Au 3e trimestre 2009, la croissance du PIB chinois a atteint 8,9%, soit un niveau légèrement inférieur aux attentes du consensus (9%). L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) s’est, quant à lui, réduit à -0,8%. Sur une base saisonnière ajustée, la croissance des prêts est passée de 21,4% en août à 23,1en septembre… Mais ce qui était surtout attendu c’était les chiffres des importations et exportations
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Publications encourageantes des chiffres liés aux exportations et aux importations : Le déclin des exportations s’est réduit à 15% en septembre sur un an glissant (contre 23% en août et 21% pour le consensus) tandis que les importations ont baissé de seulement 3,5% sur un an glissant (contre 17% en août et 15% pour le consensus)
Le marché se demande si la Chine ne sera pas forcée de réévaluer sa devise à moins de subir un protectionnisme croissant des Etats-Unis. Les statistiques permettent de situer ces considérations dans leur contexte : Pour les investisseurs, la performance à l’exportation est un élément clé de l’excédent commercial de la Chine et donc source de pression à la hausse sur la devise
Les autorités chinoises attachent de l’importance à ce redressement des exportations car il s’agit d’un facteur décisif pour évaluer l’ampleur de la reprise du secteur industriel et apprécier si les licenciements du début d’année seront réabsorbés vecteur ainsi de stabilité sociale
De toute façon , la croissance des exportations chinoises devrait repartir violemment à la hausse dans les prochains mois. Le renminbi (RMB) se déprécie en termes réels, et le taux de repli approche des extrêmes passés. L’amélioration en termes de compétitivité (dévaluation compétitive) a été un vrai soutien pour les exportations , les chinois (tout comme les allemand) étant de plus passés maitre dans l’art d’une politique économique mercantiliste offensive (le boulet euro en moins…)
Un simple graphique suffit à montrer les variations annuelles du taux de change réel chinois rapportées à la croissance des exportations en volume. C’est ainsi qu’il est aisé d’observer que le cycle du taux de change précède le cycle des exportations, l’appréciation du renminbi en 2007/08 ayant fortement contribué au retournement des exportations en 2008.
Compte tenu des signes de restockage dans l’OCDE et de la reprise plus rapide des nouvelles commandes, combinés à une forte dépréciation selon les standards chinois, tout est en place pour une vigoureuse reprise des exportations chinoises en 2009/2010.
De plus, les exportations chinoises sont très corrélées à l’évolution des nouvelles commandes de l’ISM, qui suggère que les livraisons se redressent rapidement. Une reprise des exportations devrait à nouveau se traduire par une hausse de l’excédent commercial et une pression haussière accrue sur le RMB. Les implications pour l’investissement sont positives à court et moyen terme, mais une issue heureuse à long terme est incertaine. Explications :
La hausse des excédents externes pourrait entraîner des interventions sur les changes afin d’éviter l’appréciation de la devise(pour soutenir les exportations) Cela devrait se traduire par de nouveaux achats de bons du Trésor américain, pesant sur les rendements obligataires américains et accélérant la croissance de la liquidité mondiale. A court et moyen terme no problème : pour les USA cela concourt à la stabilisation et redressement du marché immobilier via l’ajustement des taux hypothécaires, la baisse du dollar est un soutien pour les exportations et l’abondance des liquidités chinoises un facteur vecteur de redressement de l’ensemble des actifs financiers….Pour les Chinois c’est la continuité d’une politique économique qui leur a si bien réussi jusqu’à présent…
A long terme, les excédents commerciaux chinois pourraient cependant exacerber les tensions commerciales avec les Etats-Unis, avec le risque de mesures protectionnistes et de pressions pour l’appréciation du RMB. La Chine doit donc résoudre le conflit entre son rôle dans le système mondial, notamment par rapport aux Etats-Unis, et son désir d’assurer le retour à l’emploi. Le besoin de stabilité intérieure sera le plus fort et les autorités choisiront cette voie. Peser sur le secteur exportateur via la hausse du RMB ne peut donc être une option . Cependant des importations et une consommation intérieure en progres constant devraient permettre progressivement de huiler davantage les échanges commerciaux avec les Etats Unis
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Charles Gave : Retour sur la « Chinamérica » et son Dollar….notre monnaie, ton problème !!!! (cliquez sur le lien)
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Les variations de change très importantes que l’on observe actuellement entre le dollar, l’euro et le yen, viennent nous rappeler qu’une des origines de la crise financière de 2007 et de la récession de 2008 se retrouve dans la faiblesse du système monétaire international.
Depuis le début, ce système basé sur le dollar a un défaut : la liquidité mondiale dépend et varie au gré du déficit des paiements courants des Etats-Unis. Ce défaut s’est sensiblement aggravé avec l’irruption de la Chine comme puissance économique majeure.
Cette dernière base en effet son expansion sur les exportations et les excédents qu’elle en dégage. Au cours des douze derniers mois, l’excédent des paiements courants chinois a en effet atteint 6,1 % du PIB. Cette stratégie s’accompagne d’une politique de change stable par rapport au dollar, ce qui souligne l’accumulation de réserves en dollar très importantes investies pour l’essentiel en obligations américaines.
Cette liquidité créée en abondance entre 2003 et 2007 a généré les bulles du crédit, des matières premières et surtout de l’immobilier. L’éclatement de celles-ci a entraîné, depuis 2007, les événements que nous connaissons.
Si les Etats-Unis cherchent à sortir de la crise en relançant la consommation de leurs ménages (qui représente 71 % du PIB, proportion probablement trop importante), la même cause produira inévitablement les mêmes effets, déficit des paiements courants, liquidités trop abondantes, éclatement des bulles qui se seront reformées, crise financière et récession.
Les relances budgétaire et monétaire en cours visent évidemment aussi à relancer la consommation, mais une autre voie semble aussi apparaître, la dévaluation du dollar contre l’euro et le yen comme moyen de rééquilibrer le déficit américain.
Mais cette politique a beaucoup d’inconvénients. Elle laisse de côté la Chine, qui reste de facto dans la zone dollar, avec en conséquence des conditions monétaires inadaptées à une économie qui croît de 10 % par an. Elle s’attaque par ailleurs à la zone euro, qui dégage pourtant un déficit des paiements courants (1 % du PIB). Cette tentative de correction par le change apparaît donc mal calibrée et dangereuse.
En fait, le phénomène de création de liquidités en dollar est reparti de plus belle. Il est même accentué par la transformation du dollar en monnaie d’emprunt, base d’opérations de carry trade. Nous sommes donc en route pour la reproduction de nouvelles bulles. Profitons-en pendant la phase la plus agréable. Mais il ne faudra pas oublier de se couvrir le moment venu.
Jean-Pierre Hellebuyck, vice-président, directeur de la stratégie d’investissement, Axa Investment Managersoct09
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