Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Mégatendances géostratégiques

Les services de recherche de Credit Suisse détaillent les trois principaux piliers de croissance à long terme. Surprise et confirmation.

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Démographie, multipolarisation (ou super-globalisation) et développement durable. Le futur ne provoque pas vraiment la surprise. Credit Suisse s’attarde tout de même une nouvelle fois sur des piliers de croissance très discutés.

Peu importe d’ailleurs la nouveauté, les mégatendances sont au moins aussi anciennes que l’invention de la roue. Et l’histoire démontre qu’elles sont des sources d’ingéniosité et des ressorts économiques de première importance.

L’impact des mégatendances mondiales constitue même le paradigme déterminant de l’activité humaine, partant d’une bonne orientation des positions d’investissement.

Inutile de chercher une véritable originalité. Les grandes tendances ont le plus souvent des représentants déjà bien établis. Daimler est ainsi positionné pour bénéficier de l’essor prochain de la voiture électrique. Medtronic, Synthes, Roche ou Novartis profiteront du vieillissement général de la population.

Même principe pour ABB et la flambée énergétique ou Siemens et l’essor de la télécommunication, encore en cours sur les plus grands marchés émergents. Le futur se résume dans tous ces cas à une appréciation à l’envi de la valorisation des titres. D’autres opérateurs encore inconnus ou invisibles, apparaîtront, comme IBM ou Microsoft en leur temps. Le solaire, par exemple, alimente de nombreuses sociétés très tendance. Trop peut-être pour que leur prix soit aujourd’hui vraiment attractif. Il s’agit surtout de faire fonctionner les radars dans les bonnes directions.

Les trois piliers des mégatendances, largement en interaction, recèlent de ce point de vue de nombreux points d’accroche. La démographie, par exemple, repose sur un phénomène toujours plus évident: le défi du vieillissement. Les plus de soixante ans représentent 10% de la population actuelle. Ils seront 20% lorsque les 9 milliards d’habitants seront atteints. Une menace certaine pour les pays développés. Mais également un tremplin côté opportunités. En premier lieu, dans le domaine des soins à la personne, pharma et medtech en tête. Mais aussi des solutions moins attendues, à la mode «woopies». Car les personnes âgées sont réputées bien équipées en termes de cash et, le système de santé s’améliorant aussi, découvrent dans la longévité des besoins insoupçonnés. Les plus de 50 ans, par exemple, constituent la plus importante population d’utilisateurs d’internet. Plus surprenant, la vente de guitares électriques a explosé au Japon au moment où les baby boomers sont arrivés à la retraite.

Plus globalement, l’impact de la croissance démographique soustend l’explosion de la demande dans tous les domaines essentiels, santé, énergie, infrastructure, consommation, etc. Au temps de Robert Malthus, on appréhendait le palier du milliard d’habitants. Aujourd’hui, les projections tablent sur plus de 9 milliards pour 2050. Pour autant que l’accélération mesurée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale se poursuive (de 2,4 à 6,8 milliards en 60 ans). Avec une pression exponentielle sur la demande, notamment énergétique. Entre 1950 et 2008, la population s’est multipliée par 2,5. Dans le même temps, la consommation de pétrole a gonflé de 600%.

Dans la foulée, c’est tout l’équilibre du monde qui permute. En 1952, 61,5% de la population mondiale réside dans les pays développés. En 2030, 62,9% proviendront des pays aujourd’hui émergents. Partant, toute la chaîne de valeurs devra être corrigée dans ce monde multipolarisé. En cheffe de file, la Chine apparaît comme une source de retournement complet de paramètres. Avec une classe moyenne supérieure galopante, qui devrait atteindre environ 300 millions d’individus d’ici 2015 (environ la population américaine actuelle). «Dans les cinq prochaines années, beaucoup de marques chinoises apparaîtront.» Illustration d’un transfert en cours, d’une politique de bas coûts à la production à haute valeur ajoutée. L’industrie textile, fondatrice pour la Chine, apparaît déjà en première ligne. Mais les plans de relance adoptés laissent entrevoir une convergence plus marquées entre les divers secteurs industriels, ainsi que le développement de compétences sur des objectifs stratégiques de long-terme, dont une meilleure maîtrise du marché global et de l’économie soft (marques, brevets, marketing, etc.).

Credit Suisse adopte aussi une position très optimiste sur l’Afrique.

Avec un potentiel de développement gigantesque, et autant de possibilité d’investissement. Coté commodities, le continent est (bien sûr) encore loin de son rendement maximal. Notamment en raison d’un manquement évident en termes d’infrastructures. La production énergétique constitue également un domaine de croissance à saisir. L’Afrique ne pèse encore que 3% de la production globale d’électricité. Alors que les ressources laissent augurer un autre destin: un tiers du potentiel hydro-électrique mondial, troisième réserve de charbon, sans parler du solaire. Côté consommation, un domaine en particulier a retenu l’attention: la téléphonie mobile, dont la pénétration est encore balbutiante, même en l’absence quasi-totale de réseau fixe.

Enfin, le climat cimente la troisième mégatendance du développement durable. La production énergétique évidemment occupe le devant de la scène internationale. Le projet Desertec est perçu comme l’exemple parfait d’une mégatendance faite innovation. Le consortium industriel qui soutient l’opération (fournir 15% de la consommation électrique européenne via des installations thermo-solaires en Afrique du Nord), comptent autant de possibilités d’investissement. Plus largement, toutes les énergies alternatives présentent un fort potentiel de croissance. Un seul chiffre: l’énergie propre ne constitue que 1% (3% avec l’hydraulique), de la production totale.

La mobilité n’est pas en reste. L’automobile électrique, qui se trouve au prisme des évolutions démographique, technologique et politique (infrastructure), est appréhendée comme un véhicule d’investissement à multiples entrées. A commencer par les fabricants de batteries, dont il s’agit de privilégier les sociétés présentant un portfolio technologique diversifié, une bonne exposition aux marchés à haute plus-value, comme le militaire ou le spatial, et présentant des valorisations faibles.

source crédit suisse oct09

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