Les déséquilibres à long terme des finances publiques sont sous-estimés, relève la BRI, sur fond notamment de vieillissement des populations…
Les dettes des pays industrialisés pourraient s’envoler à 200, 300, voire 400 % du PIB, selon une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) . Si rien n’est fait, sur le plan des dépenses et des recettes ni surtout des retraites, les dettes s’envoleront d’ici à 2020, à 300 % du PIB au Japon, 200 % en Grande-Bretagne et 150 % en Belgique, France, Irlande, Grèce, Italie et États-Unis. Pis, elles pourraient atteindre 500 % aux États-Unis et 600% au Japon en 2040…
PLUS DE BRI EN SUIVANT :
Les économistes de la Banque des règlements internationaux (BRI) tirent la sonnette d’alarme. Si la crise a précipité un bond des dettes publiques des pays développés, la tendance est vouée à persister, sur fond d’un vieillissement des populations qui implique une hausse aujourd’hui sous-estimée des dépenses de retraite et de santé. Les pouvoirs publics se doivent dès lors de mettre en œuvre des plans de redressement draconiens – et politiquement périlleux.
Car le cap suivi dans nombre de pays industrialisés apparaît tout simplement impossible à tenir, d’autant que l’emploi et la croissance ne devraient pas retrouver de sitôt leur niveau d’avant la crise. Sans action corrective, le «scénario de base» de la BRI évoque une envolée généralisée du poids de la dette publique face au PIB (estimé à plus de 100% par l’OCDE en 2011 pour les pays développés). La dette pourrait ainsi représenter 150% du PIB en France en 2020 et 400% en 2040, près de 200% et 450% respectivement aux Etats-Unis.
Les autres scénarios échafaudés par la BRI (ajustement graduel du solde budgétaire, d’un point pendant cinq ans, seul ou associé à un gel du poids relatif des dépenses liées aux seniors dans le PIB) permettent d’envisager une atténuation du rythme de dégradation du ratio dette / PIB, sans pour autant inverser la tendance à l’exception des cas allemand et italien. Ce ratio ne pourrait être ramené à son niveau de 2007 qu’au prix d’un excédent budgétaire annuel de 7,3% du PIB sur cinq ans ou de 2,8% sur vingt ans en France, de 10,6 et 3,5% respectivement au Royaume-Uni.
L’étude de la BRI constitue un «avertissement bienvenu» selon les économistes de BNP Paribas, qui soulignent le caractère tout autant structurel que cyclique de la récente détérioration des comptes publics. Car les gouvernements ne doivent pas se laisser bercer par la relative facilité avec laquelle ils ont jusqu’ici financé leurs déficits, la dette souveraine n’étant plus considérée comme un investissement dépourvu de risque.
Dans ce contexte où les émetteurs souverains restent «vulnérables aux mauvaises nouvelles», BNP Paribas attend beaucoup du prochain gouvernement britannique. Faute d’«ajustement fiscal crédible», la note AAA du pays pourrait être menacée, tout comme, par ricochet, la notation d’autres émetteurs, particulièrement l’Espagne.
Par Benoît Menou – 12/04/2010 agefi
La dette des Etats : perspectives et implications
Des chercheurs de la BRI, « la banque centrale des banques centrales”, viennent de publier une étude très importante :
“The future of public debt: prospects and implications”
Stephen G Cecchetti, M S Mohanty and Fabrizio Zampolli
Bank for International Settlements, March 2010
BIS Working Papers
Leur constat et conclusions sont assez édifiants, et devraient alimenter le débat sur à la fois les déficits publics et les retraites. En voici l’essentiel :
Constat:
-« First, fiscal problems confronting industrial economies are bigger than suggested by official debt. As frightening as it is to consider public debt increasing to more than 100% of GDP, an even greater danger arises from a rapidly ageing population. The related unfunded liabilities are large and growing, and should be a central part of today’s long-term fiscal planning.
-Second, large public debts have significant financial and real consequences. The recent sharp rise in risk premia on long-term bonds issued by several industrial countries suggests that markets no longer consider sovereign debt low-risk. The limited evidence we have suggests default risk premia move up with debt levels and down with the revenue share of GDP as well as the availability of private saving. Countries with a relatively weak fiscal system and a high degree of dependence on foreign investors to finance their deficits generally face larger spreads on their debts. This market differentiation is a positive feature of the financial system, but it could force governments with weak fiscal systems to return to fiscal rectitude sooner than they might like or hope.
-Third, we note the risk that persistently high levels of public debt will drive down capital accumulation, productivity growth and long-term potential growth. Although we do not provide direct evidence of this, a recent study suggests that there may be non-linear effects of public debt on growth, with adverse output effects tending to rise as the debt/GDP ratio approaches the 100% limit (Reinhart and Rogoff (2009b)).
-Finally, looming long-term fiscal imbalances pose significant risk to the prospects for future monetary stability. We describe two channels through which unstable debt dynamics could lead to higher inflation: direct debt monetisation, and the temptation to reduce the real value of government debt through higher inflation. Given the current institutional setting of monetary policy, both risks are clearly limited, at least for now. “
Conclusion:
“How to tackle these fiscal dangers without seriously jeopardising the incipient recovery is the key challenge facing policymakers today. Although we do not offer advice on how to go about this, we believe that any fiscal consolidation plan should include credible measures to reduce future unfunded liabilities. Announcements of changes in these programmes would allow authorities to wait until the recovery from the crisis is assured before reducing discretionary spending and improving the short-term fiscal position. An important aspect of measures to tackle future liabilities is that any potential adverse impact on today’s saving behaviour be minimised. From this point of view, a decision to raise the retirement age appears a better measure than a future cut in benefits or an increase in taxes. “
A lire cette étude essentielle, en lien:
http://www.bis.org/publ/work300.pdf?noframes=1 (cliquez sur le lien)
source : http://investmentbankerparis.blogspot.com/ (cliquez sur le lien)
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