ne rien faire de celui qu’on leur a donné gratuitement !

Et tout est ainsi.

Le Système est conçu pour produire pour fabriquer du chômage par la mise en concurrence de tous les travailleurs du monde, y compris ceux qui vivent encore dans les conditions du Moyen Age, par l’arbitrage international du travail, par l’idéologie de la compétitivité et celle de la libération sans frein et sans limite des échanges inégaux ; et vos gouvernements et banquiers prétendent lutter contre ce chômage dont ils sont les promoteurs, contre ce chômage qu’ils encouragent ! D’une main ils encouragent et de l’autre, ils font semblant de lutter contre ! Tout en reprenant sur vos salaires déjà amoindris, les cotisations qui servent à financer et à rendre tolérables les mises au chômage de vos collègues aujourd’hui et de vos enfants demain.

La crise de 2007 est intervenue parce que l’excès de capital improductif dans le monde, suite à une politique monétaire laxiste, a conduit les détenteurs de capitaux à chercher du rendement à n’importe quel prix. On leur a offert du rendement sous forme d’hypothèques pourries sur le logement. Comme il se doit, les hypothèques se sont effondrées, la contagion a gagné tous les segments du marché financier et du crédit plus ou moins pourris. Que croyez-vous qu’ils ont fait ? Réparer, soigner, assainir ? Que non, ils ont créé plus de pourriture, plus de dettes, plus de pseudo-capitaux en quête d ’emplois et ainsi ils ont regonflé une nouvelle bulle de pourriture. Une nouvelle fois, on a donné du crédit à des gens et des firmes qui ne pouvaient pas en avoir, qui ne pouvaient pas rembourser, et cette dette, pourrie dès le premier jour, est en train de revenir nous hanter comme une vengeance, elle s’effondre, voilà ce que cela veut dire quand on vous dit que “les conditions financières se resserrent”.

Le labyrinthe des raisonnements faux, du vocabulaire détourné, et des mensonges cherche à vous égarer bien sûr, une nouvelle fois, car en vous égarant, il réussira à vous faire payer une seconde fois en moins de dix ans, les bêtises de ceux qui vous asservissent. Vous allez une fois de plus, leur fournir l’argent de votre humiliation.

Attention aux pièges sur les marchés et aux réflexes à la Pavlov ! Il est probable que les Maîtres vont décider de stopper l’hémorragie, il est probable que cela provoquera une vague de rachats des simplets de la communauté spéculative, sachez qu’il y aura deux chances sur trois pour que ce soit un piège. Dans des situations comme celles que nous connaissons, les premières baisses de taux ou les premières mesures monétaires sont inefficaces, elles ne font qu’un effet de nouvelles. Ce n’est que plus tard, que les actions sont efficaces, quand déjà un bon bout de chemin dans la destruction a été accompli. Et le Smart Money le sait, il est en embuscade.

Le graphique de l’incompétence : un pari perdu

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Personne ne doute que nous sommes en ce moment en pleine crise bancaire. Il ne se trouve plus que quelques illuminés pour prétendre que la crise de ces dernières semaines est provoquée par le pétrole, la situation chinoise ou le ralentissement économique. Les chiffres catastrophiques et les « guidances » publiées par les banques globales sont là pour attester que le problème est bancaire. Un examen de ce qui se passe sur l’eurodollar, sur les collatéraux et les positions des Primary Dealers confirme tout cela.

La cause c’est l’échec des politiques monétaires, c’est simple.

Les autorités ont dépassé leur rôle, au lieu de se borner à « sauver le monde » en 2008/09, elles ont voulu aller plus loin et utiliser les outils monétaires pour provoquer la reprise économique et même son accélération. Elles ont réussi à embarquer les marchés financiers et cela a fait illusion. Hélas l’illusion est terminée et les marchés contredisent les propos et les anticipations « idéologiques » des banquiers centraux ils contestent dans leurs chiffres de 2017 et 2018, les prévisions même des banques centrales sur les taux et l’activité. Les marchés pensent que les « carottes sont cuites » et que l’échec est assuré. Voilà le fond du problème et voilà en quoi Yellen a commis une erreur colossale non seulement en faisant le Taper, non seulement en montant les taux, mais surtout en émettant des prévisions fausses refusées par les marchés. Des prévisions que les marchés ont refusé de ratifier.

Le témoin, le symbole qui crie au monde entier que les banquiers centraux se sont trompés, c’est le pétrole. Le pétrole joue un rôle privilégié dans le système, il est l’articulation entre le monétaire et le réel. C’est en quelque sorte la courroie qui relie le monétaire à la machine réelle. Et que dit la courroie ? Elle dit que les banquiers centraux se trompent, il n’y a pas de vraie reprise, il y a eu une fausse apparence de reprise, il y a patinage de la courroie.

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Les banquiers centraux et l’US travaillent sur des théories fausses, inversées, comme les courbes de Philips. Ils se font piéger par la soi-disant baisse du chômage et croient leurs propres mirages. Le vrai chômage, le vrai « slack », est considérable, le vrai marché de l’emploi est détestable, la preuve et elle est irréfutable: c’est que le prix du travail, les salaires ne montent pas. Si le marché du travail traduisait une reprise, alors il y aurait des hausses des salaires. Nos malheureux confondent des chiffres à vocation politique avec des chiffres qui sont des vraies grandeurs économiques opérationnelles, valables et conceptuellement efficaces. A force de truquer, on finit par croire ses trucages.

