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Commentaire : Marchés Asiatiques émergents / SEMAINE 4

EEffet de change domestique favorable : L’euro a beaucoup faibli cette semaine et la remontée des devises asiatiques a compensé, pour une bonne partie, la baisse des marchés boursiers pour les fonds de gestion collectivz  libellés en euros.

La Corée et la Malaisie sont les deux marchés qui résistent le mieux.

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Les chiffres macroéconomiques chinois publiés pour le 4e trimestre sont solides. La croissance atteint 10,7 % contre 8,9 % au 3e trimestre (la croissancedu PIB atteint 8,7 % pour l’exercice 2009

 La consommation des ménages augmente fortement à 17,5 % sur un an glissant (au-dessus du consensus qui attendait 16 %) et l’IPC, indicateur d’inflation de la consommation, progresse de 1,9 % en décembre contre 1,4 % attendu et un indice IPP redevenu positif pour la première fois depuis un an (à 1,7 %).

Ces résultats plongent dans une situation un peu paradoxale d’un point de vue boursier. La situation économique continue de s’améliorer et laisse présager une bonne année pour les sociétés asiatiques en matière de croissance des profits et de génération de trésorerie (les BPA devraient croître de 23 % sur la région cette année) mais, dans le même temps, des décisions sur le front monétaire vont affecter temporairement les flux de liquidité sur les marchés.

La Chine a donné le coup d’envoi du resserrement avec une hausse du taux de réserves obligatoires des banques de 15,5 % à 16 % du montant total des crédits qu’elles accordent (ces sommes sont à placer avec la banque centrale et ne rapportent que 1,25 %).

 La hausse du TRO s’explique par plusieurs raisons. Premièrement, le rythme de croissance du crédit a été soutenu en janvier : les nouveaux crédits ont totalisé 600 milliards RMB la première semaine et on s’attend à un total de 1 000 à 1 200 milliards RMB pour le mois complet. Cela traduit sans doute le désir d’allouer l’enveloppe de crédit disponible avant le Nouvel An chinois (le 14 février), mais un tel rythme peut inquiéter les autorités. Compte tenu du montant considérable des opérations de mise/prise en pension et des émissions de la banque centrale arrivant à échéance d’ici 4 semaines, les autorités peuvent être tentées d’éponger les liquidités. Enfin, l’économie continue de croître très rapidement.

La PBOC prend donc les devants et veut forcer les banques à davantage de retenue

Elle veut également montrer qu’elle a bien anticipé la remontée d’inflation qui devrait avoir lieu dans les prochains mois à cause, d’une part, d’une accélération de l’activité mais aussi, d’autre part, d’un effet de base défavorable sur le 1er trimestre 2010 par rapport au 1er trimestre 2009.

L’indice IPC va vraisemblablement augmenter de plus de 3 % sur les mois à venir (ces 3 % sont une ligne rouge pour le gouvernement chinois) avant de retomber au 2e trimestre et de se stabiliser aux alentours des 2,5 %.

 Il est donc vraisemblable que la PBOC, en plus de ce resserrement des taux de réserves obligatoires, procède à un relèvement de ses taux d’intérêt directeurs plus tôt que le consensus ne l’escompte car, avec un indice IPC franchissant 2,5%, on se retrouverait au-dessus de 2,25% du taux de rémunération des dépôts bancaires, situation qui créerait de l’instabilité car elle favorise la prise de risque dans une économie chinoise déjà en surchauffe

 Ce resserrement des taux devrait être somme toute modéré et ne devrait pas remettre en cause la croissance chinoise qui devrait être supérieure à 9,5 % cette année. Néanmoins, cela va certainement limiter l’afflux de liquidité sur les marchés actions sur le 1er trimestre et générer une brève période de sous-performance des marchés asiatiques. Il est possible qu’une hausse des taux d’intérêt ait lieu avant la fin mars en Chine, en Inde, en Corée et peut-être en Indonésie, ce qui créerait des turbulences à court terme.

Prudence cependant 5 indicateurs à surveiller laissent à penser qu’ un resserrement plus agressif est possible avant la fin du 1er semestre.

