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Une crise bancaire seulement reportée ?

Une crise bancaire seulement reportée ?

La mobilisation a permis d’éviter le pire. Que se passera-t-il si la Grèce est acculée au défaut dans deux ans?

Et si le plan de sauvetage des pays les plus fragiles de la zone euro et l’intervention de la Banque centrale européenne (BCE) n’avaient servi qu’à acheter du temps? Un répit pour que les banques qui auraient souffert du défaut de remboursement d’un pays – et de la contagion déclenchée – puissent s’y préparer. Du temps pour permettre par exemple «une restructuration ordonnée de la dette grecque dans deux à trois ans»; sans prendre par surprise un système bancaire déjà fragilisé par la crise de 2008, comme le suggèrent les économistes de Syz & Co.

«Un gros tiers de la dette grecque était aux mains des banques françaises, ce qui explique pourquoi ce pays a tant poussé le plan de sauvetage européen», rappelle Peter Kugler, professeur de finance à l’Université de Bâle.

Les Assureurs français sont les plus exposés à la dette grecque (cliquez sur le lien)

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Le compte à rebours a peut-être déjà recommencé. «L’idée que la Grèce sera, à terme, forcée de faire au moins partiellement défaut sur la dette est très largement partagée», avance Adrien Pichoud, économiste chez Syz & Co. Le marché intègre déjà cette hypothèse si l’on en croit l’évolution des cours boursiers des banques, rappellent en écho de nombreux analystes. La raison? Suite au plan d’austérité négocié avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international, Athènes fera les efforts nécessaires pour stabiliser sa dette au niveau actuel. Pour simplement la maintenir à ce niveau élevé, le gouvernement devra réduire son déficit de manière drastique «et atteindre un surplus primaire auquel s’ajoutera le service de la dette», poursuit l’économiste. Cet effort ne sera vraisemblablement possible que sur un nombre limité d’années. Et insuffisant pour une véritable stabilisation de la situation.

Le pays pourra alors invoquer avoir fait un effort de rééquilibrage de ses comptes. Ensuite, «ce sera au tour des investisseurs de faire un geste en acceptant un défaut ou un rééchelonnement de la dette», considère Adrien Pichoud. A sa suite, d’autres économistes rappellent que la dette grecque a une échéance moyenne courte, de trois à quatre ans. Ce qui offrirait la possibilité de la rallonger à six ans tout en gardant le même taux d’intérêt, envisagent-ils.

WSJ : L’impossible restructuration de la dette grecque (cliquez sur le lien)

Si un tel scénario se concrétise, les institutions financières européennes pourraient d’autant mieux se préparer à une cessation de paiement partielle que celle-ci interviendra quand «l’économie mondiale sera plus à même d’absorber un tel choc», rappelle Jan Poser, chef économiste de la banque Sarasin. «C’est peut-être le calcul de l’Europe», suggère-t-il.

L’exposition de l’Europe financière à la dette grecque, mais surtout espagnole et portugaise est en effet un réel sujet d’inquiétude. La totalité des prêts – publics ou privés – des banques à la Grèce atteignait 236,2 milliards de dollars fin 2009, selon les chiffres publiés lundi par la Banque des règlements internationaux. Ce seul montant n’ébranlerait pas le système financier européen. Mais à cela s’ajoute l’Espagne. «Qu’adviendra-t-il si ce pays se met en situation de cessation de paiement ou éprouve des difficultés à se refinancer», s’interroge Beat Siegenthaler, spécialistes des changes chez UBS.

Méfiance entre les banques

Ces interrogations expliquent pourquoi le plan d’action européen n’a pas complètement calmé les marchés. Ni apaisé les inquiétudes des banques vis-à-vis de leurs homologues. Chaque jour, le Libor – le taux auquel se prêtent entre eux les établissements – augmente de quelques points de base. En fin de semaine, il s’est certes légèrement détendu à 0,65%. Les montants record que les banques déposent auprès de la BCE sont pourtant un autre reflet de leurs craintes.

