Formation a la gestion de portefeuille

Débat autour des ETF et Réponses à des questions clefs…

Trackers (ETF) : Les trackers sont des fonds indiciels négociables en Bourse. Ils s’échangent et se négocient comme n’importe quelle action, et offrent la performance d’un indice ou d’un panier d’actions. Ils peuvent être éligibles au PEA. Attention, bien que « tracker » soit généralement considéré comme la « traduction » française d’ETF (acronyme d’Exchange-Traded-Fund), ces deux termes ne sont pas tout à fait synonymes. En effet, un tracker se contentera de répliquer la performance d’un indice, alors qu’un ETF est un terme plus général désignant simplement un fonds indiciel coté, qui pourra éventuellement prendre des libertés par rapport à son benchmark…..

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

La régulation redore l’image des ces produits.

Les actifs d’ETF européens ont atteint un plus haut à 192,1 milliards de dollars fin août 2009 selon un rapport de Barclays Global Investors (un des plus grands fournisseurs d’ETF: iShares). L’appétit insatiable du marché pour ces produits se traduit par une hausse de 34,7% des ETF en Europe depuis le début de l’année. Ce, en dépit de menaces provenant des Etats- Unis, qui voudraient imposer des règles contraignantes pour inciter plus de transparence dans leur distribution et pour limiter l’influence des spéculateurs sur ces marchés.

Or, Deborah Fuhr, responsable pour la recherche et la stratégie des ETF chez Barclays Global Investors perçoit des signes positifs dans ces nouvelles démarches réglementaires pour l’industrie en Europe, contrairement aux idées reçues.

La méconnaissance des produits ETF est l’une des raisons pour lesquelles Deborah Fuhr est prudente sur la vente des «leveraged» et «inverse » ETF à la clientèle privée. Elle est d’accord avec la déclaration de la SEC et de la FINRA (Financial Industry Regulatory Authority) qui avertit les investisseurs des risques de miser sur ces produits à long terme et que les pertes éventuelles sont aggravées dans des marchés volatiles. «A moins que le client comprenne la structure et l’objectif d’un produit, et les risques associés à l’investissement, les ETF peuvent offrir un investissement diversifié, liquide et transparent et maximiser les rendements d’un portefeuille. Les produits plus complexes comme les leveraged ETF doivent être considérés dans ce contexte», souligne Deborah Fuhr.

Selon la spécialiste des ETF, certaines régulations en Europe pourraient bénéficier à l’industrie et à l’utilisateur final du produit. Notamment, l’introduction du reporting obligatoire des négoces ETF en bourse. Une des idées fausses des ETF se concentre sur la liquidité de l’actif sous-jacent. Les ETF ne serviraient pas l’intérêt les clients institutionnels qui veulent effectuer une grande transaction, déplorent les plus sceptiques. «En réalité un ETF est aussi liquide que si on achetait des actions. Il faut tenir compte du fait qu’il y a un marché primaire et secondaire en ETF. Il est tout à fait possible d’effectuer une transaction avec une valeur d’un milliard de dollars dans une journée», explique Deborah Fuhr.

La fausse idée du manque de liquidité des ETF pourrait être résolue.

«Seul un tiers des négoces en produits ETF sont déclarés puisque les sociétés de courtage ne sont pas obligées de déclarer toutes ces transactions. Ce n’est qu’à la demande de clients, au cas par cas, que le rapport est fait. Ceci donne la fausse impression d’un marché ETF illiquide.

Mais ce n’est pas le cas», explique Deborah Fuhr. Selon elle, ces changements devraient être ajoutés dans la MiFID (Markets in Financial Instruments Directive), le régime de régulation des services d’investissements en Europe, introduite par l’Union Européenne en avril 2004. En outre, l’introduction de reporting requise bénéficierait au client final autant qu’à l’industrie en augmentant la  transparence sur la liquidité de ces produits.

Si les autorités européennes suivaient l’exemple de la FSA en Angleterre, cela présentera un autre point positif. En novembre 2008 la FSA a annoncé l’introduction éventuelle en 2012 d’une loi pour protéger le client de la fausse présentation de produits. Celle-ci forcera les IFA (Independent Financial Advisors) à déclarer à leur clientèle si leurs conseils sont liés à un fournisseur ou s’ils sont indépendants et à détailler leurs frais.

Elle exigera que l’IFA ait une connaissance approfondie des produits ETF et qu’il puisse expliquer la raison pour laquelle il recommande un produit structuré aux dépends de l’avantage d’un ETF. Ce mouvement sauvegardera la vente légitime des produits ETF à la clientèle privée….

 QUESTIONS AVEC REPONSE :

La liquidité d’un ETF, ETN ou ETC dépend-elle des volumes échangés en Bourse ?

