Le troisième plan élaboré pour la Grèce sera-t-il le bon?
Les deux premiers accords, conclus ces derniers mois, étaient de nature essentiellement politique et n’avaient pas mis fin aux craintes sur la situation financière grecque.
L’engagement pris dimanche par les membres de la zone euro de prêter jusqu’à 30 milliards d’euros à Athènes vient s’ajouter aux 10 à 15 milliards que pourrait débloquer le Fonds monétaire international. Il devrait permettre d’écarter la perspective d’une crise de liquidité pour de la Grèce.
Mais cet accord ne résout pas les questions fondamentales auxquelles se trouve confrontée la zone euro.
PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :
Même le volet le plus clair et le plus crédible du plan d’aide, le mécanisme de taux d’intérêt, soulève des interrogations.
Certes, un taux de 5% pour un prêt à trois ans peut paraître avantageux, comparé aux niveaux atteints la semaine dernière sur le marché. Il n’en reste pas moins supérieur de 3,7 points de pourcentage au taux des obligations allemandes, et bien au-dessus de ce que les Grecs souhaiteraient payer.
Et si la Grèce devait obtenir un prêt à 10 ans dans le cadre de ce programme, il serait assorti d’un taux bien supérieur à 7%, soit le niveau atteint la semaine dernière par les taux de marché. Sous sa forme actuelle, le plan d’aide pourrait conduire la Grèce à recourir davantage à des prêts à court terme, ce qui augmenterait son risque de refinancement.En outre, le taux proposé par la zone euro risque d’agir comme un plancher pour les taux de marché. Pourquoi un investisseur obligataire accepterait-il de prêter à la Grèce à un taux plus faible que les autres pays de la zone euro?
S’il est activé, le plan soulèvera par ailleurs des problèmes politiques, la zone euro s’orientant vers davantage de transferts budgétaires. L’Espagne, le Portugal et l’Irlande seront appelés à aider la Grèce alors que ces pays sont eux-mêmes confrontés à des problèmes de déficit.
Les montants en question sont relativement peu élevés –l’Irlande a par exemple indiqué qu’elle pourrait être amenée à mettre 450 millions d’euros sur la table — mais ils pourraient tout de même décourager ces pays de mettre en oeuvre des mesures d’austérité. Les taux courts de ces pays ont baissé lundi, mais les investisseurs pourraient de nouveau tester l’Europe pour déterminer si elle disposée à proposer des programmes similaires à d’autres pays.
Pour rester crédible, la zone euro devrait élaborer un plan de rechange. L’assainissement des finances grecques pourrait devenir encore plus délicat en 2011 ou 2012. Un mécanisme permettant de remettre en ordre les dettes souveraines au sein de la zone euro pourrait s’avérer nécessaire, à l’instar du dispositif à l’étude pour gérer la restructuration des banques d’importance systémique.
Un tel mécanisme, à condition qu’il soit crédible, pourrait même renforcer l’euro en tant qu’institution.
L’accord trouvé dimanche a peut-être permis aux responsables européens de gagner du temps, mais il leur faut néanmoins se préparer à l’éventualité que la Grèce prenne le même chemin que l’Argentine, qui a fait faillite après dix ans de plans de sauvetage du FMI.
Richard Barley, The Wall Street Journal avril10
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Wolfgang Münchau (FT) : Le défaut de la Grèce surviendra, mais pas en 2010 (cliquez sur le lien)
EN COMPLEMENT :
Voici la contribution des principaux pays de la zone euro.
Les chiffres ont été fournis par les pays euxmêmes ou calculés sur la part détenue par les membres de la zone euro dans le capital de la Banque centrale européenne au 1er janvier 2009, dans le cas de la France, de l’Italie et des Pays-Bas.
ALLEMAGNE:8,4 milliards d’euros, pour unepopulation de 81,7 millions, soit un coût de 103 euros par habitant.
FRANCE: 6 milliards d’euros, pour une population de 65,4 millions, soit un coût de 92 euros par habitant.
ITALIE:5,4 milliards, pour une population de 60 millions, soit 90 euros par habitant.
ESPAGNE: 3,675 milliards d’euros, pour unepopulation de 46,08 millions, soit un coût de 80 euros par habitant.
PAYS-BAS:1,8 milliard d’euros, pour une population de 16,5 millions, soit un coût de 109 euros par habitant.
PORTUGAL: 775 millions d’euros, pour une population de 10,6 millions, soit 77 euros par habitant. Au total, le plan d’aide prévoit quelque 30 milliards d’euros de prêts.
Catégories :Europe, Marché Obligataire, Trappe à Dettes, Wall Street Journal in french
D’après ce que nous lisons, il est possible d’évaluer ce dont la Grèce aurait besoin pour se relever. Mais quelqu’un a t-il une idée des conséquences et de leurs évaluations que subirait l’Europe, si jamais la Grèce était en faillite à cause d’un manque d’aide?
Cette aide me semble aussi un peu forcée, car existe il d’autres alternatives pour ne pas risquer de mettre en péril l’équilibre fragile des marchés mondiaux? Les habitants de l’Europe seraient alors aussi (en exagérant) des “otages” dont la contribution à cette rançon est nécessaire? Merci pour m’aider à mieux comprendre.
LEurope est une construction tant économique que politique qui s’est éffectuée contre la volonté des peuples de s’unir mais dont on a légitimé l’existence par les ravages causées in facto par le nazisme et le communisme…nous voilà donc unis pour le meilleur en ayant oublié le pire sur le radeau de la méduse qui prend l’eau de toute part…Et ce n’est pas le chant des sirènes des technocrates non élu de Bruxelles qui prennent des décisions ayant vertu de lois et qui donc s’appliquent à tous, qui pourra nous rassurer seulement nous endormir…Bref le radeau ayant été prévu seulement pour naviguer par beau temps il nous faut maintenant ramer tels les galériens que nous sommes devenus à la recherche d’un possible paradis/digme à tout jamais perdu…. Nous avons donc le choix entre soit créer un aléa moral et redoutable précédent en acceptant de sauver la Grèce pècheresse, soit faire courir au système bancaire européen un tel risque systèmique qu’à coté de cela la chute de Lehman Brothers et ses conséquences apparaitra comme un simple accident de parcours… En avons nous les moyens ?