L’Allemagne a accompli un extrêmement bon travail depuis dix ans, améliorant la compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d’oeuvre. Je ne suis pas sûre que ce soit viable à long terme et pour l’ensemble du groupe [de la zone euro] . » Reprise hier en une du « Financial Times » sous le titre accrocheur « L’avertissement de Lagarde à l’Allemagne », cette déclaration de la ministre française de l’Economie et des Finances a relancé une nouvelle fois les interrogations et le débat sur la convergence des politiques économiques menées par les différents pays européens. Si l’on en juge par la flopée de réactions suscitées sur le Vieux Continent, le sujet n’est pas vain.
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La différence entre la stratégie de Berlin et celle de ses partenaires ne fait effectivement aucun doute. L’Allemagne a fait le choix d’une politique de l’offre consistant à réduire ses coûts de production et à innover pour gagner des points de part de marché. Toutes les réformes sont allées dans un seul sens, celui de la rigueur. Le bénéfice en a été un chômage contenu et un excédent commercial record. A l’inverse, les autres pays ont préféré soutenir leur demande interne, avec une progression assez rapide de leurs revenus salariaux et du crédit.
Cet effet de ciseaux a plusieurs inconvénients. D’abord, s’il n’y avait pas eu de monnaie unique, le marché des devises aurait été chahuté ces dernières années. Ensuite, comme le dirait M. de La Palice, l’excèdent des uns est le déficit des autres, tandis que la compétitivité allemande aurait favorisé la désindustrialisation de ses voisins. D’où l’idée que Berlin, comme Pékin, ferait mieux de rééquilibrer sa croissance vers sa consommation intérieure.
Ce reproche, pour séduisant qu’il soit, n’est aujourd’hui pourtant guère fondé. Sur le plan économique : rien ne serait plus risible et dangereux que de faire croire, même implicitement et involontairement, que l’Allemagne est responsable des difficultés grecques ou espagnoles ! Tance-t-on, par ailleurs, un pays dont les produits sont plébiscités parce qu’ils sont les meilleurs ?
Sur le plan politique : ce n’est certainement pas le moment, alors que les Européens en général, et Paris et Berlin et particulier, tentent péniblement de mettre sur pied une réponse collective à la crise grecque et d’inventer l’esquisse d’une gouvernance économique de la zone euro, de se lancer dans des accusations inopportunes. Il semble bien, et c’est tant mieux, que cela n’a pas été l’intention de Christine Lagarde.
Le débat sur les politiques économiques devra être ouvert. Mais pas dans l’urgence et de façon brouillonne.
source les echos mars 10
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