Art de la guerre monétaire et économique

Fonds Souverains : Pas de risques majeurs après les déboires de Dubaï

La crise qui secoue l’émirat de Dubaï ne devrait pas avoir de conséquences graves pour les autres fonds souverains…..ET QUID DU F.S.I. ?

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

JÉRÔME MARMET | JDF HEBDO | 05.12.2009

Les déboires financiers du conglomérat semi-public Dubai World, émanation du fonds souverain de l’émirat arabe, relancent les interrogations sur la santé financière des fonds souverains et aussi le débat sur leur rôle dans l’économie.

 Certains redoutent un afflux de papier sur les marchés financiers, évoquant le scénario catastrophe d’une contagion qui obligerait certains fonds souverains de la région du golfe Persique à dégager des liquidités, et donc à vendre leurs actifs.

 
Ces craintes sont excessives. D’abord parce que la dette de Dubai World ne doit pas être confondue avec celle de l’émirat. Cette dernière est financée à 90 % par son voisin et grand frère Abu Dhabi, qui possède le premier fonds souverain au monde, avec plus de 650 milliards de dollars de réserves. Or, celui-ci est assis sur une manne pétrolière et il ne peut pas se permettre de laisser Dubaï faire faillite. « Les Emirats arabes unis restent solides au niveau budgétaire, mais les difficultés de Dubaï peuvent créer une aversion au risque touchant la région et entraînant un ralentissement des flux de capitaux du Golfe vers des pays comme la Jordanie, l’Egypte ou une zone comme le Maghreb », avertit Riadh El Hafdhi, économiste au Crédit Agricole.

Pour autant, il n’y a pas de risque systémique car, à ce jour, aucun fonds souverain n’est menacé de faillite. Et quand bien même, leur poids à l’échelle de la finance mondiale reste relativement modeste.

 Selon la Deutsche Bank, l’encours des actifs sous gestion des fonds souverains était estimé autour de 3.800 milliards de dollars en début d’année. A titre de comparaison, les fonds de pension anglo-saxons contrôlent 19.000 milliards de dollars et les actifs bancaires dans leur ensemble pèsent près de 96.000 milliards de dollars. Là sont les vrais risques, comme on a pu le constater avec la crise des subprimes !

 

Des fonds rattrapés par la crise

Nés de la manne pétrolière (à l’image des fonds du Moyen-Orient), gazière (comme le fonds russe) ou encore d’importants excédents commerciaux (tels les fonds asiatiques), les fonds souverains (ou d’Etat) sont contrôlés par des gouvernements désireux de faire fructifier leur épargne. En théorie, ils privilégient des stratégies passives et de long terme et sont perçus comme un élément de stabilité sur les marchés financiers, permettant d’atténuer les pratiques spéculatives déstabilisantes d’autres investisseurs institutionnels (hedges funds et autres fonds spéculatifs…).
Au début de la crise financière, les fonds souverains ont ainsi aidé à recapitaliser les banques occidentales en prenant des parts dans leur capital. D’ailleurs, la finance est le premier secteur drainant les liquidités des fonds souverains (cf. illustration).
Malheureusement, il est apparu que, du fait de la baisse des prix du pétrole et de l’effondrement des marchés financiers en 2008, certains fonds avaient pris des risques ou étaient trop exposés aux marchés actions. Les fonds du Golfe ont ainsi perdu 350 milliards de dollars l’an dernier. Depuis, « la remontée des prix du pétrole à 80 dollars ainsi que le rebond des marchés financiers sur les derniers mois ont compensé une partie des pertes, précise Riadh El Hafdhi. Ces fonds maintiennent leur politique d’investissement, mais ils sont davantage prudents. Pour eux, il s’agit d’investir à un horizon à long terme de façon à préparer l’après-pétrole ».
Contrairement aux idées reçues, les fonds souverains du Golfe ne sont pas gérés selon les principes de la finance islamique. Celle-ci interdit, par exemple, de spéculer, de recourir à l’endettement ou encore d’investir dans des secteurs comme l’armement, les spiritueux, etc. Jusqu’ici, la finance islamique est surtout appliquée aux métiers de la banque de détail et peu à celui d’investisseur. « Passer d’une gestion traditionnelle à une gestion islamique reviendrait à faire un pas de géant pour ces fonds et à être très concentrés sur certains secteurs, avec tous les risques que cela suppose », souligne Riadh El Hafdhi.
Il est donc normal que l’on retrouve une volonté de diversification importante chez les fonds souverains.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Les Fonds souverains : Une Force de frappe de 3800 milliards de dollars  (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENTS :

Le saviez vous : Le fonds norvégien est très présent dans le CAC 40.

JDF HEBDO | 05.12.2009

Le fonds norvégien est le premier investisseur étranger du CAC 40, avec près de 5 milliards de dollars investis et des participations dans Axa, BNP Paribas ou Sanofi-Aventis. Cette tendance va se poursuivre. Elle est même encouragée par la plupart des sociétés, qui voient l’arrivée des fonds souverains dans leur capital comme un signal positif. A condition de rester à moins de 5 % du capital !

