L’expert juricomptable canadien Al Rosen affirme que les nouvelles normes internationales d’information financière fourniront une façon de plus aux dirigeants de société véreux de tripatouiller les données financières.
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« Les États-Unis ont refusé de les mettre en œuvre pour l’instant, flairant de nombreux problèmes pour les investisseurs – et l’énorme potentiel de présenter les données sous l’angle qui convient le mieux à une société publique », déplore l’expert rencontréà son bureau de Toronto.
L’impossibilité pour les investisseurs d’avoir accès à des données comparables entre les différentes sociétés cotées en bourse, l’opportunité qu’auront les directions financières de présenter des pertes en revenus comme bon leur semble et la politicaillerie qui entoure l’élaboration des normes proposées par l’International Financial Reporting Standards (IFRS) sont quelques-unes des craintes qu’entretient celui qui a témoigné comme expert juricomptable dans une cinquantaine de procès portant sur les valeurs mobilières au Canada.
Le Canada compte remplacer les Principes comptables généralement acceptés (PCGR) par les normes IFRS à partir de janvier 2011.
« Les normes sont rédigées de telle façon que l’on puisse minimiser les effets de l’évaluation au marché (mark-to-market), déplore Al Rosen. Dans les faits, on peut maintenant ajuster la valeur des actifs à la hausse ou à la baisse selon les besoins du moment, on n’aura plus à divulguer la juste valeur dans les transactions entre parties et on pourra même accumuler des réserves, sans les inscrire aux états financiers, afin de présenter des revenus en hausse pendant les périodes difficiles.
Au cours des dizaines de formations qu’il donne à des gestionnaires de fonds, des administrateurs de société et des comptables, Al Rosen remarque que peu de professionnels peuvent déterminer les différentes façons –il y aurait environ 500 procédés comptables permettant d’adoucir les états financiers— de trafiquer les livres.
« Avec l’adoption de ces nouvelles règles permettant en fait de choisir comment on présente les revenus, les dettes et les dépenses, il deviendra plus difficile d’avoir une bonne idée de la situation financière réelle d’une entreprise. »
Lors de la dernière assemblée annuelle de l’Industrielle-Alliance, son président Yvon Charest déplorait justement que les IFRS et la comptabilité à la valeur marchande créent « des fluctuations souvent considérables dans les résultats des sociétés, qui n’ont rien à voir avec leur capacité à générer des bénéfices, leur earning power », a-t-il dit, dénonçant également l’application des normes, qui feront que les résultats de IA, par exemple, oscilleront entre une perte de 50 M$ et un profit de 150 M$, par rapport à un profit stable de 70 M$ avec les normes actuelles.
« Le passage aux IFRS fera gonfler les états financiers au point de les rendre indigestes, a-t-il dénoncé. Par exemple, nos états financiers, qui faisaient 27 pages en 2000, en font 55 aujourd’hui et en feront 115 ou plus en 2011! »
Alors qu’on voulait plus de rigueur pour les investisseurs, on se retrouve avec exactement le contraire, signale Al Rosen.
« Et les escrocs auront le champ libre. »
Source fand i sep09
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