Quatre règles à suivre dans la gestion de portefeuille par Charles Gave
Charles Gave : « Pour permettre a chacun de suivre l’évolution dans le temps de ce que je présente comme évidence, j’ai crée un site qui s’appelle » : http://faillitedeletat.wordpress.com/about/
PLUS DE GESTION DE PORTEFEUILLE EN SUIVANT :
Règle numéro un : privilégier le bilan et non le compte d’exploitation. Beaucoup achètent un titre et dès que ce titre est monté de plus de 20 % ils le vendent. En revanche, si le titre baisse, ils le gardent soigneusement. Moyennant quoi, au bout de quelques années, il ne reste plus dans le portefeuille que les mauvais choix. Dans la réalité, il faut faire exactement l’inverse. Si un titre baisse sur son plus haut de 10 % ou 15 %, ou par rapport à son cours d’achat, il faut le vendre toutes affaires cessantes. Celui qui suivra cette règle systématiquement se retrouvera au bout de quelques années avec un portefeuille regroupant tous ses bons choix, puisque le marché aura éliminé tous les mauvais, et son bilan montera année après année alors même qu’il dégagera des pertes la plupart du temps.
Deuxième règle : le cours d’achat n’a aucun intérêt, si ce n’est pour les impôts. La valeur du titre est égale au cours de Bourse d’aujourd hui, point barre. Ce qui implique que faire des moyennes en baisse est la façon la plus certaine de se ruiner, puisque non seulement vous n’avez pas vendu les titres pourris, mais, en plus, vous en rajoutez…
Troisième règle, celle du cafard dans la cuisine. Le lecteur aura remarqué qu’il n’y a jamais un seul cafard, mais que l’apparition d’un seul de ces charmants insectes en annonce bien d’autres. Il en est de même pour les mauvaises nouvelles, soit sur un titre, soit sur un secteur, soit sur une économie.
Que le lecteur se souvienne !
En juillet 2008, la BNP annonce qu’elle ne peut pas calculer la valeur de la part de certains de ses fonds monétaires en raison de l’incertitude à mettre un prix sur certains actifs liés aux subprimes. C’était le premier cafard d’une longue, très longue série. Il fallait vendre à ce moment-là, et à tout le moins toutes les financières. Sans prêter aucune attention à tous les commentaires rassurants.
La quatrième règle est plus psychologique : l’action que vous détenez ne sait pas que vous l’aimez. Tomber amoureux d’un titre parce que l’histoire est belle, c’est substituer son jugement à celui, collectif, du marché. Ce qui fonctionne rarement.
Ce sont là quatre règles très simples à suivre, faciles à comprendre et qui ne demandent qu’une grande discipline.
La quasi-totalité des grands gérants mythiques que j’ai connus les suivait sans problème.
Il n’y a aucune raison pour que les lecteurs du Journal des Finances ne les suivent pas aussi.
PAR CHARLES GAVE | JDF HEBDO | 25.09.2010 |
BILLET PRECEDENT : « L’État est mort, vive l’État ! ». Dans un livre choc, Charles Gave dénonce l’hypertrophie de l’État et son corollaire, l’endettement croissant.
EN COMPLEMENT : La discipline de vendre par André Gosselin
Nous ne savons pas vendre.
Les psychologues de la finance vous diront que c’est l’appât du gain qui empêche les investisseurs d’avoir toute la discipline et la méthode qu’il faut pour vendre un titre et encaisser ses bénéfices, ou ses pertes si c’est malheureusement le cas. Je crois que le problème en est plus un manque d’information et de connaissance que de sentiment ou d’émotion. Nous ne savons pas vendre parce que nos sources d’informations sont déficientes ou limitées, mais aussi parce que nous manquons de discipline et que nous croyons, à tort, que vendre est une décision complexe.