®Sur les marchés réglementés, la liquidité des ETF, ETC (Exchange Traded Commodity) et ETN (Exchange Traded Note) est assurée par des teneurs de marchés qui s’engagent contractuellement avec la Bourse à garantir un prix d’achat et de vente, ainsi qu’un volume tout au long de la journée, de 9h05 à 17h40¯, explique Valérie Baudson, directeur développement de CASAM ETF. Mais les volumes échangés en bourse ne reflètent pas la profondeur du marché, car l’essentiel des transactions s’effectue de gré à gré. Lorsqu’ils traitent en dehors du marché, les investisseurs institutionnels s’adressent directement à des Market Makers, explique Valérie Baudson. Ces derniers doivent avoir l’autorisation des émetteurs pour créer des parts sur le marché primaire. A partir du moment où un ETF est disponible, il est liquide. Cette liquidité ne dépend pas du volume échangé en Bourse, mais de la liquidité de l’indice sous-jacent.¯ 

La tracking error d’un ETF synthétique est-elle plus faible que celle d’un ETF physique ?

La tracking error dépend notamment de l’indexation. En premier lieu, plus l’indice est large, plus sa réplication parfaite est délicate et peut coûter cher, ce qui impacte la performance du fonds et donc sa tracking error. ®L’exemple le plus extrême est celui des ETF indexés sur l’indice Emerging Market, qui comporte plus de 730 actions, sur un nombre de pays et de devises importants, indique Isabelle Bourcier, responsable de l’activité ETF de Lyxor. La Tracking Error (qui mesure la volatilité des écarts de performances entre l’ETF et son indice de référence sur 1 an) que nous observons sur des ETF indexés sur l’indice Emerging Market varie entre 0,09 % pour notre ETF et 3 % pour un ETF concurrent géré en réplication physique¯.Le type de réplication de l’indice (physique, pour les ETF investis directement dans les titres de l’indice et synthétique pour ceux à base de swaps, c’est-à-dire de contrat d’échange de performance) a moins d’incidence sur la tracking error lorsqu’un ETF réplique un indice moins large¯, affirme Valérie Baudson. Chez iShares, on estime ®qu’à ce jour, aucune étude sérieuse ne prouve qu’un mode de gestion procure une tracking error supérieure à un autre, car de nombreux facteurs techniques rentrent en compte, affirme Eric Wohleber, directeur en France de BGI et de iShares. Tout dépend des périodes et des actifs concernés¯. 

RAPPEL :Tracking error : Mesure relative de la déviation d’un fonds par rapport à son indice de référence. Cette mesure indique le risque de voir la performance du fonds dévier de celle de son indice de référence.

Un ETF est-il moins cher qu’une sicav traditionnelle pour un institutionnel ?

Une part institutionnelle d’une sicav traditionnelle est exemptée de droit d’entrée et de sortie. Avec les ETF, les investisseurs prennent à leur charge les frais générés par les opérations qu’ils réalisent directement auprès du broker. ®C’est le prix de la transparence, rappelle Eric Wohleber. Dans un fonds traditionnel, ces frais ne sont pas facturés à l’investisseur, mais sont affectés au compte de résultat de la sicav. Ils diminuent ainsi la performance du fonds car ils sont déduits de la valeur liquidative quotidienne. Ce qui nuit aux porteurs stables. Avec les ETF, chacun paie pour sa quote-part¯. Difficile de dire à quel point les frais grèvent les sicav traditionnelles, puisque les montants ne sont pas communiqués aux investisseurs. Pour les ETF, les institutionnels peuvent faire jouer la concurrence entre les brokers en toute transparence

Pour un investisseur institutionnel, est-il plus simple de recourir aux ETF qu’aux options et aux futures ?

®Les ETF, les futures ou les options répondent à des besoins différents, précise Isabelle Bourcier. C’est pourquoi les institutionnels les utilisent généralement de façon complémentaire. Dans la pratique, pour couvrir un portefeuille, ou en réduire la volatilité, voire obtenir un effet de levier, ils recourent favorablement aux options. Les futures sont également utilisés par les gérants pour de la couverture et/ou de l’effet de levier dans le cadre de leurs allocations tactiques. Tandis que les ETF seront privilégiés pour des allocations stratégiques directionnelles leur permettant notamment d’accéder à des classes d’actifs non couvertes par les marchés de futures ou d’options. De plus, les ETF l’emportent largement auprès des institutionnels lorsqu’il s’agit de liquidité (c’est-à-dire la garantie de pouvoir entrer/sortir à tout moment quelle que soit la taille face aux fonds via leur broker)¯. Le recours par les institutionnels à l’un de ces instruments dépend également de leurs capacités opérationnelles et contraintes en matière de contrôle de risque qui sont très différentes par typologie de produits. En effet, ®l’ETF est la solution la plus efficiente pour s’exposer à un indice (quelle que soit la classe d’actif couverte), car il s’échange comme une simple action française dans des conditions de liquidité assurées par un ou plusieurs teneurs de marché. Les options et futures sont plus contraignants en termes opérationnels, de par la gestion des appels de marge, la mise en place de contrats OTC (Brussels: OTCB.BR – actualité) spécifiques, la gestion des risques de contreparties (mise en place de collatéral par exemple)¯, ajoute Isabelle Bourcier.

