A Chaud!!!!!

Le temps des Festivals (de contraintes)

Septembre, marronnier national — d’après Homo festivus (façon Philippe Muray)

Prologue : fin de plage, début de parade

L’été fut chaud, oui — comme une story qui refuse de s’éteindre. Mais voici septembre, mois liturgique de la France festivisée : on démonte les scènes au bord de mer pour remonter les estrades du ressentiment. Homo festivus rempile : après le selfie en maillot, la manif en gilet. On ne “reprend” pas le travail, on recommence la Fête — mais version blocages, votes, baromètres et “urgences”.


I. Programme officiel de la Rentrée (impossible)

10h : Vote de défiance participatif. On distribue des cartons rouges biodégradables ; chacun siffle sa mesure.
14h : Parade des obstacles. Barrages filtrants, feux de palettes certifiés bas-carbone, ateliers “slogans inclusifs”.
18h : Feu d’artifice budgétaire. Simulation en réalité augmentée de la dette explosive ; final en “Grand Emprunt durable”.
Toute la nuit : Rave réglementaire. Amendements, contre-amendements, “plateaux citoyens” avec experts en surchauffe.


II. Empire du Bien, chapitre “Défiance joyeuse”

La défiance n’est plus un accident, c’est un festival : vote, re-vote, motion, contre-motion. On a inventé la joie civique négative : on danse sur un “non” comme sur un tube.
Chacun brandit son droit à l’alarme : droit au climat d’exception, droit à la justice expresse, droit à la tendance Twitter. Le Bien — comme toujours chez l’Homo festivusexige la lumière. Même la colère doit passer au pupitre et poser sous les projecteurs.


III. La dette, notre feu de joie

On croyait la dette un chiffre : c’est un spectacle pyrotechnique. On la “maîtrise” en la renommant (transition, résilience, avenir), on l’applaudit quand elle arrose, on la siffle quand elle présente l’addition.
Septembre est le mois où l’on redécouvre, sidéré, que le crédit est un boomerang : il revient, et il vise la tempe. Alors on réunit un Conseil Supérieur de l’Inéluctable qui promet — sérieux comme un officiant — de décarboner l’arithmétique.


IV. Blocages tous azimuts : la chorégraphie

Le blocage n’est pas une tactique, c’est un art vivant.

  • Université : AG en amphi, vote à main levée, “nuits de la vigilance”.
  • Transports : ballets de rames immobiles, solo d’annonces saturées.
  • ZAC & ZAD : installation de campements émotionnels à base de palettes et d’utopies compressées.
    La République adore se mettre en scène comme “assiégée” pour être acclamée quand elle se libère d’elle-même.

V. Marronniers : la botanique de l’actualité

Septembre en France, c’est le temps des marronniers : prix de la cantine, pénurie de profs, facture d’énergie, crime météo, pouvoir d’achat en RTT permanent… Les médias trient les feuilles, l’État compte les glands, tout le monde ramasse quelque chose.
Le marronnier, c’est l’actualité qui se sait vieille et revient par fidélité : on ne l’informe pas, on l’entretient.


VI. “Start-up Nation” devient “Stop-up Station”

On jure les réformes “irréversibles” et l’on invente aussitôt la procédure réversible qui les suspend. On promet la simplification en quatre-vingts pages. On libère le travail sous perfusion.
Partout des guichets de permission pour organiser la spontanéité : régime d’autorisation pour l’improvisation. C’est la France festivale : on organise la surprise et on prescrit l’élan.


VII. Catéchisme de rentrée (extrait)

  1. Tu manifesteras dans la bonne humeur légale.
  2. Tu dénonceras sans relâche, mais sans haine (homologuée).
  3. Tu dépenseras pour la justice poétique, puis tu prieras pour l’équilibre comptable.
  4. Tu appelleras blocage ce que tu ne peux réformer et réforme ce que tu n’oses nommer impôt.
  5. Tu déclareras l’urgence, et tu l’installeras.

VIII. Ce que cache la fête

Sous les banderoles neuves : des fatigues anciennes. Des métiers qui se vident, des territoires qui se taisent, des hôpitaux qui compostent l’attente.
Le festival, ici, sert de paravent : il camoufle l’angoisse par l’événement, substitue le rythme à la résolution, la retransmission à la décision.


IX. Scènes de la vie festivale (vignettes)

  • Le micro-trottoir où chacun répète la même phrase, mais avec sincérité.
  • Le plateau où l’on coupe l’invité pour lui redonner la parole.
  • La cellule de crise qui s’ouvre tous les lundis à 8h, même sans crise (on ne sait jamais).
  • La circulaire qui annonce la fin des circulaires (en trois circulaires).

