Agences de Notation

Les précieuses vertus de la spéculation

  Il sera toujours possible d’attribuer mille et une fonctions malfaisantes aux spéculateurs. De vouloir les neutraliser, comme le redemandent Attac et bien d’autres dignitaires autoproclamés de l’intérêt général.

Passe encore les spéculateurs «normaux», ceux qui tablent habituellement sur la hausse du prix des actifs. Quelle différence d’ailleurs avec les investisseurs?

Il en est tout autrement des grands cyniques pariant sur le malheur des autres (qu’ils favorisent eux-mêmes). En particulier ces fonds puissants dont on sait depuis 1992 – Soros contraignant la livre à sortir du système monétaire européen – qu’ils peuvent venir à bout d’à peu près n’importe quelle devise. Lors de la récente et grande crise bancaire, des voix très autorisées s’élevaient déjà du côté des Etats-Unis pour que l’on interdise une fois pour toute la spéculation à la baisse. Si cette ancienne pratique d’arbitrage n’était qu’un comportement déviant et pervers, il y a longtemps qu’elle eût été prohibée (sous les acclamations des citoyens).

Il existe sans doute une raison au moins pour laquelle elle ne l’est pas: s’en prendre aux opérateurs du short peut très vite passer pour un déni de réalité. Dans un monde dominé par les politiciens, les spéculateurs ont l’avantage de mettre le doigt sur des problèmes douloureux que tout le monde n’a pas envie de voir, moins encore de résoudre.

Le vice et la vertu de nos (trop) chers Eurocrates (cliquez sur le lien)

PLUS DE VERTU ET MOINS DE VICE EN SUIVANT :

Il en est de même des agences de notation. Leur existence et leurs modes de fonctionnement sont hautement critiquables – L’Agefi s’en prive rarement – mais les anomalies qu’elles ont mis en avant en pointant les finances publiques d’un petit pays périphérique de la zone euro auraient pu, sans elles, attendre des mois dans l’ombre. Peut-être même des années. En s’aggravant. Personne, du côté de Bruxelles ou de Berlin, n’a eu envie d’admettre ensuite que la crise grecque était fondamentalement une crise de l’euro. Les spéculateurs sont en quelque sorte venu rappeler le monde politique à ses devoirs d’intervention. Et d’intervention en profondeur. Les fonds spéculatifs ne servent pas prioritairement à tester la réalité d’un problème, mais ils peuvent contribuer à le rendre tout d’un coup évident. Il était assez surprenant d’entendre des pays comme l’Espagne ou le Portugal annoncer hier qu’ils allaient prendre de nouvelles mesures budgétaires pour détourner l’attention des spéculateurs. Une manière de reconnaître que l’origine de tous les maux ne se trouve pas automatiquement du côté des marchés financiers et de leurs maudits traders.

Par François Schaller agefi mai10

BILLET PRECEDENT : De la moralité des bonus… (cliquez sur le lien)

2 réponses »

Laisser un commentaire