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Article du Jour : Michel Onfray et la république populicide Par Antonin Campana

Michel Onfray et la république populicide

On le sait, il en parle beaucoup en ce moment, Michel Onfray ne manque pas d’opposer les « populicides » (Macron par exemple) aux « populistes » (lui, parmi d’autres). Il dit en substance, et il n’a pas tort, qu’on est soit populiste, soit populicide.

Parallèlement, et de manière qui nous semble incohérente, il marque aussi son attachement à la République, toute entière contenue dans la devise « liberté, égalité, fraternité », devise qu’il revendique et à laquelle il ajoute en bonne logique la « laïcité », et plus étonnement (un accommodement avec le siècle ?), le « féminisme ».

Mais comment un populiste peut-il être séduit par la devise républicaine, même augmentée de deux mots sensés la préciser ? Cette devise est en effet une belle escroquerie intellectuelle qu’un esprit aussi fin et profond que celui de Michel Onfray devrait percevoir au premier énoncé.

La Liberté ? Mais de quelle liberté peut jouir un peuple, le peuple autochtone de France s’entend, dont même le droit à l’existence n’est pas reconnu par la République ?

L’Egalité ? Mais de quelle égalité parle-t-on puisque les autochtones mélanésiens de Nouvelle-Calédonie bénéficient de droits civiques autochtones qui ne sont pas accordés aux autochtones européens de France ?

La Fraternité ? Mais de quelle fraternité s’agit-il puisque le droit des fratries est nié, tout comme le droit de la lignée ?

La laïcité ? Mais au nom de quel droit un peuple libre devrait-il cacher dans la sphère privée son identité spécifique, incompatible avec d’autres identités, et se priver ainsi du droit qu’ont tous les peuples à s’organiser et à vivre en fonction de valeurs particulières, y compris religieuses ?

Le féminisme ? Mais n’est-il pas une grossière entreprise de fractionnement du peuple, un élément qui s’inscrit dans une déconstruction sociale destiné à finalement réduire le peuple à une somme d’individus dissociés face au pouvoir central ?

Mais nous allons trop vite. En fait, avant de parler du « populisme », il convient de dire se qu’on entend par « peuple ». Qu’est-ce qu’un peuple pour Michel Onfray ? Si un peuple est la convergence d’une lignée, d’une culture et d’une religion (voyez le peuple juif par exemple), alors la République, qui déconstruit les peuples réels pour reconstruire par le contrat social (pacte républicain) un corps d’associés artificiel, simple résumé du genre humain, est un régime populicide par nature.

Mais il se peut aussi que, pour Michel Onfray, le « peuple » soit justement, et seulement, cet agrégat contractuel d’individus de toutes provenances. Peut-être considère-t-il, Michel Onfray, qu’à partir d’un certain nombre d’adhérents, n’importe quel club de pêcheurs à la ligne, pour peu qu’il soit régi par une Constitution qui fasse contrat (le règlement intérieur du club) pourrait constituer un « peuple » ? Le peuple des pêcheurs à la ligne ! On parle bien du « peuple de gauche » ! Cependant, même en adoptant cette approche, qui fait abstraction des réalités anthropologiques, la devise républicaine, même augmentée, apparaît encore comme populicide :

La Liberté ? C’est la liberté de faire tout ce que n’interdit pas la loi du régime. J’imagine que, de ce point de vue, Staline et Mussolini étaient de fervents adeptes de « la liberté ». Rappelons que la République interdit qu’on conteste la « forme républicaine de gouvernement ». Autrement dit, voyez la Constitution et le code pénal, le régime, comme tous les régimes totalitaires, interdit qu’on s’oppose à lui.

L’Egalité ? Mais, l’égalité se gagne à travers la citoyenneté. Et la citoyenneté oblige à intégrer une catégorie juridique, une catégorie juridique qui dépouille les hommes du spécifiquement humain (leur religion, leur culture…) et les réduit à un statut, qui effectivement les rend égaux, mais seulement après les avoir amoindri. Quand l’égalité se fait en dissociant « l’animal politique » de « l’être de culture », alors l’égalité se fait au prix de la schizophrénie et de la liberté d’être soi. Les frères Kouachi n’étaient pas d’accord.

La Fraternité ? Après avoir détruit la famille protectrice, attaqué la filiation, esseulé l’individu, le régime a beau jeu de parler de fraternité, de « fraternité universelle » s’entend : une fraternité sans frontière, mais qui laisse crever nos frères autochtones au coin de la rue. Vous reprendrez bien une tartine de moraline ?

La laïcité ? Quelle laïcité ? Celle qui théoriquement permet le « vivre tous ensemble » et la « mixité sociale » ? Celle qui dans le monde réel, pas celui des idées, se traduit par l’obligation de changer de quartier, de payer des loyers plus chers, d’accumuler des heures dans les transports, parce qu’il faut fuir loin si l’on veut vivre normalement ? Cette laïcité de Bataclan qui, par le pacte républicain, prétend pouvoir construire un « corps d’associés » aussi multiethnique qu’harmonieux et enrichissant ? Alors, oui, la laïcité, c’est l’enfer sur terre.

Le féminisme ? Mais cette idéologie mimétique fait du mâle le modèle absolu de la femme, son horizon indépassable, la mesure de sa « libération ». Quand la femme sera devenue un homme comme les autres, si jamais elle y parvient, que restera-t-il de la féminité ?