Deux ETF qui répliquent un même indice sont-ils différents ?

Même si deux ETF sont investis sur un même indice, ils se différencient avant tout par l’éventuel risque de contrepartie et la composition du portefeuille¯, prévient Eric Wohleber. Chez CASAM, on relève cinq différences principales entre deux ETF indexés sur un même indice. ®Pour faire son choix, un investisseur a tout intérêt à comparer le prix d’un ETF, affirme Valérie Baudson. Les frais de gestion peuvent dans certains cas varier du simple au double. Le pays de domiciliation du fonds peut avoir une incidence importante sur ces derniers. De plus, un investisseur a tout intérêt, en fonction de ses besoins, à vérifier si l’ETF est indexé sur un indice de prix ou dividendes nets réinvestis. La qualité des Market Makers et les fourchettes de cotation qu’ils offrent aux clients sont aussi à regarder de près. Enfin, la tracking error est essentielle¯. Pour Lyxor, ®plusieurs éléments sont pris en compte par les institutionnels et les banques privées, qualité de réplication (tracking error), coûts et rapidité pour souscrire ou se faire rembourser quelle que soit la taille. Lors des due diligences effectuées par ces professionnels, ce sont les capacités opérationnelles et la qualité du contrôle des risques en place au niveau de la société de gestion, la qualité de la réplication et l’expérience des gérants qui priment.¯ 

La due diligence à mener sur un ETC ou ETN est-elle la même que celle à réaliser sur un ETF ?

La réglementation qui s’applique aux ETF, Exchange Traded Commodity (ETC) et aux Exchange Traded Note (ETN) n’est pas la même. ®Quand un investisseur achète un ETF, il investit dans un fonds qui possède un passeport Européen UCITS III, ce qui n’est pas le cas pour un ETC ou un ETN¯, explique Eric Wohleber. ®Les ETC et les ETN sont des titres obligataires et non des OPCVM, la qualité de signature dépend de la sûreté consentie par l’émetteur et de la qualité du collatéral mis en place, rappelle Isabelle Bourcier. Les règles d’éligibilité à l’actif des fonds varient d’un OPCVM à l’autre. Ainsi un fonds français coordonné ne peut détenir des ETC/ETN. Or, les fonds français non coordonnés et fonds luxembourgeois coordonnés peuvent en détenir jusqu’à 10 % maximum. Le processus de due dilligence doit se focaliser sur les risques de contrepartie et la qualité du collatéral en place.¯

 Les ETC, ETN ou ETF sur matières premières sont-ils affectés par les récentes annonces de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) visant à réduire la possibilité d’utiliser des futures sur matières premières ?

Considérant que certains acteurs de marché prennent des positions spéculatives telles qu’ils influent sur le cours de matières premières, la Commodity Futures Trading Commission (agence américaine qui contrôle le commerce des contrats de matières premières) a réduit la possibilité d’utiliser des futures sur matières premières. Cette régulation a entraîné des fermetures de produits américains de taille importante qui utilisaient des contrats futures sur matières premières, notamment sur le gaz naturel et le pétrole. ®En étant basé en Europe et en ayant des fournisseurs de swaps qui nous communiquent l’exposition de nos produits, nous sommes beaucoup moins exposés à cette régulation, affirme Socheat Cchay, directeur associé d’ETF Securities. De plus, nos ETC fournissent une gamme de produits sur différentes maturités de la courbe, par le biais de ventes à découvert, ce qui limite la dimension spéculative¯. Pour les ETF UCITS III, ®l’impact, si il y en a un, dépendra de la façon dont est géré le fonds et de sa taille. Les réglementations sont très différentes entre l’Europe et les Etats-Unis. Ainsi, les ETF et ETN impactés aux Etats-Unis sont, soit peu diversifiés, soit sur des matières premières peu liquides, soit de taille très importante comparée aux contrats en circulation sur le marché des futures qu’ils répliquent¯, précise Isabelle Bourcier.

Un ETF physique comporte-t-il un risque de contrepartie ?

Il existe un risque de contrepartie dans les deux méthodes de réplication, synthétique et physique. Pour les ETF de réplication synthétique, le risque de contrepartie est limité au swap (contrat d’échange de performance) qui ne peut excéder 10 % de la valeur de l’actif du fonds. Dans le cas de la réplication physique ®les gérants peuvent être tentés d’améliorer la performance des ETF, ETC ou ETN qu’ils gèrent via par exemple le prêt de titre ou l’achat de certificats optimisés, qui sont sources de risques de contreparties¯, explique Valérie Baudson.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Formation Financière : le piège machiavélique des ETF inverses ou à levier (cliquez sur le lien)

3 réponses »

  1. Bonjour,

    Comme les ETFs sont des actifs passivement gérés, est ce que le Sharpe Ratio serait un bon indicateur de perfomance ajustée au risque?
    SI oui, lors de l’année 2008, la plupart des rendements annuels des ETFs ont été négatifs, par conséquent le Sharpe ratio sera aussi négatif, comment l’interpété?

    Merci d’avance

Laisser un commentaire