Comment fonctionnent les produits dérivés ? A quel public s’adressent-ils ? Les émetteurs proposent sans cesse de nouveaux produits alléchants, mais, avant de souscrire, il faut revenir aux fondamentaux et bien comprendre les propriétés des différents dérivés.
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La première caractéristique des produits dérivés est le fait qu’ils portent sur un sous-jacent en particulier. Cela signifie que chaque dérivé évolue en fonction d’un actif financier. Cela peut être une action, un indice, une matière première, une paire de devises (l’euro-dollar, le dollar-yen…).
La seconde caractéristique majeure de tout produit dérivé est, dans 90 % des cas, d’amplifier les variations d’un sous-jacent. En clair, lorsqu’une action prend 5 %, le produit dérivé peut prendre 25 %. Inversement, il peut aussi perdre 25 % si l’on est dans le mauvais sens.
Pour un investisseur ou un spéculateur, il est évident qu’il ne faut pas consacrer aux produits dérivés les mêmes montants qu’au reste de son portefeuille. Le jeu peut en valoir la chandelle car un produit dérivé peut doubler de valeur sur une courte période.
Différents types de produits
Il y a d’abord les dérivés de bon père de famille. Ils permettent de se diversifier et d’améliorer le rendement d’un portefeuille. C’est le cas des certificats 100 % permettant de suivre les variations d’un panier d’actions, d’un indice, sans effet de levier. Nous déconseillons en revanche ceux qui portent sur des matières premières, sauf ceux sur l’or.
Un certificat bonus permet de réaliser un gain significatif, à condition qu’une action ne touche pas un certain niveau. Si c’est le cas, le certificat évolue comme l’action.
Viennent ensuite les warrants. Ces titres émis par des banques donnent le droit d’acheter (calls) ou de vendre (puts) des actions à une date fixée à l’avance et à un prix convenu dès le départ. Les warrants peuvent connaître de fortes variations à la hausse ou à la baisse. Ils peuvent aussi perdre toute valeur. Bien les choisir est tout un art. Les warrants sont destinés à ceux qui connaissent déjà bien la Bourse.
Effet de levier maximal
Viennent ensuite les turbos, les CFD et les futures. Ces produits sont faciles à comprendre. Les turbos sont des options à barrière. Si la barrière est touchée, ils perdent toute valeur. Dans le cas d’un turbo call sur le CAC 40, le produit gagne 1 centime chaque fois que l’indice prend 1 point.
Les CFD sont des contrats pour la différence, qui sont négociés de gré à gré. Cela signifie que votre intermédiaire vous paiera ou que vous lui devrez la différence entre deux cours. Vous pouvez de manière très simple jouer à la hausse ou à la baisse d’actions, d’indices, de matières premières… Les CFD, dont l’utilisation est également très simple, permettent de paramétrer ses risques, en particulier sur les actions. Sur le CAC 40, chaque point de l’indice vaut 10 euros.
Plus difficiles d’accès, les futures sont des contrats à terme. Cela signifie que les intervenants s’engagent à acheter ou à vendre des actifs à un prix et à une date déterminés à l’avance. Ils s’adressent aux particuliers les plus aguerris en Bourse.
Restent les trackers (ou ETF), fonds cotés en Bourse, à la frontière des OPCVM et des dérivés ; ils prennent un essor considérable.
OLIVIER AUBERGER | JDF HEBDO | 10.10.2009
A chaque produit dérivé sa fiscalité.
Frédéric Durand-Bazin | JDF HEBDO | 10.10.2009
Les produits dérivés ont longtemps été fiscalement maltraités. Ils sont pour la plupart soumis à l’impôt et aux prélèvements sociaux dès le premier euro. Le projet du gouvernement consistant à appliquer les prélèvements sociaux à l’ensemble des plus-values mobilières dès le premier euro va rendre la fiscalité des dérivés moins discriminante. Une maigre consolation.
Les warrants, turbos et CFD
Les cessions ne font pas tourner le compteur de cessions de 25.730 euros en 2009. La plus-value est taxée au taux de 30,1 % dès le premier euro. La moins-value est reportable pendant dix ans.
