Le piètre rendement moyen des investisseurs individuels à long terme : un grave problème et une importante préoccupation par William André Nadeau
En plus d’épargner, le défi est d’obtenir un rendement satisfaisant à long terme.
Pour une majorité de la population, il est très difficile, pour maintes raisons, de suivre un programme discipliné et régulier d’épargne.
PLUS DE NADEAU EN SUIVANT :
J’ai évoqué l’épargne forcée comme une solution au faible taux d’épargne des Québécois. Les investisseurs pourraient avoir le choix entre des gestionnaires privés ou publics, pour s’en occuper. Cela encouragerait la compétition afin d’offrir les meilleures conditions de gestion et de rendement.
Pour que les Québécois soient en meilleure posture financière, l’épargne ne suffit pas. Le rendement doit être au rendez-vous.Les caisses de retraites ont comme objectif un rendement de 7% l’an, en moyenne à long terme.
De nombreux commentaires témoignent de la faible confiance des épargnants envers la Caisse de dépôt. La piètre performance de 2008 et l’implication dans la crise du papier commercial n’ont pas contribué à maintenir un niveau de confiance satisfaisant.
La Caisse de dépôt et placement du Québec a obtenu un rendement de 8% depuis sa fondation. C’est le portrait moyen des rendements des caisses de retraites. Une fois déduit un niveau d’inflation de 3%, le rendement après inflation a été de 5% ce qui est acceptable et réaliste.
Le plus grave problème concerne ceux qui gèrent leur propres épargnes : le rendement obtenu est nettement inférieur en moyenne. Et là, j’insiste particulièrement sur le terme « en moyenne ».
La firme Dalbar est spécialisée dans l’étude des rendements des investisseurs individuels notamment ceux qui détiennent des parts de fonds communs au États-Unis et au Canada.
En consultant ce lien, http://www.investorsinsight.com/blogs/forecasts_trends/archive/2009/11/03/dalbar-update-investors-still-lagging-the-market.aspx
vous trouverez sur 20 ans, au 31 décembre 2008, le rendement de ces investisseurs qui ont obtenu seulement 2% l’an pendant que l’inflation était de 2.9%, ce qui est très alarmant. Pour la même période étudiée par Dalbar, le rendement du S&P500 a été de 8% et celui du marché obligataire de 7,5%. C’est tout un écart!
Même si les fonds communs ont obtenu un rendement légèrement inférieur à ces indices, le principal responsable de ce résultat demeure l’investisseur lui-même qui ne conserve ses fonds que pour 2 ou 3 ans en moyenne.
Il a été démontré que les investisseurs prenaient majoritairement les mauvaises décisions aux mauvais moments.
Je suis favorable à une épargne forcée gérée par des gestionnaires institutionnels au choix de l’épargnant. Si les caisses de retraites obtiennent 5% de rendement de plus par année que les particuliers, c’est parce qu’elles doivent respecter des politiques de placements qui sont plus difficile à changer selon l’humeur des investisseurs.
La neuroéconomie nous enseigne que les récentes mauvaises expériences en placements influencent directement le choix des placements futurs. La gestion de placement est guidée par l’émotion avant la raison.
Dans le monde des caisses de retraite, même s’il y a des lacunes et des erreurs, les décisions rationnelles sont plus importantes que les décisions impulsives à court terme des investisseurs. Ce qui expliquerait l’écart de rendement de 5% par année.
Pour une majorité de Québécois, une épargne forcée sous forme de cotisations plus importantes à la RRQ, jumelée à un rendement plus élevé, serait une alternative raisonnable pour contrer les nombreux problèmes qui toucheraient la retraite au cours des prochaines décennies.
William André Nadeau Gestionnaire canadien de portefeuille sep10
BILLET PRECEDENT : Au Canada et aux US avec de faibles rendements boursiers depuis 10 ans, comment peut-on prendre sa retraite? par William André Nadeau