Premièrement, la croissance du PIB réel devrait dépasser 10 %sur un an, et des indicateurs sell-side prévoient une croissance de 13 % sur 1 à 2 trimestres.

Deuxièmement, l’inflation pourrait dépasser 3 % sur un an dès le mois de mars (contre 0,6 % en novembre), même si les autorités se soucient de la trajectoire plutôt que du niveau de l’inflation.

Troisièmement, certains facteurs suggèrent des pressions sur les salaires.

 Quatrièmement, les exportations sont en plein boom, avec une hausse de 17,7 % sur un an en décembre. La croissance des exportations devrait s’accélérer et dépasser 30 % (voire 40 %) sur un an avant la fin du 1er semestre, compte tenu des effets retardés des nouvelles commandes américaines et de la dépréciation du RMB en termes réels. Cela impliquerait une nouvelle hausse de l’excédent commercial, ce qui ne plaira pas à Washington.

Ainsi, il s semble que le relèvement du TRO est la première d’une série de mesures en vue d’un resserrement plus agressif visant à contenir le crédit. Pour simplifier, deux grandes décisions de politique monétaire sont possibles : limiter le crédit domestique afin de contenir la croissance économique et/ou laisser la devise s’apprécier. La décision de restreindre le crédit (via une série de hausses du taux de réserve obligatoire) sera probablement prise dans les 3 à 6 mois. La décision sur le change pourrait figurer à l’agenda du 2ème trimestre, surtout si l’accroissement anticipé des excédents commerciaux se confirme. Jusqu’à présent, les actifs risqués n’ont pas réagi. Mais l’on pourrait revivre la douloureuse expérience de l’année 1994, lorsque les marchés avaient été pris au piège de la première hausse des taux de la Fed dès février. Se pourrait-il cette fois-ci que la surprise provienne de la Banque Populaire de Chine ?

Dans tous les cas de figure ce scénario ressemble beaucoup à ce que nous avons connu en 2004, à savoir un début d’année difficile puis, une fois la première phase de resserrement monétaire passée, un début de hausse qui se prolonge sur plusieurs années. La difficulté est alors de prévoir quand il conviendra de à nouveau de rentrer sur le marché pour ne pas rater la hausse. En effet, au-delà de ces ajustements de flux temporaires, la croissance est belle et bien de retour dans la région et devrait encore s’amplifier lorsque la demande des pays développés reprendra.

 D’autre part la hausse de la consommation domestique chinoise est une autre bonne nouvelle. 2010 devrait être la première année où la consommation de l’ensemble des pays émergents sera égale à celle des Etats-Unis.

Les indices HSI et le CSI 300 affichent des baisses respectives de 4 % et 3 % cette semaine…

INDE

La saison des résultats bat son plein et quelques tendances semblent se dégager : les valeurs bancaires, des télécoms et de consommation publient des résultats en ligne ou meilleurs qu’anticipés tandis que les sociétés d’infrastructure déçoivent. Le secteur pétrolier publie des résultats mixtes. Les banques ont publié des résultats satisfaisants. Après les résultats au-dessus des attentes de HDFC Bank et d’Axis Bank la semaine dernière, notons qu’ICICI Bank a publié des profits en ligne avec le consensus bien que ceux-ci soient en baisse (-13 % annualisés) en raison de la restructuration du bilan. Cependant, le secteur bancaire est pénalisé par les craintes inflationnistes .Les sociétés de consommation ont publié de très bons résultats, à l’image de ITC (1er producteur de cigarettes) qui affiche des résultats annualisés en hausse de 27 %. Il en est de même pour United Spirits dont les résultats sont en hausse de 217 % grâce à une augmentation des prix de vente.

Les sociétés de biens d’équipement et d’infrastructure déçoivent un peu. Larsen & Toubro, 1ere société de construction, a surpris négativement les investisseurs en publiant des résultats hors exceptionnels en hausse annualisée de 15 % contre plus de 20 % attendus. La société a dü revoir à la baisse ses prévisions de croissance du chiffre d’affaires de 15 % à 10 % en raison des difficultés de certains de ses clients à financer leurs projets. Ces ordres sont donc repoussés mais ne disparaissent pas. il s’agit d’un phénomène passager. Bharat Heavy Electricals, producteur de turbines et chaudières pour centrales électriques, a publié des résultats en ligne avec les attentes.