Donc, reposons la question : qu’est-ce qu’un peuple pour Michel Onfray ?

La convergence d’une lignée, d’une culture et d’une religion, comme le peuple juif ou le peuple autochtone de France ? Mais alors se rallier à la République revient à être cyniquement populicide : le meilleur moyen de tuer un peuple n’est-il pas encore de nier son droit à l’existence ?

Un rassemblement d’individus de toutes les origines unis par un « contrat social » autour de la devise républicaine, même augmentée ? Mais alors se rallier à la République revient à se rallier à une conception liberticide de « la liberté », à une représentation déshumanisante de l’égalité, à une idée insignifiante de la fraternité, à une laïcité qui disloque la société et à un féminisme qui broie les femmes. Bref, cela revient à être cyniquement populicide, puisque de telles valeurs ne peuvent qu’entraîner le fractionnement et l’explosion du « peuple » ainsi conçu (ce que nous observons d’ailleurs tous les jours).

En fait, on ne peut être à la fois « populiste » et républicain. La République est populicide par nature. Tous les républicains (conscients) sont populicides, nous pourrions multiplier les exemples. Le populisme ne peut s’inscrire que dans une logique autochtoniste. Dans « populisme » il y a « peuple » et seul le peuple autochtone fait peuple. Le « ramassis de gens » appelé aujourd’hui « peuple français » n’est pas un peuple. C’est seulement, et temporairement, un… « ramassis de gens » ! Car celui-ci, tas éphémère d’individus de toutes origines, races et religions, est destiné à se disperser. La gangue qui enferme notre peuple explosera bientôt.

Michel Onfray se veut populiste ? Fort bien, car tôt ou tard il rejettera la république populicide !

Antonin Campana

http://www.autochtonisme.com/2020/09/michel-onfray-et-la-republique-populicide.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

« LE GÉNIE, C’EST L’ENFANCE RETROUVÉE À VOLONTÉ »

Je veux entretenir aujourd’hui le public d’un homme singulier, originalité si puissante et si décidée, qu’elle se suffit à elle-même et ne recherche même pas l’approbation.  […] Lorsque enfin je le trouvai, je vis tout d’abord que je n’avais pas affaire précisément à un artiste, mais plutôt à un homme du monde. […] Homme du monde, c’est-à-dire homme du monde entier, homme qui comprend le monde et les raisons mystérieuses et légitimes de tous ses usages ; artiste, c’est-à-dire spécialiste, homme attaché à sa palette comme le serf à la glèbe.

M. G. n’aime pas être appelé artiste. N’a-t-il pas un peu raison ? Il s’intéresse au monde entier ; il veut savoir, comprendre, apprécier tout ce qui se passe à la surface de notre sphéroïde. L’artiste vit très-peu, ou même pas du tout, dans le monde moral et politique. […] Sauf deux ou trois exceptions qu’il est inutile de nommer, la plupart des artistes sont, il faut bien le dire, des brutes très-adroites, de purs manœuvres, des intelligences de village, des cervelles de hameau. Leur conversation, forcément bornée à un cercle très-étroit, devient très-vite insupportable à l’homme du monde, au citoyen spirituel de l’univers.

Ainsi, pour entrer dans la compréhension de M. G., prenez note tout de suite de ceci : c’est que la curiosité peut être considérée comme le point de départ de son génie.

[…] Supposez un artiste qui serait toujours, spirituellement, à l’état du convalescent, et vous aurez la clef du caractère de M. G.  Or, la convalescence est comme un retour vers l’enfance. Le convalescent jouit au plus haut degré, comme l’enfant, de la faculté de s’intéresser vivement aux choses, même les plus triviales en apparence. […] L’enfant voit tout en nouveauté ; il est toujours ivre. […] L’homme de génie a les nerfs solides ; l’enfant les a faibles. Chez l’un, la raison a pris une place considérable ; chez l’autre, la sensibilité occupe presque tout l’être. Mais le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté, l’enfance douée maintenant, pour s’exprimer, d’organes virils et de l’esprit analytique qui lui permet d’ordonner la somme de matériaux involontairement amassée.

Je vous priais tout à l’heure de considérer M. G. comme un éternel convalescent ; pour compléter votre conception, prenez-le aussi pour un homme-enfant, pour un homme possédant à chaque minute le génie de l’enfance, c’est-à-dire un génie pour lequel aucun aspect de la vie n’est émoussé. […] M. G. a horreur des gens blasés. Il possède l’art si difficile (les esprits raffinés me comprendront) d’être sincère sans ridicule. Je le décorerais bien du nom de philosophe, auquel il a droit à plus d’un titre, si son amour excessif des choses visibles, tangibles, condensées à l’état plastique, ne lui inspirait une certaine répugnance de celles qui forment le royaume impalpable du métaphysicien. Réduisons-le donc à la condition de pur moraliste pittoresque, comme La Bruyère.

Charles Baudelaire – Le Peintre de la vie moderne, Éloge de Constantin Guys (1863)

1 réponse »

  1. A Campana parle avec ses tripes,son cœur, sa Conscience. …. il est chaud,vivant,alors que M On m’effraie est FROID, on le voit dans son visage…….

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