S’agissant plus particulièrement des warrants :
si le produit est vendu avant l’échéance, le gain est égal à la différence entre le cours auquel il a été revendu et le montant de la prime payée lors de l’achat ;
s’il a été exercé, le gain est égal :
– pour un call, au cours de Bourse du sous-jacent à l’exercice – (prix d’exercice + prime) ;
– pour un put, au prix d’exercice – (cours de Bourse du sous-jacent à l’exercice + prime).
Les certificats
En cas de cession avant l’échéance, la plus-value est taxée à 30,1 % (y compris 12,1 % de prélèvements sociaux) si le seuil de cessions de 25.730 euros est franchi, les moins-values éventuelles sont reportables pendant dix ans, sous réserve d’avoir franchi ce seuil.
En cas de conservation jusqu’à l’échéance, la prime de remboursement est soumise soit à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif, soit au prélèvement forfaitaire libératoire au taux de 30,1 %. La décote de remboursement constitue une perte en capital qui n’est pas déductible du revenu imposable.
Les trackers
Ils sont imposés comme des valeurs mobilières classiques. Les plus-values sont soumises au prélèvement forfaitaire au taux de 30,1 % si l’investisseur a franchi le seuil de cessions de 25.730 euros.
Quelques livres pour aller plus loin.
Olivier Auberger | JDF HEBDO | 10.10.2009
Pour progresser dans votre connaissance des produits dérivés, de bons manuels sont indispensables. Ils vous permettront d’approfondir votre connaissance de ce monde trop souvent hermétique.
Le livre de fond, le plus utilisé mais aussi le plus compliqué, est l’oeuvre de l’Américain John Hull. Options, futures et autres actifs dérivés, chez Pearson Education, vous permettra de faire un tour complet des produits dérivés. Cet ouvrage contient des définitions, des stratégies et même des exercices qui permettent de s’améliorer, à condition de détenir de solides bases mathématiques.
De son côté, Olivier Kachkach est l’auteur de Tout savoir sur les warrants et les certificats, aux éditions Gualino. Ce livre est destiné aux débutants qui s’intéressent aux deux produits cités. Olivier Kachkach, qui travaillait dans la salle des marchés de BNP Paribas, parvient à expliquer de manière concrète le fonctionnement et l’utilité de ces produits.
Pour ceux qui s’intéressent aux CFD, l’ouvrage de référence est édité chez Maxima. Il a été écrit par les dirigeants de Saxo Banque sous le titre Guide complet des CFD. Ce livre comporte toute une partie pratique qui montre comment ouvrir ou fermer une position avec des CFD. De plus, il revient sur un cas de figure important, appelé « appel de marge ». Cela signifie que votre courtier vous appelle pour vous dire que vous ne pouvez plus prendre de position nouvelle du fait d’une évolution défavorable du marché. En réaction, vous pouvez couper votre position ou approvisionner à nouveau votre compte.
Parmi les autres lectures recommandées, nous apprécions beaucoup Spéculer sur les indices boursiers et les contrats futures,éditions Gualino. L’auteur, Eric Lefort, évite de trop recourir au savoir académique. Son expérience sur les marchés constitue la base de cet ouvrage. Il donne des conseils précieux de gestion de son capital. C’est l’une des clés de la réussite avec les futures et l’ensemble des produits dérivés.
Enfin, notons que ces livres ne seront jamais que des compléments. S’intéresser aux produits dérivés suppose déjà de bien connaître le fonctionnement de la Bourse.
Les dérivés ne seront jamais qu’une sorte de Bourse accélérée. Les mouvements sont plus rapides mais les causes sont les mêmes. Pour bien débuter en Bourse, les ouvrages édités par le Journal des Finances nous paraissent bien adaptés, en particulier Connaître les produits financiers, de Fabienne Bouloc.
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Les dérivés financiers, moteurs invisibles de la crise (cliquez sur le lien)
Catégories :Formation a la gestion de portefeuille
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