Le retour des tensions sur le marché interbancaire n’ont cependant «aucun rapport avec la situation vécue après la chute de Lehman Brothers», tempère Peter Kugler. Pour le professeur bâlois, le coup de chaud sur les taux Libor en euro est resté modéré.

Trop secrète la BCE?

«L’inquiétude du marché provient du fait que s’il connaît les montants des dettes par pays et qu’il dispose d’informations sur certaines expositions pour un certain nombre d’institutions cotées, il n’a pas la vue complète des risques», résume Michel Juvet, stratège chez Bordier & Cie. Par exemple, l’exposition des banques françaises à la Grèce se monte à 64 milliards. Mais, à l’exception de quelques annonces, rien n’indique qui, du Crédit Agricole, de BNP Paribas ou de Société Générale en détient le plus.

Il existerait pourtant un moyen simple de calmer les inquiétudes. «La BCE connaît les positions de chaque banque, mais elle refuse de les rendre publiques. C’est la porte ouverte à tous les fantasmes! Les révéler aurait l’avantage de clarifier la situation et de prendre des mesures pour aider certaines banques si nécessaire.» Un peu à la manière des «stress test» (tests de résistance) réalisés l’an dernier aux Etats-Unis, afin de connaître les établissements en difficulté et prendre les mesures qui s’imposaient. «Une telle transparence aurait également l’avantage de dissiper des craintes alimentées par la BCE elle-même: en ne divulguant pas ces informations, elle donne l’impression de cacher quelque chose», poursuit Michel Juvet.

Les banques sont-elles déjà en train de provisionner en vue d’un éventuel défaut de la Grèce? Les avis divergent. Les économistes de la banque Syz n’excluent pas qu’elles soient en train de le faire, de même qu’elles se préparent à des turbulences du côté de l’Espagne. En allégeant leurs positions pour limiter le risque. Ou à se capitaliser en conséquence.

Pas d’alerte cependant du côté des agences de notation. Moody’s estimait ainsi vendredi que les fonds propres des établissements du Vieux Continent sont suffisants pour absorber des pertes éventuelles dans les pays dits PIGS. Reste à savoir si les appels au calme des agences de notation sont à même de calmer les milieux financiers.

 Par Mathilde Farine le temps juin10

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4 réponses »

  1. Le 10 mai 2010, l’Union Européenne et le FMI ont bluffé : l’Union Européenne et le FMI ont annoncé qu’ils mettaient 750 milliards d’euros sur la table pour aider le Portugal, l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, et donc pour stabiliser l’euro. Aussitôt, les taux d’intérêt des obligations de ces quatre pays ont brutalement baissé, et l’euro s’est stabilisé.

    Mais le 12 mai, les investisseurs internationaux ont compris que ce plan de stabilisation n’était qu’un gigantesque coup de bluff.

    Depuis le 12 mai, les investisseurs internationaux n’ont plus du tout confiance dans le Portugal, l’Irlande, la Grèce, l’Espagne : ils demandent des taux d’intérêt exorbitants à ces quatre pays.

    Lundi 14 juin :

    – Si l’Espagne avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 4,68 %.

    Le graphique des taux d’intérêt des obligations espagnoles est incroyable : les taux d’intérêt espagnols sont en train d’exploser.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPG10YR%3AIND

    – Si le Portugal avait dû lancer un emprunt à 10 ans, il aurait dû payer un taux d’intérêt de 5,226 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPT10YR%3AIND

    – Si l’Irlande avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 5,274 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GIGB10YR%3AIND

    – Si la Grèce avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 8,339 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GGGB10YR%3AIND

    Le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne voient leurs taux d’intérêt qui explosent : ces quatre pays foncent vers le défaut de paiement.

    Au contraire, les taux d’intérêt de l’Allemagne restent très bas.

    – Si l’Allemagne avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt très faible : seulement 2,638 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GDBR10%3AIND

    Cette divergence est intenable.

    Cette situation est explosive : la zone euro va finir par éclater.

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