Après un flux constant de mauvaises nouvelles depuis un an, le secteur des télécoms surprend positivement le marché. Les attentes avaient été significativement réduites et Bharti a même publié des résultats en très légère hausse (+2,3 %) alors que le consensus attendait un déclin.

Dans le secteur pétrolier, les nouvelles sont mixtes. ONGC a publié des résultats moins bons qu’anticipés en raison d’un provisionnement plus important pour des dépenses d’explorations infructueuses. Les résultats de Reliance Industries surprennent positivement le marché grâce à une marge de raffinage à 5,9 $ / bbl alors que le consensus attendait 5,2 $ /bbl. La croissance bénéficiaire annualisée est de 14 % pour Reliance Industries.

La semaine prochaine, la Reserve Bank of India se réunira pour décider de sa politique monétaire. Compte tenu des craintes inflationnistes persistantes dans « ChIndia », il est probable que le marché continue à corriger dans les jours qui viennent. Cependant, il est important de mentionner que les flux vendeurs étrangers sont partiellement absorbés par les flux acheteurs des sociétés d’assurance-vie indiennes

EN COMPLEMENTS :

Les géants indiens en quête d’acquisitions

Reliance Industries dispose d’une réserve de 2 milliards de dollars. Et elle va encore progresser.

Les groupes énergétiques indiens, dotés d’une solide trésorerie, partent en quête de nouvelles acquisitions dans un contexte où l’Inde, comme la Chine, doit vite trouver de nouvelles ressources pour alimenter une croissance économique en pleine expansion. L’Inde importe quelque 70% de ses besoins en énergie.

«Les entreprises indiennes du secteur pétrolier et gazier seront parmi celles sur lesquelles il faudra compter cette année dans les acquisitions de groupes étrangers», estime Sidharth Punshi, directeur de la branche indienne de la banque d’investissement mondiale Jefferies. Le conglomérat Reliance Industries, contrôlé par l’homme le plus riche de l’Inde, Mukesh Ambani, a généré depuis septembre 2 milliards de dollars dans plusieurs ventes d’actions successives et selon les analystes, il devrait encore rechercher de nouvelles liquidités pour se lancer dans des acquisitions.

Le groupe, numéro un en Inde en terme de capitalisation boursière et de chiffre d’affaires, et qui exploite plusieurs raffineries via sa branche Reliance Petroleum, a déjà en ligne de mire le géant de la chimie en faillite LyondellBasell, basé aux Pays- Bas.

Un accord entre Reliance et Lyondell, le troisième plus grand groupe de chimie, verrait la création d’un géant de l’énergie et de la chimie avec un chiffre d’affaires annuel estimé à près de 80 mds USD. Lyondell, dont la majorité des activités est aux Etats-Unis, a pour l’instant résisté à l’offre de Reliance, qui a initalement mis sur la table 12 milliards de dollars. «Il n’y a aucun doute sur le fait que Reliance est en train de rechercher des acquisitions (au-delà de Lyondell)», juge l’expert en énergie Deepak Pareek, de la maison de courtage Angel Broking, basée à Bombay.

Pour Reliance, une acquisition à l’étranger lui permettrait de diversifier ses actifs, jusqu’à présent presque entièrement concentrés en Inde, et de se lancer dans une concurrence internationale avec des rivaux chinois, européens ou américains.

Les indiens ONGC (Oil and Natural Gas Corp, détenu par l’Etat) et Essar Oil ainsi que la branche indienne du groupe pétrolier britannique Cairn, sont aussi sur les rangs.

