Appel au boycott des achats de minerai de fer en Chine, plaintes auprès des autorités de la concurrence en Europe, les industriels de l’acier se rebellent contre les augmentations de prix imposées par les trois grands groupes miniers.
PLUS DE NEGO EN SUIVANT ;
Les aciéristes chinois sont appelés à boycotter le minerai de fer vendu par Vale, Rio Tinto ou BHP Billiton, les trois géants miniers. Et ce pendant deux mois.
L’Association chinoise du fer et de l’acier (CISA) a invité ses membres à suivre cette consigne vendredi 2 avril 2010, au lendemain de la confirmation par le groupe minier australien BHP, d’accords à court terme et non plus annuels, avec un nombre « significatif » de clients.
Au lendemain également de la révélation par deux sidérurgistes japonais, qu’ils paieraient au brésilien Vale une facture trimestrielle deux fois plus élevée que l’an dernier. Depuis, l’aciériste sud-coréen Posco a lui aussi accepté plus de 80% de hausse de la part du groupe minier.
Matières Premières : les hommes du fer renvoient les aciéristes à un système roulant.. (cliquez sur le lien)
Normalement le premier accord signé entre l’un des groupes miniers et un sidérurgiste s’applique à tous. Mais dans plusieurs régions du monde, les industriels de l’acier font de la résistance.
Les Européens ont été les premiers à déclencher les hostilités. La Confédération européenne des industriels du fer et de l’acier, Eurofer, a déposé il y a près d’une semaine une plainte devant la Commission européenne pour dénoncer des hausses de prix « injustifiables » de la part des trois géants du fer, soupçonnés d’« entente illicite ». Quant aux autorités allemandes de la concurrence, elles ont prolongé de deux mois leurs investigations sur le projet de co-entreprise du fer entre Rio Tinto et BHP. L’Allemagne est le premier producteur européen d’acier, et le comité d’entreprise de ThyssenKrupp, le champion national, s’est déjà ému des dizaines de milliers de suppressions d’emplois que la hausse du prix du minerai pourrait occasionner en Europe.
De leur côté, les aciéristes chinois, dont le premier d’entre eux, Baosteel, affirmait en fin de semaine dernière que les négociations n’étaient pas closes, se rebellent à leur tour. En tout cas officiellement. Leur représentant, la CISA, qui avait déjà claqué la porte des négociations l’an dernier parce que les baisses de prix consenties par les trois géants du fer n’étaient pas suffisantes à ses yeux, proclame aujourd’hui que la sidérurgie chinoise n’a pas besoin des importations de fer australien ou brésilien. Les stocks de fer dans les ports chinois, avance-t-elle, se montent à 75 millions de tonnes, et la production chinoise de fer a augmenté de près de 20% par rapport au début de l’année dernière ! Elle indique aussi qu’elle sera plus sévère vis-à-vis des importateurs, dont la moitié pourrait perdre leur agrément, s’ils continuent de spéculer sur la hausse du minerai de fer. Une menace à relativiser étant donné que, depuis l’an dernier et l’échec des négociations sur des contrats annuels, 70% des importateurs en Chine font venir du fer sans aucun agrément.
source rfi avril10
EN COMPLEMENT : La hausse des prix du minerai de fer pourra peser sur les marges de l’automobile
Les sidérurgistes comptent répercuter les augmentations de tarifs. Or l’acier représente entre 10 et 15 % des coûts de production d’une voiture
La hausse annoncée des prix de l’acier va-t-elle asphyxier les constructeurs automobiles?
En tout cas, le secteur s’en inquiète. Plusieurs fédérations industrielles européennes appellent l’Union européenne à empêcher une hausse excessive des prix du minerai de fer. En particulier, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) s’est déclarée préoccupée par la montée des prix du minerai suite à l’annonce d’accords conclus par les groupes miniers Vale et BHP Billiton sur un changement de leurs pratiques en matière de tarifs
Et pour cause. La hausse annoncée des prix des minerais de fer pourrait être directement répercutée sur les clients. Arcelor Mittal a indiqué: «les coûts de production de l’acier vont augmenter et nous allons les transférer aux consommateurs». Le sidérurgiste a d’ores et déjà fait savoir que la hausse des prix annoncée se traduirait par une augmentation de l’ordre de 21% des prix de l’acier. Or selon le Steel Index, les prix du minerai de fer ont déjà plus que doublé sur un an à 155 dollars par tonne métrique.
Les constructeurs automobiles sont en première ligne. «L’acier représente entre 10 et 15% des coûts de production d’une voiture», rappelle Tullett Prebon en ajoutant que «la hausse du coût de l’acier devrait peser sur les marges du secteur automobile».
L’impact ne sera toutefois pas équivalent d’un constructeur à l’autre. En effet, Daimler a déjà pris des mesures préventives pour se couvrir à long terme contre les hausses de prix de l’acier. De même, Alan Mulally, directeur général de Ford, a indiqué que son groupe a adopté un plan de protection contre une hausse. Quant à Volkswagen il dit chercher des moyens pour minimiser l’impact de cette hausse des prix en sécurisant ses commandes à court, moyen et long termes.
En tout état de cause, l’industrie ne compte pas rester les bras croisés. L’ACEA qui représente les plus importants constructeurs comme Volkswagen, Daimler, Peugeot Citroën ou encore Fiat a interpellé le régulateur de l’Union européenne pour qu’il prenne des mesures contre «cette entrave à la concurrence». Eurofer, le groupe représentant les producteurs d’acier européens, avait également averti la Commission européenne des pratiques anticoncurrentielles des producteurs de minerai.
Par Mathilde GOLLA – 02/04/2010 agefi
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