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Recul de la liberté économique dans le Monde

La liberté de créer des emplois

Le monde du travail a bon dos. Les nouvelles thèses sur la fin du capitalisme ne manquent jamais. Elles passent en général par des sophismes plus ou moins archaïques sur la destruction et la création d’emplois.

Il ne fait néanmoins pas de doute que l’emploi demeure un enjeu de taille: en 2009, on recensait 211,5 millions de chômeurs dans le monde. Si le contexte conjoncturel récent a contribué à altérer la situation, le problème est tenace: entre 1991 et 2007, le chômage touchait en moyenne 170,2 millions de personnes, avec bien sûr des variations importantes selon les régions.

Dans quelle mesure les institutions sont-elles responsables?

PLUS/MOINS DE LIBERTE ECONOMIQUE EN SUIVANT :

 

L’indice annuel de la liberté économique dans le monde, publié , a le mérite de renouveler le débat en se penchant sur la relation entre le degré de libéralisme économique d’un pays et le taux de chômage. L’économiste Horst Feldmann, en examinant cent pays sur près de trente ans, trouve une corrélation négative substantielle entre les deux facteurs, même en tenant compte de la croissance économique et des différents niveaux de développement.

Ce qui apparaît comme une évidence a en réalité des implications immédiates. Un Etat svelte et faiblement endetté est plus susceptible de favoriser la création d’emplois que des plans de relance publics. Il en va de même de la libéralisation des échanges internationaux et des mouvements de capitaux face à la protection présumée des «champions nationaux». Tout comme la réglementation des marchés (dont le marché du travail). A l’exemple du Danemark, un pays traditionnellement pénalisé par la forte prévalence de l’idéologie sociale-démocrate dont il s’est en partie distancié, les libéralisations entreprises ont abouti à une baisse du chômage structurel estimée entre 1,0 et 1,3 point de pourcentage. Chez les jeunes jusqu’à 24 ans, pour qui l’effet de magnitude des libertés économiques est plus important en raison de leur entrée sur le marché du travail, la baisse se situe entre 1,9 et 2,5 points. Ces observations comportent également d’importantes conclusions pour la Suisse. La flexibilité du marché du travail, l’universalité des échanges, le libre fonctionnement des marchés sont des conditions essentielles de la création d’emplois.

Pierre Bessard agefi sep10

nb : chiffres non actualisés

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Recul de la liberté économique dans le Monde

 Au début des années 1980, sous l’impulsion de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, les États-Unis et le Royaume-Uni réduisaient leurs taux marginaux d’imposition, ramenaient l’inflation sous contrôle et relâchaient à la fois les réglementations et les obstacles au commerce. De nombreux autres pays suivirent bientôt, et le résultat a été un quart de siècle d’expansion à la fois de la liberté économique et de la croissance du revenu. De 1980 à 2007, il y a eu un mouvement progressif mais régulier vers la liberté économique.

Ce mouvement peut être observé dans les données du Rapport annuel 2010 de liberté économique du monde, qui vient juste d’être publié.

Toutefois, comme le montre le rapport de cette année, la liberté économique dans le monde a diminué pour la première fois en plusieurs décennies. Sur les 123 pays ayant des notations en 2007 et 2008, 88 (soit 71,5 pour cent) ont vu une diminution de leur notation et seulement 35 ( soit 28,5 pour cent) ont enregistré une hausse de notation.
Les États-Unis ont chuté de la troisième place en 2000 à la sixième place dans le présent rapport, leur notation passant de 8,45 en 2000 à 7,93 en 2008.

L’indice de la liberté économique du monde mesure la cohérence des institutions et des politiques publiques d’une nation avec la liberté économique. En d’autres termes, les institutions et les politiques publiques sont compatibles avec la liberté économique quand elles permettent aux individus de choisir pour eux-mêmes et de conclure des accords volontaires avec les autres, et quand elles protègent les personnes et leurs biens.

Afin d’obtenir une note élevée sur l’échelle de zéro à dix de l’indice de la liberté économique dans le monde, un pays doit fournir une protection sûre de la propriété privée, l’application impartiale des contrats et un environnement monétaire stable. Il doit également maintenir les impôts bas, s’abstenir de créer des obstacles au commerce intérieur et international, et s’appuyer davantage sur les marchés plutôt que le processus politique pour allouer les biens et les ressources.

La réduction de notation aux Etats-Unis a été principalement le résultat de la baisse des notes sur la garantie des droits de propriété, mais l’énorme augmentation des emprunts publics a également été un facteur important. L’augmentation des dépenses publiques, des déficits plus importants et une réglementation accrue ces deux dernières années ne manqueront pas de faire reculer la note américaine en matière de liberté économique ces prochaines années.

Nous en savons plus qu’avant sur les sources de la croissance et de la prospérité. La croissance économique est principalement le résultat des gains tirés du commerce, de l’investissement en capital et la découverte de produits innovants, des méthodes de production à faible coût et de davantage d’efficacité dans la production. De nombreuses études ont montré que les pays avec plus de liberté économique croissent plus rapidement et atteignent des niveaux de revenu par habitant plus élevés que ceux qui sont moins libres. Il existe une relation positive entre l’évolution de la liberté économique et la croissance du revenu par habitant. En outre, comme le revenu par habitant a augmenté, le taux de pauvreté dans le monde a reculé, et la plupart de ces progrès ont eu lieu dans les pays qui ont pris des mesures importantes en faveur de plus de liberté économique.

Le monde fait maintenant face à une situation similaire à celle de la Grande Dépression. Durant les années 1930, des politiques économiques malavisées ont transformé un ralentissement conjoncturel normal en une décennie de difficultés et de souffrances. Même si elle a été causé par les politiques malavisées, la Grande Dépression a conduit à toujours plus de politiques malavisées, à la sur-réglementation, à la croissance des dépenses publiques et à des réductions de liberté économique. Le même scénario va-t-il se reproduire aujourd’hui ? Allons-nous une fois de plus choisir plus d’État et moins de liberté économique?

Nous sommes au milieu d’un grand débat entre, d’un côté, les tenants d’un État limité et des marchés ouverts et de l’autre, ceux favorisant plus de collectivisme et de contrôle politique de l’économie. Le résultat de ce débat permettra de déterminer l’orientation future de la liberté économique et de la prospérité du monde.

James D. Gwartney, Robert Lawson and Joshua Hall sont les auteurs du Rapport 2010 de la liberté économique du monde publié par l’institut Fraser au Canada./Un Monde Libre oct10

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