Source agefi jan10

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Le tigre sud-coréen attaque l’année avec appétit

Par Sébastien Falletti, Séoul le temps jan10

Les conglomérats du pays sont en ordre de marche, prêts à profiter de la reprise

Elle revient une fois tous les soixante ans, synonyme de puissance et de conquête, affirment les Coréens: l’année 2010 est celle du «Tigre blanc» et à peine commencée elle tient déjà ses promesses. Dès le 4 janvier, la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa, construite par le sud-coréen Samsung Construction, sortait des sables de Dubaï. Quelques jours plus tôt, toujours sur les rivages du Golfe, Séoul rejoignait le club très fermé des exportateurs de technologie nucléaire en raflant à Abu Dhabi un contrat de 20 milliards de dollars au français Areva. Deux coups d’éclat qui révèlent au grand jour la montée en puissance de la quatrième économie d’Asie et treisième mondiale, qui aborde 2010 avec appétit.

Après avoir mieux résisté à la crise que leurs concurrents, les grands conglomérats sud-coréens sont en ordre de marche, prêts à profiter de la reprise pour creuser l’écart. Vendredi, les 30 plus gros «chaebols» du pays ont promis d’investir 77 milliards de dollars pour accroître leur compétitivité, soit une hausse de 16,7% par rapport à l’an dernier. Un effort qui en dit long sur la volonté de Séoul de jouer désormais dans la cour des économies développées. «Nous devons encore monter d’un cran», a affirmé Koo Bon-moo, le patron de LG, en annonçant un investissement record de 13,3 milliards de dollars, le plus important de l’histoire du groupe. Même son de cloche chez le constructeur automobile Hyundai-Kia, qui fait un effort record de 9,3 milliards de dollars avec pour objectif de confirmer une année 2009 exceptionnelle, qui l’a vu ravir la quatrième place mondiale à Ford. Alors que ses concurrents américains et japonais vivaient une année noire, l’outsider coréen augmentait ses ventes de 26% en Europe.

Faiblesse du won

Le colosse Samsung Electronics augmente déjà sa production dans ses usines en Corée et ailleurs. «La tendance générale du secteur est bonne», affirme un représentant de la firme, qui table sur un bond de 30% de ses ventes d’écrans plats, pour atteindre 35 millions d’unités. LG prévoit une hausse de 20% de ses ventes de téléphones. Les smartphones, ordinateurs et nouveaux produits tels que les e-books devraient aussi croître même sur les marchés déprimés européen et américain. Mais c’est le consommateur des pays émergents, en particulier chinois, qui devient la cible prioritaire: Samsung attend le feu vert de Pékin pour ouvrir une nouvelle usine à Suzhou afin d’abreuver l’Empire du Milieu de sa nouvelle génération d’écrans LCD.

Des investissements rendus possibles grâce aux trésors de guerre accumulés durant la crise: malgré la chute des exportations, les industriels coréens ont mieux amorti le choc que leurs concurrents japonais, taïwanais ou européens grâce à la faiblesse du won. Un avantage compétitif qui leur a permis d’accroître leurs parts de marché et leurs profits dans la tempête. Et les place désormais en position de force à l’heure de la reprise mondiale.

Mais, pour rivaliser avec son adversaire historique japonais et échapper aux griffes du «low-cost» chinois, la Corée du Sud est contrainte d’explorer de nouveaux territoires. Le président Lee Myungbak a désigné le nouvel eldorado: la croissance verte. Un appel entendu par les géants de la construction navale, Hyundai ou STX, qui se lancent dans les éoliennes. Ou Hyosung, qui vient de décrocher en Inde son premier contrat pour une turbine. Autre priorité: le nucléaire. Dans la foulée de son premier succès à Abu Dhabi, Séoul ambitionne de devenir le numéro trois mondial en exportant 80 centrales d’ici à 2030.

A la conquête de nouveaux marchés

Des nouveaux moteurs de croissance qui sont indispensables à une économie qui reste fortement dépendante des aléas de la demande mondiale. La timidité de la reprise aux Etats-Unis et en Europe, alliée à la remontée rapide du won, fait planer le doute sur les perspectives à long terme. D’autant que le surendettement des ménages ne permet pas à la demande intérieure de prendre le relais des exportations. Plus que jamais, la conquête de nouveaux marchés est impérative pour atteindre l’ambitieux objectif de 5% de croissance fixé par le président.

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