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Quid  du Fond Souverain Français : visite guidée

Le FSI a investi plus de 600 millions d’euros.

Jean-Guillaume Brasseur (Lefigaro.fr) | 04.12.2009

Le fonds stratégique d’investissement (FSI) fête son premier anniversaire. Il est entré au capital de nombreuses entreprises françaises dans des secteurs et des situations très variés.

Le FSI a été créé par les pouvoirs publics fin 2008. Il est détenu à 49% par l’Etat et à 51% par la Caisse des Dépôts et Consignations. Doté de 20 milliards d’euros de fonds propres, son objectif annoncé est de développer les entreprises françaises en termes de croissance et de compétitivité. Sur ce point, certains investissements sont discutés. Sa marge de manœuvre est la suivante : Entrer au capital des entreprises concernées en tant que minoritaire sans chercher à en prendre le contrôle. Ensuite les accompagner sur le moyen-long terme tout en recherchant de la rentabilité pour finalement en sortir, dès que la santé financière de la société se sera améliorée et que son actionnariat aura été recomposé. En un an d’existence, il est entré au capital de 14 sociétés, et a promis de prendre des participations dans quatre autres entreprises. Voici la chronologie des dates de réalisation de ces prises de participation. 

25 février 2009 : 

Le FSI a acquis une participation dans Valeo pour 24 millions d’euros qui lui assure 11% du capital du sous-traitant automobile. Il en devient le deuxième actionnaire.

14 avril 2009 : 

Il finalise son entrée au capital de l’équipementier aéronautique Daher à hauteur de 65 millions d’euros. Daher a repris Socata à Airbus et vient de lancer la construction d’une nouvelle usine à Nantes pour la fabrication d’aérostructures de pointe.

28 avril 2009 : 

Le FSI entre au capital du groupe Farinia, un des leaders français de la transformation de métaux, à hauteur de 20 millions d’euros.

02 mai 2009 :

Entre au capital de la société Led to Lite, spécialisée dans le domaine de l’éclairage à base de LED haute luminosité pour 2 millions d’euros.

26 juin 2009 :

Le FSI débloque 10 millions d’euros pour la société 3S Photonics (cliquez sur le lien), une PME d’Ile-de-France qui est un des leaders mondiaux des composants électroniques pour les réseaux de télécommunications.

1er juin 2009 :

Il verse 160 millions d’euros à l’américain TPG Capital pour lui racheter 8% du spécialiste français des cartes à puce, Gemalto.(cliquez sur le lien) A l’heure actuelle, cela reste le plus gros investissement réalisé par le FSI.

6 juillet 2009 :

Il acquiert 5% du capital de Nexans(cliquez sur le lien), leader mondial de l’industrie du câble suite à l’acquisition d’actions sur le marché pour 58 millions d’euros.

20 juillet 2009 :

La marque de jouets Meccano annonce une levée de fonds de 4,4 millions d’euros dont 2,2 auprès du FSI via CDC entreprises.

22 juillet 2009 :

Frey Nouvelles Energies, une entreprise de production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables, annonce une levée de fonds de 15 millions d’euros dont 7 millions d’euros auprès du FSI.

09 septembre 2009 :

Le FSI a franchi le seuil des 5% du capital de Technip suite à l’achat d’actions sur le marché pour 90 millions d’euros.

1er octobre 2009 :

Le fonds prend part à l’augmentation de capital du groupe Forenap, spécialisé dans la recherche pharmaceutique en neurosciences, à hauteur de 6 millions d’euros.

06 octobre 2009 :

Il participe à la dernière augmentation de capital du groupe Carbonne Lorraine (cliquez sur le lien)pour en détenir maintenant plus de 5% en y injectant 10 millions d’euros.

22 octobre 2009 :

Le FSI investit 7,5 millions d’euros dans Dailymotion (cliquez sur le lien), l’un des sites leaders de partage vidéos.

18 novembre 2009 :

Il apporte 25 millions d’euros dans la société de biotechnologie Nicox, et prend ainsi possession de 5,1% de son capital.

Dans les prochaines semaines :

Le fonds déboursera 10 millions d’euros dans Mecachrome dans le cadre d’un plan de reprise et 10 millions d’euros de plus dans le projet de reprise du constructeur et équipementier automobile Heuliez. Il investira un montant maximum de 117 millions d’euros dans l’augmentation de capital de Cegedim. Le FSI aura ainsi une participation au capital d’environ 15%. Il s’apprête aussi à injecter 6 millions d’euros dans Avanquest Software (cliquez sur le lien), le fabricant français de logiciels grand public et aussi professionnels, dans le cadre de l’augmentation de capital prévue début 2010.

Le FSI a également procédé à une série de réinvestissements, pour un montant de près de 10 millions d’euros pour accélérer le développement de sociétés dont il est devenu actionnaire dans le cadre des apports effectués par la Caisse des Dépôts et Consignations.

 

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