Behaviorisme et Finance Comportementale

Le marché encourage les comportements moraux

L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ EST RECONNUE LA PLUPART DU TEMPS COMME LA PLUS EFFICACE. MAIS SA RECONNAISSANCE MORALE SEMBLE ENCORE LOINTAINE

L’éthique marchande se fonde sur le respect de la propriété privée. C’est une erreur de qualifier le marché d’amoral.

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La crise des subprimes, la discussion en cours sur la rémunération des managers, tout comme le climat politique dominant ont abouti à de nombreux projets réglementaires pour tenter de «moraliser » le marché. L’imposition de règles éthiques externes serait requise pour limiter ses excès et son potentiel de dommages.

Une conférence du Council on Public Policy, organisée à l’occasion du 250e anniversaire de «La Théorie des sentiments moraux» d’Adam Smith ces jours-ci à Berlin, prend à temps le contrepied de ce point de vue pour rappeler que marché et moralité ne s’excluent pas, mais pourraient bien, en réalité, aller de pair.

Cette conviction d’apparence provocatrice se fonde sur l’éthique du respect de la propriété privée qui caractérise les échanges marchands.

«Le marché permet à chacun d’avancer ses buts de façon pacifique», relève Tom Palmer, chercheur senior à l’Institut Cato de Washington. Alors qu’il est accusé d’encourager le lucre et l’égoïsme, le marché permet plutôt d’accumuler des richesses augmentant la capacité d’aider autrui.

Quelles que soient les motivations individuelles, cependant, elles ne peuvent être assouvies que par l’échange. L’enrichissement sur un marché libre est lui-même la conséquence d’un service fourni à autrui: il émerge d’un échange, les consommateurs appréciant davantage les produits qu’ils acquièrent que les sommes dont ils se séparent, à défaut de quoi il n’y aurait pas de marché.

C’est dès lors tout autant une erreur de considérer le marché comme amoral, insiste Tom Palmer.

La participation au marché implique un comportement moral.

Un marché se caractérise par le respect des règles de justice, qui protègent la propriété. L’échange marchand est tout à fait l’inverse du vol et de la fraude: que ceux-ci puissent se produire est à attribuer à la faillibilité de l’être humain, et non au «marché».

Le cadre institutionnel n’est cependant pas anodin: des institutions de gouvernance sont indispensables pour protéger les droits de propriété individuels et faciliter les relations marchandes.

De ce point de vue, les conclusions souvent tirées des événements récents apparaissent au mieux négligentes. Tom Palmer relève que la crise financière est communément attribuée à un échec moral du capitalisme, alors que tant la banque centrale que les principales institutions américaines de prêts hypothécaires sont des organisations d’origine étatique, qui certes interagissent avec les marchés, mais ne fonctionnent pas selon l’éthique marchande.

L’économie de marché est reconnue la plupart du temps comme la plus efficace, mais sa reconnaissance morale semble encore lointaine.

John Meadowcroft, professeur au King’s College de Londres, observe que d’un point de vue technocratique, le marché n’est considéré que comme instrument à travestir à souhait pour obtenir les résultats souhaités à travers la réglementation. Or, «l’ingénierie sociale sous le couvert du marché n’est pas moins dommageable que sa version collectiviste », estime le philosophe.

La vision étroite qui réduit le marché à sa fonction utilitaire ignore toute la richesse de ses implications.

PIERRE BESSARD

EN COMPLEMENT : http://www.wikiberal.org/wiki/Tom_G._Palmer  (cliquez sur le lien)

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