Art de la guerre économique : la Guerre larvée des changes
Cela fait des années que le monde entier réclame une appréciation du yuan chinois, dont la sous-évaluation notoire est utilisée par les autorités de Pékin pour favoriser ses exportations en pratiquant ce que l’on appelle une politique économique de type mercantiliste à l’image de ce qui se passe déjà pour l’Allemagne et le Japon
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Et si depuis 2005, la Chine a officiellement abandonné l’ancrage strict du yuan au dollar, elle a de nouveau figé la situation l’an passé pour soutenir ses entreprises exportatrices, malmenées par la récession mondiale. Mais tandis que le taux de change yuan/dollar reste stable, d’autres devises, comme l’euro et surtout le yen ces derniers temps, s’apprécient bel et bien face au dollar.
La devise japonaise a ainsi atteint un sommet depuis 14 ans. Mais pour le Japon aussi, les exportations sont vitales car elle pratique la même politique mercantiliste que la Chine : tout pour les exportations au détriment de la consommation interne et ceci grâce a la manipulation de sa monnaie en la maintenant en permanence sous évaluée par rapport aux autres devises et surtout au dollar. Les autorités politiques et monétaires ont donc clairement indiqué au marché que la force du yen ne pouvait pas durer. Du coup, le yen s’est affaibli.
Si les craintes du ministre sont compréhensibles, il est troublant qu’il n’ait pas fait part de ses inquiétudes plus tôt. La Chine ayant de facto arrimé sa devise au dollar et la Corée ayant laissé sa monnaie se déprécier, le Japon et la zone euro ont donc supporté l’ajustement à la baisse du dollar.C’est ainsi que Le yen s’est apprécié de 4 % par rapport au dollar cette année et de 14 % depuis le plus haut de l’année (101 JPY en avril).mais a déjà perdu 6% par rapport à l’euro, ce qui fait qu’elle est aujourd’hui (à nouveau) sous-évaluée par rapport à celui-ci
Dans ce contexte, les devises risquent d’évoluer suivant les décisions politiques plutôt qu’en phase avec les fondamentaux économiques. Et vu les dissensions européennes sur le niveau adéquat pour la monnaie unique, qui empêchent une réponse commune,en effet ce qui peut s’avérer correct en matière de taux pour l’Allemagne par exemple peut devenir catastrophique pour l’Espagne ou la Grèce…On atteint là les limites d’une construction européenne toute politique mais sans cohérence économique…A n’en pas douté que l’euro restera ferme face aux autres devises. et fera les frais des futurs ajustements monétaires…
Tableau des devises au 30 novembre et perspectives | |||||||
Code ISO |
Cours en euro 30/11/09 |
Evolution en % sur | Fluctu- ations |
Perspectives | |||
1 mois | 1 an | 5 ans | 1 an | Long terme | |||
DKK | 0.1344 | 0.01 | 0.11 | -0.17 | faibles | = | = |
GBP | 1.0931 | -2.15 | -9.60 | -24.00 | fortes | – | ++ |
SEK | 0.0953 | -0.83 | -2.05 | -14.77 | modérées | + | ++ |
CHF | 0.6633 | 0.23 | 2.23 | 0.30 | modérées | = | ++ |
NOK | 0.1173 | -1.39 | 4.29 | -4.59 | modérées | = | + |
USD | 0.6661 | -1.72 | -15.48 | -11.48 | fortes | – | ++ |
CAD | 0.6318 | 0.42 | -0.49 | -0.16 | fortes | = | ++ |
AUD | 0.6097 | -0.45 | 18.81 | 4.43 | fortes | = | – |
NZD | 0.4764 | -2.76 | 10.31 | -11.63 | fortes | + | = |
JPY | 0.7732 | 3.27 | -6.55 | 5.63 | fortes | = | ++ |
EN COMPLEMENTS RAPPEL SUR LA NOTION DE CARRY TRADE ET SITUATION JAPONAISE
Vous avez dit “Carry trade” ?
Cette technique consiste à emprunter dans une devise aux taux peu élevés, par exemple le yen (JPY) ou le dollar américain (USD), pour investir dans une devise aux taux fort élevés, par exemple le dollar néo-zélandais (NZD). Le bénéfice est constitué de l’écart de taux, pour autant que la parité entre les deux devises ne bouge pas. Dans notre exemple, il est de l’ordre de 2%. Lorsque de telles transactions se font en masse, elles font grimper le NZD et chuter le JPY. On l’a vu. Mais arrive un jour où il faut rembourser ces emprunts. A ce moment, c’est l’inverse qui se produit: le NZD chute et le JPY monte. On l’a vu aussi…
Le yo-yo du yen
EVOLUTION DU YEN EN EURO
Le yen a tiré parti l’an dernier du dénouement de toute une série d’opérations de ‘carry trade’. Aujourd’hui, il est reparti à la baisse.
La forme exceptionnelle dont a fait preuve le yen l’an passé (+29,6%) était pour beaucoup d’observateurs une preuve des dérèglements régnant sur les marchés financiers. En fait, elle résultait de l’aversion croissante des investisseurs pour le risque. Comment cela ? Les institutionnels, notamment les ‘hedge funds’, ont en bloc retourné leurs positions de ‘carry trade’ (voir graphique).
Depuis la situation s’est normalisée et le yen est revenu à ses mauvaises habitudes d’autrefois (voir graphique).
Cette année la devise japonaise a déjà perdu 6% par rapport à l’euro, ce qui fait qu’elle est aujourd’hui (à nouveau) sous-évaluée.
A court terme l’on ne voit pas pas ce qui l’amènerait à prendre le chemin inverse. D’autant que le nouveau gouvernement nippon ne veut plus entendre parler de la politique du yen fort de l’équipe précédente. Il est vrai qu’une devise forte n’est pas ce qu’il y a de plus facile pour un pays (très) exportateur. Le gouvernement fait donc tout son possible pour accompagner la descente du yen et il est aidé en cela par la Banque du Japon qui maintient ses taux à un plancher inégalé (environ 0,1%). C’est de nature à préserver le début de croissance que l’on sent, mais pour l’investisseur le message est clair : le yen ne va pas monter
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