Un risque ou une opportunité pour les investisseurs?
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Le public, contrairement aux économistes et aux investisseurs institutionnels, tarde à réagir aux informations sur les réalités économiques et leur influence sur les placements.
Actuellement, 86% des Américains estiment que l’économie américaine est encore en récession, malgré les déclarations de la FED annonçant le contraire.
J’ai toujours trouvé fascinant d’observer le comportement des deux grands groupes d’investisseurs: les investisseurs institutionnels et les investisseurs particuliers. Il est aussi intéressant de comparer les réflexions des économistes et du public. L’histoire nous enseigne beaucoup sur les écarts entre ces groupes.
En moyenne, c’est seulement 2 ans après la fin des récessions que moins de 50% du public réalise que la récession a pris fin.
Selon quelques banques canadiennes sondées par Radio-Canada, les petits investisseurs ne sont pas encore rassurés et se sentent partiellement paralysés dans la gestion de leur portefeuille de placement, même après 6 mois de forte reprise boursière. L’histoire économique nous enseigne qu’après 12 mois de hausses boursières, les investisseurs se sentent plus rassurés et optimistes pour l’avenir. Malheureusement, dans ces conditions, certains investisseurs perdent les plus importants gains d’un cycle économique. De plus, le début d’une deuxième année de hausse boursière correspond à une correction de 10% à 20% des cours.
On peut comprendre que le public ne soit pas du même avis que les experts du milieu, puisque les informations qui l’intéressent sont reliées aux conditions d’emploi et à leur finance personnelle. Il faut noter que le taux de chômage baisse seulement un an après la fin de la récession, ce qui peut expliquer la mauvaise perception des gens sur l’état réel de l’économie.
Je suggère aux investisseurs d’examiner de plus près l’indice de confiance des investisseurs institutionnels de State Street publié à chaque mois. Malheureusement, encore une fois, ceux qui ont alimenté la hausse boursière des 6 derniers mois sont les investisseurs institutionnels car ils sont beaucoup plus proactifs que les particuliers.
William André Nadeau, Gestionnaire Canadien de portefeuille
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La concurrence à la Bourse
Les économistes sont en admiration devant les marchés boursiers. De tous les marchés qui composent un système économique libre et ouvert (marché du travail, marché des biens et des services, etc.), le marché boursier est en effet celui où les lois de l’offre et la demande fonctionnent le plus efficacement, et où le modèle de la concurrence, sans être toujours parfaite, s’incarne le mieux.
Un vaste corpus d’études universitaires montre d’ailleurs que les marchés financiers sont très performants en regard des autres types de marchés. Qu’il s’agisse du comportement des actions ou de celui des taux de change, des options ou des marchés à termes, ces produits ont pratiquement toujours un prix qui est une mesure assez fidèle de l’offre et la demande, le reflet plutôt précis des analyses et anticipations des participants à ces marchés : les investisseurs.
Les économistes reconnaissent cinq conditions nécessaires pour déclarer qu’un marché est vraiment concurrentiel: 1- très grand nombre de vendeurs et d’acheteurs (on parle d’atomicité des agents); 2- facilité à entrer ou à sortir du marché (comme lorsque vous pouvez acheter ou vendre des actions de n’importe quelle société, sans restrictions); 3- homogénéité des produits (il n’y a rien qui ressemble plus à une action ordinaire de BCE qu’une autre action ordinaire de BCE); 4- information qui tend vers la perfection (l’information financière sur les entreprises cotées en bourse n’est peut-être pas parfaite, mais son abondance est incontestable); 5- bonne mobilité des facteurs (acheter des actions de nos jours se fait en un clic de souris).
Lorsqu’on compare le marché boursier aux autres marchés économiques (marché du travail, marché de l’automobile, marché de la construction, etc.), on observe que ces cinq conditions y sont mieux respectées que partout ailleurs.
Les marchés boursiers sont donc caractérisés par une importante atomicité des agents et par un très grand nombre de vendeurs et d’acheteurs qui agissent de manière indépendante. Il n’y a ni monopole d’investissement, ni investisseur dominant, et très rarement entente ou complot entre des investisseurs pour déterminer le prix d’un titre boursier. Les prix des actions cotées en bourse sont le résultat d’une libre négociation et ils sont fixés par une masse anonyme d’investisseurs, d’offreurs et de demandeurs, autrement dit par les seules forces du marché qui imposent à tous les agents un prix d’équilibre.
Si la bourse se rapproche du modèle idéal de marché concurrentiel imaginé par les économistes, est-ce que la présence de plus en plus massive des investisseurs institutionnels (gestionnaires de caisses de retraite, de fonds communs de placement, de fonds de couverture, etc.) constitue une menace à son bon fonctionnement ?
L’importance grandissante des investisseurs professionnels sur les marchés boursiers est une donnée bien connue des observateurs. Selon des chiffres de la Reserve Federal Board des Etats-Unis, ils géraient 6,1 % des actions américaines en 1950, 26,7 % en 1970, 44,1 % en 1990 et 49,6 % en 1998.
On peut y voir une menace au principe d’atomicité. En revanche, quand les marchés financiers sont davantage l’affaire des experts que des amateurs, les prix des actifs sont plus justes et reflètent mieux leur valeur réelle.
André Gosselin, éminent chercheur canadien dans le domaines financier et patrimonial
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