Épilogue : cendres chaudes, braises froides

Septembre promet d’être brûlant ; il le sera. La France adore faire feu de tout ce qui ne marche pas, puis marcher sur les braises en chantant “on continue”.
Façon Muray : l’Empire du Bien n’est pas un régime, c’est un agenda. Il remplit les cases, il colore les dimanches, il applaudit les indignations, il subventionne la mise en scène du réel pour différer le réel.

Et pourtant, derrière la sono, quelque chose réclame le silence : deux colonnes de chiffres, un emploi à pourvoir, une classe sans titulaire, un RIB qui soupire.
Quand la Fête aura remballé, il faudra bien compter. On pourra toujours appeler ça un nouveau format festif : la Fête de la Tentative de Solution.

Voici une série de citations façon “pavé sous la plage”, avec Muray en sourdine et l’Homo festivus en ligne de mire—courtes, piquantes, prêtes à placarder :

« Sous les pavés, la plage ; sous la plage, la billetterie. »

« On ne déboulonne plus le système : on le programme. »

« L’Homo festivus ne manifeste pas : il s’auto-applaudit en direct. »

« La fête est notre état d’urgence préféré. »

« Sous la banderole, le budget annexe. »

« Le pavé était un outil ; il n’est plus qu’un accessoire. »

« On crie “révolution” avec un bracelet cashless. »

« Le “non” s’achète en pack week-end. »

« Le réel ne passe pas au contrôle technique de la bonne humeur. »

« L’indignation, désormais, se sonorise. »

« On bloque pour exister, on diffuse pour durer. »

« La dette ? Feu d’artifice comptable : ça éblouit avant d’éteindre. »

« Sous le gilet, la go-pro ; sous la go-pro, le moi. »

« L’Empire du Bien adore les braises : ça chauffe sans brûler. »

« On réforme en festival, on gouverne en after. »

« Le marronnier n’est pas une info : c’est une saison. »

« Le pavé savait tomber ; le post sait monter. »

« La rue n’est plus un lieu : c’est une grille-horaires. »

« La résistance ? Clap clap clap. »

« Sous les slogans, les conditions générales. »

🎧 Playlist – Le Temps des Festivals

  1. Festival du Vote de Défiance
    🎵 The Clash – Should I Stay or Should I Go
    → Le Parlement hésite, le peuple oscille : rester ou dégager ?
  2. Festival de la Dette Explosive
    🎵 Pink Floyd – Money
    → Cash qui s’évapore, chiffres qui s’empilent, champagne qui coule.
  3. Festival des Blocages
    🎵 The Doors – Roadhouse Blues
    → « Keep your eyes on the road »… sauf qu’elle est barrée.
  4. Festival des Universités Occupées
    🎵 Alice Cooper – School’s Out
    → Le pavé en option, le master en AG.
  5. Festival des Transports à Arrêt Total
    🎵 The Jam – Going Underground
    → Les usagers en descente directe vers le cauchemar.
  6. Festival Climat / Urgence Planétaire
    🎵 R.E.M. – It’s the End of the World as We Know It
    → Chaque pancarte, une apocalypse miniature.
  7. Festival Pouvoir d’Achat
    🎵 Dire Straits – Money for Nothing
    → Quand le caddie devient cercueil.
  8. Festival des Réformes Suspendues
    🎵 Talking Heads – Road to Nowhere
    → Aller nulle part en brandissant la carte “avenir durable”.
  9. Festival des Marronniers Médiatiques
    🎵 Beatles – A Day in the Life
    → Les mêmes nouvelles, recyclées chaque année, sur fond de violons fatigués.
  10. Festival des Manifs “Bonne Humeur”
    🎵 Elvis Presley – Viva Las Vegas
    → La grève comme comédie musicale, applaudie et sponsorisée.

👉 Résultat : un jukebox ironique où chaque blocage devient une chorégraphie et chaque « rentrée chaude » se transforme en kermesse revendicative.

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2 réponses »

  1. Je vais gâcher la FËTE

    Le vinyl est usé , il passe au ralenti

    quelque chose ne « roule  » plus

    ça grippe

    salement

    il y a comme une odeur de méchoui dans l’air

    et j’ai horreur de la fête des « humanités « 

    les rouges se transforment en vert …

    le sabre au clair,

    Nous n’irons plus danser …

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