Les Vertus du Capitalisme

La «malédiction des ressources» revisitée

 Les institutions déterminent la capacité d’une économie à se réinventer : le degré de liberté des échanges économiques, le respect des droits de propriété, une justice indépendante, la modération fiscale détermineront si un pays sera «maudit» ou non.

 A l’heure où la conservation de ressources naturelles prend parfois des allures de nécessité, la question de la «malédiction des ressources», à savoir de l’impact négatif de sols riches sur la croissance économique, se pose sous un nouveau regard: comment les pays concernés peuvent-ils faire face aux défis non seulement de gestion, mais surtout de diminution, voire d’épuisement de leurs ressources?

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Une nouvelle étude empirique* suggère que les institutions joueront un rôle clé dans leur capacité à générer des richesses à l’avenir. Dans une société où la prospérité repose sur des échanges mutuellement bénéfiques, la présence de ressources mènera au développement d’une économie stable et productive, à même de se réinventer. Là où la recherche de rentes et de privilèges par le processus politique est le moyen dominant de s’enrichir, en revanche, le système mènera à la stagnation, puis au déclin.

La «malédiction des ressources», que les économistes Jeffrey Sachs et Andrew Warner avaient relevée dans leur recherche originale il y a une quinzaine d’années, dépend donc des institutions: le degré de liberté des échanges économiques, le respect des droits de propriété, une justice indépendante, la modération fiscale détermineront si un pays sera «maudit» ou non.

Dans le cas du Botswana, par exemple, la coexistence d’une relative bonne gouvernance et de l’abondance de diamants a facilité la croissance économique. Pour les pays en développement, une bonne gouvernance publique, dans le sens de la légitimité et de la responsabilité des dirigeants, de l’efficacité de l’Etat et de mesures puissantes contre la corruption, tend à réconcilier ressources naturelles et croissance économique.

De façon similaire, la croissance rapide de la Norvège après la découverte de pétrole, en 1969, peut s’expliquer principalement par la gestion des revenus du pétrole: la constellation d’institutions politiques et économiques, un système légal fort et les normes sociales lui ont permis d’échapper à la «malédiction des ressources».

Bien sûr, la présence de ressources naturelles n’est pas non plus une condition de la prospérité. La Corée, Taiwan, Hong Kong et Singapour ont toutes connu une croissance économique rapide ces dernières décennies, sans être riches en ressources naturelles. Le Japon, le Luxembourg ou la Suisse, qui font parties des pays les plus prospères du globe, disposent également de peu de ressources naturelles.

La «malédiction des ressources» est attribuée à des raisons aussi bien économiques que politiques. D’une part, la présence de ressources naturelles abondantes diminue le degré d’innovation de l’économie de par l’importance que prennent ces secteurs, en raison des revenus générés par l’augmentation des prix ou la découverte de nouveaux stocks de ressources, par rapport à l’industrie.

D’autre part, d’importantes ressources naturelles peuvent mener à la constitution d’une caste politique rentière, moins encline à soutenir des réformes sociales et économiques, mais en mesure d’apaiser la population par différentes mesures, dont la corruption des opposants, la redistribution de revenus, le recours à des projets d’infrastructure ou le patronage. Les revenus issus des ressources peuvent également permettre à l’Etat de réprimer directement et violemment les dissidents.

D’où l’importance cruciale des institutions. Les auteurs recommandent notamment l’amélioration de l’Etat de droit, la levée des barrières au libre-échange et la simplification du cadre réglementaire. L’expérience suggère que les transformations politiques sont possibles. Les Etats aujourd’hui dépendants de ressources disposeraient de la capacité de relever eux-mêmes le potentiel de croissance et de prospérité de leurs économies, à l’avenir également, en étendant les libertés économiques.

* «Economic Freedom and the» Resource Curse «: An Empirical Analysis», Fraser Institute, octobre 2009

Pierre Bessard économiste

EN COMPLEMENTS  INDISPENSABLES  : La réaction n’a pas eu lieu….les réactionnaires ne passeront pas (cliquez sur le lien)

L’indice 2009 de la liberté économique de l’Institut Fraser (cliquez sur le lien)

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