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Commentaire : Les Matières Premières / une classe d’actifs vraiment décorrélée ?

L’un des principaux avantages des matières premières serait sa faible corrélation historique avec les autres classes d’actifs, tels que les actions et les obligations… Cela reste à voir et à revoir !!!!

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Ces dernières années, les matières premières ont eu le vent en poupe : en une dizaine d’années, les montants investis sur cette classe d’actifs à travers des indices, comme le S&P GSCI (« Standard & Poors Goldman Sachs Commodity Index ») la référence dans ce domaine, sont passés de quelques milliards de dollars à près de deux cent milliards de dollars, d’après une récente étude effectuée par la CFTC (« Commodity Futures Trading Commission »).

L’un des principaux avantages des matières premières serait sa faible corrélation historique avec les autres classes d’actifs, tels que les actions et les obligations, qui a été mis en évidence par de nombreux travaux de recherche académiques, notamment ceux du centre de recherche de l’université du Massachusetts (« Center for International Securities and Derivatives Markets ») intitulée « Benefits of Commodity Investments ».

Outre leurs performances passées, cet effet de décorrelation a joué à plein, ces dernières années, pour convaincre bon nombre d’investisseurs dit « traditionnels » d’inclure les matières premières au sein de leur portefeuille.

Cette décorrelation s’explique tout simplement : bien plus que les cycles économiques, ce sont avant tout des raisons souvent bien spécifiques aux marchés de matières premières qui déterminent leur prix, que ce soit, par exemple, pour le pétrole, l’or, le maïs ou encore le café.

Les prix du pétrole ont fortement grimpé à la suite de crises politiques, au Moyen Orient (Guerre du Kippour en 1973, Révolution Iranienne en 1979, Première Guerre du Golfe en 1990, etc….) au même titre que le marché de l’or pendant l’invasion Russe en Afghanistan en 1980. Mais l’or noir a également flambé, en 2005, lors des ouragans Katrina et Rita, ayant affecté la production des plates formes pétrolières dans le Golfe du Mexique. Le climat est, également, un des principaux facteurs explicatifs de l’évolution des prix des produits agricoles : le climat trop humide aux Etats-Unis pendant le printemps 2008 n’avait-t-il provoqué une flambée des cours du maïs sur les marchés à terme de Chicago ? Les températures très froides au Brésil en 1994, n’ont-elles pas conduit à un triplement du prix du café Arabica en quelques semaines.

Pourtant, depuis le début de la crise financière et la faillite de la banque Lehman Brothers, la décorrelation des matières premières est apparaît beaucoup moins nette : un fort repli des prix à l’automne 2008 suivi d’un rebond significatif, à partir du mois de mars 2009, comme pour l’indice large de Wall Street – le S&P 500 – et dans une moindre mesure pour les marchés obligataires.

Les matières premières seraient elles donc toujours une classe d’actifs décorrelée des actions et des obligations ?

La réponse est dorénavant plus mitigée.

Certes, les crises politiques et les problèmes climatiques ne vont pas disparaître dans le futur : le prix du sucre a, par exemple, doublé en 2009, en raison du climat particulièrement humide depuis plusieurs mois au Brésil – premier producteur mondial – ayant retardé les récoltes et accentuant les inquiétudes relatives aux perspectives de l’offre mondiale. Mais surtout l’apparition récente de nouveaux investisseurs sur les marchés de matières premières a changé la donne : l’augmentation ou la réduction du risque de leur portefeuille se fait au niveau global, quelque soit la classe d’actifs considérée.

Ce comportement expliquerait, en partie, la moindre décorrelation récente des matières premières avec les autres classes d’actifs, en raison de l’intérêt grandissant des investisseurs traditionnels pour cette classe d’actifs, à l’image de Calpers « California Public Employees Retirement System », un des principaux fonds de pension Américains, ayant récemment décidé de faire passer son allocation sur les matières premières de 0.5 à 3% de ses actifs.

Mais, en cas de disparition de cet effet de décorrelation, l’intérêt des matières premières pour ces investisseurs de la dernière heure serait il toujours présent ? D’ailleurs, un désinvestissement éventuel de leur part ne favoriserait elle pas, à nouveau, un retour de l’effet de décorrelation ? Un retour à la situation initiale en quelle sorte !!! 🙂

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Pétrole et dollar: une corrélation ni évidente ni même prouvée (cliquez sur le lien)

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