
La semaine dernière, les marchés actions et obligataires sont restés sur leur lancée, soutenus par le communiqué de la Fed en dépit des inquiétudes déflationnistes implicitement mentionnées. Ils ont également fait abstraction du fait que le taux de rendement des bons du Trésor américain a touché un point bas historique à 0,42 %, traduisant une anticipation bien plus morose de l’environnement économique

Par ailleurs, l’indice AAII (l’indice des investisseurs individuels) des haussiers par rapport aux baissiers il y a 15 jours a atteint un niveau qui, à 4 occasions au cours des quatre dernières années, a signalé une correction de 10-15 % du SP500 (voir le graphique).Et selon cette mème enquête hebdomadaire de l’Association américaine des investisseurs individuels (AAII) de cette semaine , l’optimisme est tombé à 42,5% et enregistre ainsi sa deuxième baisse hebdomadaire consécutive. Pour l’instant au moins, les investisseurs individuels ne sont pas de retour à l’achat sur les actions…
A noté que la plupart des analystes s’accordent à dire que l’investisseur individuel a à peu près renoncé aux actions, et beaucoup se demande ce qu’il faudrait faire pour les y ramener : la confiance comme l’inflation ne se décrètent pas…
À la fin du mois dernier, nous avions constaté que le volume quotidien moyen de l’indice S & P 500 en août était le plus faible pour un mois d’août depuis 1999. Alors que nous avions montré que des volumes modestes en août ne signifiaient pas nécessairement la même tendance pour le reste de l’année , la tendance s’est en fait nettement poursuivie en Septembre. Ci-dessous nous mettons en évidence le volume quotidien moyen pour l’indice S & P 500 au cours des 15 premiers jours de bourse de Septembre depuis 1993. Ce mois de Septembre, tout comme le mois d’août, est le plus faible en volume depuis 1999. Jusqu’à présent ce mois-ci, le S & P 500 a atteint en moyenne 846,4 millions parts par jour. L’indice était en moyenne de plus d’un milliard par jour en part septembres 2000 à 2009….
De faibles volumes signifient que le marché livré aux seuls professionnels est désormais nettement plus facilement manipulable à la hausse comme à la baisse et que compte tenu d’une asymétrie d’information il devient extrêmement dangereux pour un investisseur individuel de s’y risquer sauf à prendre un taux de couverture maximal sur son portefeuille d’actifs …l

Malgré la poursuite de la hausse des marchés actions, l’appétence des investisseurs pour le risque continue en fait de reculer, même si la série relative aux seules actions est remontée à un niveau indiquant une tolérance au risque modérée. Si les expositions globales en actions sont modestes, les gérants de fonds semblent se concentrer sur les opportunités à bêta plus élevé – incluant les marchés asiatiques et émergents, l’indice MSCI Asia ex Japan ayant atteint la semaine dernière un nouveau plus haut depuis la crise. Le message est donc contrasté et suggère que les investisseurs pourraient réduire un peu le risque à court terme.
La baisse du dollar alimente de fait un carry trade profitant aux actifs plus risqués, en effet depuis le sommet atteint le 7 Juin, l’US Dollar Index a pratiquement enregistré une baisse de 11,62%.


Les principales banques centrales sont toutes sur le point d’adopter de nouvelles mesures quantitatives (AQ) sous une forme ou une autre. La Banque d’Angleterre a indiqué que l’AQ faisait partie des options à l’étude, à l’instar de la Fed.
Avant d’aller plus loin prenez quelques instants pour digérer le tableau ci-dessous. Cela montre combien la base monétaire américaine a été récemment élargi ….
On prétend aussi que la BCE recourt déjà à l’AQ via le marché secondaire , sous couvert de prêter aux banques, qui achètent elles-mêmes des montants importants d’emprunts d’Etat. Enfin, la Banque du Japon fait probablement de même en augmentant la taille de son bilan. On semble donc s’orienter vers une politique keynésienne de relance concertée, qui stimulera artificiellement (reflation) probablement les actifs risqués jusqu’en 2011. L’ironie est que la hausse récente des marchés actions et obligataires rend cet AQ moins nécessaire. C’est pourquoi il est fort à parier que toutes ces interventions et manipulations de cours donneront lieu à bien des déceptions – d’abord sur le front de l’économie ou les bénéfices des sociétés pourraient s’avérer être médiocres, et mème voire sur le front de l’AQ qui pourrait être suspendu ou reporté. La conclusion somme toute provisoire est que l’ascension des marchés vers de nouveaux plus hauts sera sans doute bien plus difficile que prévu…
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