La plupart des investisseurs autonomes, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de courtier personnel pour leur faire des recommandations, achètent un titre parce qu’ils en ont entendu parler en bien dans les médias. Nos journaux sont très bons pour dire quoi acheter. Lorsque vient le temps de dire ce qu’il ne faut pas acheter ou ce qu’il faut vendre, c’est une autre paire de manches.
Quand est-ce qu’on va lire dans les journaux ou sur Internet un article coiffé du titre « 10 titres de grandes compagnies à ne pas acheter », ou encore « 15 titres de petites capitalisations à vendre immédiatement » ? On lira plutôt des manchettes du genre « 10 titres de grandes compagnies à fort potentiel », ou « 15 titres de PME prêts à exploser en bourse ». Des entêtes d’article comme ceux-ci sont de biens meilleurs vendeurs de copies que les entêtes négatives, pessimistes et défaitistes comme les deux premiers exemples.
C’est tentant pour le petit investisseur d’acheter un ou deux titres après la lecture d’un article louangeur sur des compagnies pleines de promesse, dirigées par des gestionnaires visionnaires qui ont des produits fantastiques à mettre sur le marché. Mais comment saura-t-il à quel moment il convient de vendre si les médias ne font aucun suivi des compagnies et titres dont ils ont tant vanté les qualités ?
On dit que la décision de vendre un titre ou un fonds de placement, comme la décision d’acheter, dépend de vos objectifs financiers, de vos besoins, de la composition de votre portefeuille global, de votre horizon de placement et de votre tolérance au risque. C’est sûrement vrai en principe, mais en pratique comment fait-on ?
Les adeptes de l’analyse technique, du moins les vrais, utilisent des stratégies qui émettent ce qu’ils appellent des signaux de vente. Quand les forces du marché sont favorables à la croissance du cours d’une action, il peut arriver un moment où ces mêmes forces du marché ne sont plus favorables à l’ascension de cette action.
En analyse technique, un signal de vente peut être aussi simple que celui voulant que l’on se débarrasse d’un titre dès qu’il connaît une baisse de 15% depuis son plus récent sommet. Le signal est clair et mesurable. Impossible d’y déroger. Vous pouvez vous tromper dans certaines situations, c’est sûr. Toutefois, vous aurez réduit vos pertes pour vos actions qui ont subie une dégelée de 50% ou 75% en quelques mois….
La grande faiblesse de ceux qui adhèrent aux principes de l’analyse fondamentale est de ne pas avoir de critères de vente clairs et limpides quand vient le temps d’encaisser ses pertes comme ses profits. On sait pourquoi on a acheté tel ou tel titre, sans trop savoir quelles seraient les bonnes raisons de le vendre.
Pourtant, l’analyse fondamentale ne manque pas de moyens et de critères pour indiquer si un titre vaut la peine d’être conservé ou vendu. Ainsi, certains gestionnaires de fonds communs de placement n’hésitent pas à vendre un titre dès que l’entreprise enregistre un trimestre sans croissance de ses bénéfices. D’autres préfèrent vendre quand ils assistent à deux trimestres consécutifs sans croissance des profits. D’autres encore vont vendre quand ce sont les ventes, et non pas les profits, qui sont en décroissance sur un ou deux trimestres. Ce dernier critère est plus pertinent en ce qui concerne les équipementiers et les nouvelles compagnies de haute technologie qui ne réalisent pas encore de bénéfices.
Dans un cas comme dans l’autre, la décision est facile à prendre. À condition de ne pas s’embourber dans des considérations trop subjectives du genre : « est-ce que je peux encore faire confiance à la direction de la compagnie ? », ou « est-ce que les produits et services vendus sont toujours appréciés par la clientèle ? ».
Non pas que ces questions ne soient pas importantes. Il faut toutefois bien comprendre que ce type d’interrogations risque de vous embrouiller l’esprit et, surtout, de vous éloigner d’une attitude fondamentale pour réussir en bourse qu’on appelle la discipline.
André Gosselin chercheur et analyste canadien
1 réponse »