Ci dessous, l’erreur colossale sur l’emploi américain qui a servi de guide à Yellen

ABOOK Feb 2016 Payrolls Unem Rate Emp Ratio Longer

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Et c’est là ou intervient le problème bancaire. En mettant les taux à zéro, en passant aux taux négatifs, on tue le compte d’exploitation des banques mondiales, on lamine les écarts dont elles font leur bénéfice et plus on baisse les taux, plus on passe dans le négatif, plus on détruit les banques. On détruit la machine à produire du crédit et la locomotive des marchés financiers. Les marchés ne peuvent monter sans les banques et les banques ne peuvent survivre au double choc simultané de la dégradation de leur compte d’exploitation et de la fin des bénéfices de la spéculation boursière.  Les banquiers centraux ont fait un pari : les taux bas, les taux zéro, les taux négatifs vont stimuler la création de crédit, la croissance va ré-accélérer et , et c’est là ou tout dérape, les taux vont se mettre à remonter, les primes de risques à se réduire , les banques vont ainsi se rattraper, se refaire une santé. Elles vont regagner ce qu’elles ont perdu sur le laminage de leur marge. Or il n’y a pas de reprise, pas de croissance réelle, les banques perdent mais elles ne se refont pas, elles ne connaissent qu’un sens la perte. On est en fait dans la répétition du fameux « conundrum » de Greenspan ou la politique monétaire ne donne pas les résultats espérés et ou on insiste en détruisant tout.

L’erreur colossale de Kuroda a été de passer à la NIRP, il a fait rependre conscience à la fois de l’échec des politiques antérieures s et de la possibilité de la généralisation des taux négatifs, c’est à dire qu’il a fait anticiper la déconfiture des banques. C’est un véritable imbécile.

Si vous ajoutez le fait que la croissance mondiale qui devient quasi nulle ne permet plus de tenir les prix des matières premières, que cela multiplie les risques de faillites, que les bénéfices des entreprises fléchissent, et donc que les marchés financiers deviennent vulnérables, vous avez la mise en branle d’un cercle vicieux : tout faiblit, ruine les banques, les désolvabilise elles se mettent de plus en plus en risk-off.  On réduit la voilure, les assurances CDS renchérissent, les spreads se dilatent, le tout en un cercle vicieux de l’appauvrissement et des risques de défaillance.

Le laminage, la destruction du business model en image

Ils ont perdu leur pari, un pari qui selon nous, a toujours été perdu d’avance…Ah ce » capital qui joue aux dés notre royaume » disait  l’autre!.

Merci messieurs les élites surdouées, indépendantes et irresponsables.

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2 réponses »

  1. A propos des bulles de dette :

    En l’an 2000 :
    Dette des ménages : 19 000 milliards de dollars.
    Dette des entreprises : 26 000 milliards de dollars.
    Dette publique : 22 000 milliards de dollars.
    Dette des banques : 20 000 milliards de dollars.
    Total : dette mondiale de 87 000 milliards de dollars.

    En juin 2014 :
    Dette des ménages : 40 000 milliards de dollars.
    Dette des entreprises : 56 000 milliards de dollars.
    Dette publique : 58 000 milliards de dollars.
    Dette des banques : 45 000 milliards de dollars.
    Total : dette mondiale de 199 000 milliards de dollars.

    Vous avez bien lu : en juin 2014, la dette mondiale totale était de 199 000 milliards de dollars !

    Source : rapport McKinsey de février 2015 « Debt and (not much) deleveraging. »

    William White est l’ancien économiste en chef de la BRI, aujourd’hui président du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (Comité EDR) de l’OCDE à Paris. Lors du forum de Davos, il a déclaré :

    « La dette a continué de s’accumuler durant les huit dernières années. La dette a atteint des niveaux si élevés dans chaque région du monde qu’elle risque de déboucher sur des conséquences déplaisantes. (…) Il deviendra évident durant la prochaine récession qu’une grande partie de cette dette ne sera jamais remboursée. Ce sera très inconfortable pour des tas de gens qui pensent détenir des actifs valant quelque chose. (…) La seule question est de savoir si nous sommes en mesure de voir la réalité en face et de nous préparer à ce qui nous attend, ou si nous gérerons la crise de façon désordonnée. Les effacements de dette [ jubilé ] remontent à 5000 ans, depuis le temps des Sumériens. »

    http://www.telegraph.co.uk/finance/financetopics/davos/12108569/World-faces-wave-of-epic-debt-defaults-fears-central-bank-veteran.html

  2. Il n’y a pas que la bulle boursière dans la vie.
    Il n’y a pas que la bulle bancaire.
    Il n’y a pas que la bulle chinoise.
    Il n’y a pas que la bulle immobilière.
    Il n’y a pas que la bulle de l’art contemporain.
    Il n’y a pas que la bulle obligataire.
    Il n’y a pas que la bulle du secteur de l’acier.
    Il y a la bulle du secteur pétrolier aussi.
    Pouvons-nous en parler ?
    Après tout, le secteur pétrolier est aujourd’hui une gigantesque bulle, qui ne demande qu’à éclater.

    Mardi 16 février 2016 :

    Un tiers du secteur pétrolier menacé de faillite, dit Deloitte.

    Environ un tiers des producteurs de pétrole sont exposés à un risque élevé de cessation de paiements cette année, conclut une enquête du cabinet Deloitte. Ils souffrent en effet d’un accès restreint aux liquidités et d’une capacité réduite de désendettement.

    Fondée sur l’étude de plus de 500 entreprises d’exploration et de production de pétrole et de gaz naturel cotées dans le monde, elle estime à plus de 150 milliards de dollars la dette globale des quelque 175 sociétés jugées menacées.

    http://www.romandie.com/news/Un-tiers-du-secteur-petrolier-menace-de-faillite-dit-Deloitte/676945.rom

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