B.R.I. (Banque des Règlements Internationaux)

Quand «les trois sources de la liquidité» se tarissent avec la crise

Quand «les trois sources de la liquidité» se tarissent avec la crise

La crise actuelle, que l’on qualifie de systémique, peut aussi être présentée comme le tarissement simultané des trois sources de la liquidité. Dans notre société financière moderne, celle-ci a trois sources.

PLUS/MOINS DE LIQUIDITE EN SUIVANT :

 La première, la plus connue, est le crédit bancaire.

Selon la loi bien connue qui veut que «?les crédits font les dépôts?», tout crédit nouveau octroyé par une banque commerciale correspond à une création de monnaie. Tout remboursement de crédit, à l’opposé, détruit de la monnaie et donc de la liquidité.

Depuis longtemps, les banques, parce qu’elles détiennent le pouvoir de créer la monnaie, sont très réglementées. Elles doivent respecter un ratio qui rapporte leurs fonds propres aux crédits octroyés (ratios Cooke, devenus Donough).

Commentaire : Ce qu’il faut savoir pour évaluer correctement une valeur bancaire d’un point de vue financier et boursier….. (cliquez sur le lien)

Dans le sillage des différents G20, le Comité de Bale, qui édicte les règles prudentielles aux banques européennes, est en train de les durcir. L’effet potentiel sur la capacité des banques à faire crédit à l’économie fait l’objet d’une controverse entre les banques et notamment la Banque des règlements internationaux (BRI), et les régulateurs. Dans tous les cas de figure, tout le monde s’accorde pour dire que le durcissement des règles prudentielles se traduira par une raréfaction du crédit pour les acteurs de l’économie, et donc une restriction de la liquidité, de la monnaie en circulation.

 Régulation Bancaire : Objectif Bale 3 (cliquez sur le lien)

La deuxième source de liquidité est la liquidité « de marché ».

Le meilleur exemple est probablement le crédit « automatique » que tout acteur de marché obtient lorsqu’il achète à terme des actions, avec un levier de 5 : il peut sur le marché du Service à Règlement Différé (SRD) prendre un engagement à terme 5 fois supérieur au solde de son compte. Ce levier est bien plus considérable sur les marchés de gré à gré, qui ont été tant critiqués dans la crise actuelle. La volonté des politiques et des régulateurs de plus et mieux réguler les marchés, d’une manière générale, va se traduire par une réduction de leur liquidité. La réforme Obama des banques et des marchés, les initiatives allemandes maladroites sur le short selling, les attaques en règles contre certaines banques d’investissement – la première d’entre elles étant bien sûr Goldman Sachs – vont forcément réduire la liquidité de marché… 

ELLES NE S’ÉTAIENT JUSQU’ALORS JAMAIS TARIES SIMULTANÉMENT

La troisième source de liquidité correspond aux déséquilibres des balances des paiements.

Un déséquilibre commercial alimente la liquidité ; il est créateur de monnaie internationale. Sur ce constat l’économiste M. Triffin avait établi son fameux paradoxe : la monnaie des échanges internationaux (le dollar), pour être crédible, doit être stable ; or, pour alimenter des échanges internationaux en croissance, elle doit être émise par un pays en déficit permanent – ce qui est le cas des Etats-Unis… Mais un pays en déficit voit normalement sa monnaie se déprécier, ce qui s’oppose à la nécessaire stabilité d’une monnaie internationale… Le déséquilibre des échanges avec la Chine, depuis une dizaine d’années, et particulièrement depuis 2005, a contribué à l’abondance de liquidité. Or la crise actuelle s’accompagne d’une réduction des déséquilibres, donc de la liquidité internationale ; c’est d’ailleurs le rôle des crises de réduire les déséquilibres… 

Au total, jamais, à notre connaissance, les trois sources de la liquidité ne se sont taries ensemble. Or, le cycle de la liquidité est devenu le cycle fondateur du cycle économique. Son imbrication avec le cycle de la psychologie des opérateurs du marché financier et des acteurs de l’économie réelle n’est plus à démontrer. Le cycle de la croissance en résulte. Si, de plus, les Etats entrent dans une logique de restriction de dépense, donc d’impact négatif sur la croissance, le faible rebond économique de 2010 n’y résistera pas.

 La crise des liquidités nous annonce cette crise économique, que l’on a qualifiée comme la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale… pour 2011. 

éric Galiègue Analyste financier indépendant, président de Valquant SAS.

 
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